L’équité s’oppose à la rage de l’impôt

« C’est à chacun de nous d’avoir conscience que lorsque nous demandons quelque chose de plus à l’État, il va falloir le payer sous forme d’impôts. » Simone Wapler

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L’équité s’oppose à la rage de l’impôt

Publié le 12 septembre 2019
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Par Simone Wapler.

C’est presque l’automne. Les feuilles d’imposition tombent avant celles des arbres malgré un été hâtivement qualifié de « caniculaire ».

Ceux qui découvrent leurs premiers avis d’imposition constatent que la France conserve sa place de champion du monde toutes catégories de la fiscalité, même si quelques chanceux profitent de l’effet « année blanche ».

Malgré notre record de pression fiscale, la France n’est pas le pays où les gens sont les plus prospères ni les plus heureux de vivre. En dépit de cette pression fiscale, la dette publique française est l’une des plus élevées des pays de l’OCDE. Autrement dit, nos impôts ne suffisent même pas à couvrir les dépenses de l’État. Il en faudrait plus encore !

Hélas, en dépit de nos efforts, de nombreux services publics se dégradent.

  • Le niveau académique des élèves dégringole dans le classement international PISA. De nombreux ouvrages d’art comme nos ponts sont mal ou pas entretenus comme le révélait Libération.
  • Les services d’urgences des hôpitaux – désormais devenus des consultations « gratuites » ouvertes 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 – sont débordés et se retrouvent contraints de soigner de la bobologie qui devrait être traitée à moindre frais pour la collectivité par des médecins libéraux.
  • La SNCF accumule les retards, dégradations de services sur ses lignes TGV ou secondaires lassant ses « usagers » puisque cet organisme public ne se connaît pas de « clients ». 25 000 de ses ouvrages d’art sont délabrés.
  • La police refuse de prendre les plaintes pour vol de vélo ou pour racket sur la voie publique. Mais des hélicoptères en vol stationnaire protègent les huiles du G7 réunies sur la côte basque.
  • Enfin, alors que 80 % de nos impôts sont engloutis par des prestations sociales, la pauvreté ne régresse pas. Notre niveau de chômage, le plus élevé des pays de l’Europe du nord, est la principale cause de précarité.

 

Evolution du taux de chômage (source OCDE)

En rouge la France ; en violet la Zone euro ; en bleu l’Union européenne ; en noir les pays de l’OCDE.

Tout ça pour ça ?

La révolution fiscale des Gilets jaunes – ceux de la première heure des ronds-points ruraux – a été calmée  par davantage de « redistribution »  donc plus d’impôts. Et davantage de déficit, donc de dettes.

Au niveau auquel l’applique la France, la redistribution forcenée ne marche pas. C’est un contrat social perdant-perdant. Perdant pour les assistés qui restent dépendants ; perdant pour ceux qu’on ampute de ce qu’ils ont légitimement acquis.

Refusant ce constat, certains incitent à la fuite en avant et prônent, comme Thomas Piketty, « de dépasser la propriété privée par la propriété sociale et temporaire ».

Pour Thomas Piketty la propriété privée, source d’inégalité, doit être confisquée…

Tous égaux dans la servitude ?

L’économiste ne se donne pas la peine de lever le paradoxe suivant : si la propriété privée disparaît, on crée une société d’esclaves, de serfs, puisque personne ne peut être propriétaire des fruits de son travail. Pour lui, le Graal est l’égalité sociale, la société de clones ou de Playmobils mais certainement pas l’égalité en droit.

Pourtant, l’impôt idéologique, lutte des classes – qui est une atteinte à la propriété privée – est en réalité un immense gâchis comme le prouve l’expérience de la France, bien engagée sur la voie du communisme avec 57 % de l’activité économique contrôlée par l’État.

Plutôt que de basculer dans le néo-marxisme  prôné par Piketty, il serait temps de renouer avec une fiscalité mesurée et équitable, servant le véritable intérêt général et d’abandonner la fiscalité spoliatrice de clientélisme.

L’intérêt général est l’intérêt de chacun et se résume à la protection des droits naturels de chacun : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression. Ce triangle est le bastion qui protège chacun – jeune ou vieux, riche ou pauvre, homme ou femme – de l’esclavage. On ne peut être libre que si on est propriétaire des fruits de son travail et de ce qu’on a légitimement acquis ; à défaut on est exploité, esclave. Si chacun n’est pas protégé contre l’oppression, la propriété peut s’acquérir par la force en réduisant certains à la servitude ou en les expropriant.

Cette protection de l’intérêt général est assurée par la stricte égalité en droit. Les droits naturels sont individuels, indépendants de tout système juridique ou religion. Tous les autres « droits à » – que revendique un groupe face à un autre – entrent en conflit avec ces droits naturels. Ils sont enfantés par l’électoralisme, la démagogie, l’idéologie, le désir d’asservir une minorité.

