Il y a 50 ans, le premier pas sur la Lune

Qu’avons-nous accompli dans l’espace en matière de vols habités depuis cet exploit ? Quasiment rien relativement à cette première excursion.

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Man landed on the moon by Peter Mackey(CC BY-ND 2.0)

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Il y a 50 ans, le premier pas sur la Lune

Publié le 21 juillet 2019
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Par Pierre Brisson.

Il y a cinquante ans ce 21 juillet des hommes posaient pour la première fois le pied sur la Lune. Je n’aime pas les célébrations lorsque leurs causes n’ont pas permis les effets qu’on pouvait en espérer et c’est bien hélas ici le cas. En effet qu’avons-nous accompli dans l’espace en matière de vols habités depuis cet exploit ? Quasiment rien relativement à cette première excursion.

Un exploit sur la Lune qui n’a pas eu de suites spectaculaires

Après avoir atteint la Lune, premier « sommet » possible, la NASA s’est endormie sur ses lauriers en se laissant porter paresseusement par le grand fleuve des dépenses publiques dans les méandres de l’indécision et du manque d’audace, au ras de l’altitude zéro, sans aucune vision autre que celle de profiter de la promenade sans encourir de risque.

La deuxième puissance spatiale, l’URSS, a enragé d’avoir perdu mais s’est tue,  encaissant sans doute le fait que son système politisé à l’excès, totalement rigide, ne lui permettait pas d’être aussi efficace qu’un pays d’esprits libres.

Troisième puissance spatiale possible, l’Europe a regardé de haut, méprisante, ces Américains qui jouaient aux personnages de science-fiction à grand renfort de dollars au lieu de faire des choses « utiles » mais de toute façon son programme Europa, successeur de Diamant et précurseur d’Ariane n’aurait pas été, et de loin, à la hauteur des capacités de la Saturn V américaine (pas plus qu’Ariane ne l’est devenue d’ailleurs !).

La Lune ou Mars ?

Après l’accomplissement spectaculaire et brillant toujours dans les esprits du programme Apollo en 1972, la NASA avait le choix. Il s’agissait de continuer à explorer puis de s’installer sur la Lune ou de construire une station spatiale pour réaliser plus tard une « île de l’espace » à la Gerard O’Neill ou encore de partir pour Mars. À la croisée des chemins, en fonction de ses motivations, on peut toujours se tromper et c’est ce qui fut fait surtout si on présume comme la NASA de la réponse sans se préparer au refus de l’Administration.

D’un côté le Président Nixon n’était pas John Kennedy et de l’autre, la NASA était portée par l’hybris générée par le succès. Il y avait divergence totale entre un Président qui n’était pas vraiment intéressé par l’espace puisque les Russes avait été battus dans la course engagée avec le vol de Gagarine le 12 avril 1961 et une institution publique devenue pléthorique en fonctionnaires et en moyens financiers, qui s’imaginait sans doute que les caisses de l’État étaient à sa disposition sans qu’il soit vraiment utile de se préoccuper du niveau des dépenses. Nixon choisit donc la Navette (« the Shuttle ») en donnant son feu vert le 5 janvier 1972, pour continuer, on ne sait trop vers quoi.

Ce qui a manqué à l’époque c’est la vision et l’audace. La Navette était un compromis qui permettait d’attendre de fixer un objectif puisqu’elle devait être utile pour l’atteindre, quel qu’il soit, et de permettre à la NASA et à ses fournisseurs, donc aux États où ils étaient installés, de continuer à tourner et donc d’alimenter le système en (bons) électeurs.

Les présidents, Nixon ou ses successeurs Gérald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, ne voyaient pas l’avantage qu’il y aurait eu à sortir du berceau pour s’installer durablement sur Mars ou à défaut sur la Lune. En fait les décideurs politiques étaient restés très « Terra-centrés ». Ils ne voyaient l’intérêt de l’espace qu’en fonction de la Terre en général et de leurs relations avec les autres grands pays du monde, en particulier.

