Retraites : reculer l’âge de départ ne résoudra rien !

Reculer l’âge de départ à la retraite ne servira à rien : c’est repousser le problème dans quelques années.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
old people at loreley by jeffcapeshop (CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Retraites : reculer l’âge de départ ne résoudra rien !

Publié le 12 août 2019
- A +

Par Gérard Maudrux.

Vu l’engouement dans les commentaires de mon premier article, avec des débats intéressants sur la démographie et l’âge de départ, avant d’aborder les secrets de la réforme, faisons un petit écart vers l’âge de départ. Je parlerai plus tard de la démographie et de son rapport.

Reculer l’âge de départ à la retraite est indigne d’un système « solidaire »

Premièrement j’estime que le recul de l’âge de départ (et/ou du taux plein) est indigne d’un système qui se veut être solidaire dans un pays qui prône la liberté, l’égalité et la fraternité.

En effet, plus vous reculez l’âge de la retraite, plus vous privez une partie de la population de retraite. Il y a des gens moins gâtés par la nature que d’autres : les cardiaques, les cancéreux, les obèses, les diabétiques… leur espérance de vie est plus courte. Reculer l’âge de départ, c’est les priver de tout ou partie de leur retraite.

C’est faire financer la retraite des bien-portants par ceux qui ont moins de chance, en les obligeant à cotiser pour une retraite qu’ils n’auront pas ou si peu et afin que d’autres puissent en profiter à leur place. Je préfère une retraite à la carte.

Deuxièmement, cet âge, dans un système par points est tout à fait arbitraire, est un choix politique, sans contraintes comptables, puisque la retraite est fonction du nombre de points acquis au cours de la carrière, pas d’annuités ou de pourcentage de salaire, dernier ou moyen. Il peut donc être fixé à 60 ou 62 ans, il suffit d’ajuster la valeur du point pour que ce soit neutre pour le régime.

La neutralité actuarielle

Qu’est-ce que la neutralité actuarielle ? Un exemple simple : vous partez à 65 ans, vous allez vivre 20 ans à la retraite. Si vous partez à 63 ans, vous allez vivre 22 ans à la retraite soit 10 % de plus. Pour que cela soit sans coût, pour vous ou les autres, il faut donc vous donner 10 % de moins, pour que le total perçu pendant toute votre retraite soit le même : 10 % de moins pendant 10 % de durée en plus. C’est neutre pour vous, neutre pour le régime, c’est ce que l’on appelle la neutralité actuarielle.

On peut donc choisir n’importe quel âge de départ, il suffit de jouer sur la valeur du point pour garder le même équilibre entre dépenses et recettes. Il faut ensuite bonifier chaque année travaillée en plus : je fais 2 ans de plus, j’aurai 10 % de moins en durée, je dois donc avoir 10 % en plus.

C’est le principe, en pratique c’est un peu plus compliqué car le coefficient de neutralité varie en fonction de l’âge, il dépend de votre espérance de vie au moment du départ. À ces âges il et de l’ordre de 4,2-4,3 % l’an.

Cafouillage sur l’âge de départ à la retraite

Grand cafouillage à propos du recul de l’âge de la retraite. Les « hostilités » ont été lancées par des ministres et anciens ministres des Affaires sociales, poussant le Haut-commissaire chargé des retraites à pousser un coup de gueule avec menace de démission si on ne le laissait pas travailler en paix.

Cela a commencé avec Xavier Bertrand, et repris par Agnès Buzyn. Tous deux sont incompétents en matière de retraite. Le premier j’ai côtoyé le premier quelques années, il est très difficile de lui faire prendre des décisions, un vrai poisson. Je n’ai pas eu connaissance de l’intérêt et de l’expérience de la seconde pour les retraites avant d’être ministre et après avoir été médecin.

Alors qui tire les ficelles de cette manœuvre irritante pour le Haut commissaire et néfaste pour une bonne réforme, juste bonne à mettre du monde dans la rue ? Et c’est là que je souris. Delevoye les a nommés ces deux « cons de Matignon » avec leur nom (cf Le Canard Enchaîné).

L’un des deux est mon ami Thomas Fatome, directeur adjoint du cabinet du Premier ministre. Pour que Delevoye le traite de c…, il a dû pousser le bouchon très très loin. Conseiller de Bertrand ? Rappelons qu’il était directeur de la Sécurité sociale quand Bertrand était ministre, lorsque je suis allé expliquer le 18 juillet 2013 l’intérêt de la retraite à la carte à 62 ans au lieu de passer à 67 ans, expliquant que cette disposition pouvait aller au-delà de la Carmf et être étendue à toutes les caisses évitant des manifestations à chaque tentative d’allongement de la durée de cotisation.

