Taxer les robots, ou comment scier la branche sur laquelle on est assis

Taxer les robots dans l’espoir que l’Homme ait le temps de s’adapter ou qu’il tire un profit sous forme de taxe redistribuée, c’est précipiter l’économie dans l’arbitraire d’une fiscalité impossible à définir.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Taxer les robots, ou comment scier la branche sur laquelle on est assis

Publié le 11 juillet 2019
- A +

Vouloir taxer les robots atteint un sommet de démagogie et montre une incapacité à intégrer le progrès dans la construction d’un avenir plus respectueux des citoyens et de l’environnement. Une usine à gaz fiscale qui viendra se greffer à un édifice déjà kafkaïen pour achever la paralysie de notre économique.

Robots et inquiétude

À l’origine d’une taxe sur les robots on trouve la peur, légitime, de voir disparaître des emplois. Taxer la machine qui remplace l’Homme est une réaction de défense qui permettrait de récupérer la perte fiscale actuellement prélevée sur les employés pour subventionner les pertes de pouvoir d’achat de ces mêmes employés ainsi devenus précaires. Ce sentiment de chute dans l’échelle sociale étant déjà très présent, les Gilets jaunes nous le rappellent chaque samedi. Ce n’est pas parce qu’une solution paraît logique a priori qu’elle est bénéfique. Cette position revient à essayer de se raccrocher aux branches comme on peut pour ralentir la chute au lieu d’essayer d’en exploiter les avantages.

De manière similaire, l’apport de travailleurs immigrés et la délocalisation d’activité créent le même effet immédiat sur l’emploi et induisent une réaction de défense similaire. Les effets tels que l’augmentation de la productivité, la baisse du coût des biens, la création d’emplois dérivés, l’aide apportée aux pays étrangers — qui nous sera bénéfique dans l’avenir — sont rapidement écartés car plus tardifs, moins certains, moins concrets et surtout perçus comme bénéficiant à d’autres. D’où cette convergence avec la désignation du néo-libéralisme, de la mondialisation, et de l’Europe comme coupables. Même raisonnement simpliste condamnant l’évolution du marché du travail en soulignant les effets immédiatement visibles sur l’emploi.

De plus en plus de partis politiques suivent cette voie. Le Rassemblement National arrivant en tête des élections européennes en démontre son efficacité. Dans ce contexte, le perfectionnement des robots, et plus largement de toutes les techniques numériques, représente la menace ultime à celui qui se croit déjà menacé de remplacement. Diverses prédictions annoncent des taux de remplacement par les robots suffisamment impressionnants pour en faire un nouvel argument électoral. Ajoutons à cela une tendance au rejet de l’artificialisation, et son corollaire : le retour aux techniques ancestrales, particulièrement dans l’agriculture, et nous aboutissons opportunément à cette proposition de taxation des robots.

Benoît Hamon a franchi le pas dans ce sens lors des européennes 2019. Sans succès. Sans doute que la menace n’est pas encore suffisamment concrète et que l’automatisation se fait pour l’instant avec des systèmes qui n’ont pas l’apparence humaine : qui proposerait une taxe sur les distributeurs automatiques de billets ? Pourquoi pas les presse-agrumes ? On remarquera que par crédibilité, personne n’a encore osé évoquer une interdiction des robots. Soyons attentifs car cette idée reviendra sous une forme ou une autre si la situation continue de se dégrader, amplifiant le cercle vicieux qui nous a conduit à ces rejets.

Bénéfices de la robotisation

Dans le cas de la robotisation, les bénéfices sont non seulement quantitatifs mais aussi qualitatifs : une production à la demande, sur mesure, et à coût équivalent quel que soit le lieu de production réduisant ainsi les transports et permettant une relocalisation. Le bénéfice écologique est évident. La production sans pesticide requérant beaucoup plus de main-d’œuvre deviendra possible grâce aux robots sans que nous soyons obligés de retourner travailler aux champs. Les exemples sont innombrables, et tous les domaines d’activité sont concernés. Et si ces bénéfices ne sont pas au rendez-vous, le marché s’ajustera, et les innovations trouveront leur juste place.

Néanmoins, un second argument, parfaitement recevable cette fois, nécessitera une réponse : les bénéfices induits ne se répartissent pas nécessairement équitablement entre les acteurs. Certains perdront leur emploi, quand d’autres gagneront des parts de marché ou accéderont à des métiers plus spécifiques, donc mieux rémunérés.