Par ailleurs l’horizon d’une administration ou d’un président des États-Unis était (et est resté) de huit ans c’est-à-dire de deux mandats. Le programme Apollo avait montré que c’était un peu juste (discours de John Kennedy le 25 mai 1961, premier atterrissage sur la Lune le 21 juillet 1969) et il n’était pas question pour Nixon en 1969 de se lancer dans l’aventure alors que la guerre du Viêt-Nam battait son plein. En 1972, date de la dernière mission Apollo (A17), il ne lui restait qu’un mandat (qui fut d’ailleurs écourté).

La navette, un succès mitigé

La Navette dont le vol inaugural eu lieu en avril 1981 a été une voie sans issue qui a été fermée en juillet 2011 car on a voulu utiliser des technologies qui n’étaient pas adaptées à la réutilisabilité et on a persévéré dans l’erreur (comme peut le faire une administration), à grand coût (notamment pour l’inspection et la remise en état du bouclier thermique après chaque vol). Il était aussi cher d’envoyer une navette dans l’espace (1,5 milliard par vol) que d’y envoyer un lanceur lourd de type Saturn V.

Les seuls réussites furent les cinq missions de « STS » (pour Space transport System) qui entre décembre 1993 et mai 2009, permirent de corriger la vue du télescope Hubble (l’« aberration optique » de la périphérie de son miroir primaire) car dans ce cas la Navette servit d’atelier et d’hôtel aux astronautes qui effectuèrent la réparation ; notamment Claude Nicollier qui en décembre 1993 put mener à bien les opérations décisives à l’aide du bras robotique, RMS-Remote Manipulator System.

La Station spatiale internationale : pas vraiment utile

La Station Spatiale Internationale (« ISS ») lancée en 1998 fut tout autant une voie sans issue, une perte de temps et d’argent car on aurait pu expérimenter toutes les techniques de support vie sur la Lune ou sur Mars plutôt que dans l’espace et le fait qu’elle soit positionnée en orbite basse terrestre (LEO) a empêché toute tentative d’expérimenter des mises en gravité artificielle d’habitats par force centrifuge (la Station étant trop près de la Terre… et la plupart des dirigeants de la NASA ne se souciant pas vraiment de cette solution aux problèmes posés par l’apesanteur).

Quant aux manœuvres de docking on aurait pu aussi les expérimenter dans les assemblages de vaisseaux spatiaux, tout comme leurs ravitaillements en ergols en LEO avant d’aller quelque part.

Le projet d’ISS avait été lancé par Ronald Reagan en 1983 mais fut véritablement choisi par le Président George H. Bush en 1989 à l’issue de la lamentable étude de 90 jours (the 90-Day Study on Human Exploration of the Moon and Mars) dans laquelle la NASA illustra son absence totale de conscience des réalités en proposant un plan d’exploration de Mars chiffré à 450 milliards de dollars (… de l’époque ! soit à peu près 930 milliards de dollars d’aujourd’hui ). Pour le président Bush il n’y avait donc d’issue que vers l’ISS, devisée à quelques 100 milliards et un objectif « nouveau » par rapport à la Lune.

Cela devint « une excellente idée » en raison de l’implosion de l’URSS puisque ce fut le moyen politique d’associer en 1993 la nouvelle Russie à un programme correspondant à ses capacités techniques, dans la continuation de sa station Mir et par la même occasion de réaliser enfin le projet américain de station Freedom, tout en s’alliant aux Européens de l’ESA et aux Japonais de JAXA. Souvent présenté comme un modèle de coopération internationale, ce fut en réalité une excellente occasion de ronronner ensemble à grands frais (quelques 150 milliards à ce jour !).

Vers un avenir risqué, inutile et coûteux ?

Et maintenant, 50 ans après, « les joies de l’ISS » épuisées, que va-t-il se passer ? Nous sommes à nouveau à la croisée des chemins et il semble bien que nous allons encore une fois prendre le mauvais, le Lunar Orbital Platform-Gateway, c’est-à-dire une nouvelle ISS qui cette fois tournera autour de la Lune, sur une trajectoire très excentrique.

