Débat : l’illibéralisme de Poutine a des conséquences stratégiques

Par son action dont les dernières déclarations au Financial Times expriment la logique, Poutine entreprend de systématiser un ensemble doctrinal en opposition exacte avec les valeurs du monde libre.

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Vladimir Poutine & Dimitri Medmedev (Crédits Jürg Vollmer, licence Creative Commons)

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Débat : l’illibéralisme de Poutine a des conséquences stratégiques

Publié le 11 juillet 2019
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Par Nicolas Tenzer.
Un article de The Conversation

Dans un entretien très commenté avec le Financial Times, Vladimir Poutine a exprimé de manière nette son opposition au libéralisme. Reprenant son discours classique contre les valeurs d’une société ouverte, tolérante et diverse, il a également emprunté aux extrêmes droites un propos hostile aux migrants et réfugiés. En soi, cela n’a rien de surprenant, à ceci près qu’il a exprimé de manière officielle ce qui était le moteur principal de son action, à nos yeux évident depuis longtemps.

Il n’est toutefois pas certain que chacun perçoive les implications stratégiques et la grammaire propre que cette position implique et en tire les conséquences dans l’analyse de la stratégie russe et dans l’action. Il serait facile, devant l’ampleur de ses effets, d’y discerner un propos à destination intérieure, visant à légitimer la persécution des dissidents et des homosexuels, les atteintes aux droits de l’Homme et la mise au pas de la presse.

On y verra aisément aussi une « explication » de son soutien aux mouvements extrémistes en Europe avec lesquels la convergence idéologique est désormais claire – ces mouvements ayant remplacé les « partis frères » – communistes – du temps de l’URSS. Dès avant leur entrée au gouvernement, des accords avaient été conclus entre la Lega italienne et le FPÖ autrichien et le parti de Poutine, Russie Unie.

L’horizon de la guerre

Mais pour le reste, entend-on déjà, la Russie de Poutine serait un pays « normal » avec lequel on pourrait conclure des accords, commercer, attendre une réciprocité, bref un pays qu’il faudrait « comprendre » et dont on devrait prendre en compte, selon les règles de la géopolitique classique, les « intérêts ».

Poursuivre dans cette voie serait s’égarer, parfois pour se rassurer à bon compte, souvent en cédant à une paresse de l’esprit. C’est aussi, consciemment ou non, le résultat d’une propagande douce souvent plus invasive que la désinformation lourde. Cela conduit à refuser de prendre le président russe à la lettre et de percevoir peut-être, car il fait depuis longtemps ce qu’il a dit récemment, le changement de paradigme qu’il a déjà opéré.

Dans un article important, Natalie Nougayrède rappelait que l’essentiel était peut- être moins le discours que la réalité de la Russie, en particulier depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir : la guerre. Ces presque 20 ans de guerre (Tchétchénie, Géorgie, Ukraine, Syrie…), quasi incessante, succédaient d’ailleurs aux 10 ans de guerre soviétique en Afghanistan et aux 9 ans de guerre de l’ère Elstine. Guerres marquées par l’impunité et le crime, écrit-elle, dont l’Occident « n’a pas compris qu’elles finiraient par définir la structure du pouvoir de la Russie et comment elle se définit par rapport au reste du monde. » Dès lors, conclut-elle, notre indignation devant l’anti-libéralisme de Poutine ne doit pas masquer la vraie question, celle des « crimes répétés et délibérés sur des civils et de sa responsabilité pour ceux-ci ».

On doit certes, comme l’a fait le président du Conseil européen, Donald Tusk, répondre à Poutine en opposant les valeurs libérales de l’Europe, en particulier le règne de la loi, les droits de l’Homme et les libertés, qui ne sont pas obsolètes. Mais le domaine des valeurs ne s’arrête pas aux frontières des États et les crimes de guerre commis par le Kremlin ne sont que le prolongement international de son antilibéralisme.

Autrement dit, il ne s’agit pas seulement d’opposer le modèle de la démocratie libérale à l’autoritarisme antilibéral poutinien, mais de s’opposer aux actes qui le traduisent. Délier ces deux dimensions conduit non seulement à ne rien comprendre, mais surtout – ce qui est le but recherché par la Russie – à ne rien faire.

Guerre idéologique, idéologie de la guerre

Sur le plan idéologique, l’antilibéralisme tel que l’exprime Vladimir Poutine est une guerre totale aux principes qui sous-tendent l’ordre international. Il implique logiquement que le droit international (respect des frontières et des traités), et en particulier le droit humanitaire international, sont devenus « obsolètes », ainsi que le fonctionnement normal des institutions multilatérales, en particulier le Conseil de sécurité des Nations unies.

Cette idéologie n’est d’ailleurs pas seulement affirmée, mais mise en pratique en Ukraine et en Syrie, comme elle le fut jadis en Tchétchénie, qui en constitua d’une certaine manière la première répétition. Innombrables sont les articles qui s’interrogent sur le dessein du maître du Kremlin et sur l’existence ou non d’une stratégie planifiée d’avance. Il est probable qu’il n’en a pas au sens militaire du terme ni dans les termes classiques des relations internationales. En revanche, sa stratégie idéologique commande tout.

Plusieurs signes en témoignent. D’abord, si l’on raisonne en termes rationnels, auxquels répond la notion classique d’intérêts, rien ne permet de conclure que ces opérations meurtrières correspondent à un intérêt stratégique de la Russie. Au contraire, une entente pacifiée avec ses voisins et l’Europe, un renforcement des accords avec l’OTAN et une participation active à un processus qui aurait visé à la sortie d’Assad auraient permis à la Russie de jouer un rôle important et constructif sur la scène internationale.

Ils auraient surtout renforcé l’économie et, partant, le soutien au président russe. Au demeurant, même si l’on prend les opérations russes en Syrie depuis septembre 2015, rien sur le plan militaire ne justifiait les exactions délibérées et gratuites sur les civils qui ne sont rien d’autre que des opérations de terreur comme il a pu en exister en Tchétchénie.

Ensuite, l’habillage rhétorique sur l’humiliation et la grandeur perdue et à retrouver ne tient pas la route, et est au mieux second par rapport à la perspective idéologique. Ces perceptions ne sont pas « naturelles », mais le fruit d’une opération de propagande mise en œuvre par les idéologues russes et les médias sous contrôle.

Galia Ackerman a récemment démontré dans un livre magistral, Le régiment immortel, comment celle-ci fonctionnait en liant l’épisode de la « Grande Guerre patriotique » à une entreprise contemporaine de mobilisation belliqueuse. La réhabilitation de Staline, largement encouragée par le pouvoir, va aussi dans ce sens, alors que l’économie russe s’effondre et que la pauvreté explose.

Enfin, l’idéologie a ceci de propre qu’elle est toujours négation du futur. La stratégie idéologique constitue l’effondrement de la stratégie. L’idéologie ne conduit pas à une situation prédéterminée à l’avance, mais n’est que le développement logique d’une idée qui n’a pas de fin. Elle ne vise pas à façonner le monde, mais à le soumettre à sa loi, sans la visée d’un but.

De fait, on voit bien ce que Poutine entend détruire, mais il n’a pas de projet de construction. Il ne prépare pas un stade où la Russie serait plus puissante et prospère, mais pourrait fixer l’ordre du jour par destruction des autres. La volonté de démanteler et de diviser l’Europe, de rendre impossible dans les pays de l’ancienne URSS une expérience démocratique réussie et le soutien à des dictatures criminelles ne résultent pas d’un projet de domination organisé, mais correspondent à un dessein purement idéologique : favoriser l’échec de toute forme de société démocratique et libérale pour s’imposer comme modèle unique.

Une nouvelle Guerre froide ? Comparaison n’est pas raison

Cela oblige à éclairer les propos parfois entendus sur une nouvelle « Guerre froide » qui nous opposerait à la Russie de Poutine. Comme souvent, la comparaison est d’une portée limitée sur le plan historique. La période actuelle n’est pas marquée par la course à la parité en matière d’armement, nucléaire et conventionnel, entre deux blocs.

Les conflits que conduit la Russie aujourd’hui en Ukraine et en Syrie ne constituent pas un affrontement direct avec les États-Unis ou les Alliés comme pendant les guerres du Corée et du Vietnam, ni même d’Afghanistan. Malgré les actions d’influence actuelle de la Russie en Afrique ou en Amérique latine, comme au Venezuela, nous sommes plus dans une logique de dominos ni d’ailleurs de containment.

Le soutien apporté par la Russie aux mouvements d’extrême droite et ses actions d’agit-prop ne sont pas identiques au soutien organisé aux partis communistes partout dans le monde et il n’y a plus l’équivalent d’une Internationale communiste. Nous n’avons pas assisté aujourd’hui à l’équivalent des interventions soviétiques en Hongrie (1956) et Tchécoslovaquie (1948 et 1968), et il n’y a rien d’équivalent aux crises de Berlin (1948) et à celle des missiles à Cuba (1962).

Des interventions extérieures pour consacrer la défaite des principes démocratiques

Si la guerre actuelle de la Russie n’est donc pas équivalente à la Guerre froide, elle reste toutefois un conflit systématique qui se traduit en guerres chaudes. L’invasion du Donbass s’est soldée par plus de 13 000 morts, des dizaines de milliers de blessés et plus d’1,5 million de déplacés.

Pour retrouver l’équivalent de l’annexion illégale de la Crimée, il faut remonter à celle des Sudètes par l’Allemagne nazie. Sans avoir l’ampleur des déportations de masse effectuées sous Staline, la persécution des Tatars de Crimée, avec son lot de disparitions forcées, d’emprisonnements arbitraires, de harcèlement et d’éradication culturelle, traduit une volonté d’éradication.

L’assassinat ou la tentative d’assassinat d’opposants russes à l’étranger rappelle également certaines périodes de la Guerre froide. Les ingérences en Afrique et le soutien aux dictatures en Amérique latine et au Moyen-Orient miment aussi des époques plus anciennes avec des méthodes en partie différentes. Enfin, la guerre idéologique contre les valeurs occidentales transpose à l’ère du numérique certaines méthodes du Komintern.

Surtout, la guerre en Syrie, marquée d’abord par le soutien actif du régime Assad, puis à partir de septembre 2015 par une participation directe de Moscou aux opérations et aux crimes de guerre, révèle le passage d’une idéologie de mépris des droits fondamentaux à une action ouverte d’extermination des populations civiles comme pour marquer sa capacité d’impunité et consacrer au grand jour la défaite des principes de pays démocratiques.

Casser les règles à tout prix

Le point commun à la période soviétique et à la nôtre réside dans le combat idéologique. Une opinion commune veut que l’effondrement de l’URSS ait marqué la fin de l’opposition doctrinale entre non seulement le monde dit « libre » et l’espace communiste en raison de sa disparition, mais aussi entre l’univers démocratique et tout autre système.

Certes, en 1991, il existait encore des régimes autoritaires, d’inspiration communiste ou non, mais il n’y aurait plus sur le plan conceptuel d’opposition entre deux systèmes de pensée différents. Le système de démocratie libérale serait désormais le seul à pouvoir être perçu comme légitime. Cette assertion trop rapide est certes oublieuse d’autres proclamations, soit de régimes conservateurs d’inspiration islamiste radicale assez différents (Iran, Arabie saoudite, Brunei notamment), soit de dirigeants qui entendent opposer un particularisme culturel et politique au principe même de valeurs universelles – ce dont la proclamation de « valeurs asiatiques » par Mahathir est le symbole. L’hindouisme conservateur de Narendra Modi va dans le même sens, mais aucun des deux n’exprime une volonté prosélyte.

Par son action dont les dernières déclarations au Financial Times expriment la logique, Poutine entreprend de systématiser un ensemble doctrinal en opposition exacte avec les valeurs du monde libre. Il ne conduit pas seulement son discours d’opposition pour proclamer une immunité du territoire russe par rapport à ces principes, mais il entend en faire la règle du nouveau monde. Mais quelle règle ?

Le système communiste, les violât-il et les pervertît-il continuellement, disposait d’un socle de principes formellement stables. Il inversait le sens des mots et des concepts de façon orwellienne pour tenter de détruire la perception du réel, mais il se targuait de respecter les règles et les institutions.

Le système de Poutine, s’il emprunte à cette subversion des notions, entend saper tout ce qui peut rester de règles tant sur le plan intérieur qu’au niveau international. Le système soviétique avait un projet clair de domination et d’expansion et entendait que le monde entier devienne soviétique. Il était guidé par un principe messianique. La visée de Poutine est moins la conquête et l’allégeance que la destruction et le chaos. Il ne veut pas remplacer les principes du monde libre par une idéologie, mais casser les règles de l’ordre international et celles de l’ordre interne des pays sans imaginer un autre monde, sinon celui de l’absence de normes.

La règle contre le chaos

Le risque ouvert par la Russie de Poutine, que nous avions qualifié de systémique en ce qu’il concerne autant nos valeurs, notre intégrité politique et notre sécurité, oblige à repenser nos méthodes d’action sur le plan international et notre diplomatie.

D’abord, toute concession, même purement verbale, envers le régime de Poutine traduirait une méconnaissance de la manière dont il fonctionne. Depuis l’annexion de facto de deux provinces de la Géorgie en 2008, soit 20 % de son territoire, il n’a jamais opéré la moindre concession. Toute faiblesse constitue un encouragement à poursuivre son offensive.

Sur le plan intérieur, les dissidents l’ont bien compris, qui réclament non pas moins de sanctions, mais au contraire plus – on pense notamment au Magnitsky Act, lequel ne vise d’ailleurs pas que Moscou mais l’ensemble des régimes qui commettent des violations des droits de l’homme.

La récente réadmission de la Russie au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, à laquelle avait œuvré la propagande russe, ne s’est pas accompagnée de la libération – demandée par le Tribunal international de la Mer à Hambourg – des 70 prisonniers politiques et 24 marins ukrainiens, illégalement détenus par Moscou. Ni par une attitude coopérative dans l’enquête sur la destruction du vol MH17, la fin des agressions dans le Donbass, l’amorce de son retrait de Crimée et l’arrêt des bombardements de civils en Syrie. Elle ne garantit aucunement une acceptation par la Russie des jugements de la Cour européenne des droits de l’Homme que le Kremlin refuse d’appliquer et dont la « légalité », en vertu d’une loi de novembre 2015, est soumise à la conformité de la Constitution russe.

Ensuite, c’est se tromper soi-même que d’estimer que le régime russe fonctionne selon la logique classique d’une négociation internationale et qu’on pourrait en espérer quelque chose en Ukraine et en Syrie. Il n’y a jamais eu d’avancée concrète sur ce point et il n’y en aura jamais : les crimes de guerre en Syrie continuent aujourd’hui dans la région d’Idlib. Cela pourrait être le cas pour un État qui fonctionne selon des critères rationnels et selon une logique classique d’intérêts. Ce n’est pas le cas avec les dirigeants actuels du Kremlin en raison de leur logique radicale et de la nature même du système de pouvoir russe.

Enfin, il faut prendre au sérieux la guerre idéologique de la Russie car elle correspond à une offensive, globale quoique différenciée dans ses méthodes et ses visées, de l’ensemble des régimes autoritaires, de la Chine à l’Arabie saoudite, en passant par l’Iran, l’Égypte, voire les États-Unis de Donald Trump.

Au moment où des peuples, non seulement dans les rues de Moscou, mais aussi à Hong Kong, en Algérie, au Soudan, au Venezuela et dans les régimes illibéraux en Europe, manifestent pour le droit, la liberté et la démocratie, nous devons rappeler la vertu de principes dont la portée est universelle par-delà les cultures, les religions et les traditions. Nous ne pourrons aider ces combattants de la liberté que si nous restons d’une inflexibilité totale quant aux règles du droit international et du droit humanitaire.

Nicolas Tenzer, Chargé d’enseignement International Public Affairs, Sciences Po – USPC

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

The Conversation

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  • je n’arrive plus à lire ce genre d’article de pure propagande dégoulinante de mensonges.
    Essayez au moins d’écrire des trucs crédibles.

  •  » l’amorce de son retrait de Crimée  » !!
    pourquoi la Russie se retirerait-elle de Crimée ? la Crimée fait partie de son territoire de puis presque 300 ans.
    On réessaie la coalition ( Napoléon III , Royaume Uni , Turquie ) pour récupérer la Crimée , histoire de se reprendre une raclée ?

    • Elle a signé un accord garantissant l’intégrité de l’Ukraine en échange des tête nucléaires qui étaient sur le sol ukrainien. L’Algérie était française depuis plus d’un siècle. Cela ne vous donne aucun droit d’occuper un pays annexé depuis 3 siècles!

      • Hopplà !
        Elsàss frei !

      • Reprenons les choses dans l’ordre. L’occident est allé mettre la pagaille en Ukraine , Avec l’intervention de Kerry et Nulan ( vous savez f*ck EU !! ).
        Les criméens et les populations de l’Est ont choisi de sortir de ce bourbier.
        Le plus amusant c’est que maintenant nous ne savons plus que faire de ce pays ruiné et de son gouvernement 🙂
        Très beau succès de la diplomatie US/UE 🙂

        • Vous pouvez ajouter les Balkans, la Libye, l’Irak et quelques autres conflits

        • En fait, les Criméens ont décidé de sortir de l’Ukraine dès 1991. Ils ont voté en ce sens.

          Début 1992, alors que l’indépendance a déjà été votée, l’Ukraine annule l’indépendance (!), et les troupes spéciales Ukrainiennes interviennent au parlement de Crimée. C’est une annexion manu-militari de la Crimée par l’Ukraine.

          « Following the referendum, the Supreme Soviet of the Ukrainian SSR passed the law « On Restoration of the Crimean Autonomous Soviet Socialistic Republic » on 12 February 1991. By this law it became an autonomous republic within Ukraine although it is not clear that Ukraine had the standing to legislate Crimea’s state status. »
          https://en.wikipedia.org/wiki/1991_Crimean_sovereignty_referendum

      • Virgile,
        vous dite que la Russie a signé un accord garantissant l’intégrité de l’Ukraine, et c’est vrai. Ce que vous oubliez de dire c’est que les USA ont également signé l’accord.
        Il s’agit du Mémorandum de Budapest signé en 1994 : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morandum_de_Budapest

        Voilà le premier point du traité :
        « La Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni s’engagent à respecter l’indépendance et la souveraineté ukrainienne dans ses frontières actuelles. »

        Vous dite que cet accord a été rompu par la Russie, en Février 2014 avec la crise de Crimée. Cependant, on sait avec certitude que le Maidan a été – en partie importante au moins – financé, organisé et orchestré par les USA.

        La conversation interceptée de Victoria Nuland, avec le fameux « Fuck the EU », où elle discute de qui doit être le futur premier ministre de l’Ukraine (qu’elle appelle par son diminutif) et du « droit de regard » US sur le choix des ministres, 10 jours avant de renverser le gouvernement, fait tâche.

        Participer à l’organisation d’un coup d’état dans un pays, est-ce « respecter l’indépendance et la souveraineté » de ce pays ?

        Du point de vue de la Russie -et je pense de tout observateur ouvert et honnête-, ce sont les USA qui ont brisé l’accord en organisant un coup d’état en Ukraine. De plus, ce coup d’état est précisément destiné a affaiblir et à déstabiliser la Russie. On sait ce qui a suivi : 13 000 morts, avion de ligne détruit au dessus d’un champ de bataille, baisse du niveau de vie des populations.

  • Un livre m’a beaucoup éclairé sur l’antagonisme entre l’Occident et la Russie c’est : Russie vers une nouvelle guerre froide ? ouvrage collectif sous la direction de Jean-Robert Daviot. Je le recommande à ceux qui veulent avoir une vision plus objective et nuancée sur la Russie.

  • La Russie ne respectant aucun accord qu’elle a signé, on ne peut absolument pas lui faire confiance, et donc la traiter comme un pays normal avec qui on peut commercer!

    • @Virgile. Il me semble que pour la livraison des Mistral c’est la France qui n’a pas respecté ses engagements. Quant au litige concernant l’OTAN, informez-vous, les Occidentaux ont-ils respecté leurs engagement vis à vis de la Russie ? A mon avis les choses ne sont pas aussi simples que vous le dîtes.

      • Et on ne parle même pas des accords sur les armes nucléaires ( FNI ) que les USA ont joyeusement piétinés il y a peu., ainsi que le traité sur le nucléaire Iranien.

  • Je crois que l auteur sous estime Vladimir Poutine. Poutine ne veut pas la fin des regles pour promouvoir le chaos, mais la fin des regles afin que le plus fort domine. Et militairement le plus fort c est lui.
    Pas tant d ailleurs sur le plan des equipements (technologiquement les armes russes sont probablement en retard sur leur equivalent americains ou meme francais) que sur leur emploi.
    La ou un dirigenat occidentaux sera paralyse et essaira de limiter les pertes, Poutine lui n hesitera pas a faire couler le sang (de ses soldats mais surtout de ses adversaires).
    C est pour ca qu il est ridicule de critiquer l intervention russes en syrie en mettant en avant les frappes sur des civils.
    Si Assad a gagné, c est justement parce qu il n etait pas « droit-de-l-hommiste » et qu il a massacré tout ce qui lui resistait. A ce propos, contrairement aux occidentaux versatiles, on doit souligner que les soutiens d assad ne l ont pas laché dans l adversité. Et la victoire d assad est la victoire de la russie et surtout de l Iran (via les pasdaran et le hezbollah)

    • Ah la Syrie !! avec nos amis de Al-Nosra qui faisait du bon boulot comme disait Fabius !!
      C’est une chance que la Russie ait développé des armes extrêmement efficaces , ça évite aux USA et à l’Otan d’être tentés de faire des c..ies.

  • Article caricatural. Qui provoque les guerres?

    • nous c’est différent , c’est pour apporter la liberté et la démocratie.
       » nous devons libérer le pétrole où qu’il se trouve sur la planète  » 🙂

  • Le monde occidental fait certainement bien moins envie que pitié à Poutine et à ses sujets. Il est un archétype de la connivence et de la tracasserie administrative, il n’a pas grand-chose de libéral, et on ne voit guère de Russes y demander l’asile attirés par ses lumières. Que l’Occident s’occupe de devenir un modèle et de faire envie, il sera ensuite encore temps de s’occuper de Poutine s’il n’est pas mort de vieillesse d’ici là !

  • Le mot illibéral est un défaut de traduction du russe vers le français.

    C’est comme en anglais lorsqu’on confond le mot anglais « liberals » (c’est à dire les socialistes) avec le libéralisme.

    Macron a été très fort pour s’approprier le mot libéralisme et en transformer le sens à son profit, en cela le libéralisme désigne un marxisme pour ces gens et les médias.. lorsqu’il ne désigne pas aussi purement et simplement le capitalisme de connivence ou les comportements apatrides, y compris en économie.

    Cette façon qu’ont les médias français de vouloir opposer les libéraux (c’est à dire les « progressistes marxistes » dans leur discours) et les illibéraux (c’est à dire Poutine, la Hongrie, la ligue du nord etc. dans leur discours) est un piège dans lequel vous tombez.

    Car il y a chez Poutine comme chez la ligue du nord des aspects bien plus libéraux que chez ceux qui dénoncent l’illibéralisme.

    Pour schématiser être contre le mariage homo n’est pas antilibéral.

    Il ne faut pas confondre le libertarianisme et le libéralisme.

    Les libertariens-libertaires-marxistes (LREM, Macron, Mélenchon, Cohn-Bendit etc.) qualifient d’illibéral (puisqu’ils se revendiquent maintenant du libéralisme) tous ceux qui sans être nécessairement illibéraux sont anti-libertarianisme. Ce qui fait une grande différence.

    C’est du George Orwell, les mots n’ont plus de sens, puisque les marxistes sont parvenus cette fois à travestir en partie, mais en partie seulement le sens même du mot libéralisme.

    Alors je vous inviterais à ne plus jouer de ces jeux de mots, ni à chercher à savoir si Poutine est illibéral ou pas, mais à traiter directement des faits.

  • effectivement un tissus d’aneries, dire que ca m’a fait perdre mon temps, je suis fort desole de trouver de telles inepties sur ce site

  • Le problème de ce genre d’article c’est qu’il oublie les chiffres derrière les grands discours.
    Depenses publiques sur PIB:
    France:47.9%
    Russie:19.5

    https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_tax_revenue_to_GDP_ratio

    Aucun doute cela dit que la Russie a des cotés illiberaux par ailleurs, mais bon venant de France, je crois qu’on peut se taire.
    Il y a un autre aspect qui s’applique aussi largement aux autres pays de l’Est: on y trouve des restes de hard-power, (reminiscence de l’epoque communistes) alors que l’Ouest a basculé dans le soft power … beaucoup plus incidieux.
    En resumé: un journaliste qui derange en Russie va prendre une balle, un journaliste qui derange à l’ouest, il survivra mais on va organiser sa mort sociale/professionnelle…
    Dictature 1.0 vs Dictature 2.0 en somme

  • Si l’amerique est liberale il est un peu normal de considerer le liberalisme comme de la pourriture ,pour un russe et meme pour un francais non ?
    Mais le liberalisme existe il reelement ou avons nous a faire a une degenerescence du liberalisme originel en une sorte de facisme liberal ?

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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