Le poison des dépenses publiques

La baisse des dépenses publiques sera possible en responsabilisant les individus.

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Le poison des dépenses publiques

Publié le 26 juillet 2019
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Par Jean-Philippe Delsol.
Un article de l’Iref-Europe

Le projet de budget pour 2020 annonce des baisses d’impôt sur le revenu, mais elles seront compensées par l’amputation de diverses niches fiscales, le retard dans la baisse de l’impôt sur les sociétés et quelques nouvelles taxes comme celle sur le transport aérien. Pour le reste il sera encore fait appel à l’emprunt et la décrue de la dette publique sera retardée.

Les dépenses publiques sont passées de 1020,5 milliards d’euros en 2007 à 1318,6 en 2018. Elles sont de 20 % supérieures à la moyenne de la zone euro et devraient continuer de progresser de 0,5 % en volume (hors inflation) en 2020, comme en 2019. Les prélèvements obligatoires sont à l’avenant.

Certes, il y a chaque année des réformes. Les cotisations sociales ont été réduites pour rendre les entreprises plus compétitives. Des députés LREM veulent maintenant limiter les allègements de charges aux très bas salaires pour dégager les moyens de réduire les impôts de production qui sont beaucoup plus élevés en France (10,5 % des bénéfices commerciaux des entreprises) qu’en Allemagne (4,3 %).

Mais tant que les dépenses publiques ne baissent pas, il ne s’agit jamais que d’un simple jeu de chaises musicales consistant à prendre aux uns pour donner aux autres au nom d’une justice toute relative. Il en a été ainsi avec la hausse de la CSG payée à plein par les retraités et les propriétaires bailleurs pour alléger les charges sociales des salariés. Ces mesures créent de l’agitation factice déguisée en politique.

Obésité publique française

Or ce dont souffre aujourd’hui la France, c’est de son obésité publique. Elle oblige à maintenir un niveau de prélèvements obligatoires qui nuit à sa compétitivité. Mais plus encore, elle transforme la relation des Français à l’État et à la société. Le statut de la fonction publique, dont profitent sans raison des millions d’employés, tend à devenir le modèle de référence du travail salarié.

Les 35 heures ont également contribué à inscrire le temps des loisirs comme une priorité sur celui du travail. Par ailleurs, les dépenses sociales orchestrées par l’État représentent un tiers du produit intérieur brut et sont dispensées trop souvent de manière à installer leurs bénéficiaires dans l’assistance plutôt que de leur permettre de retrouver leur autonomie. Initialement, les Gilets jaunes revendiquaient de pouvoir vivre de leur travail plutôt que d’allocations. Mais la première réponse qui leur a été apportée fut d’augmenter la prime d’activité !

Au-delà des réformes paramétriques qui ont désormais démontré leurs limites, ne serait-il pas préférable, voire nécessaire, de stopper la dérive de l’État dans sa volonté de prendre en charge tout l’individu et de le prémunir de tout comme s’il était un incapable ? La question mérite d’être posée. Il s’agit moins d’une question économique, même si elle existe aussi, que d’un enjeu presque ontologique.

L’État désormais s’institue gardien des consciences, des comportements et de la protection de tous au risque de réduire bientôt à néant la capacité de chacun à décider pour lui-même. Or, « réduire les domaines où peut s’exercer la liberté de choix, c’est porter atteinte à l’essence même de l’Homme » comme le disait Isaiah Berlin.

Parce que l’Homme, tout imparfait qu’il soit et peut-être parce que imparfait, se distingue des autres espèces par son aspiration à s’élever lui-même, par son apprentissage de la responsabilité dont l’exercice ne lui est possible que s’il est libre de ses actes.

Comme il vaut mieux apprendre aux peuples déshérités à creuser des puits plutôt que de les forer à leur place, et qu’il faut permettre aux enfants de voler de leurs propres ailes, de même il convient de laisser les personnes assumer leurs propres choix. En leur restituant cette responsabilité, c’est aussi leur dignité qui leur serait rendue.

