Internet : il faut protéger votre vie privée !

La confidentialité est un droit non négociable dans une société civilisée.

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VPN and internet security by Mike MacKenzie(CC BY 2.0) Image via www.vpnsrus.com

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Internet : il faut protéger votre vie privée !

Publié le 22 juillet 2019
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Par Marco Wutzer.

En l’état actuel des choses, vos données confidentielles sont loin de l’être. Les technologies actuelles de stockage et de traitement des données sont obsolètes ; il est temps d’en changer.

En 1956, le monde a débuté une transition des registres sur papier vers le stockage électronique des données. C’est l’année au cours de laquelle une équipe d’IBM a inventé le disque dur.

C’était le tout premier à être commercialisé. Voici à quoi il ressemblait…

Le premier disque dur au monde occupait autant d’espace que deux réfrigérateurs… mais il n’était capable de stocker que quelques centaines de pages de texte. Source : © Arnold Reinhold / Wikimedia Commons

Le premier disque dur au monde occupait autant d’espace que deux réfrigérateurs… mais il n’était capable de stocker que quelques centaines de pages de texte. Source : © Arnold Reinhold / Wikimedia Commons

Malgré le fait qu’il pesait plus d’une tonne, il ne disposait que d’une capacité de stockage de 3,75 mégaoctets. Ce disque dur entier ne pouvait stocker que l’équivalent de quelques centaines de pages de texte.

En 1980, IBM est parvenu à développer le premier disque dur disposant d’une capacité de plus d’un gigaoctet. Il avait la taille d’un réfrigérateur et pesait près de 250 kg.

Avec un prix de vente de 40 000 dollars l’unité (compte tenu de l’inflation, cela représenterait aujourd’hui l’équivalent de 129 231 dollars), on ne peut pas dire qu’il était particulièrement bon marché.

De nos jours, les ordinateurs portables et les smartphones peuvent disposer d’une capacité de stockage de plusieurs centaines (voire milliers, pour les ordinateurs) de gigaoctets. Pour les téléphones, ils ne coûtent même que quelques centaines de dollars et vous pouvez les glisser dans votre poche. Grâce à cela, nous pouvons créer et stocker d’énormes quantités de données.

Je suis certain que nous sommes tous d’accord sur le fait que c’est extrêmement pratique. Mais le système actuel contient une faille gigantesque.

Dans quelques instants, je vais vous dévoiler de quoi il s’agit et quelles en sont les implications pour vous. Avant de voir où nous allons, cependant, nous devons comprendre d’où nous venons et comment nous en sommes arrivés là.

Internet a une technologie obsolète

Internet était au départ un moyen de partager des documents scientifiques.

Il existait un niveau élevé de confiance entre les tout premiers utilisateurs du réseau. C’est pourquoi les protocoles initiaux ont été conçus sans tenir compte de la sécurité ou de confidentialité des données des utilisateurs.

Dans le vaste monde numérique d’aujourd’hui, en revanche, la confidentialité et la sécurité sont des problèmes cruciaux. Il y a plusieurs raisons à cela…

Premièrement, internet peut être facilement censuré.

Le réseau internet est basé sur les adresses IP (Internet Protocol). Ces adresses permettent d’acheminer des ensembles de données de l’expéditeur vers le destinataire final.

Il est généralement possible de déterminer la localisation géographique de l’utilisateur d’une adresse IP à l’échelle du pâté de maisons.

Chaque fournisseur d’accès à internet gère un ensemble d’adresses IP, permettant aux gouvernements de découvrir facilement l’identité des internautes.

De nombreux gouvernements tirent pleinement avantage de cette situation, allant jusqu’à dicter ce que leurs citoyens peuvent lire et écouter… et même avec qui ils sont autorisés à communiquer.

Les internautes et les hébergeurs qui ne se soumettent pas à la censure sont régulièrement déconnectés du réseau.

Deuxièmement, les données ont de plus en plus de valeur ; le vol de données devient un problème majeur.

Ce système basé sur les adresses IP rend la tâche particulièrement facile pour les organisations criminelles et les pirates (hackers) qui souhaitent cibler certains serveurs spécifiques. Cela leur permet de détruire ou de s’infiltrer dans les réseaux informatiques d’institutions financières, d’entreprises, de laboratoires de recherche et d’individus.

