Pourquoi faudrait-il préférer les petites entreprises aux grosses ?

Bien des gens boudent les grandes entreprises et favorisent les petites entreprises locales pour ce qui est de leurs achats. Il n’y a rien de mal à cela, mais il y a tout de même quelques éléments à considérer avant d’adopter un tel comportement.

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Pourquoi faudrait-il préférer les petites entreprises aux grosses ?

Publié le 26 septembre 2019
- A +

Par le Minarchiste.

Il est bien connu que les grandes entreprises paient des salaires plus élevés que les petites entreprises. Les économistes ont nommé ce phénomène firm size wage premium.

Pendant que les politiciens démocrates américains militent pour un salaire minimum à 15 dollars, Wal-Mart paie déjà un salaire minimum de 17,50 dollars ! Ce sont plutôt les petits commerces locaux qui paient le salaire minimum.

Cela s’explique en partie parce que les grandes entreprises sont plus innovatrices. En 2018, Amazon a investi plus de 12 % de ses revenus en R&D, soit une somme avoisinant 29 milliards de dollars.

Ces dépenses permettent d’améliorer l’expérience-client, ce qui se traduit en gains de parts de marché. L’innovation améliore la productivité, ce qui propulse les salaires à la hausse.

Grâce à leur productivité plus élevée et leurs économies d’échelle, les grandes entreprises font aussi des marges de profit plus élevées que les petites et par conséquent paient davantage d’impôts par dollar de revenu. Elles disposent aussi de plus d’argent pour investir dans leur croissance, ce qui leur permet de créer davantage de nouveaux emplois.

Ces graphiques tirés de cette étude illustrent la prime salariale en fonction de la taille de l’entreprise mesurée en termes de nombre d’employés :

Les grandes entreprises commettent aussi moins de fraudes que les petites. Starbucks a un département d’éthique et conformité dont le rôle est de s’assurer que l’entreprise opère selon des critères d’intégrité.

Qu’en est-il de votre petit café de quartier ? Les cas d’insalubrité sont nettement plus fréquents dans les petits casse-croûtes locaux que dans les McDonald’s.

Les grandes entreprises ont investi des sommes faramineuses en publicité pour mousser leur réputation. Pour protéger cet investissement, elles font de leur mieux pour être à la hauteur de cette réputation, tant au niveau de la qualité de leurs produits qu’au niveau du service à la clientèle.

Les consommateurs ont en fait énormément de pouvoir face à elles, surtout dans un monde dominé par les réseaux sociaux.

De plus, les grandes entreprises ont les reins suffisamment solides pour honorer leurs garanties et payer de grosses amendes lorsqu’elles sont fautives, notamment lorsqu’elles endommagent l’environnement.

On ne peut pas en dire autant des petites entreprises, qui peuvent fermer boutique du jour au lendemain et repartir sous un autre nom quelques jours plus tard.

 

Le profit à tout prix ?

On reproche souvent aux grandes entreprises de chercher le profit à tout prix. Celles-ci délocalisent leurs opérations, utilisent des travailleurs temporaires, les remplacent par des robots et des systèmes automatisés, fusionnent entre elles pour générer des économies d’échelle, augmentent leurs prix lorsque le coût des matières premières augmente, etc.

Cependant, il faut réaliser que dans leur recherche de profit en situation de concurrence, les grandes entreprises se retrouvent à diminuer leurs prix en dollars réels (ajustés de l’inflation).

Tous ces efforts visant à réduire les coûts ne finissent pas dans les poches des actionnaires, mais aboutissent plutôt à des prix plus bas.

Pour illustrer ce point, j’ai compilé les rendements sur le capital investi de douze grandes entreprises américaines opérant directement auprès des consommateurs. On constate que la rentabilité du capital n’a pas augmenté !

Ce sont les consommateurs qui ont été les grands gagnants car les prix réels des biens et services produits par ces entreprises a chuté.

Dans leur continuelle quête d’efficience, les grandes entreprises en concurrence livrent aux consommateurs des biens et des services de moins en moins chers.

Les profits en dollars absolus augmentent parce que les grandes entreprises investissent, et non pas parce qu’elles mangent la laine sur le dos des consommateurs et de leurs employés.

 

Pourquoi acheter local ?

Est-ce qu’acheter local encourage l’économie locale ? À mes yeux, le McDonald’s de mon quartier fait autant partie de l’économie locale que la pizzeria indépendante située non loin de là.

Évidemment, le propriétaire de la pizzeria va redépenser une part de ses revenus dans les environs, ce qui va bénéficier à d’autres commerces locaux, alors que McDonald’s pourrait être la propriété d’un franchiseur qui habite ailleurs et qu’une partie des revenus est versée en royalties à la multinationale américaine. Mais en quoi cela est-il une bonne chose pour moi, puisque mon employeur n’est pas établi dans le quartier ?

Si un commerce local fournit un bien/service de moindre qualité, il n’y a pas de raison rationnelle pour les consommateurs d’y dépenser leur argent ; mais il peut y avoir des raisons émotionnelles, par exemple si le proprétaire est sympatique et impliqué dans la communauté.

Les gens s’imaginent souvent que les propriétaires des grandes entreprises sont de riches hommes d’affaires, qui sirotent un verre de scotch hors d’âge sur leur somptueux yacht au large d’une île des Caraïbes.

En fait, les actionnaires des entreprises sont… un peu tout le monde : les caisses de retraites publiques et privées qui gèrent les actifs de travailleurs ordinaires, des fonds communs de placement détenus par des millions d’épargnants individuels qui mettent quelques dollars de côté chaque mois, des compagnies d’assurance-vie qui investissent vos primes d’assurance pour avoir assez de réserves le jour où une réclamation leur sera soumise.

En somme, toute la société bénéficie des profits des grandes entreprises cotées en bourse, même si bien des gens ne savent pas qu’ils sont indirectement actionnaires de Wal-Mart et/ou Nike.

En revanche, vous n’êtes probablement pas actionnaire de la pizzeria du coin ou du petit vendeur de chaussures qui vient d’ouvrir non loin de chez vous.

Vous préférez acheter une bière de micro-brasserie locale plutôt que de donner votre argent à une multinationale de la bière comme Molson-Coors ?

Si c’est pour le goût, tant mieux, car le propriétaire de la micro-brasserie cherche tout autant à gagner sa vie que les employés et actionnaires de Molson-Coors.

 

Une autre manière de comprendre l’économie…

De mon côté, je préfère observer les rendements sur le capital (profits divisés par dette + actions) ou ROIC (retour sur capitaux investis) des entreprises (voir graphique ci-haut).

Le ROIC devrait être passablement stable dans le temps car lorsqu’il augmente dans une industrie, cela attire les investissements, crée un surplus, faisant réduire les prix et la rentabilité. Lorsqu’il est trop faible dans une industrie (en raison de surplus), les investissements cessent, ce qui ramène le marché plus près de l’équilibre et fait augmenter le ROIC. Autrement dit, les entreprises visent un ROIC dans leur allocation de capital (elles décident de faire l’investissement ABC parce que son ROIC est supérieur à X %) et agissent de manière à l’atteindre et le préserver.

Si des politiques publiques étaient adoptées dans le but de favoriser les travailleurs, on pourrait s’attendre à ce que les capitalistes, par l’entremise des dirigeants d’entreprises, fassent l’une de ces trois choses :

  1. Augmenter les prix pour maintenir leur ROIC
  2. Cesser d’investir, ce qui créera des pénuries et permettra d’augmenter les prix ou
  3. Investir davantage en R&D et en équipement d’automatisation pour réduire leurs besoins en main-d’œuvre de plus faible compétence.

Une hausse du pouvoir d’achat d’un travailleur est donc en partie annulée par l’inflation et favorise l’innovation au détriment des travailleurs de faibles compétences, aboutissant à une baisse du taux de participation de la main-d’œuvre et coûtant plus cher en filet social.

Dans cette vision des choses, observer la part des revenus du travail en fonction du PIB ou autre mesure de production ne veut pas dire grand-chose.

Dans ce modèle, les salaires sont une fonction de la productivité mesurée par le profit par employé plutôt que du PIB par employé.

Donc si l’État pousse les salaires de manière à réduire le profit par employé, les conséquences à moyen et long terme ne seront pas vraiment positives et potentiellement négatives.

La recherche du profit par les grandes entreprises bénéficie à tous, tant les travailleurs que les consommateurs, que les retraités actuels et futurs qui en sont les actionnaires. Pensez-y avant de les bouder… 

Sur le web

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  • par hypocrisie.. par idéologie..

    en fait l’argument est une haine absolument stupide du « profit »…

    il ne faut pas ,selon eux, aller dans les entreprises les plus profitables…
    ils ne comprennent pas que les entreprises qui font plus de profit sont celle qui rendent les plus grands services et répondent le mieux au besoin…

    • sauf les ex-nationalisées qui profitent toujours de quasi monopoles avec des tarifs usuraires comme il se doit ainsi qu’une pléthore d’employés inamovibles « à vie » troupes de chantage à la grève . . .

  • Cracher sur les PME est-ce une bonne idée? Ne participent-elles pas à l’économie, ne serait-ce qu’en étant client des grosses? signé: un ancien gérant de sàrl de 6 personnes.

    • Cracher est en soi un acte dégoûtant, ou un symptôme de maladie.
      C’est donc toujours une mauvaise idée, PME ou pas.

      Mes voisins directs, l’Allemagne et la Suisse le démontrent en employant des milliers de frontaliers français dans leur PME / PMI…

      En écrivant cela, je me suis levé de ma chaise pour jeter un coup d’œil par la fenêtre;
      l’Allemagne est encore là, juste en face, et y a de la lumière…

    • j’ajouterais que les petites entreprises ne peuvent pas faire de l’optimisation fiscale ce qui leur donne un désavantage de trésorerie. Bon nombre de grandes entreprises ont arrêté de créer et préfèrent racheter de petites entreprises innovantes. C’est moins cher et moins risqué. Je dirais un article vu par le petit bout de la lorgnette…

    • En quoi voyez-vous que cet article crache sur les PME ?
      Il fait l’éloge des grandes entreprises, ce n’est pas exactement la même chose.

  • moi je prefere les petites aux grosses.. mais c’est un autre sujet..

  • Les grandes entreprises sont effectivement des moteurs importants du progrès (leur bureaucratisation croissante et nocive est largement due à des facteurs externes comme la pression réglementaire t les relations incestueuses avec le pouvoir politique). Il est vrai qu’une petite entreprise émerge de temps en temps sur une idée vraiment neuve mais elle se transforme ensuite vite en grande entreprise.
    Des idéologues comme Piketty ne conçoivent la grande entreprise que comme un bien public et veulent retirer à leur propriétaire à la fois les bénéfices qu’ils en tirent mais aussi ce qui est encore plus grave leur pouvoir de direction (alors qu’ils ont fait la preuve qu’ils peuvent prendre de bien meilleures décisions qu’un obscur fonctionnaire planiste).
    Si un telle funeste évolution se produisait, il est bien évident que les entrepreneurs imaginatifs se détourneraient de l’objectif de construire une grande entreprise. A quoi bon ? Les meilleurs cerveaux viseraient alors la constitution de microentreprises voire d’entreprises dont il sont la seule force de travail (c’est facilité par les outils numériques et la robotique). On aboutirait alors à une société ultra-élitiste, la seule possession sure étant soi-même, ce qui pousserait à une autoreproduction des élites encore plus violente qu’aujourd’hui, les élites consacrant une part importante de leurs effort à préparer leur progéniture (ce que ne fait pas l’enseignement de masse) et les non-élites n’ayant alors ni héritage matériel ni héritage culturel.

    • Picketty est un imbécile doublé d’un jaloux et d’un idéologue dangereux. Il ne mérite que le mépris.

      • « Il ne mérite que le mépris. »
        Même pas. Il n’en vaut pas la peine.

        « Il faut être économe de son mépris étant donné le grand nombre des nécessiteux. » François-René de Chateaubriand

  • Pas de problème tant que les grandes entreprises ne pratiquent pas la connivence, voire la pression sur le pouvoir politique pour orienter les lois dans un sens qui leur est favorable (ou défavorable aux petites entreprises ui risquent de leur faire concurrence).

  • En France, les grosses entreprises ne se conçoivent que comme excroissances de l’Etat, et les petites entreprises comme vaches à lait dont on extrait de force jusqu’au dernier centime de taxes.

    L’Etat obèse aime toutes les entreprises, peu importe qu’elles soient saignantes ou bien cuites.

  • Je partage à peu près tout ce qui est écrit dans cet article, car effectivement une grande entreprise fait des économies d’échelle, est mieux organisée (ce qui profite aux salariés en termes d’horaires), et in fine offre des produits globalement de qualité et bon marché.
    (citer McDo comme exemple à des Français, amateurs de bonne chère, ne va pas forcément taper dans le mille, par contre… mais OK, l’article n’est pas destiné spécialement aux Français)

    La limite que je vois aux grandes entreprises, ou plutôt le risque, c’est principalement la tentation qui peut être celle de leurs dirigeants de s’approprier la totalité du marché par des moyens peu honnêtes, comme le dumping (vente à perte) ou le capitalisme de connivence (se faire favoriser de diverses manières, en corrompant les décideurs politiques, soit fiscalement, soit en rachetant des entreprises publiques à prix cassés, etc.). Ce n’est évidemment pas systématique, mais l’homme étant l’homme, donc sujet aux tentations, en particulier de toute-puissance (l’appétit venant souvent en mangeant, là comme ailleurs), le politique devrait garder un œil là-dessus, en vue de favoriser un contexte de saine concurrence ; car c’est aussi la libre concurrence qui fait progresser une société, tant techniquement qu’en termes de prospérité économique.

  •  » Le ROIC devrait être passablement stable dans le temps car lorsqu’il augmente dans une industrie, cela attire les investissements, crée un surplus, faisant réduire les prix et la rentabilité. Lorsqu’il est trop faible dans une industrie (en raison de surplus), les investissements cessent, ce qui ramène le marché plus près de l’équilibre et fait augmenter le ROIC. Autrement dit, les entreprises visent un ROIC dans leur allocation de capital (elles décident de faire l’investissement ABC parce que son ROIC est supérieur à X %) et agissent de manière à l’atteindre et le préserver.  »
    Je n’ai pas compris ce paragraphe, serait-il possible de le réexpliquer ? Pourquoi la rentabilité baisse-t-elle ?

  • Quand on voit ce qu’est devenue Alcatel….
    Choisir les PME c’est leur permettre de grandir. Maintenant c’est à l’état de rétablir l’égalité fiscale PME/grandes entreprises.

  • Les commentaires sont fermés.

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