Sortir du cercle vicieux

Il resterait bien entendu à veiller à ce que ceux qui n’en sont pas capables soient pris en charge par la collectivité. Cette réforme systémique favoriserait naturellement la sortie du cercle vicieux dans lequel sont placés les citoyens biberonnés par un État nourricier et qui en appellent à lui toujours plus par l’habitude de tendre la main plutôt que de se retrousser les manches.

Les citoyens auraient davantage de capacité d’initiative. Libérés de leur obligation de cotiser au système unique de Sécurité sociale, ils augmenteraient leur niveau de vie en recherchant la meilleure assurance maladie ou vieillesse comme ils le font très bien pour leurs assurances automobile ou habitation dont l’enjeu n’est pas moindre. Ils seraient mieux incités au travail si chaque nouvel euro gagné ne donnait pas lieu à davantage de cotisations sociales et à un impôt progressif conçu comme une pénalité prélevée sur le surcroît de peine.

Si l’école privée n’était plus bridée par un quota « non dit » et si les écoles sans contrat étaient susceptibles d’être accessibles à tous grâce au bon scolaire, le coût de l’Éducation nationale serait moindre tant il est vrai que les élèves du privé coûtent près de moitié moins cher que ceux du public, lequel serait réellement mis en concurrence et ainsi enjoint de se réformer… L’État qui ferait moins peser ses prélèvements obligatoires sur les contribuables disposerait de plus de moyens pour faire face aux besoins régaliens de la justice, de la police et de la défense dont les dépenses, essentielles à la sécurité et à la liberté de tous, sont ensemble aujourd’hui par trop cantonnées à moins de 3 % du PIB.

La baisse des dépenses publiques sera possible en responsabilisant les individus. En même temps, ceux-ci seront plus à même de faire grandir leur humanité fondée sur leur capacité à rechercher librement leur propre fin.

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  • Oui, mais pour cela, il faudrait que l’Etat et ceux qui se le sont appropriés renient la mentalité colberto-marxisante, socialiste et collectiviste qui les caractérise!

    • Vous oubliez le clergé, napoléon.. toute la structure centraliste et collectiviste qui accuellit le socialisme bras ouvert.

    • Oui c’est toute la difficulté. Le moyen d’action des politiques c’est la dépense publique. La diminuer c’est réduire leur pouvoir. Il ne faut pas compter sur eux pour aller spontanément dans cette direction.

      Du côté des citoyens c’est à peine mieux: 57% du PIB dépend directement de la dépense publique. Des millions de foyers en vivent exclusivement, donc des millions d’électeurs. Il ne faut pas compter sur eux pour faire arriver au pouvoir des partisans de la baisse des dépenses publiques.

      Le réveil sera difficile.

    • «colberto-marxisante, socialiste et collectiviste» ou plus simplement : l’entretien de la médiocrité !

  • Les retraites sont le premier poste de dépense de l’état , plus d’ un quart du budget. Le modèle social français est corporatiste, opaque et inéquitable, 42 régimes de retraite avec des differences scandaleuses, et dire que le public est censé promouvoir l’ égalité !!!!! Il faudra bien un jour affronter la gauche réactionnaire qui cadenasse ce système.

    • Ce qui prouve que les fonctionnaires ne cotisent pas. Le contribuable paie donc deux fois.

      • La mesure choc : se séparer (avec regrets) d’un million de fonctionnaires hors régaliens et de la moitié des élus,
        tout ceci à commencer par les plus coûteux.

  • Normal qu’il faille une pléthore de fonctionnaires quand on voit que nous sommes soumis:
    . à une avalanche de taxes (près de 400, plus que de fromages ou de jours dans l’année)
    . à plus de 200 000 textes de loi (et on en rajoute tous les jours. Faites un petit test: allez sur le site « legifrance », regardez la liste des codes (près de 50) et prenez l’un d’entre eux (pas le code des impôts, vous feriez une dépression), par exemple le code général des collectivités territoriales: vous serez effarés.
    Tant qu’on aura autant d’impôts et de réglementations, il faudra beaucoup de monde pour les appliquer et les faire respecter. Commençons par simplifier notre système et (du moins je l’espère) les coûts devraient diminuer sans trop de peine.
    Ou alors, il faudra croire que nos politiques et hauts fonctionnaires pondent des textes à qui mieux mieux pour justifier leur existence et leur pérennité.

    • Mais c’est exactement cela. Tout député veut proposer une loi pour rester dans l’histoire, pouvoir se pavaner en disant dans les dîners: j’ai fait voter Ma loi !

  • Tant que le statut public sauf pour le régalien, existera, la France continuera sa descente vers les abîmes. Les problèmes ne peuvent être réglés par ceux qui les ont crées

  • Tout simplement, il manque un contre pouvoir pour contrôler les deux chambres sur le budget. Par exemple: il n’y aurait pas eu d’affaire de Goullet, ou Tapie et la CSG serait peut-être restée à 1.1%.

    • Les deux chambres sont déjà supposées être le contre-pouvoir de l’exécutif. Certes, dans la pratique…

      La CSG, c’est en gros 125 milliards chaque année. Comparer 125 milliards aux affaires ponctuelles qui représentent quelques millions, c’est juste n’importe quoi.

      La CSG serait resté à 1,1% si ce pays n’était pas malade de son collectivisme délirant, si la SS n’était un monopole scandaleux, si les retraites reposaient sur la capitalisation comme il se doit, si l’école et les hôpitaux étaient privés, etc. Sans l’obésité étatique, la CSG n’existerait tout simplement pas.

      Vous en avez marre de payer la CGS ? Ca tombe bien, nous aussi… Alors, exigez l’Etat minimal régalien, exigez la flat tax, exigez la privatisation des secteurs économiques plus ou moins collectivisés (retraite, santé, éducation, énergie, logement, transport, culture).

    • La crainte de ne pas être réélu devrait être un contre-pouvoir suffisant, il serait facile à mettre en oeuvre si les électeurs étaient un minimum formés à équilibrer un budget, ce que ne leur apprend pas l’éducation nationale…

  • e probleme n’est pas que le pouvoir resterait sourd aux volontés du peuple.. le probleme c’est que le pouvoir a été mis là par ceux la mêmes qui profitent de ses largesses..
    il n’y a pas de contre pouvoirs en france il n’y a que des ambitions

    • Très juste, il n’y a AUCUN contre pouvoir en France! Même le 4e est au service de l’exécutif, grâce aux subventions et exemptions!

  • Il n’y a aucune raison pour que la police et la défense échappe au Grand Rabot !
    Quand on voit à quoi sert aujourd’hui la police (de la vaine lutte contre la conso de drogue, que d’autres pays ont déjà libéralisée à la traque sans répit des petites infractions routières sur fond de budget com de la SR exorbitant) difficile de ne pas penser qu’elle est déjà en surnombre ou que le champ de ses missions doit être sévèrement revu.
    A part la Justice, dont le budget fait de nous un des cancres européens, il faut s’attaquer à toutes les citadelles administratives. Si j’étais un homme politique (courageux) je commencerais par l’Economie et l’Intérieur…

  • Rien qu’à l’Assemblée Nationale quand on voit les avantages et les salaires totalement ubuesques non seulement des élus mais de tout le fonctionnement et du personnel c’est encore pire!! Est ce que le logement gratuit du secrétaire général de l’AN de 182 m2 est réintégré dans sa déclaration d’impôt ?????????????
    Et aujourd’hui un article dans Sud Ouest sur les ex collaborateurs familaux qui sont déprimés !!!!!de qui se moque t-on ,non seulement l’argent publique a été détourné(IRFM) mais surtout la fictivité de ces emplois a été esquivée!!Et en plus il a fallu les licencier ce qui a aggravé les comptes publics ,ce sont le élus fautifs qui auraient du payer ces licenciements!

    • L’Elysée : budget colossal, j’ai lu dernièrement qu’il y a plus de 800 employés ( je ne connais pas la masse salariale), il y aurait 175 voitures de fonction dont 8 scooters et un quad…

  • Le système du fonctionnariat est un poison sans nom.
    Jeune, vous réussissez un concours, et ensuite quoi que vous fassiez où presque, votre déroulement de carrière et votre avancée d’échelons sera quasi identique que vous travaillez beaucoup ou que vous fichiez rien.
    Un fonctionnaire est quasi impossible à virer, sauf faute très grave et après des années de procédures.

    Conclusion, suivant les domaines de la fonction publique on peut estimer qu’il y a entre 30 et 80% des fonctionnaire qui ne fichent rien ou quasiment rien à longueur de journée.
    Le travail est fait par les autres, avec souvent déjà hyper bosseurs pour compenser la gabegie générale.

    Pire, il est de notoriété publique que dans certains services, il est tout simplement impossible pour un/une nouvelle venue de briser le pacte de « travail minimum ». Si vous vous mettez à « bosser », brisant le rythme de lenteur du service, plus personne ne vous adressera la parole au bout de quelques jours ou quelques semaines et l’enfer quotidien commence.

    Il faut absolument en finir avec la fonction publique quitte à passer par des grèves sans fin et une crise majeure.
    Un dirigeant, qui veut vraiment relever notre pays, devra en passer par là, impérativement, sinon quoi que l’on fasse, c’est sans issue.

    Nul ne devrait être recruté pour autre chose que des contrats de 1 ou 3 à 5 ans avec renouvellement uniquement en fonction des résultats.
    Et ces recrutements ne doivent plus forcément être conditionnés par des niveaux de diplômes, qui à mon sens, vu ce que valent les diplômes n’ont plus aucun sens.

    Regardez l’école 42, zéro diplôme pour se présenter aux sélections, par contre derrière, des semaines de sélection impitoyable.
    Au bout du chemin, des gens réellement brillants, réellement bosseurs et accrocheurs et qui valent plus chers sur le marché du travail que n’importe quelle autre école d’informatique de par le monde.

  • Article sympa mais c’est mort et depuis longtemps. Merci Mitterrand, merci à tous les gogos qui ont voté pour lui et sa clique de rapaces, merci surtout à la presse de l’époque qui a tu son passé glauque voire criminel . C’est ce type qui a fait basculer la balance privé/public en faveur du second. Et c’est donc mort : plus de bénéficiaires que de payeurs et c’est vrai à tous les niveaux et dans tous les domaines . Personne n’arrêtera la pompe à fric sur laquelle il est branché h24. Ou peut être la folie car l’être humain est ainsi fait qu’il n’en a jamais assez « plus on est fous moins y a de riz » comme disait Coluche. Ce sont probablement les bénéficiaires qui feront la révolution, honte de rien, bouchés à l’émeri, drogués de subsides des autres, bouffis de haines recuites de leur inanité patentée . Et nous , eh bien on servira d’exutoire

  • Nos Énarques pensent que notre argent est mieux géré par eux (l’État) que par les citoyens !
    Si les citoyens gérait leur budget comme le fait l’État depuis plus de 40 ans tous le français seraient en prison ou dans des instituts psychiatriques…

  • @Val, comme vous je pense que c’est définitivement cuit. F. Mitterrand a fait basculer la France dans le camp des pays structurellement so0cialistes. J. Chirac qui lui a succédé aurait pu remettre le pays dans le bon sens. Au contraire il a continuer à l’enfoncer. Aujourd’hui c’est trop tard. Nous avons régressé dans tous les domaines. 90% des des jeunes ont le bac, mais 60% sont illettrés. Tous les pays qui avancent, forment bien leur jeunes et les gens travaillent plus de 40h. Il suffit de voyager dans des pays comme la Suisse, le Japon ou les USA pour vite s’apercevoir que nous avons définitivement décrocher. C’est irrémédiable. Les plus lucides dès qu’ils le peuvent, quittent le pays. Les autres auront à subir , le déclin, la décadence de ce qui fut un grand pays. Ils goûterons aussi aux joies du multiculturalisme.

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