Schumpeter à nouveau

Les robots sont une innovation dans le prolongement de la mécanisation, de l’électrification, de l’industrialisation, et de l’informatisation. Et, pour être complet, il faudrait ajouter au terme robot, l’ensemble des nouvelles technologies de rupture : Internet, smartphones, cloud, intelligence artificielle, véhicules autonomes, drones, imprimantes 3D, etc. L’étendue de ce champ de taxation doit en faire rêver plus d’un.

Un premier scénario s’inscrit dans la logique schumpétérienne de destruction créatrice. Concept qui remonte aux années 40 et qui a servi à expliquer que même en détruisant des emplois, l’innovation est globalement positive pour l’économie et constitue un moteur de croissance. Dans notre cas, l’introduction de robots fera certes disparaître des emplois, voire des professions entières, mais en augmentant la richesse produite et en modifiant le paysage économique, créera de nouveaux emplois. C’est la destruction créatrice, avec un solde positif à la clé. On remarquera néanmoins deux difficultés : certaines créations d’emploi se font avec retard ; les nouveaux emplois font appel à des compétences différentes et nouvelles et donc ne s’adressent pas nécessairement aux personnes victimes de la destruction initiale. Gestion de la transition et nouveau contrat social devront être repensés ; d’autant plus qu’un scénario inédit se profile.

Un scenario inédit

Au lieu de s’étaler sur une période de transition, la destruction pourrait être cette fois plus soudaine, et la création d’emplois pourrait être très faible, amplifiant ainsi les difficultés énoncées ci-dessus.

– Premier aspect inédit : la soudaineté. Grâce à un environnement plus performant basé sur la digitalisation et la dématérialisation, la rapidité de pénétration des innovations dépasse largement la rapidité de réorganisation des structures. En s’appuyant sur des réseaux existant : internet, réseaux de compétences, réseaux de production, facilité de distribution, les délais de mise sur le marché à grande échelle sont de plus en plus court, particulièrement pour les services dématérialisés.

Accélération également due à des gains espérés très significatifs. Prenons comme exemple les véhicules sans conducteurs. La technologie est quasiment au point et au lendemain de son autorisation toutes les entreprises de transport devront s’y convertir en quelques mois sous peine de disparaître. La création de réseaux de transport publics à la demande sera possible. Toutes les villes voudront en bénéficier pour supprimer les bouchons, les parkings, les nuisances. La vie en région rurale ne sera plus dépendante de la voiture individuelle. Des transports publics efficaces et peu coûteux seront possibles dans des régions aujourd’hui mal desservies. Les personnes qui n’ont pas les moyens ou les capacités de conduire y trouveront une mobilité sans précédent. Ces bénéfices fulgurants créeront aussi une vague destructrice soudaine sans précédent.

– Deuxième aspect inédit : les emplois détruits ne seront pas remplacés directement. Précédemment, de nouveaux emplois plus qualifiés étaient créés graduellement pour accompagner l’innovation, à l’avenir ce besoin sera moindre créant un déficit net d’emplois. De plus, les systèmes informatiques continueront de progresser, alors que les compétences humaines resteront limitées, c’est l’effet de singularité prédit par R. Kurzweil qui rendra l’Homme obsolète dans bien des domaines, sinon tous. Ces innovations occuperont un spectre d’emplois de plus en plus large : la conduite, la construction, la production industrielle, les métiers de la santé, même les activités artistiques commencent à être inquiétées. La question ne sera pas de déterminer quelles activités subsisteront, mais pour combien de temps.

Tirons le meilleur profit du progrès

La révolution qui s’annonce sera rapide, profonde et touchera de larges domaines. Doit-on tirer le frein à main ? Sonner l’alarme ? C’est-à-dire taxer les robots dans l’espoir que l’Homme ait le temps de s’adapter ou qu’il tire un profit sous forme de taxe redistribuée. C’est précipiter l’économie dans l’arbitraire d’une fiscalité impossible à définir. C’est exposer dangereusement le pays à la concurrence d’autres pays plus clairvoyants. C’est se priver du progrès qui peut nous apporter tant en qualité de vie. C’est s’imaginer que l’État redistributif saura cette fois résoudre la précarité. C’est glisser vers une récession économique, idéologique et mentale au moment même où le pays devrait plutôt se redresser pour éviter que la pente ne devienne trop raide.

Au contraire, il faut faciliter l’insertion des innovations dans l’économie. Mais il sera aussi essentiel de créer les conditions qui permettront d’orienter ces avancées dans une direction communément choisie : réduction de notre empreinte écologique, lutte contre la précarité, éducation, santé, cadre de vie, aide aux pays en difficulté, etc. évitant que seules les décisions individuelles définissent l’avenir.

Voir les commentaires (63)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (63)
  • ben quand même dire ne taxons pas les robots revient à dire qu’il est pertinent de taxer autre chose…
    on taxera le propriétaire des robots?

    on taxe tout et, je présume ,même les taxe, on taxe le travail et la création de richesse..