Le seul impôt équitable est celui qui finance la protection des droits naturels

Le seul impôt équitable, servant l’intérêt général, est celui qui est dévolu à la protection des droits naturels. C’est ce qu’on appelle les fonctions légitimes (régaliennes) : police, justice, armée, diplomatie.

Toutes les autres « missions » de l’État qui se financent par l’impôt portent atteinte aux droits naturels en amputant les contribuables d’une partie de leur propriété sans raisons légitimes.

Certains objecteront que l’État peut très bien gagner de l’argent. En pratique, non, comme nous le constatons tous les jours puisque les services publics s’avèrent des gouffres.

En réalité, ou bien ledit service public peut être rendu de façon rentable et dans ce cas le secteur privé en concurrence le fera mieux car la concurrence abaisse les coûts et augmente la qualité. Ou bien il s’agit d’une activité qui n’est pas rentable, et dans ce cas personne ne peut gagner de l’argent en l’assumant, toute entreprise du secteur privé qui s’y aventurerait se condamnerait à la faillite. De telles activités doivent alors être laissées à l’initiative de la charité, du bénévolat, du mécénat.

La redistribution se fonde sur la coercition tandis que la charité, le bénévolat ou le mécénat s’appuient sur la libre initiative.

Évidemment, dans notre vie quotidienne, nous composons en permanence avec les principes. La société ne peut pas être une association de misanthropes intransigeants refusant tout compromis et nous sommes tous sous influence. D’où la tentation permanente d’appeler l’État à prendre le relais de nos propres décisions, de lui déléguer plus de choses et donc lui laisser capter une part plus importante de notre propriété et circonscrire notre liberté dans des cercles toujours plus étriqués. Pourtant, succomber à cette tentation est un mauvais calcul.

La rage de l’impôt trace des pistes de réflexion sur ces sujets pour renouer avec une politique fiscale plus harmonieuse. L’une de ces pistes concerne le poste social – qui représente 80 % des dépenses publiques – et plus précisément nos cotisations d’assurances sociales.

 

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  • « C’est à chacun de nous d’avoir conscience que lorsque nous demandons quelque chose de plus à l’État, il va falloir le payer sous forme d’impôts. »
    Le citoyen ne demande rien a l’etat, sauf de baisser les impots!

    ce n’est pas le citoyen qui demande que l’armée stationne dans toute l’Afrique de l’ouest ou entre dans des conflits
    lointains..pour des raisons assez obscures…
    Ce n’est pas non plus le citoyen qui exige que les professeurs facturent ds heures supplémentaires défiscalisées au delà de la 18 eme heure de cours.. ou que la suce ne sache pas a qui elle verse des prestations
    ce n’est pas le citoyen qui propose de payer la retraite indécente des agents EDF sur leur facture..
    ce n’est pas le citoyen qui a fabriqué les regimes speciaux, les « agences  » « associations » etc.. qui coûtent un rein

    Les politiques sont censés défendre le contribuable devant les abus inéquitables des personnels du service public et assimiles , l’administration et le capitalisme de connivence..

    Hé bien force est de constater que l’administration protégée par les syndicats organise le racket fiscal en faisant pression sur les ministres..
    çà dure depuis 1946, mais a l’avènement de la gauche en 1981 _ça été la curée..
    on ne fera pas l’économie d’une revolution, ou d’un effondrement en france type chute du mur , ou URSS
    Non l’impôt n’est pas moral a partir d’un certain niveau ,on le keynésianisme par la subvention a la consommation n’est pas une solution a la croissance..
    Les politiques n’ont qu’une ligne de mire.. leur propre sort.. et en france leur sort est lié a celui de l’administration..
    et l’objectif est ‘avoir plus d’électeurs qui touchent que d’électeurs qui payent

    • Alors en tant que citoyens électeurs nous serions responsables mais pas coupables?

      • responsables ET coupables de choisir la facilité au détriment de la liberté

      • Après la guerre quand le « système » s’est mis en place c’était une période de pleine croissance et euphorique… La plupart des gens votaient pour la continuité, les profiteurs du « système » étaient peu nombreux.
        Aujourd’hui le système semble bloqué par le nombre grandissant des profiteurs, il n’y a qu’a voir les blocages à la moindre réforme.
        Quel que soit le bulletin de vote, faute de majorité et/ou de volonté politique rien ne change, en quoi serions nous responsables ou coupables ?
        Seule une nouvelle révolution pour un changement total du « système » pourrait peut être nous sauver… Mais à quel prix ?