Fatome avait bloqué cette réforme, son successeur l’a fait passer, et son second de l’époque, maintenant chargé de la partie technique de la réforme par Delevoye l’a fait sienne.

Aucun des deux « cons » de Matignon (selon l’expression de Delevoye), aucun des ministres n’a compris l’inutilité de leur proposition de passer de 62 ans minimum à 63 ans en 5 ans.

Je le répète : en 5 ans l’espérance de vie aura augmenté de 1 an, la durée de retraite sera alors la même qu’aujourd’hui bien que prise 1 an plus tard, donc le coût de la retraite sera le même. Comme on aura travaillé un an de plus, la retraite sera même un peu supérieure (on peut espérer !). Dans 5 ans, nous en serons strictement au même point, comme toutes les réformes depuis 20 ans qui ont toutes agi sur le même levier sans autre réforme de fond. Repousser l’âge de départ, c’est repousser le problème, sans le régler sur le long terme.

Le Haut commissaire a choisi et clairement exprimé une autre option, celle que j’ai été le premier à proposer. Il y tient et met son poste en jeu pour défendre ce point, il a raison. Bon courage monsieur Delevoye.

Voir les commentaires (59)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (59)
  • La retraite pour tous est basée sur ceux qui payent payent pour tout y compris pour les mesures « sociales »
    qu’on mette la retraite a répartition plafonnée a 1000 euros/ personne a taux plein pour tous..
    et le reste chacun choisit une formule d’assurance de son choix pour constituer un capital retraite défiscalisé..
    Chacun part quand il veut, avec la retraite qu’il a choisie..*

    Pour le social , c’est l’etat pas la retraite

    voila ce qui devrait bien fonctionner.. ah mais oui çà ce n’est pas socialiste

    • Bien que je ne sois pas spécialiste en la matière, je pense que vous devriez vous renseigner sur le modèle belge, qui repose sur 3 piliers conjointement :
      – la pension légale, de base, pour tout le monde qui a travaillé (et qui vient d’être repoussé à 67 ans…)
      – la pension complémentaire : sur base volontaire (et pour ceux qui peuvent se le permettre), cotisation auprès d’une banque pour se constituer un capital à fiscalité avantageuse
      – la pension complémentaire payée par l’employeur au sein d’un package salarial, encore une fois avec une fiscalité spécifique.

      Système pas parfait, mais qui laisse de la souplesse. Cependant, travailler jusque 67 ans, c’est de la blague totale…

      • Cette distinction entre pension de base et pension complémentaire, un peu contraire au prétendu désir d’égalité des Français, est un aspect essentiel de la solution. A noter que l’âge de départ peut faciliter le calcul, mais qu’il est à mon avis important de revenir à une question de durée travaillée, ce qui n’est peut-être pas aussi clair pour des médecins qui commencent tous à peu près au même âge déjà conséquent. Il faut que le système incite à travailler dès qu’on peut, afin d’alléger sa fin de carrière !

      • Jamais Huit sans Neuf 😉
        Avant, on disait jamais 203 🙂

  • donc un système à deux niveaux, un plancher et une possibilité de niveau supplémentaire… Mais deux questions :
    – le montant du plancher (à 62 ans donc )
    – dans une optique d’harmonisation de tous le systèmes, comment on règle la question de l’intégration des primes dans le régime des fonctionnaires ? Puisqu’actuellement la prise en compte des 6 derniers mois (plutôt que les 25 meilleures années) compense la non prise en compte d’une part de revenus (les primes) d’autant plus importante que le poste occupé est élevé.

    • Ne confondons pas montants et modalités. 62 ans, âge auquel on peut commencer à partir, oui. Ce choix est arbitraire, 60 est moins crédible par les temps qui courent, 65 en chagrinerait beaucoup. Cet âge de départ doit être le même pour tous, car il permet de calculer la valeur à donner au point.
      Intégration des primes, 25 ans ou 6 mois ? C’est un autre sujet, espérons que la réforme (ou une autre) harmonisera cela. Pour les primes, c’est clair : a revenu égal, cotisation égale. La prime est un revenu, il serait scandaleux que ce ne soit pas dans l’assiette. Il faut mettre fin à ce scandale des primes qui permet à l’Etat de s’affranchir des cotisations sociales. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». L’Etat est un un employeur comme tous les employeurs, avec les mêmes règles, mieux, il doit donner l’exemple (on peut rêver).