Quel intérêt ? Aucun, si ce n’est continuer à faire travailler les fournisseurs et exposer les astronautes aux radiations solaires et galactiques avec un peu plus d’intensité que sous la protection des ceintures de Van Allen.

Si l’on voulait faire plus que l’ISS, pourquoi n’a-t-on pas choisi d’aller à nouveau sur la Lune et de s’y installer ? Quel intérêt présente cette courroie de transmission si ce n’est des complications inutiles, des risques supplémentaires, encore plus d’argent et beaucoup d’inconfort pour mener à bien une mission lunaire ou martienne.

Les nouveaux pionniers

Décidément le chemin vers les astres est long et tortueux ! Heureusement les initiatives privées montent en puissance. Les Elon Musk, Jeff Bezos et autres n’ont pas la prudence de serpent de l’administration et ils ont le souci de l’efficacité de leurs dépenses. Ce sont eux qui peuvent sauver l’exploration spatiale.

Ce sont les héritiers des pionniers qui en avril 1981, en même temps qu’était lancée la première navette, refusant de se laisser cantonner aux perspectives des petits tours en orbite basse terrestre, s’organisèrent dans le premier lobby pro-Mars, le « Mars Underground », autour de l’astrogéophysicien Chris MacKay, de la biologiste Pénélope Boston, de l’astrogéophysicienne Carole Stocker, de l’ingénieur Tom Meyer, de l’informaticien Steve Welch, rejoints en avril 1990 par David Baker et Robert Zubrin après qu’ils eurent conçu et leur aient présenté leur plan « Mars Direct » (solution astronautique qui souleva leur adhésion enthousiaste). Elon Musk a de même rejoint Robert Zubrin au début des années 2000 lorsqu’il a entrepris sa propre aventure d’ingénieur et de patron d’entreprise astronautique.

L’esprit est là, chez ces hommes visionnaires, qui n’hésitent pas à s’impliquer, à s’efforcer de convaincre et à agir. Avec la nomination par George W. Bush en 2005 de Michael Griffin comme administrateur de la NASA, le lobby est presque parvenu à imposer ses vues ; et y est parvenu quand même pour quelques éléments de Mars-Direct comme l’ISRU.

C’est aujourd’hui, cinquante ans après le « petit pas pour l’Homme » de Neil Armstrong, ce qui nous permet d’espérer qu’un jour la lourde superstructure administrative suivra ou accompagnera notre envol dans l’espace profond et son infinité de possibles que nous avons aujourd’hui la capacité d’affronter et d’utiliser.

NB : cet article consacré au vols habités ne traite pas des progrès considérables effectués depuis cinquante ans dans le domaine de l’exploration robotique et ne nie pas l’intérêt de quelques études menées dans l’ISS sur les conséquences de l’apesanteur pour le corps humain ou divers processus de physiques des matériaux qui se manifestent particulièrement clairement en apesanteur, ni également, et cela me semble plus important, sur l’évolution de la science du support-vie (ECLSS) et ses progrès en matière de recyclage de l’atmosphère, des liquides et du contrôle microbien… Mais ce n’est pas suffisant !

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  • Mars est encore loin, et je suis d’ accord avec vous sur le manque d’ ambition de ne pas retourner sur la Lune ( pas un mot sur les chinois? Ou j’ ai zappé).
    Dans ce domaine d’ excellence, il me semble que les envois de robot et de sonde sont aussi des petits pas pour l’ Humanité.

    • Quand on écrit un article, on n’écrit pas un livre et les Chinois ne sont pas pour les Américains une « menace » ou plutôt une « concurrence » comme l’étaient les Soviétiques.
      Les Chinois sont encore loin, sur le plan technologique, de pouvoir envoyer un homme sur la Lune. Leur soit-disant performance de l’année dernière avec leur dernier « Lapin de jade » est négligeable par rapport à ce que les Américains savent faire selon de multiples critères.
      Les Américains on notamment une supériorité en termes d’astronautique (maîtrise de la descente, « EDL »), en termes de capacité d’emport de masses en dehors du puits de gravité terrestre et ils maîtrisent mieux que les autres la science indispensable du « support vie ». Maintenant si la NASA continue à dormir (voir son échec à réaliser son lanceur lourd, SLS), les Chinois pourraient, un jour, arriver à leur niveau.
      Pour ce qui est des vols robotiques, bien sûr qu’ils sont aussi des pas pour l’homme et certaines missions ont apporté beaucoup plus à l’humanité que de petits séjour dans la Station Spatiale Internationale à regarder l’eau liquide se mettre en boule. Simplement les robots ne remplaceront jamais l’homme, son esprit d’initiative, de discernement, son adaptation aux situations imprévues et sa réactivité (surtout lorsque la distance est telle (dès Mars) que l’on ne peut commander les robots en direct du fait de la limitation de la vitesse de la lumière. L’idéal c’est l’homme avec les robots et à défaut, les robots tout seuls, bien sûr.
      Ce qui sauvera les Américains ce sont ses entrepreneurs (Elon Musk et autres) qui n’attendront pas que l’Etat leur donne des directives pour agir.

  • On en vient à se poser la question de savoir quel monde est préférable. Le monde des nations et des guerres froides ou chaudes mais dans lequel un peuple, sous l’impulsion de ses dirigeants, pour de bonnes ou de mauvaises raison, était amené à donner le meilleur de lui-même et réaliser l’impossible, ou un monde globalisé, multilatéral, avec des consensus mous, dont l’horizon ultime consiste à débattre s’il faut des toilettes dédiées aux transgenres ou si l’homéopathie doit être remboursée et dans lequel l’horizon indépassable est celui des applications de son smartphone ?

    • à RB83: Vous avez la réponse!
      Seule la compétition (ou la concurrence) fait avancer le monde. La compétition force à la recherche pour l’innovation et à la responsabilité comme le démontre très bien la course à la Lune.
      Chez les Soviétiques la crainte (très fondée) de déplaire au pouvoir était trop forte (elle devait gêner considérablement les autres pulsions), les Américains voulaient seulement gagner et il fallait donc être efficaces…et les meilleurs.

    • Les grecs des cités-Etats devaient penser la même chose. Même si les nations ont encore de l’avenir, rien ne dit que d’autres niveaux d’associations ne soient pas possible dans le futur. Et chez les grecs anciens il y avait déjà l’idée de nation face aux Perses notamment.
      Quoiqu’il en soit la concurrence quel que soit le niveau est indispensable au progrès.

    • tout cet argent dépensé pour savoir quel pays a la plus grosse..et dire que depuis il ne s’est rien passé c’est faux, avec les programmes spatiaux et autres satellites on a entouré la Terre d’une belle nuée de déchets..quoique vous en disiez.

      • La création, déplorable, de tous les déchets que nous avons aujourd’hui dans la zone de l’orbite basse terrestre, ne peut être imputée à l’exploration spatiale, par définition hors de cette zone! Vous simplifiez à l’extrême, à tort!
        Mais si on prend juste l’exploitation commerciale de l’orbite basse terrestre, on ne peut vraiment pas dire que tous les satellites lancés ont été inutiles pour une meilleure connaissance de la Terre et pour les télécommunications. Ce qui est regrettable, encore une fois sans parler d’exploration spatiale (votre remarque ne la concerne pas et donc est hors sujet par rapport à mon article, c’est (1) l’envoi de satellites en orbite basse au dessus de 600 km et jusqu’à 1500 km, sans système de désorbitation correct et (2) l’exagération dans le nombre des satellites lancés. Comme pour beaucoup d’actions, le mal est dans l’excès.

        • parce que dans cette zone d’orbite basse dont vous parlez il n’y a aucun reste des lanceurs appartenant aux fusées d’exploration spatiale??? j’ai un doute.

          • Il y en a très peu car les lanceurs (premier étage) montent leur charge dotée d’un second étage, sur une « orbite de transfert géostationnaire » dont le périgée est à seulement environ 200 km. A cette altitude ils ont « rempli leur mission » et sont séparés des autres éléments.
            En dessous de 600 km (limite des orbites « self-cleaning ») le retour des « objets » dans l’atmosphère basse et dense où la combustion des débris s’effectue rapidement. Le problème des débris résulte des objets en orbites entre 600 et 1500 km et il y en beaucoup trop sans système de désorbitage.
            Une fois sur son orbite, le second étage se mettra à redonner de la vitesse en apogée (par exemple 6571 km pour un périgée de 200 km), jusqu’à monter avec son vaisseau à l’altitude géostationnaire (41270 km) au bout d’une dizaine d’heures et, au moment désiré pour l’injection transplanétaire du vaisseau (fonction de la destination souhaitée), il sera allumé avec toute sa puissance.
            Avec la réutilisation du premier étage du lanceur mise au point par Elon Musk, ce « soucis » n’existera même plus.
            Et puis ce n’est pas le (petit) nombre des lanceurs utilisés pour l’exploration spatiale qui pose problème!

  • Et 50 ans apres la republique est en marche pour decrocher la lune….belle aventure complètement inutile ,l’homme n’est pas fait pour l’espace mais les grands espaces

    • A une autre époque Voltaire écrivait « On plaint ce pauvre genre humain qui s’égorge dans notre continent à propos de quelques arpents de glace en Canada ».
      Il faut regarder plus loin que le muret de son jardin. L' »Espace » c’est vos « grands espaces », avec des possibilités infinies ouvertes à l’industrie de l’homme.

      • Justement en parlant de glace il y a sans doute plus a decouvrir aux poles et dans les mers que sur mars ou plus loin encore.
        La conquete de l’espace est prematuree mais pourquoi pas y consacrer quelques milliards en attendant « la decouverte » qui rendra l’espace un peu moins immense.

        • Les grands explorateurs du XVème siècle n’ont pas attendu d’avoir à disposition un airbus pour traverser l’Atlantique, ils sont partis avec des caravelles!

        • C’est comme au poker, on paye « pour voir ». Peut être que l’Antarctique est mieux, peut-être est ce prématuré. Il faut donc juste que ce soit à coût raisonnable, et que les recherches se concentrent à en diminuer le coût (la barrière principale actuellement). Ce n’est pas ce qui est fait. Pratiquement tout pour la gabegie ou le prestige…

      • @Pierre Brisson : là, vous utilisez une « contre-référence absolue » ; car en une phrase, Voltaire illustrait plusieurs travers de l’ « intellectuel de gauche » caricatural, espèce mutant régulièrement mais qui eut et a encore une longue carrière :
        – trancher avec superbe de ce qu’on ignore : l’enjeu du conflit franco-anglais en Amérique du Nord n’était pas seulement le Canada (lequel ne se limitait évidemment pas à « quelques arpents de glace », pour commencer) mais aussi une grande partie de l’Est des États-Unis, à commencer par la Louisiane, territoire énorme bien plus grand que l’actuel état de Louisiane ;
        – le refus de soutenir son pays sous des prétextes fumeux allant de la naïveté irresponsable à la franche malhonnêteté : soutenir les Anglais considérés comme plus évolués, démocrates, etc. que les Français, alors que lesdits Anglais menaient avec une remarquable continuité – dont les inconstants Français ont presque toujours été incapables : cf. notamment les remarques lucides et moroses de Richelieu sur ce travers, hélas toujours actuel – une politique impérialiste (ce terme n’est pas insultant mais descriptif) visant à dominer toutes les mers (cf. la référence récurrente aux « Seven Seas ») et ne reculaient devant rien pour établir leur domination : cf. entre autres le génocide des Indiens d’Amérique qui commença à cette époque, ce qui explique que la majorité desdits Indiens soutenaient sans illusion mais avec réalisme les Français, expérimentés et jugés moins dévastateurs, contre les Anglais ; Voltaire poussa la bassesse jusqu’à trinquer à la victoire des Anglais à Québec ;
        – le snobisme consistant à louer la grande puissance du jour considérée comme seule promotrice d’un monde meilleur, à cette époque l’Angleterre avant que les successeurs de Voltaire se fassent les hérauts de l’URSS, etc. ; on connaît la suite.

        Bref, grand penseur auquel nous devons beaucoup sur certains plans, Voltaire eut d’autres aspects médiocres, voire détestables, comme sa propension à trahir son pays. Son anglomanie n’alla jamais jusqu’à méditer sur le célèbre dicton britannique « Right or wrong my country » ! Et c’est ainsi que, ricanant sous cape de la jobardise de gens comme Voltaire, les Anglais sachant, eux, distinguer la glace de la terre ou de la mer, commencèrent à bâtir un empire mondial d’une ampleur inégalée tandis que les Français consacraient leur énergie à produire des « mots d’esprit », parfois drôles mais souvent creux, voire toxiques comme les tristement célèbres « arpents de glace » …

        Voilà pourquoi, même si nos gauchards, profaillons en tête en fond une référence positive quasi-sacrée, cette phrase de Voltaire est un repoussoir honteux et impardonnable. On ne trouve jamais ce genre de trahison chez les Anglais sauf quelques isolés comme Oswald Mosley dans les années 1930 que les autorités se contentèrent d’interner pendant la guerre tant il représentait peu de chose…

        • Je ne dis pas autre chose.
          Si vous ne l’avez pas remarqué, je répondais à « Réactitude » qui disait que l’homme n’était pas fait pour l’espace et qu’il y avait sans doute plus à découvrir aux Pôles.
          Réactitude est notre nouveau Voltaire.

  • Il faut préciser que la conquête spatiale a été portée par des objectifs stratégiques et militaires. C’est encore le cas.

    • bien sur l’homme n’a de cesse de débloquer des crédits en fermant les yeux pour tout ce qui est du domaine militaire, à savoir comment tuer son prochain le plus efficacement possible, les bases de la conquête spatiale sont peu reluisantes.

    • @La petite bête: Petite fatigue ?

      Conquête et Militaire = tautologie.
      Précision et Stratégie = oxymore.

  • Il ne faut jamais oublier qu’aux USA c’est le Congrès qui tient le cordon de la bourse et que c’est lui qui a réduit les crédits de la NASA! Quant à Mars, tant que les problèmes de la durée du voyage et de la protection de l’équipage aux rayons cosmiques ne sont pas résolus c’est exclu!

    • Vous êtes bien péremptoire concernant l’impossibilité de voyage vers Mars! Non les missions habitées vers cette planète ne sont pas exclues avec les moyens technologiques dont on dispose aujourd’hui.
      Le voyage doit certes durer environ 6 mois et cela suppose d’accepter de recevoir une certaine dose de radiations mais cette dose est acceptable pourvu qu’on se protège particulièrement en cas de tempête solaire (elle serait non pas trop importante mais trop intense, ce qui n’est pas pareil). Cela est heureusement possible car les tempêtes solaires sont des projections de protons (provenant de la combustion de l’hydrogène dans le Soleil) et ces protons peuvent être stoppés par leurs équivalents, protons, contenus dans les matières riches en eau ou par l’eau elle-même car l’eau c’est très largement de l’hydrogène (un proton orbité par un électron + de l’oxygène). A l’impact il n’y a pas rupture de noyau (ce qui arrive sur les autres atomes) et création de redoutables rayonnements secondaires.
      Les radiations galactiques (GCR) sont plus nocives mais moins intenses et régulières.
      Un homme adulte supportera ainsi sans risque majeur pour sa santé trois ou quatre aller et retour sur Mars (au total moins de 1 sievert pour trois voyage). On reste dans les normes ALARA prescrites.

      • Tout à fait. Le voyage vers Mars est possible, même à courte échéance. Tous les arguments (radiations, gravité etc) sont des épouvantails pour justifier de ne rien faire.
        « Le moyen le plus sûr de ne pas perdre d’astronautes est de ne pas les envoyer dans l’espace ». Le précepte est appliqué à la lettre.

        • Si le voyage sur Mars est en arrière-plan, l’horizon proche du spatial reste la lune. Il y a une résurgence d’annonces, comme Trump récemment, sur la volonté d’envoyer des femmes et des hommes habiter la Lune. Je pense que la colonisation de la Lune sera la prochaine étape, la concurrence se met en place, entre Etats et dans le privé.
          Cela me semble plus dans l’ordre des choses.

          • Certes la Lune est plus proche et on peut y accéder et en repartir en trois jours à toutes les époques de l’année. C’est son avantage sur Mars.
            Mais il faut bien voir par ailleurs que la quantité d’énergie nécessaire est la même pour accéder aux deux astres car ce qui coûte le plus c’est de s’arracher à la gravité terrestre (plus de 90% des ergols consommés dans cet effort) et qu’ensuite il faut dépenser plus d’énergie pour atterrir sur la Lune que sur Mars car on ne peut utiliser l’atmosphère lunaire (inexistante) pour se freiner (et on le peut pour descendre sur Mars!).
            Par ailleurs Mars offre une meilleure protection contre les radiations du fait de l’existence de cette même atmosphère (équivalent d’une colonne d’eau de 20 cm de hauteur). Enfin la gravité sur la Lune (0,16g est moins de la moitié de celle qui prévaut sur Mars (0,38g). C’est une gêne considérable pour les mouvements et peut-être pour la santé, à long terme.
            Donc l’une et l’autre ont leurs avantages et leurs désavantages. Pour une véritable installation Mars doit être préférée d’autant que sur la Lune on peut commander nos robots en direct (sans « time-lag »), ce qui n’est pas possible sur Mars du fait de la vitesse de la lumière (« time-lag » entre 3 et 25 minutes dans un seul sens du fait de la vitesse de la lumière et de l’évolution de la position relative des planètes). J’ajouterais pour être complet qu’il y a très peu (de glace) d’eau sur la Lune et beaucoup plus sur Mars.

            • Du point de vue de la concurrence la lune est plus accessible, je pense que c’est elle qui en fin de compte détermine les orientations.

  • Quelques point à ajouter sur ce très bon article:
    -L’homme a été sur la Lune grâce à l’assassinat de Kennedy. C’est ce qui a empêché politiquement de remettre le programme en cause.
    -Deux grands progrès que je vois depuis 72 sont les moteurs SSME et NK-33. Des moteurs à plus de 200 bars à isp exceptionnelle. C’etait en 1980… Dans la même lignée à venir le moteur raptor de Musk.
    -Un but de l’association des Russes a l’iss etait de donner des jobs à tous ces spécialistes russes pour qu’ils n’aillent pas se vendre au plus offrant.
    -Hubble n’est pas une si grande réussite, les 10M€ de missions ont coûté plus que plusieurs télescopes. Mais bon on fait maintenant bien pire avec le JWST (ironie, SLS pourrait le lancer sans le système de miroir pliant ultra coûteux, mais le projet ayant plus de 10 ans de retard cela n’avait pas été considéré à l’origine).
    -Le projet à 450M€ n’etait qu’un fourre tout pour contenter tout le monde. Le fameux projet « deadway » actuel est du même acabit. Il faut bien une destination pour SLS.
    -Le programme habité de la NASA n’est plus qu’un tonneau des Danaïdes dont il ne faut rien attendre. Les missions Discovery (et non flagship) sont par contre excellentes car elles passent sous le radar politique. N’hesitez pas à aller sur le site de la NASA pour les voir, la plupart sont très novatrices et à coût raisonnable.

  • Quel article creux ! Il est facile de faire de l’ironie historique après coup.

    Point 1 : quel aurait été l’intérêt d’une base lunaire dans les années 80 ? l’exploitation minière ? l’établissement d’une colonie ? L’auteur devrait penser à ces « visionnaires » qui imaginaient une colonisation sous marine, bien plus facile déjà à réaliser qu’une bulle vivable sur la Lune.

    Point 2 : Mars. Avant les missions d’exploration, les fantasmes allaient bon train. Ce fut moins la déception que Vénus, mais l’espoir d’une colonisation a été immédiatement douchée avec les capacités de l’époque.

    Alors, on peut flatter le programme Discovery, mais les retombées des programmes robotisées sont très faibles et extrêmement longs. La base spatiale permettait de perpétuer les compétences ; une bonne intention toujours déçue il est vrai.

    En fait, le vrai élément nouveau aujourd’hui est la possibilité d’une colonie robotisée.

    • Ce n’est pas de l’ironie, c’est de l’amertume.
      Point 1 : une base lunaire aurait eu l’avantage de commencer à nous habituer à l’environnement spatial. Nous aurions pu faire sur la Lune tout ce que nous avons fait dans la Station Spatiale Internationale et plus encore, sans le handicap de l’apesanteur quasi-totale (que l’on a très largement étudiée dans l’ISS mais qu’on aurait pu étudier aussi pendant les voyages). Nous aurions pu également étudier davantage la géologie (non seulement en surface mais aussi en sous-sol) donc l’histoire de la Lune et par conséquent celle de la Terre primitive. Nous aurions pu étudier davantage l’effet des radiations en dehors de la protection des ceintures de Van Allen. L’environnement lunaire aurait stimulé nos recherches sur l’utilisation du régolithe pour faire du duricrete et construire des abris viabilisés, sur les sas et leurs fonctionnement, sur le filtrage de la poussière, sur le traitement anti-électricité statique des tissus des scaphandres. Nous aurions pu aussi créer cette fameuse base au Pôle Sud de la Lune où nous aurions pu tester l’utilisation de la glace d’eau (et déjà l’analyser pour observer ce qu’elle a pu conserver comme informations). Surtout nous aurions maintenu la fonctionnabilité de la fusée Saturn V au lieu de l’abandonner. On aurait pu la faire évoluer en fonction de l’évolution générale des technologies et nous serions plus avancés qu’aujourd’hui où l’on s’efforce avec beaucoup de difficultés de refaire une fusée ayant la même capacité d’emport.
      Point 2 : Si on s’était habitué à l’environnement lunaire, on aurait beaucoup plus de facilités à mener à bien les missions vers Mars aujourd’hui. Nous n’avions sans doute pas la capacité de nous établir sur Mars à l’époque (dans les années 1970) mais si on avait travaillé pour cet objectif, il y a de fortes probabilités que nous puissions y être installés aujourd’hui.
      Concernant le choix entre l’homme et le robot, je crois que vous ne comprenez pas la charge émotionnelle qu’il y a dans l’envoi de nos semblables dans un environnement extra-terrestre. Si on peut envoyer des hommes dans cet environnement, je crois qu’on devrait le faire rien que pour cela. Cela n’exclut évidemment pas que l’on continu l’exploration robotique et je ne suis pas du tout d’accord avec vous pour minimiser l’intérêt des projets menés dans le cadre du programme Discovery.

      • Je comprends l’amertume.

        Mais il faut aussi accepter que les efforts pour maintenir une vie humaine dans des conditions aussi difficile prends l’essentiel de l’argent engagé. Mieux vaut alors attendre que la technique atteigne le seuil permettant d’être véritablement efficace pour faire quelque chose plutôt « que de pouvoir faire revenir l’équipage en vie » !

        Je ne mets pas un ou exclusif entre le robot et l’homme, mais le vrai pionnier sera désormais le premier. Ce n’était guère possible avant, mais maintenant, on peut envisager une synergie alternative où le robot peut construire un environnement viable pour l’homme, qui peut alors s’établir et ainsi de suite.

        Parfois, il vaut mieux reboucher une tombe égyptienne découverte… et attendre qu’elle soit redécouverte sous de meilleurs cieux.

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