    • @CHDC
      Mr citoyen ne demande à Mr Etat que de baisser les impôts !! Ahh si c’était aussi simple !
      Les magiciens remplissent des salles depuis toujours, ou presque, et cela se passait très bien. Désormais la France innove avec le premier diplôme, au monde, de magicien reconnu par Mr Etat. Oh ce n’est pas une initiative de Mr Etat (il ne pense pas à tout), c’est une initiative privée. Mais pourquoi faire ? Le but est de donner plus de crédibilité et de légitimité au métier. Si ce n’est pas une illusion. Bon vous savez ce qu’il va se passer maintenant, un nouveau métier officiel c’est de nouvelles taxes en perspective. Puis de la régulation par des réglementations, et nos chers magiciens toucheront le fond, double fond ou pas.

      • Baisser drastiquement le nombre de ponctionnaires, (un peu plus d’un million, hors « régaliens ») ça, oui ! ce qui baissera les impôts, ipso facto.

  • Plus les services publics se dégradent, plus l’État y met de l’argent… Cette déficience généralisée n’est pas due à un manque de financement, mais à une mauvaise gestion.
    À titre d’exemple, l’Éducation Nationale, fermée sur elle-même, n’a pour objectif que de former des humanistes destinés à rejoindre ses propres rangs, il n’y a pas de meilleure carrière car on ne connaît que celle-ci… Et on s’étonne des résultats PISA ou du chômage ?

  • Quand Thomas Piketty propose « de dépasser la propriété privée par la propriété sociale et temporaire », il faut comprendre que ça vient de la notion de propriété économique.
    Ce concept de propriété économique nie le droit antérieur à la propriété privée pour tous
    https://lesakerfrancophone.fr/decryptage-du-systeme-economique-global-77-geopolitique-du-concept-de-propriete-privee-22

  • Pour sortir de la société de contrôle et de défiance, libérer l’action humaine, je défends l’idée de supprimer tous les impôts sur tous les revenus. L’impact ne serait pas seulement et peut-être même principalement la baisse de la charge fiscale sur le plan monétaire mais la libération de l’activité en supprimant pour la justification des revenus.
    Voici mes remarques.
    J’ai répondu dans un autre article les réponses aux très rares objections.
    La « flat tax » ne change rien.

    https://www.contrepoints.org/2016/04/27/249310-et-si-on-supprimait-limpot-sur-le-revenu

    • Pour compléter, vous devriez également militer pour la suppression des impôts sur le patrimoine (taxe foncière, successions, IFI) dont l’assiette est fictive, injuste et illégitime.

      Au final, il reste les impôts sur la consommation des ménages comme sur celle des entreprises, sous la forme d’une flat tax générale de 10%, impôt unique et universel, seule modalité de taxation véritablement équitable et conforme à la DDHC.

  • Si justement, les citoyens demandent tout et n’importe quoi à l’État, comme l’a si joliment écrit Frédéric Bastiat :
    « Organisez le travail et les travailleurs.
    Extirpez l’égoïsme.
    Réprimez l’insolence et la tyrannie du capital.
    Faites des expériences sur le fumier et sur les œufs.
    Sillonnez le pays de chemins de fer.
    Irriguez les plaines.
    Boisez les montagnes.
    Fondez des fermes-modèles.
    (…) »
    La suite ici
    http://bastiat.org/fr/l_Etat.html

  • « lorsque nous demandons quelque chose de plus à l état il va falloir payer sous forme d impots ».le problème cest que ce ne sont pas les memes qui demandent et qui payent(ce qui déresponsabilise complétement cest l argent gratuit des autres)ou quand ce sont les memes c’est souvent compensé par des avantages aquis..statutaires ou autres…il n y a que les gens à leur compte qui ne font que payer et n’ont rien en retour(meme pas les aquis de base que sont les congés payes et les congés maladie,ils travaillent comme avant 1936 et se font plumer de plus en plus)

  • La France, le pays où tout le monde essaie de vivre au dépend de tout le monde. Sauf que certains y réussissent mieux que d’autres.
    Demain, ceux qui profitent d’une retraite payée à 70% par les autres, les travailleurs de la RATP, vont faire une grève qui va paralyser une bonne partie de la région parisienne. Ces gens sont organisés et unis. Ils peuvent peser fortement sur les décisions.
    Si les automobilistes ou/et les salariés du privé s’organisaient pour lancer une grande grève ou un mouvement de paralysie du pays, les politiques y réfléchiraient sûrement à deux fois.
    Les gilets jaunes ont montré l’exemple, bien que maladroitement, mais ils n’ont pas été assez nombreux et pas rejoint par d’autres vaches à lait (les commerçants) qui ont perdu une occasion.
    Il faut savoir perdre un peu, investir, pour gagner plus après.
    Un arrêt presque complet du pays quelques jours, avec un manque à gagner fantastique pour l’Etat, peut seul changer la direction du bateau et éviter l’iceberg.

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