Un droit non négociable

Il existe d’innombrables exemples.

Les serveurs de Yahoo ont été piratés en 2013. La sécurité de l’ensemble des trois milliards de comptes d’utilisateurs a été compromise.

Sony Pictures a été piraté en 2014. Une centaine de téraoctets d’e-mails, de mots de passe, de données financières, de plans marketing et même plusieurs films avant leur sortie au cinéma ont été dévoilés.

Et bien sûr, il y a eu le piratage d’Equifax en 2017. Des hackers ont réussi à s’emparer des données personnelles sensibles – y compris les noms, numéros de sécurité sociale et adresses – de plus de 140 millions d’Américains.

Vous comprenez pourquoi la confidentialité et la sécurité des données numériques représentent des enjeux majeurs dans notre monde moderne centré autour d’internet. Malheureusement, de nombreux aspects du réseau internet traditionnel évoluent dans la mauvaise direction.

Réfléchissez à ceci…

Chaque jour, plus de quatre millions d’heures de vidéos sont visionnées uniquement sur YouTube.

Sur Facebook, plus de 4,3 milliards de messages sont postés chaque jour.

Il existe plus d’1,9 milliard de sites internet.

Plus de 269 milliards d’e-mails sont envoyés en moyenne chaque jour.

Les documents personnels que vous conservez sur des services de stockage de données en ligne (tels que Google Drive ou l’iCloud d’Apple), la totalité des sites internet dans le monde, l’ensemble des communications (tel que vos messages sur WhatsApp) et toutes les vidéos en ligne telles que celles accessibles sur YouTube et Netflix, sont stockées sur des serveurs ou dans des centres de données.

Un stockage unique et mondial

En d’autres termes, internet tout entier est stocké dans des centres de données situés tout autour du monde.

Ces gigantesques centres de données contiennent plus de 1 400 exaoctets de données. Un exaoctet représente un milliard de gigaoctets.

Cela signifie qu’il y a 1 400 milliards de gigaoctets de données stockées à l’échelle mondiale dans des centres de données. C’est l’équivalent d’environ 280 milliards de films (à raison de cinq gigaoctets par film) ou 333 000 milliards de photos.

C’est rendu possible en partie par le fait que le stockage des données prend désormais peu de place, il est facile d’accès et son coût s’est effondré à des niveaux extrêmement faibles.

Il y a toutefois un aspect du stockage des données numériques qui n’a pas changé depuis 1950…

La centralisation.

Internet, nos documents personnels et toutes nos communications sont stockés dans de gigantesques silos centralisés. L’ensemble des données à travers le monde est conservé dans moins de huit millions de centres de données.

La tendance est à une plus grande centralisation compte tenu du fait que les centres de données deviennent de plus en plus importants et que leur nombre tend à se réduire.

Avec les e-mails, la situation est pire encore. Trois géants – Apple, Google, et Microsoft – gèrent à eux seuls plus de 85 % des e-mails échangés à travers le monde.

Le problème va bien au-delà de celui de la simple conservation de vos données par une poignée de multinationales.

L’une des plus grandes failles d’internet

Grâce aux révélations héroïques d’Edward Snowden en 2013, nous savons tous désormais que les services de renseignement du gouvernement américain collectent et analysent nos données personnelles et nos communications.

Les gouvernements ne sont pas les seuls à exploiter le contenu de ces silos de données et de nos réseaux de communication.

Vous vous souvenez probablement du scandale de Cambridge Analytica. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de la façon dont une entreprise peut collecter et exploiter nos informations personnelles. Dans ce cas précis, plus de 87 millions d’utilisateurs Facebook ont été sujets à un profilage et ont été manipulés par ce biais.

L’extraction massive et l’exploitation de nos données à partir de sources centralisées ainsi que la surveillance et l’analyse de toutes nos communications représentent la plus grande faille d’internet.

Mais à présent, un nouvel internet est en train d’émerger progressivement… un internet totalement décentralisé et crypté.

Ce nouvel internet est en train de changer la façon dont nous conservons nos données et communiquons. Il est en train de remplacer des pans entiers de l’internet traditionnel.

Une technologie décentralisée et cryptée va remplacer le réseau internet technologiquement dépassé que nous avons à l’heure actuelle.

C’est précisément ce que cherchent à accomplir en ce moment à travers le monde entier de jeunes start-up innovantes. Elles travaillent sans relâche pour nous redonner le contrôle sur nos communications.

Après tout, la confidentialité est un droit non négociable dans une société civilisée. C’est aussi un sujet crucial pour les entreprises qui détiennent des informations de grande valeur.

C’est enfin un sujet de vie ou de mort pour les lanceurs d’alerte, tels que Snowden, ainsi que pour tous ceux qui souffrent encore sous le joug de régimes oppressifs.

La communication est au cœur de quasiment toute activité humaine. Il est grand temps que nous modernisions l’architecture centralisée et obsolète du réseau internet actuel en la remplaçant par une technologie bien plus avancée, garantissant la protection de la confidentialité de nos données.

Pour plus d’informations, c’est ici .

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  • Quand on voit ce qu’étalent les utilisateurs sur facebook on se marre
    en 5 minutes on connait tout de leur vie , de leurs gosses, de leurs aventures extra conjugales etc..
    apres çà pleurniche

  • https://www.fr.fnac.ch/a13196222/Antoine-Jaquier-Simili-love?origin=SEA_GOOG_CSS_BOOK&gclid=EAIaIQobChMIg_CPsP_H4wIVhM13Ch3_nQhtEAYYASABEgIHt_D_BwE&gclsrc=aw.ds
    C’est le livre Simili Love, exercice de SF que je fais lire à mes petits enfants ne l’ayant pas lu, car je ne suis pas masochiste. Pour qu’ils œuvrent eux à un autre monde, pour autant que les startup dont vous nous entretenez aient droit de citer. Croisons les doigts.

  • Il y a deux sujets imbriqués :
    – la confidentialité des données
    – la valorisation des données

    Concernant la confidentialité, en France, c’est déjà fortement compromis compte tenu des lois en vigueur contre le chiffrement. « Si tu n’as rien à te reprocher, tu n’as rien à cacher », clame l’élite autoproclamée des politiciens collectivistes et les hommes de l’Etat, jamais en retard d’une ignominie à proférer à l’encontre d’une population rabaissée par défaut au statut de criminel en puissance. On se demande même pourquoi on laisse encore voter cette foutue population, avec des isoloirs et des bulletins secrets. Le vote à main levée en AG, c’est tellement plus « démocratique ».

    Quant à la valorisation des données, le modèle économique est à ce point dépendant du mépris de la propriété privée des données personnelles que personne n’ose envisager de la faire respecter, même a minima, au risque d’un choc économique majeur. Alors, on bricole à la marge quelques lois à visée purement fiscale, mais certainement pas pour protéger les individus. Il est plus urgent de faire entrer des gros sous que de protéger les droits élémentaires des citoyens. De toute façon, tous sont des criminels en puissance.

  • La vie prive dans une societe ?
    J’echange ma vie privee contre ma liberté..de toute facon la vie privee n’existe pas dans une societe ou ne devrait pas exister .pour conserver sa vie privee il faut etre hors societe ..

  • Article non libéral et infantile.
    Si je décide -librement- de faire des recherches sur google, ce qui ne me « coûte » rien en espèce, je donne en échange, comme prix donc, les traces électroniques de ces recherches qui seront revendues à un marchant de souliers car les algorithmes qui les auront malaxées auront conclu que j’étais mal chaussé.
    L’arbitrage est ici entièrement libre et les prétextes utilisés par les étatistes pour le faire à ma place -on veut me « protéger »- ne devraient pas être repris dans un texte sur C.
    D’autant plus qu’il occulte complètement le vrai problème, même si tout de même, la référence à Sowden est ici faite à propos, de l’espionnage de leurs citoyens- contraint celui-là, de la part des états.
    Mais dira-t-on l’état est « neutre » et gentil, alors pourquoi s’en offusquer comme le rappelle l’opinant Cavaignac…
    Ceci dit, C. se doit de se mettre rapidement à étudier/publier tous les méchanismes de manipulation de l’état, rendus possibles par la digitalisation, mais aussi les anciens. L’Autriche a réussi à « defunder » ses « offentliche-rechtliche Sender » (radio et télé publiques), c’est donc possible.

  • Les commentaires sont fermés.

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