    à quoi sert l’argent de la taxe?

    la question est de savoir comment vont vivre des tas de gens rendus obsolètes au moins pour une période de temps, d’autant plus que par ailleurs on déclare que de gagner moins qu’n certaine somme est indécent.

    ce qui est terrible n’est pas tant l’idée de taxer les robots que de penser que ceux ci sont néfastes à la prospérité générale.
    un peu comme les riches..c’est une chose de taxer les riches plus lourdement que les autres c’en est un autre de déclarer qu’ils sont néfastes pour les autres.

  • ce qui est regrettable c’est d’avoir des institutions qui ne connaissent qu’un moyen d’action..LA TAXE

    • oui, mais pas que; il y a la dette aussi comme moyen d’action, c’est a dire, l’inflation, c’est a dire la depreciation de la monnaie. La France en est experte, mais maintenant cette tache a ete confiee a la BCE.

  • Comme d’habitude les taxeurs présentent la situation de manière fallacieuse. Ce n’est pas comme si on avait d’un côté le plein emploi sans les robots et un chômage qui explose avec . La situation exacte et que l’on aura le chômage avec ou sans robots. Il ne faut pas s’imaginer que s’il on supprimait la technologie, on aurait le plein emploi. Au coût du travail français on aura : soit les robots et des entreprises, soit pas d’entreprise du tout. Petit exemple : un producteur de cerises français produit des cerises haut de gamme en région parisienne : la production et la récolte sont automatisées au maximum et les cerises sont cueillies par des polonais , il est en effet impossible de trouver un français pour venir faire le travail . Il est curieux que les taxeurs fous n’aient pas eu encore l’idée de taxer les travailleurs étrangers .

    • @val
      les entreprises françaises sont dans la situation de ne pas employer des »français » avec leur charges si elles veulent vendre..
      Les pouvoirs publics et les journalistes ne veulent pas voir une chose
      « combien coûte un salarié « français » TTC, et combien coûte un travailleur détaché TTC »..
      Si l’entreprise prend un français elle ne sait pas vendre dans un systeme concurrentiel (voir la construction navale)..

      Le seul moyen de « baisser les charges étant de réduire la depense publique ( indispensable a des milliers d’entreprises) ce qui est carrément impossible.. reste le mensonge d’etat
      Disons le tout net les français n’ont pas les moyens d’acheter des services « publics » dépassés, d’avoir des retraites pour tous, la secu pour tous, et des ministres qui mangent du homards avec leurs potes avec des grands crus..

      Les « français peuvent tout acheter .. sauf du travail français pour toutes ces raisons

      • Il serait logique de taxer le travailleur étranger et ou le produit importé d’un montant représentant le chômage des français par lui causé.
        Quand j’achète un téléviseur fabriqué en chine à 600 euros, je paye aussi des charges sociales et des cotisations Assedic pour finacer nos chômeurs qui auraient pu produire le même téléviseur. En réalité ce téléviseur coûte 800 ou plus d’euros!

        • non ce qui serait logique c’est de baisser la redistribution et l »administration qui font augmenter les charges

          • La lourdeur des charges sociales est due en grande partie aux délocalisations des entreprises … préretraites, assedic , RSA etc…
            les relocaliser diminuerait ses charges forcément. Ce qui n’empêche pas de les moderniser et même de les robotiser.
            Au début des années 70 le japon a robotiser l’industrie automobile et a tailler des croupières aux européens qui ont suivi bien des années plus tard.

        • À condition de faire ça à parité de pouvoir d’achat. Parce-que si les produits fabriqués en Chine sont moins chers c’est certe dû à des salaires là-bas plus bas qu’ici, mais si ces salaires sont acceptables là-bas c’est qu’ils permettent aux gens de vivre. Vous pourriez vivre en France avec un salaire chinois ?

        • il serait surtout logique de taxer les pays étrangers..
          si on peut dire qu’un riche en France vole l »argent des pauvres..et qu’on doivent en conséquence lui prendre, il en va de m^me avec les pays plus riches que la france..ils volent la france…donc on les taxe..

      • @clauzde henry de chasne
        « Disons le tout net les français n’ont pas les moyens d’acheter des services « publics » dépassés, d’avoir des retraites pour tous, la secu pour tous »
        Bon courage pour expliquer aux electeurs qu il faut reduire massivement les pensions de retraites (voire les supprimer) et derembourser des soins medicaux (deja que ca fait des vagues pour l homeopatie, imaginez ce que ca va donner si par ex on decide de ne plus rembourser les soins des gens de plus de 80 ans ou simplement de se rembourser sur l heritage…

        • on ne peut pas sortir du socialisme avec un élection; encore moins d’un centralisme administratif comme en france..
          un chaos est donc nécessaire , le systeme  » a la française devra s’écrouler comme celui de l’urss…car la perestroïka macron ne marchera pas

      • @claude tout à fait d’accord avec vous. La seule question est : combien de temps tout ceci va t il durer ….