    • pour les fonctionnaires pareil .. une retraite de base a 1000 euros le reste a constituer avec la prefon a la demande

      • La préfon… ou une autre, bénéficiant des mêmes avantages fiscaux et ouverte à tous. Quand on gratte un peu, il ne paraît pas si difficile de faire mieux que la Préfon, dans les mêmes conditions fiscales…

  • J’ai du mal à vous suivre. Un système d’assurance, par hypothèse, n’indemnise pas chacun de la même façon, ainsi un bien-portant paie la sécu sans être indemnisé : rien de choquant dans le fait qu’un retraité touche plus ou moins selon sa durée de vie, sur laquelle il n’a que peu de maîtrise.
    Le fait de reculer l’âge de la retraite paraît logique quand la durée de vie augmente et que beaucoup de retraités reprennent une activité professionnelle. Ils paient d’ailleurs des cotisations dont ils ne bénéficieront pas.
    Reculer l’âge de la retraite c’est augmenter le montant des cotisations et diminuer le montant des prestations, ce qui se comprend parfaitement lorsque la durée de vie augmente. Si cela ne résout pas définitivement le problème, ce qui reste à démontrer, cela contribue à l’évidence à l’équilibre du système.
    En revanche, une véritable retraite à points ne devrait plus comporter de limite d’âge, elle devrait être proportionnelle aux points accumulés : au bénéficiaire de choisir le moment de son départ lorsqu’il juge correct le montant de la prestation.
    Enfin, penser que les systèmes de protection publics sont préférables est sans doute une erreur : ils sont coûteux, profitent au passage à des institutionnels peu efficaces et génèrent des déficits. Si les salariés avaient conscience des cotisations payées par l’employeur, ils seraient sans doute étonnés du rendement de la protection sociale française, qu’il s’agisse de la santé ou de la retraite.

    • Tout le monde a droit à une retraite après une vie de labeur, et reculer l’âge de départ, c’est retirer ce droit à certains, qui subissent une triple peine : santé, privés de retraite et obligation de cotiser pour rien.
      Oui les bien portants cotisent en maladie pour rien, mais c’est une assurance en cas de pépin, ils sont couverts au cas où. En retraite, les moins bien portants ne sont pas couverts, et payent la même prime, pour une couverture différente, contrairement à la maladie, même couverture pour tous.
      Oui l’avantage des points est de permettre de s’affranchir de la limite d’âge. Il faut le faire, réforme ou pas.
      Je ne pense pas que les systèmes de protection public soient préférables, ce que je dis comme vous dans mon premier billet : plus chers et moins bien. Par contre ils permettent d’organiser la solidarité et une couverture minimum pour ceux qui ont la négligence de ne pas s’assurer. Conclusion : un régime de base universel (1PSS et non 3PSS) pour assurer le minimum vital, au delà laissons nous nous organiser, par profession puisque c’est déjà comme cela, mais aussi un peu à titre personnel.

    • non il faut abandonner la répartition au delà de 1000 euros/mois..
      quand au rendement de la protection sociale française consiste a prendre a Paul pour habiller jacques

  • Bon en fait il suffit de lire le RAPPORT DELEVOYE, tout est clairement expliqué…
    file:///C:/em/RETRAITE/retraite_01-09_leger.pdf

  • C’est l’Etat qui tue la France ! Monsieur Antoine PINAY très intelligent et non trop instruit avait suggérer la solution à l’oligarque qui avait pris le pouvoir en 1974 : remplacer TOUTES les charges sur salaires par une taxe sur tout chiffre d’affaires (et non une tva de fraudeurs) et une taxe sur les énergies produites et consommées
    Il faut traiter les causes et non les conséquences et remplacer le système PONZI de répartition par un système capitaliste responsable

  • Etant donné qu il y a de plus en plus de vieux et de moins en moins de jeunes (Demographie oblige), le Systeme par Repartition tel qu il est concu ne peut que se casser la figure.
    Apres on peut juste essayer de faire que l effondrement se passe le mieux possible (version interet General) ou que ca se passe apres notre mort (ce que souhaitent le gros des baby boomers)

  • Je suis en total désaccord ave cet article.
    Oui, il faut mettre l’âge de départ à la retraite à 65 ans, comme c’était le cas avant 1981, époque à laquelle l’espérance de vie était nettement plus courte. Et non, il ne faut pas consnerver le système par réartition mais y mettre au moins 50% de capitalisation.

    • Je suis d’accord. Il n’existe pas de système de retraite à 100% par capitalisation. Mais il n’existe pas non plus de système de retraite à 100% par répartition, sauf en France et en Corée du Nord. D’ailleurs, le site internet de l’organisme américain gérant les retraites par répartition à une page spéciale destinée à expliquer aux lecteurs en quoi ce n’est pas un Ponzi. Evidemment on n’a pas d’équivalents sur le site de la sécurité sociale, à la place on a droit au « toute personne vivant sur le territoire français est tenue de contribuer à la sécu, c’est obligatoire ». Une idée tellement géniale qu’elle est imposée.

      Passer à 50% de capitalisation permettrait enfin d’avoir des fonds de pension français et de pouvoir attaquer méchamment les japonais et les américains.

    • Et comment procède t’on pour récupérer l’argent des retraités actuels partis avant 65 ans?

      • les retraités actuels ne ne sont plus concernés leur retraite a été liquidée conformément aux lois en vigueur.. il ne peut pas y avoir de retroactivité

        • Oh, n’ayez crainte. Avec les trous de golf au pouvoir, l’inflation à 2 chiffre pourvoira largement à cette correction.

    • @Gerard555
      Si vous mettez 50% de capitalisation, vous faites -50% sur les cotisations retraites des actifs actuels (a moins de considerer que vous allez demander aux actifs de payer double).
      autrement dit, vous divisez par 2 les recettes d un Systeme deja deficitaire. Donc il faudrait diviser par 2 les pensions de retraites actuelles (bon on pourrait evidement ne pas toucher celles < a 500 € et reduire plus celles a plus de 1500 mais l Idee reste la meme : votre solution impose un serrage de ceinture massif aux retraités actuels. Quant on voit que ceux ci on couinés quand on leur a augmente la CSG de 2 %, je vous laisse imaginer la reaction avec un -50 % …)

      • Vous avez parfaitement raison sur le principe. Si on veut passer du tout répartition au tout capital, il faut doubler la cotisation. La première pour payer les retraites en cours, même montant qu’aujourd’hui mais qui diminue sur 50 ans, la seconde pour se constituer sa propre retraite.
        Si on veut 50% en capitalisation, il faut 1,5fois la cotisation actuelle, 1 pour les retraites en cours qui ne diminuera que de moitié sur 50 ans, et 0,5 pour sa propre retraite
        L’auteur

        • Sur le principe, sans doute, mais en pratique il est tout à fait possible de construire des transitions acceptables. Un système à 50/50 doit fournir chaque année la même somme à distribuer qu’un système à 100/0. Or la part fournie par la capitalisation n’a pas besoin d’être cotisée à 100%, puisque les intérêts composés du placement et la durée plus courte de la retraite par rapport à la période d’activité augmentent mécaniquement les disponibilités. En prenant l’augmentation de la capitalisation sur la baisse de la répartition, il n’y a qu’un besoin relativement faible de complément pour assurer l’équilibre, et ce complément peut même être « one-shot », un emprunt qu’on rembourse progressivement. Vu les taux actuels, c’est le moment ou jamais de mettre une grosse part de capitalisation, ça peut se faire sans dommage !

          • Mon expérience : en arrivant à la tête de la caisse de retraite des médecins en 1998, j’avais comme ambition (et promesse électorale) d’introduire de la capitalisation. J’avais sous la main un « outil » qu’aucune autre caisse en France n’a, un X-ENA-Actuaire. Je lui ai fait faire toutes sortes de projections que je recevais tous les soirs à 22H, 1% de cotisation en capitalisation, 2%, 3%,… après 20 ou 30 ans, le résultat était dérisoire face à l’effort de cotisation. C’est possible, mais au prix d’une augmentation de cotisation insupportable, je n’ai pas trouvé de juste milieu. J’ai expliqué, démontré, aucun électeur ne m’en a voulu, au contraire, puisque parti avec 50% des administrateurs élus en mon nom au début, quelques années plus tard et pendant longtemps, cela a été 100%.
            Ceci dit, avec du recul, je me suis aperçu que l’échec était en grande partie dû au fait que les dés étaient pipés au départ : d’une démographie de 4/1 à mon arrivée, nous sommes passés à 1,2/1 en 20 ans, du fait d’une gestion délirante du numérus clausus ( https://blog.gerardmaudrux.lequotidiendumedecin.fr/wp-admin/post.php?post=215&action=edit ). Aucune profession, aucun régime n’a eu à subir un tel choc démographique en si peu de temps. Si la baisse du rapport avait suivi la courbe du régime général, mes projections auraient certainement été plus acceptables, peut-être faisable. J’ai alors choisi une autre voie, bloquant le système par répartition à son niveau, afin de laisser financièrement aux individus le choix personnel de faire autre chose à côté. J’ai réussi puisque le seul régime complémentaire que je pouvais piloter a vu en 25 ans sa cotisation augmenter de 10% et les retraites baisser de 10% (grâce aux réserves constituées dans le régime), alors que l’autre régime complémentaire géré par l’Etat et les syndicats a vu la cotisation doublée réduisant la possibilité d’épargne individuelle, et la retraite divisée par 2 pour encaisser le choc démographique.

            • Merci de votre réponse, et je précise que je ne critique absolument pas le travail que vous avez réalisé avec la caisse des médecins, dans des conditions effectivement difficiles et bien plus extrêmes que le contexte de la réforme du régime général.
              Je ne suis pas énarque ni actuaire, mais il me semble que pour un état, les conditions seraient plus favorables que pour votre caisse, et que les résultats que vous avez obtenus sont la preuve qu’avec une démographie plus raisonnable, des taux d’intérêt négatifs et une capacité d’emprunt pour la période transitoire, et le respect des choix personnels des individus concernés, une transition serait jouable. Ce serait intéressant d’avoir les simulations de votre énarque-actuaire sur le régime général avec les conditions d’aujourd’hui…

              • Soyez sans crainte, je ne l’ai jamais pris pour une critique, mais comme un souhait tout à fait défendable.
                Emprunter est formellement interdit à toute caisse de retraite, même pour un achat immobilier, et je dirais heureusement. Par contre pour un individu, oui. C’est ce que faisaient les américains en 29, et quand ils n’ont pu rembourser, on connait la suite. Ceci dit avec les taux actuels, le problème ne se pose plus de la même manière. Pour les valeurs mobilières, le recours à l’emprunt majore le risque, et pour moi c’est non, par contre effectivement aujourd’hui la conjoncture est excellente pour l’immobilier, et ne pas le faire est une erreur.

                • Un Etat pourrait parfaitement garantir un emprunt pour constituer un fonds de transition. Ce fonds aurait comme dépenses les intérêts et les échéances de remboursement, et le paiement de la part capitalisation des retraites des nouveaux retraités. Comme recettes, il aurait la part des cotisations libérée par le moindre besoin en répartition des retraités et le produit de ses investissements. Avec la garantie de l’Etat, les taux auxquels on peut emprunter aujourd’hui sont bien inférieurs à ce que produisent des placements sensés, on doit donc pouvoir équilibrer tout ça sans prendre de risque significatif.

                  • Désolé, mais je vais peut-être vous faire reculer comme je l’ai fait il y a 20 ans. Combien faut-il emprunter pour payer les retraites aujourd’hui, afin que les cotisation puissent aller vers un système en capi ?
                    Les retraites, c’est 300 Mds aujourd’hui. Quel capital faut-il pour les payer ? A 3% de rendement hors inflation (chiffre utilisé dans toutes les projections de caisses) et hors intérêts d’emprunt, il faut un capital de 10 000 Mds, soit 5 fois la dette actuelle, qu’il faut donc multiplier par 6.
                    Maintenant si on garde 50% des cotisations actuelles pour assurer les droits, qu’on n’emprunte que la moitié, et que l’on met 50% en capi, cela fait encore 5 000 Mds à emprunter.
                    Chiffres et calculs très théoriques et approximatifs, mais qui donnent un ordre de grandeur et l’ampleur du défi à relever.
                    Dans les années 80 c’était jouable, et tous les problèmes de démographie étaient connus. Nos dirigeants ont été irresponsables, c’est nous qui allons payer la note alors qu’eux auront une bonne retraite, qu’ils ont mis hors du risque démographique, et également à notre charge vu ce qu’ils ont cotisé.

                    • Je vois bien, mais d’une part, vous disposez de 25 ans pour constituer ce capital, puisque seuls les nouveaux retraités vont l’utiliser, et d’autre part ce capital se renouvelle, se consommant en rente viagère à 4% d’un côté — ce qui je crois vous divise par deux le capital nécessaire — et se reconstituant avec les cotisations des actifs de l’autre. Dans une capitalisation à l’équilibre, vous avez 30 à 40 ans entre le moment où vous entrez la cotisation et celui où vous utilisez cette cotisation accrue de ses intérêts pour payer les retraites. Dans une répartition, vous avez 0 année. Si vous avez 30 à 40 ans pour passer de la seconde à la première, mon intuition, peut-être fausse, est que le volant nécessaire, que vous devrez emprunter, est de l’ordre d’une année, peut-être deux. Ca nous ferait 300 à 600 Mds. à emprunter, un montant conséquent mais pas inimaginable.

                    • Après une nuit de réflexion, j’ajoute que vous m’avez convaincu : j’ai été égaré par la facilité avec laquelle on peut faire les derniers pas vers la capitalisation, mais les premiers sont les plus coûteux ! J’en tire les conclusions suivantes :
                      1. D’abord un grand merci pour cette discussion, qui vous honore !
                      2. Le passage à la capitalisation est bien moins simple qu’il n’y paraît, à l’échelle collective il ne peut concerner au départ qu’une très faible proportion des retraites.
                      3. La réforme urgente et efficace n’est pas tant de passer à la capitalisation que de plafonner la répartition, prestations et cotisations, et de laisser se développer la capitalisation plus ou moins individuelle dans un cadre fiscal adapté.
                      4. Les autres possibilités, s’il y en a, de réduire la répartition vers la seule solidarité minimale et de développer la capitalisation doivent être mieux détaillées par ceux qui les proposent.

      • Voire la solution appliquée par le Chili. Cela a bien fonctionné.

  • D’accord avec les grandes lignes de cet article, à ceci près que prévoir l’espérance de vie dans quelques années en prolongeant les courbes me semble être une hypothèse contestable.
    Ne serait-ce que par les politiques clairement décroissantistes, les restrictions d’accès à l’énergie et l’état de notre système de santé, il n’est pas évident que l’espérance de vie s’allonge…

    • Ca n’est pas un problème, si le système devient trop bénéficiaire, on trouvera bien comment le rééquilibrer !

  • Non, il faut compléter les revenus des caisses de retraite par CSG, IR ou TVA mais que ces prélèvements aillent VRAIMENT aux caisses et non pour bouffer du homard.

    • Tous les homards du monde ne se traduiraient pas par bien des centimes sur les pensions… Laissez les manger du homard, et punissez-les quand ils gaspillent 34 Mds. par an en moulins à vent, ça vaudra mieux.

      • Ils peuvent très bien manger du homard sur leurs fonds privés. Et rien n’interdit la prime de résultat, quand le déficit régresse prime positive, et homard géant offert.
        Cela peut être un contrat.

  • Bientôt on va demander la retraite sans avoit travailler.!!!!!!

  • Le même age de départ pour tous, c’est faire fi d’importantes différences de situations: entre l’apprenti qui débute sa carrière à 17 ans (voire à 16) et l’Enarque qui commence à travailler, dans le meilleur des cas, à 25 – 26 ans, il y a pratiquement 10 ans d’écart dans la durée de travail. On ferait mieux d’imposer un minimum d’années d’activité (par exemple 40 ans) à partir duquel on pourrait bénéficier de la retraite à taux plein. Si non, les cotisations de l’apprenti (qui, lui, devra travailler de 17 à 62 ans, soit 45 ans de vie active) serviront, encore et toujours, à financer la retraite de l’enarque qui, avec le même age de départ en retraite, aura travaillé 10 ans de moins.
    Je comprends maintenant pourquoi nos hauts fonctionnaires veulent le départ en retraite au même âge pour tout le monde.

    • non les points et basta

    • et personne pour parler de la pénibilité du travail, parce que certains méritent plus leur retraite que d’autres..et personne non plus pour demander à nos chers décideurs et élus de contribuer eux aussi à plus d’équité parce qu’un sénateur qui fait un mandat et qui touche direct 1500€ net de retraite moi ça me fait bondir.

      • Oui, les carreleurs dégustent : genoux, dos… Les maçons de même.

      • La pénibilité devrait normalement être gérée par l’offre et la demande sur le marché du travail, ça n’est pas à une loi ou à un règlement de définir que l’on doit payer plus pour ceux dont le métier était pénible(*) et qui ont malgré tout survécu. C’est aux employeurs qui veulent des employés malgré la pénibilité de ce qu’ils proposent de sortir les sous.
        (*) séances de nuit à l’Assemblée… 🙁

      • Et la pénibilité liée au stress ? Pourquoi ne reconnait-on que la pénibilité physique ? Tout cela pour dire que c’est aussi un choix que de faire en sorte de ne pas rester ouvrier toute sa vie si on veut une retraite correcte. Ce n’est pas à ceux qui ont fait le choix d’améliorer leur condition de payer pour ceux qui n’ont pas été prévoyants avec leur propre avenir. Ceci dit, les conditions annexes des métiers du bâtiment sont très avantageuses.
        D’accord avec vous sur les décideurs et les élus. Et les régimes spéciaux. Quelle pénibilité pour le conducteur du tgv ?

        • Je me relis et je me rends compte que j’ai été un peu raide sur la notion d’être prévoyant avec son propre avenir, même si c’est une réalité. Admettons qu’ils n’aient pas le choix, c’est effectivement à eux de négocier leurs conditions, ce qui a été fait dans le bâtiment d’ailleurs, dont la convention est plus avantageuse pour les ouvriers que pour les bureaux.

        • et la pénibilité due à la connerie administrative ?

    • Tout d’abord, quel que soit le système, il n’y a pas de système parfait, et chez nous il y aura toujours des râleurs, avec plus ou moins de bonnes raisons.
      Pour satisfaire tout le monde il faut que l’âge minimum soit bas. 65 ans, exclu. 60, je ne suis pas contre, 62, juste milieu ? Ceci dit 60 est possible en points. Ensuite quelle différence entre l’apprenti qui fera 45 ans, et le chirurgien comme moi qui aura fait 35 ans, mais avec avant 10 ans d’études ? Quand j’étais interne, à moins de 500€/mois, il m’est arrivé de faire des semaines à plus de 110 heures. Tous les métiers ont des avantages et des inconvénients. Celui qui cotise plus longtemps va toucher plus en points, ce qui n’est pas le cas si on prend que les 25 meilleures années. Quant à la pénibilité, j’aurai beaucoup à dire plus tard, un article complet y sera consacré, car il y a beaucoup à dire.

    • Sauf que l’apprenti ne cotise quasiment rien tandis que les médecins (ou autres professions demandant des années d’études) cotisent un max. Il n’y a pas que le nombre d’années à prendre en compte, mais également et surtout les montants cotisés.

    • il suffit que la propriété privée soit effectivement garantie (prélèvement obligatoire réduit au minimum) : à chacun de se constituer son épargne pour arrêter son activité quand il le souhaite.
      Si certains veulent s’associer pour monter des caisses de retraite : qu’ils soient libres de le faire.

      In fine, tout le reste ne sert pas à grand chose (sauf à nourrir tous les spécialistes de la question et les idéologues de l’égalité et du socialisme (les généreux avec l’argent des autres)).

      On peut éventuellement envisager un « pilier » de solidarité vieillesse, mais le reste ne sert qu’à nourrir les parasites.

  • Bonjour,
    L »objectif de cette réforme est de diminuer voire supprimer toute notion même de retraite en rendant quasiment inaccessible un revenu décent pour le plus grand nombre.
    Cela avait été annoncé par Francois Fillon lui lui-même et très bien expliqué dans le lien suivant.
    https://youtu.be/SJpmn2Br4i0

    Le diable se cachant dans les détails, vous savez maintenant à quelle sauce vous allez être mangés ainsi que vos enfants.
    https://blogs.mediapart.fr/henri-sterdyniak/blog/090819/rapport-delevoye-organiser-et-garantir-la-baisse-des-retraites

    • Cette réforme n’a pas d’objectif particulier envers le système de retraites. Elle n’a d’objectifs que politiciens…

      • je crains que l’objectif des propositions Delevoye soit de récupérer les réserves des caisses qui ont été bien gérées au profit du trou général !

  • Cet article, ainsi que les nombreux commentaires, montre une grande confusion d’idées en matière de retraite. Il faut essayer de revenir à des choses simples.
    Mes lecteurs savent que je me cramponne à ce qui est possible, et non pas à l’aspect moral, ou juste, ou au respect des « avantages acquis » et autres accords. Tout cela est respectable mais complique le débat pour rien puisque le respect n’en est pas possible.
    Prenons cet article « il est inutile de reculer l’âge de la retraite ». Il démontre le contraire de son titre. D’abord il admet que reculer l’âge permet pendant quelques années de maintenir les retraites, ce qui montre bien l’efficacité du principe. Mais il passe à son « inutilité » en disant que c’est à refaire quelques années plus tard du fait d’une nouvelle augmentation de l’espérance de vie.

    D’abord n’est pas certain que l’espérance de vie continue à augmenter, les démographes ont quelques signes récents inquiétants.

    Et si il continue à augmenter, en quoi serait-il choquant d’augmenter de nouveau d’un an l’âge départ puisque la santé aura continué à s’améliorer et la durée de la retraite à s’allonger : si nous vivons 5 ans de plus, on peut parfaitement travailler un an de plus et avoir 4 ans de retraite supplémentaire.

    Pardon de rester sur des choses simples, et non sur des complications aussi intéressantes soient-elles moralement ou intellectuellement. Je recommande une fois de plus ma petite fable simplette : https://www.yvesmontenay.fr/2013/08/21/la-fable-du-roi-et-des-retraites/

    • Mon titre était « Retraite : de l’âge de départ », changé par Contrepoints ce qui vous permet de souligner une petite contradiction avec ce titre. Oui cela a un petit effet, uniquement en reculant le problème de la répartition, sans le régler.
      Mais c’est aussi une manière de baisser les retraites sans le dire, car tout le monde n’arrive pas au taux plein. Qui aura 50 ans de cotisations quand ce sera à 70ans, âge qui ne vous gêne pas. 45 ans de cotisations à 70 ans au lieu de 50, c’est une baisse de retraite de 10% qui ne dit pas son nom. (NB : chiffres théoriques pour comprendre le principe). C’est le premier bénéfice de la mesure.
      Ensuite travailler à ces âges, c’est aussi prendre l’emploi d’un jeune qui sera au chômage, avec les coûts engendrés, qui s’ajoutent au cercle vicieux : augmentation des charges – destruction d’emplois – moins de cotisations – augmentation des taux – etc.

    • @Yves Montenay
      Merci de votre intervention, mais je voudrais souligner un point que vous(/nous ?) négligez trop facilement. Les statistiques, ça conduit à des décisions désagréables pour une certaine partie des individus, et ça n’est pas compensé parce que l’autre partie en tirerait, elle, bénéfice. Il est parfaitement choquant d’augmenter d’un an l’âge de départ pour celui auquel son médecin aura déclaré à 55 ans qu’il n’avait plus qu’au mieux 10 ans à vivre. Il est tout aussi choquant de le faire pour celui qui découvrira, faute d’avoir consulté, que c’était aussi son cas mais à 62 ans. C’est à chaque individu de pouvoir faire chaque année la balance entre le départ en retraite aux conditions qui correspondent à cet âge, et la poursuite de l’activité aux conditions qu’on lui propose. Les décideurs ne doivent pas préjuger de ce que sera ce choix, ils doivent simplement mettre en place un système qui le permette, bien l’expliquer et constater ce qui en résulte.
      Si vous vivez en moyenne 5 ans de plus, ça ne joue en rien sur le choix de reporter d’un an le moment du départ de l’individu lambda qui n’est pas vous.

  • L’hygiène de vie étant elle-même dépendante des conditions de vie, de la situation familiale, il convient d’obliger au bonheur. Au-delà de ça, il y a effectivement des familles où, majoritairement, l’on meurt jeune et des familles où l’on vit vieux.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

« L’État ayant dépensé Tout l’été Se trouva fort dépourvu Quand il fallut financer ses agents,

Plus d’argent.

Il alla crier famine Chez l’Argirc-Arrco sa voisine, La priant de lui donner Quelques sous pour financer son déficit,

« C’est pour la solidarité », lui dit-il.

L’Agirc-Arrco n’est pas prêteuse ; C’est là son moindre défaut.

« Que faisiez-vous au temps faste ? » Dit-elle à ce quémandeur. « Je dépensais à tout venant, pour de bonnes causes » « Vous dépensiez ! J’en suis fort aise. Eh bien ! empruntez... Poursuivre la lecture

On écoute enfin les démographes !

Depuis longtemps ils annoncent la diminution prochaine de la population de nombreux pays, puis de l'ensemble de la planète, alors que la mode était plutôt à la crainte de la surpopulation, crainte qui a été relayée et amplifiée, notamment par une partie de l'écologie politique.

Depuis, la mode a changé. On a remarqué la baisse de la population chinoise, qui devrait s'accélérer, et celle de nombreux autres pays.

En France, nous n’en sommes pas là, mais la baisse de la fécondité va nous rap... Poursuivre la lecture

Un article de la Nouvelle Lettre. 

 

Aujourd’hui, discussion sur la revalorisation des retraites pour maintenir le pouvoir d’achat des salariés en activité : il faudrait faire main basse sur les fonds détenus par Agirc-Arrco. Cette spoliation a été tentée à plusieurs reprises, mais jusqu’à présent elle a été rejetée, et même déclarée anticonstitutionnelle.

Aujourd’hui on connaît le projet de loi de finances de la Sécurité sociale.

Il ferait apparaître la nécessité pour le budget de l’État de financer le défici... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles