Nos cafés campagnards disparaissent ? Vite, aidons-les !

Nos campagnes se vident de leurs bars et cafés à cause de l'Etat ? Heureusement, l'Etat va intervenir. Forcément, ça va bien se passer (avec vos sous).
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Nos cafés campagnards disparaissent ? Vite, aidons-les !

Publié le 18 septembre 2019
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Par h16.

Triste constat : les campagnes françaises se vident. En plus d’une population diminuant d’année en année, les petits villages perdent progressivement leur attractivité à mesure que leurs commerces ferment, à commencer par le plus central et le plus important d’entre eux : le café, celui sur la place de la mairie, pas loin de l’église… Mais grâce à l’initiative d’une association, la donne va peut-être enfin changer.

C’est par quelques articles de presse qu’on découvre l’idée du groupe associatif d’économie sociale et solidaire « SOS » dont le projet, lancé jeudi dernier, vise à l’ouverture (ou empêcher la fermeture) de mille cafés dans les communes rurales de moins de 3500 habitants.

En substance, le groupe associatif qui a tout de même reçu le soutien du gouvernement via l’Agenda Rural (fortiche, non ?) va tenter de revitaliser les campagnes avec cette initiative et grâce aux quelques fonds qu’ils ont réussi à rassembler. Entre 150 et 200 millions d’euros.

Ah oui, tout de même, avec 200 millions d’euros, on peut en faire des choses, et notamment tenter de revitaliser les campagnes françaises…

Mais au fait, quelles sont donc les raisons qui font ainsi disparaître ces lieux de vie campagnards ? Si la presse n’est guère diserte sur la question qui a pourtant son importance — on ne combat jamais mieux un mal qu’en connaissant ses causes profondes — on peut néanmoins dresser un portrait globalement complet des raisons qui aboutissent à ces fermetures en fouillant un peu les articles consacrés au sujet.

Comme l’explique un article du Télégramme avec une phrase lapidaire (« Baisse de la clientèle, coût des produits, contraintes administratives, à commencer par celles des normes »), les raisons sont simples à comprendre : c’est ainsi qu’au-delà de l’évidente baisse d’activité consécutive à la diminution de la clientèle, cette dernière au mieux partant s’installer en ville, au pire s’éteignant avec les générations les plus âgées, on comprend que (ô surprise) les autres raisons des fermetures des cafés et des bars des campagnes tiennent essentiellement à l’accroissement des normes, des règlements et des contraintes de l’ensemble des services de l’État : eh oui, à force de bureaucratie, d’un déluge ininterrompu de contraintes administratives idiotes, de contrôles sanitaires et fiscaux, d’inspections du travail répétées, agressives, débiles et intransigeantes, et bien sûr de la créativité comptable des différentes caisses d’assurance étatiques, les patrons de bars et de cafés finissent par jeter l’éponge, rendre leur tablier et fermer boutique.

De ce point de vue, l’association aux poches bien remplie qui souhaite aider ces bars et ces cafés a bien compris le problème puisqu’elle se propose d’aider par exemple dans « la levée des freins réglementaires pour l’attribution des licences IV permettant de servir de l’alcool. »

Tout ceci est objectivement charmant puisqu’une solution se dégage peut-être…

Cependant, on ne pourra s’empêcher de noter que cette généreuse association, en intervenant ainsi, essayera donc concrètement de contrebalancer le travail de sape entrepris par l’État en premier lieu. Ainsi, si ce dernier ne s’échinait pas avec application à punir les artisans concernés, les poursuivre de ses assiduités à base de cerfas toujours plus nombreux, à considérer (fisc et inspection du travail en premier) qu’ils sont, par défaut, fraudeurs et délinquants, à créer un nuage de complexité administrative aussi grotesque qu’opaque, bref, si l’État ne sabotait pas le travail des cafetiers et des propriétaires de bars, l’intervention de l’association serait inutile.

Enfin bon, réjouissons-nous puisque le problème, enfin remarqué, déclenche à présent ce projet qui sera le bienvenu dans nos campagnes (de moins en moins) riantes, et ce d’autant plus que, de nos jours, trouver 200 millions d’euros n’est pas une mince affaire.

À ce propos, on est tout de même en droit de s’interroger sur la provenance des fonds en question. Bien évidemment, écartons tout de suite le trafic de drogue, d’armes ou le vol pur et simple puisque le projet est, rassurez-vous, financé par le « Groupe SOS » dont… vous n’avez probablement jamais entendu parler (ou très peu).

Et c’est dommage : c’est un groupe fort discret mais qui s’est fait fort d’agir dans le social et l’économie solidaire, et qui n’a jusqu’à présent pas réellement occupé la Une des journaux. C’est étonnant compte tenu de la croissance de ce groupe d’associations non lucratives : eh oui, en France, on peut être une association ou un groupe d’association, être non lucratif, mais employer 18 000 personnes (non, pas bénévoles, hein) et réaliser un chiffre d’affaires de 950 millions d’euros.

Quasiment un milliard d’euros pour un groupe d’associations, dans le domaine du social, dont on n’entend quasiment jamais parler au niveau national (par comparaison, les Restos du Cœur, très visibles, fonctionnent avec moins de 200 millions d’euros) — sauf peut-être lorsqu’il remporte l’appel d’offre du ministère de la Justice pour le programme de déradicalisation qui avait fait parler de lui jadis — voilà qui est un fort joli chiffre qui ne saurait être résumé ainsi : la fiche Wikipedia du groupe est fort courte mais donne une petite idée de l’ampleur de ce groupe fort pudique financé essentiellement par les fonds publics (donc le contribuable, ici) dont le patrimoine immobilier se monte tout de même à 500 millions d’euros, et qui se positionne tout de même comme le leader européen de l’action sociale et en tout cas, première entreprise française dans le secteur (ce qui lui vaudra une étude détaillée de la Harvard Business School).

En tout cas, son patron a fait fort puisqu’il est parvenu à accroître la taille de ce groupe de 2200 salariés (et 155 millions de chiffre d’affaires) en 2009 au mastodonte actuel, dix ans plus tard : belle croissance grâce à ce patron, Jean-Marc Borello, qui a peut-être bénéficié d’un peu de chance, ce dernier ayant été — ô surprise — le professeur d’un certain Emmanuel Macron quand il était à Science Po.

Chance qui ne s’est pas arrêtée là puisque le sémillant patron du groupe SOS a aussi eu la bonne fortune, après avoir co-fondé En Marche, de découvrir une certaine Murielle Pénicaud fortuitement devenue ministre du Travail depuis.

On le comprend, tout se goupille fort bien pour qu’enfin, des mesures soient prises (par une association subventionnée par l’argent du contribuable) afin de contrer les méfaits de l’État (financé par l’argent du contribuable). L’argent dépensé par les uns n’ira pas ailleurs que dans la poche des autres, par de multiples et jolies tubulures chromées de ce qui pourrait ressembler à du capitalisme de connivence si tout ça n’était même pas du capitalisme du tout.

Décidément, au vu de ces éléments, il n’y a plus trop de mouron à se faire pour nos campagnes : leurs bars et leurs cafés sont sauvés.


—-
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  • Merci de cette éclaircissement H16 mais j’ai le moral qui descend négatif.

    Je dirais juste Beurk, ca me donne envie de vomir et je crois ….

  • Les bras m’en tombent, ma bouche reste ouverte, une mouche y rentre, gloups je l’avale. Dans notre commune une des plus grosse entreprise est une association. Celle ci regroupe un ensemble de services et permet de faire vivre un gros paquet de chômeurs. Mais surtout son dirigeant qui se prend un gros salaire mensuel. C’est fabuleux de se dire que le type qui va lancer son entreprise va fermer dans 3 ans des suites d’un Etat sangsue alors qu’une association à toute les chance de survivre dans la richesses et la gloire. D’ailleurs nos premières dames n’en ont elles pas fait un business? Des pieces jaunes puis en passant par les prises de judo. D’un coup je pense à Ségo, est elle toujours au pôle nord avec un gros salaire correspondant ?

    • Elle doit être à mi-temps au nord, et l’autre mi-temps au sud. Par contre, pour aller de l’un à l’autre je m’interroge sur son moyen de locomotion. Fait-elle du co-voilage avec Greta?

      • D’après la presse, elle n’a JAMAIS mis les pieds à une réunion depuis sa nomination. Quand va t’elle prendre sa retraite et cesser de nous pomper du fric. C’est la reine de sangsue.

  • Cher Seize, j’adore quand vous « démêlez » la pelote de laine. On comprend mieux comment procèdent nos chers énarques : ils construisent une gestion extrêmement complexe (financée avec notre pognon), et ensuite ils lancent des appels d’offres pour que leurs potes aident les victimes de cette gestion, toujours avec notre pognon…
    C’est effrayant, et ce n’est pas de la fiction. Au-delà du slogan CPEF, on se dit qu’effectivement ce genre de pratique va vraiment finir par couler notre beau pays…

    • Entre la parasitocratie d’en haut, bien organisée en réseaux d’intérêts et de copinage, et les parasites d’en bas (ceux qui bénéficient d’avantages indus, ceux qui abusent du système social etc..), la classe moyenne n’en peut plus.
      Ça va mal finir.

      • « démêlez la pelote de laine » … et « parasitocratie d’en haut »
        Imbroglio juridique du au fait que légiférer aujourd’hui ne fait qu’ajouter de la complexité au droit… Des nouvelles lois qui devraient annuler et remplacer la ou les lois précédentes mais qui ne font que presque mais pas tout à fait remplacer cette ou ces lois qui précédent et quelque fois datent de Napoléon…

  • Quand le papa d’ADA parle sur TED il y a 4 ans déjà ! Et aujourd’hui on s’envole vers la lune. https://youtu.be/97ufCT6lQcY

  • J’aime beaucoup l’association qui fait de « l’éducation à l’environnement et au développement durable ».

  • Si la question des normes était principale dans l’affaire, de nombreux cafés fermeraient aussi en ville. Ce n’est pas le cas. Il convient de ne pas oublier les 3 lois du commerce : l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement.
    Il y a bien d’abord a la base un problème de taille de clientèle.
    Pour l’anecdote, j’habite dans un village dont le café, dans des locaux, aux dernières normes, prêtés par la commune a fermé deux fois et n’a pas rouvert. Faute de clients donc de CA.
    L’article du Telegramme recense d’ailleurs très bien la solution qui peut sortir ces cafés de la déshérence et de la fermeture : leur confier d’autres « missions »… Épicerie, poste, guichet administratif… Pour lesquelles d’une façon ou d’une autre, ils vont à la fois étoffer leur clientèle et… recevoir des subsides des pouvoirs publics.

  • ouvrir un café dans un village, mon rêve……l’ouvrir en France , un rêve qui finira en cauchemar because on nous demande de travailler mais si on travaille trop on se prend une amende carabiné dans les dents au lieu d’être soutenu par les ceusses qui veulent qu’on bosse ; allez comprendre vous …..

  • Le président de SOS, M. Jean-Marc Borello, ancien soutient de Ségolène LaMagnifique…
    Voilà un homme qui passe du temps dans des associations où on se réunit tard le soir en costume noir, et cela lui donne des appuis auprès de nos maîtres (sic) :
    https://www.lepoint.fr/politique/francs-macons-les-infiltres-26-01-2012-1700677_20.php
    J’espère pour eux qu’on offrira un aller-simple à ces gens pour leur éviter de subir la colère qui monte.

  • il suffirait de declarer ces bistrots « zone franche » sans taxes ni impots
    et hop le tour est joué

    • Et payer les clients pour frequenter ces lieux de débauches

      • Faut arrêter de voir tout noir ! Ce sont aussi des lieux de rencontres…
        Et la salle peut, par exemple, servir 3 après-midi par semaine aux réunions d’associations ou de club (avec bar fermé) à titre d’aide la mairie (la communauté) peut prendre en charge la taxe foncière et participer à l’entretien du local.
        Un vendredi sur deux, organisation de tournois Échec, Tarots, Belote, Loto sans enjeux, etc.

    • Il faut aller plus loin.
      De nombreux patelins en France s’appellent Villefranche parce qu’ils disposaient d’une exemption de soumission au pouvoir féodal qui finalement en profitait indirectement. Ce qu’on appellerait aujourd’hui des paradis fiscaux. Qu’est ce qui empêche maintenant de renouveler l’expérience en recréant de tels refuges territoriaux autonomes et exonérés d’impôts? On crée ainsi des îlots de prospérité spontanée qui ne manquera pas de diffuser alentour. Ce ne serait pas si difficile à mettre au point puisque les potentats du moyen âge qui n’avaient pas fait l’ENA en ont été capables.

      • Non c’est un sparadrap sur une jambe de bois pourrie

      • Générer de nouvelles compensations qui à plus long terme deviennent des privilèges…
        ou
        Définir des règles générales dans ce cas en fonction de la population (nombre d’habitants) d’un lieu ; coût de la licence dans ce cas avec réduction complémentaire en cas de services assurés en plus du débit de boissons…

  • Pourquoi réclamer une licence IV ? La licence III n’est-elle pas suffisante ?
    En quoi est-ce si difficile de l’obtenir cette licence IV ?

  • Excellent article. J’apprécie entre autres que, avec 200 millions d’€, on veuille sauver 1000 cafés. ça fait quand même 200 000 € par café. De quoi arroser pas mal de monde.

    • Ça permet tout juste d’offrir une voiture jaune au taureau ou une rouge avec le cheval cabré… Une aumône ! (pour certains) donc aucun intérêt.

    • Arroser… avec des pots de vins…
      Vu le prix, c’est la seule conclusion à en tirer.

    • il y a quand même des milliers de salaires à payer tous les mois dans cette association sos…
      l’annonce : 200 000 euros en moyenne par café dans les zones rurales,
      la concrétisation, après les frais de structure, sera de 20 000 euros en moyenne par café…

  • J’ai comme un malaise en finissant l’article après avoir cliqué sur les liens. Merci, h16.

  • Jai découvert il y a dejà quelques temps(grace à une connaissance qui en dirige une) l existence de ces énormes associations (travaillant dans le social évidemment)aux effectifs plethoriques redondants et fortement syndiqués perfusés d acquis sociaux que leurs dirigeants (souvent issus de sciencePo)grassement payés appellent « entreprises » mais qui n en sont pas car inondées d argent public….h16 vient d’en confirmer la realité!!Plus j en apprends sur leur fonctionnement ou plutot disfonctionnement (la majorité de ces assos est dans le rouge financièrement,mal gérée ,avec du personnel qui travaille tres peu,n a aucun soucis d’efficacité ,un monde orwellien qui a fini de m’ecoeurer!ce pays est « vraiment foutu ».D ailleurs jai du mal à frequenter encore cette connaissance,mon mari étant à son compte,je mesure l abime qui sépare ces deux mondes,l un servant finalement à financer l existence et les gabegies de l autre!!ce nest pas comme cela que l on va réconcilier les français!

    • @ioumie
      Bonjour,
      « je mesure l’abime qui sépare ces deux mondes, »
      Ce sont deux mondes différents exactement. L’un, le privé, s’il est dans le rouge il ferme boutique et l’Etat, prioritaire prend sa part ; l’autre, s’il est dans le rouge il sera renfloué à grands renforts d’argent public. L’Etat se montrera mangnanime, « grand seigneur ».
      Pourtant, pour vivre, l’Etat a bien plus besoin du premier.

      • Le problème, c’est que l’Etat ce n’est ni vous ni moi. Et pour vivre, ceux qui sont l’Etat ont un besoin impérieux de ces blanchisseries d’argents publics !

        CQFD.

  • et là encore, la majorité des médias ne se posent aucune question..et ne posent aucune question parle D’ONG est parole d’évangile..

  • C’est tout de meme assez frappant, la ressemblance avec la Cosa Nostra. L’art de la corruption dans ce pays depasse tout.
    Question:
    – combien pesent dans le PIB les associations? (j’ai vu le chiffre de 8%)
    – est-il pris en compte dans le mix etat/prive?

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