    • et le plein emploi n’est pas en soi le bonheur…

  • besoin de pognon ? ils taxeront tout : les robots les pas robots , les propriétaires de robots , les velots , les chapeaux ….tout vous dis je ….;

    • au final c’est le consommateur qui paye TOUTES les taxes.. on taxe un entreprise? qui c’est qui paye devinez

    • « besoin de pognon ? ils taxeront tout »

      Exactement, et je propose comme jeu de deviner ce que sera la prochaine taxe.
      Le processus de néo-taxation est toujours le même: le pouvoir suscite une recherche bidon faisant apparaître un risque effrayant que la presse aux ordres s’empresse de répercuter, la presse sceptique étant promptement accusée de propager des fake news.
      Ainsi j’ai lu ces derniers temps que le pur jus de fruits était lourdement cancérigène à faible dose(!). J’en déduis qu’on va taxer les jus de fruits, puis les presse-agrumes, puis les fruits et même ceux qui, n’en consommant plus pour échapper au surcoût, seront accusés d’abus de droit et d’évasion fiscale.
      Comme pour le tabac et l’alcool, la consommation va diminuer, mais avec l’effet inverse d’une surmortalité qui permettra d’économiser sur les retraites. Bingo!

      • le prochaines taxes?
        le mailing , 10 cents le mail
        le sites de rencontre .. 1 euro la reponse*
        les achats sur internet TVA A 33%
        etc.. etc..

  • Ne nous arrêtons pas aux raisons affichées, il ne s’agit nullement de favoriser une pratique en décourageant une concurrence émergente.
    La taxe a pour but de fournir des recettes au gouvernement, et le choix de son assiette est d’autant plus habile qu’elle ne disparaîtra pas de sitôt. Point.

  • Metro boulot dodo ,on taxe deja les robots….et un maximum !

  • Cela démontre une fois de plus l’infinie bêtise de l’administration française!

  • Cher Philippe, vous tendez le bâton pour vous faire battre. Ne croyez pas amadouer les « gaucho-conservateurs » en reprenant une partie de leurs idées ou en acceptant une partie de leurs présupposés idéologiques fallacieux. vous n’avez aucune chance de les convaincre.
    Ainsi en va de l’idée selon laquelle le progrès s’accélèrerait pour atteindre un rythme insoutenable. Ha bon ? Ma mère allait à la messe en cariole à cheval et mon grand-père a fait l’acquisition du 1er tracteur du village. Moi même j’ai connu les cartes perforées en informatique. Cette idée que tout irait plus vite aujourd’hui est séduisante par que nous vivons aujourd’hui, c’est tout. Et surtout, si vous la prenez pour argent comptant, vos adversaires vous feront immédiatement avaler que puisque ça va trop vite, il faut accompagner, réguler, encadrer, réglementer et, in fine, taxer. Classique.
    Non, le progrès ne va pas plus vite qu’avant et le fait de vouloir le freiner en dit long sur ces prétendus « progressistes ». Ne tombons pas dans le panneau.

    • desole mais les evolutions actuelles sont plus rapides qu avant.
      Un produit devient plus rapidement obsolete, une technologie est plus rapidement remplacee par une autre.
      Combien de temps a t il valut pour passer de la machine a vapeur au moteur a essence ? pres de 100 ans. l informatique a tout submerge en moins de 50 ans (annees 70 a maintenant). le web c est installe en 10-15 ans.

      • C’est néanmoins très relatif. La forme change, le produit devient ringard, mais les fonctionnalités n’ont pas progressé.
        Combien a-t-il fallu pour passer de voiture à essence à son dénigrement ? De la 4L avec laquelle je reconduisais mon amie alsacienne au train en 35 mn à la gare la plus proche d’ici, à la clio avec laquelle je mets 40 mn à atteindre, avec les ralentisseurs et chicanes, le point où se situait la gare et où les trains ne passent plus ? Le progrès du temps de mon grand-père était aussi rapide que celui d’aujourd’hui, il le prenait ainsi que ses contemporains comme une bénédiction. Celui d’aujourd’hui est surtout vu comme un tas de frustrations parce qu’on craint qu’il ne favorise le voisin plus que soi-même.

      • Vous avez raison, le progrès n’est pas vraiment plus rapide, mais il faut verser de l’eau sur la mitrailleuse à lois, elle est rouge à force de tirer en continu depuis des années !
        Ce sont des lois qui obligent les citoyens a s’adapter constamment à un environnement en perpétuel mouvement, et derrière ces lois il y a de parfaits imbéciles…

        C’est la marche forcée et non le progrès qui sème les cadavres le long du chemin.

  • j’aime beaucoup votre analyse et la partage dans ses grande lignes (comme sans doute bien des lecteurs de Contrepoints)… mais j’aurai aimé que vous prolongiez votre réflexion en proposant des axes concrets pour la prise en charge des « perdants immédiats »…
    Fustiger la création d’une nouvelle taxe est une chose, imaginer des solutions humanistes et donc acceptables par une majorité en est une autre.

  • Bien qu’il tempère son propos par le conditionnel, l’auteur surestime le potentiel des robots à remplacer l’humain, sans doute désorienté par les discours démesurément optimistes qui entourent ce secteur afin d’attirer les capitaux.

    Nous sommes dans une période d’afflux d’argent gratuit et les professionnels du marketing font l’impossible, prétendent n’importe quoi, pourvu qu’ils attirent le plus de capitaux possibles. Mais tout ceci est sinon faux du moins exagérément anticipé. L’excès d’argent jusqu’à l’absurde entraîne d’abord l’inflation des discours, l’emphase des logorrhées ridicules. On observe exactement ce phénomène concernant l’urgence climatique imaginaire : il y a tellement d’intérêts et de capitaux en jeu que cela vaut bien quelques mensonges grossiers.

    Au terme de cette période de folie déprimante, ce sera le règne de la défiance. Défiance vis-à-vis de la monnaie bien sûr, mais surtout défiance vis-à-vis de la parole en général (politique, économique, scientifique, religieuse…) Un temps long sera nécessaire pour reconstruire la confiance qui aura été détruite par le mensonge généralisé nous affectant aujourd’hui, jusqu’aux plus hautes autorités politiques et morales.

    Pour revenir aux hypothèses de l’article, la soudaineté est une hypothèse peu crédible. Nous sommes déjà environnés de robots, et ce depuis longtemps. Leurs compétences sont limitées et le resteront à jamais.

    L’obsolescence de l’humain et la destruction massive des emplois sont des fantasmes. Aucun robot, aucune IA, ne pourra jamais égaler un cerveau humain. Même avec la meilleure technologie imaginable, le cerveau humain représente une telle complexité que la taille de l’univers se suffirait pas à contenir un cerveau artificiel. Certains professionnels du secteur, plus raisonnables ou vaguement paniqués par le monstre qu’ils ont créé, tirent désormais la sonnette d’alarme. Ils affirment que l’expression « IA » est essentiellement mensongère et qu’il faut l’abandonner. Il n’y a rien d’intelligent dans cet artificiel-là.

    Au final, l’humain sera toujours au centre. N’est-ce pas lui le propriétaire des robots ?

    • « L’obsolescence de l’humain et la destruction massive des emplois sont des fantasmes. Aucun robot, aucune IA, ne pourra jamais égaler un cerveau humain. Même avec la meilleure technologie imaginable, le cerveau humain représente une telle complexité que la taille de l’univers se suffirait pas à contenir un cerveau artificiel.  »
      C’est assez ridicule comme argument.

      Dans bien des domaines l’IA faible fait déjà bien mieux que les humains, et ce qu’on appelle de l’IA faible est de plus en plus large au niveau des applications.
      Je vais prendre comme exemple l’IA alphastart qui joue à starcraft 2 jeu incroyablement plus complexe q’un malheureux jeu d’echec ou même de GO, les spécialistes pensaient impossible l’emergence de ce niveau d’IA aussi tot.

      D’autre part vous semblez bien trop surestimer la puissance de calcul d’un cerveau humain.
      elle est estimée a 36*10^15 (certaines estimations sont plus élevées)
      C’est une puissance de calcul qui prendra juste la taille d’un ordinateur normal dans quelques temps..
      Aussi, une une IA selonson utilisation n’a pas forcement besoin de tout les systèmes dont nous sommes équipés (la vision utilise approximativement 25% du cerveau par exemple)

      • Un jeu ne peut pas être « complexe ». Il est éventuellement compliqué.

      • Non, vous confondez l’intelligence avec le traitement de grands volumes de données suivant des règles complexes. L’intelligence ne consiste pas à gagner au go, elle consiste à inventer un jeu comme le go qui fera une carrière multi-millénaire et apportera du plaisir à ceux qui décideront d’y jouer.
        L’IA permet de soulager le cerveau humain de tâches ennuyeuses, complexes ou répétitives. Elle reste un programme informatique, et quiconque a écrit bon nombre de tels programmes dans sa vie sait bien que la complexité du cerveau ne se mesure pas en yottaflops ou en examots, et que pour les IA, il faut parler de péta>Q, péter plus haut que son Q.
        L’IA ne remplace pas la combinaison d’intuitions, d’initiatives, de synthèses et d’analyses du cerveau humain. En revanche, elle peut inciter ce cerveau à la paresse, et ce serait une catastrophe.

        • « Elle reste un programme informatique »
          Vous pouvez considérer de la même façon un réseau neuronal humain comme un programme informatique à ce compte la.

          « L’IA ne remplace pas la combinaison d’intuitions, d’initiatives, de synthèses et d’analyses du cerveau humain. »
          La je suis en désaccord complet, ce sont des traits humains qu’on peut percevoir à l’état de trace dans une IA.

          « En revanche, elle peut inciter ce cerveau à la paresse, et ce serait une catastrophe. »
          Ah ca, c’est quasiment certain.

          • Je ne veux pas vous donner de cours d’éducation sexuelle, mais les programmes et les humains ne se fabriquent pas du tout de la même façon 🙂

        • Accessoirement, traiter de grands volume de donnée , c’est justement ce que le cerveau fait très bien, sauf que c’est assez invisible pour le conscient.

        • non l’IA n’est pas un programme informatique determiné..*c’est un processus qui permet a la machine d’apprendre par constatations..
          3 bases de données structure l’approche
          base de faits
          base de regles
          base de connaissances
          et un  » programme »appelé moteur d’inférence renseigne 2 de ces bases a partir de constatations..
          en clair celui qui a codé le programme ne sait pas comment il va se comporter

          • La vous êtes sur un modèle plutôt symbolique, qui n’est pas complètement tombé en désuétude, (le projet OpenCog est assez impressionnant notamment), mais qui ne sont tout de même pas la norme actuelle.
            Les réseaux neuronaux font tout simultanément, l’architecture même du réseau, configurée par des pondérations à chaque « connexion synaptique » agit comme un programme ET comme une structure de stockage de données

          • Un des programmes les plus simples que j’ai écrits était un générateur de nombres pseudo-aléatoires. 3 lignes, et pourtant impossible de savoir comment il va se comporter…
            Mais ça n’est pas parce que le programmeur ne sait pas ce qui va en sortir que le programme (ou l’ensemble programme- bases) est intelligent. A terme, l’IA sera indiscernable de l’intelligence humaine lambda pour un observateur occasionnel, mais elle n’aura pas les mêmes effets sur le progrès et la civilisation. C’est horriblement prétentieux de penser que les mécanismes du génie humain peuvent se réduire en IA. Un autre exemple d’actualité : une IA profitera-t-elle d’une pause dans son boulot régulier pour aller tweeter à propos de Rugy « Homard m’a tuer » ?

            • Ca me semble être le parfait contre exemple, c’est contre intuitif / ou difficile pour un humain de prédire à vue de nez le résultat d’une formule de congruence, pourtant un simple effort de calcul mental permet de connaitre la prochaine valeur.
              De même il parait ridicule de pouvoir prédire la prochaine pensée d’une entité, ou tout du moins les flux de signaux électrochimiques dans son système nerveux, pourtant ca reste de la physique , bien simulable et prédictible, pour une machine tout du moins.

              « C’est horriblement prétentieux de penser que les mécanismes du génie humain peuvent se réduire en IA. »

              Arretez d’introduire de la magie dans le machin !

              « Un autre exemple d’actualité : une IA profitera-t-elle d’une pause dans son boulot régulier pour aller tweeter à propos de Rugy « Homard m’a tuer » ? »
              Anthropomorphisme pur et dur.

      • chk
         » Aucun robot, aucune IA, ne pourra jamais égaler un cerveau humain »
        certes mais prenons un programme qui dessine un projet a la demande de l’utilisateur final… çà c^’etait fait pas un dessinateur avant plus ajourd’hui.. ls calculs de charges en architecture pareil?? etc….

        • Ah mais moi je suis d’accord je quotais le texte plus haut !
          Le programmeur qui est en moi s’enerve juste à essayer de leur faire comprendre qu’ils se plantent complètement, et a mon grand regrès je n’ai pas votre qualité d’écriture, ni la faculté d’exprimer aisément ma pensée en mots….

  • Il y bien plus à dire ! Taxer les robots veut dire fabriquer plus cher puisque on ajoute le coût de la taxe à chaque unité produite. Dans un contexte de compétition internationale, cela veut dire perdre inéluctablement à l’export et…en France !
    Mieux vaut taxer les bénéfices ou mieux, instaurer une TVA qui taxera également les produits importés.
    Quand à l’utilité des robots, elles est archi-évidente ! Je viens d’acheter des aides acoustiques…15 fois moins chères à efficacité équivalente que ce que l’on trouve sur le marché français !!!!
    Pourquoi ? Fabrication par robots au lieu de fabrication par des petites mains (externalisé ?) et vente par internet.
    L’avenir est clairement dans ces nouvelles voies ! On travaillera 20h par semaine, on aura un salaire complémentaire et on payera 10 fois moins cher qu’aujourd’hui !
    Le salaire complémentaire ? Une monnaie numérique dépensable uniquement en France et pour un certain nombre de produits et services. Voir à ce sujet la solution géniale de Paytap, société établie au Vésinet :

    https://granddebat.fr/projects/la-fiscalite-et-les-depenses-publiques/collect/participez-a-la-recherche-collective-de-solutions-2/proposals/augmenter-massivement-le-pouvoir-dachat-de-tous-sans-aucune-dette-cest-possible-grace-au-revenu-de-base-universel-en-monnaie-numerique-sociale

    • @milrem je suis d’accord sur le début de votre post . Mais à partir de votre « on travaillera 20 h /semaine » comment dire … d’où vous vient cette idée … ?? personne n’a mis en oeuvre les 35 dans le vaste monde , alors 20 … ou alors 20h payées 20h était ce ce que vous vouliez dire par là ? Et quand bien même qui empêchera qqn de travailler plus ?

    • @milrem j’ai lu l’article joint, quel gag, l’auteur réinvente ̶ la r̶o̶u̶e̶ double monnaie … déjà vu dans de nombreux pays en banqueroute : la monnaie ̶d̶e̶ ̶s̶i̶n̶g̶e̶ qui ne vaut rien (le bolivar venezuelien) et la monnaie qui vaut : le dollar , l’Euro . Combien de fois faudra t il marteler qu’il n’y a pas de martingale magique : l’argent gratuit n’existe pas . Je sais que c’est dur aujourd’hui car nos banquiers centraux nous pondent des euros comme des chapelets de saucisses mais c’est ainsi . Gagner un revenu sans rien faire est un non sens : there is no free meal.

  • Un robot n’ayant pas besoin de salaire, pourquoi ne pas verser aux humains les salaires issus des robots ?

    • Mais c’est précisément ce qu’on fait, sauf qu’on ne parle pas de salaire mais de dividendes, les actionnaires propriétaires des robots touchant les « salaires » issus des robots.

    • Si vous vouliez dire qu’il faudrait verser aux humains remplacés par les robots, l’argent économisé par la mise en place des robots, je vous souhaite bien du courage!! Quel serait l’avantage dans ce cas de mettre en place des robots? Voilà qui constituerait une incitation supplémentaire (comme s’il y en avait pas suffisamment en France) à une délocalisation de l’unité de production dans un pays plus accommodant.

      • Pas de congés payés, pas de maladies, pas de… grève selon les secteurs. C’est un bon début. Donc quasiment pas de différence entre salaire net et brut. Le salarié garde le net issu du robot, l’employeur y gagne puis que brut = net.
        Bon je n’ai pas du tout réfléchi sérieusement à l’idée, mais elle me plaît bien, juste comme ça déjà 🙂

        • « Donc quasiment pas de différence entre salaire net et brut.  »
          ?? Comprend pas.
          Par ailleurs, de quel droit devrait-on verser le fruit du travail et de l’investissement d’une entreprise à des gens qui n’y travaillent pas? Cela ne ferait un peu plus de redistribution dans un pays qui en a déjà bcp.
          Si vous délocalisez, vous aurez un brut quasi-identique au net, mais bcp moins élevé qu’en France sans grève avec peu de congés payés. Il y aura de frais de transport si vous ré-importez en France mais si votre entreprise exporte principalement à l’international cela ne changera pas grand-chose.

  • je ne suis pas pour « taxer » les moyens de faire des profits supplémentaires mais affecter une plus grande part a l’investissement ,l’innovation , aux conditions de travail , et au pouvoir d’achat des petits salaires …et non de satisfaire la soif intarrisable de batissage de fortunes sur le dos des salariés par l’extreme minorité des propriétaires du capital….

    • Bcp d’entreprises investissent déjà dans l’innovation et l’amélioration de leur structures. Elles n’ont pas attendu nos énarques pour le faire, c’est une question de survie sur le moyen – long terme.
      Quant au « pouvoir d’achat des petits salaires », vous voulez dire augmenter les salaires… N’oubliez pas que tout salaire mérite travail. Si le travail fourni a une valeur inférieure au salaire payé, cela se traduira pas une nouvelle stratégie d’organisation de l’entreprise visant à limiter ce surcout. Donc, in fine, par des personnes licenciées (ou non embauchées) et plus de chômage.

      • concernant l’investissement et l’innovation il y a plusieurs façons de faire , quand on fait ….. . notamment ne pas sacrifier le besoin d’investissements LONG TERME pour le court terme , notamment pour satisfaire les insatiables désirs de quelques gras capitalistes cherchant toujours plus à accumuler toujours plus de pognon !!!…..

        • Vous avez une de ces visions des patrons!
          Saigner à blanc une boite pour qu’elle crache un max de dividendes en empêchant l’investissement à moyen – long terme, est une politique à court terme qui mène inéluctablement à la faillite.
          Qu’est-ce que vous croyez? Qu’un gars ou des actionnaires qui investissent dans une boite veulent la faire cramer en 4-5 ans? Une telle politique assure 1 à 3 ans de bons dividendes puis c’est la chute quand elle ne commence pas avant. Vous pensez quoi? Que les observateurs et analuystes boursiers en entreprise ne sont pas au courant des politiques économiques de chaque boite et de leur bilan financier et d’investissement? Une boite qui mène ce type de politique de développement voit son cours chuter, ce qui annule rapidement quelques gras dividendes.
          Sortez de vos clichés et creusez un peu la question mais pas dans la page éco de l’Humanité.

      • depuis le début du capitalisme jusqu’à maintenant ça n’a jamais été le bon moment d’augmenter les salaires , avec toutes sortes d’arguments plus ou moins foireux …et puis il y a plusieurs façons possibles , par exemple en bloquant les hauts salaires et revenus ,et/ou les imposants plus si nécessaire , ce qui permettrai de faire plus d’heureux et de motivés parmi les petits salaires et ainsi nous éviter des révoltes de type  » gilets jaunes » ou une probable révolution des « sans dents »….en plus ce genre de débat met en lumiere l’une des contradictions inherente au système capitaliste cherchant perpétuellement a comprimer la masse salariale alors qu’elle réduit les capacité de consommation des salariés et donc de débouchés pour la production !

        • Les premiers GJ réclamaient moins de taxes, pas plus de salaires. Ils réclamaient qu’on leur foute la paix, pas qu’on les assiste. Ils voulaient précisément plus de capitalisme et moins d’interventionnisme public. Contrairement à ce que vous semblez démontrer, les GJ ont tout compris à l’économie.

          Le capitalisme se fout de la consommation en général. Il faut être keynésien ou marxiste pour croire au mythe de la consommation sortie de nulle part. Les produits s’échangeant contre les produits, seule compte la consommation des producteurs. Les improductifs ne consomment jamais que le fruit de la spoliation de ce que les producteurs ont d’abord produit, sinon ils ne consomment pas.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

À moins que vous n’ayez vécu sur Mars ces derniers mois, vous n’avez pu ignorer l’énorme écho médiatique autour du développement de l’intelligence artificielle (IA).

Ce développement est fulgurant, chaque exploit succédant au précédent, avec des réalisations qui auraient semblé impossibles il n’y a pas si longtemps. Il est vrai que le monde de la technologie a tendance à exagérer l’importance de ses inventions, et certaines ne durent que le temps d’un matin, mais on peut dire avec une assez grande assurance que ce ... Poursuivre la lecture

Un article de Fan Yang, Research fellow at Melbourne Law School, & Ausma Bernot, Postdoctoral Research Fellow, Australian Graduate School of Policing and Security.

L’intelligence artificielle (IA) est un terme très large : il peut désigner de nombreuses activités entreprises par des machines informatiques, avec ou sans intervention humaine. Notre familiarité avec les technologies d’IA dépend en grande partie de là où elles interviennent dans nos vies, par exemple dans les outils de reconnaissance faciale, les chatbots, les logiciel... Poursuivre la lecture

La poussière ultrafine rend difficile, déjà au stade robotique, l’exploration de Mars. Elle risque de poser de sérieux problèmes aux missions habitées et à la vie humaine. Nos ingénieurs recherchent des solutions pour la Lune. Elles bénéficieront aussi à Mars car sur ce plan les deux astres sont semblables. Récemment l’Université d’Hawaï a proposé un tissu, LiqMEST, qui moyennant la dépense d’un peu d’énergie pourrait empêcher l’adhérence aux surfaces. La NASA s’y intéresse aussi bien qu’à d’autres solutions qui lui sont complémentaires. Elle... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles