Certificats d’économie d’énergie ou comment taxer en douce

Connaissez-vous le marché des certificats d’économie d’énergie ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
taxes By: Mike Cohen - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Certificats d’économie d’énergie ou comment taxer en douce

Publié le 3 juillet 2019
- A +

Par Michel Negynas.

Sur l’énergie, nous avons la TICPE, la CSPE, la taxe sur l’acheminement de l’électricité, les taxes spécifiques aux carburants, la TVA et nous avons échappé de peu à la taxe carbone. Mais nous sommes taxés aussi de manière plus subtile. Tout le monde oublie par exemple le marché de quotas d’émission de CO2, qui coûte au moins 1 milliard d’euros à l’économie française et devrait coûter encore plus à l’avenir avec de nouvelles règles. Il est évident que ce milliard, il faut bien que quelqu’un le paye : in fine c’est vous, évidemment.

Il en existe une autre, largement méconnue des Français, qui est le marché des certificats d’économie d’énergie. Le principe est le suivant :

L’État impose aux fournisseurs d’énergie (assimilés à des pollueurs) de prouver qu’ils ont participé à des opérations d’économie d’énergie sur une période donnée. L’unité est le « KWh cumac » : seule l’administration française est capable de nous inventer ça. Il s’agit du nombre de KWH cumulés évités et actualisés pour une période donnée. Vu la complexité du système, on comprend que les Français ne s’y sont guère intéressés. Ils ont tort. Voici pourquoi.

Pour se soustraire à leurs obligations, les « pollueurs » doivent soit investir directement dans leurs propres opérations d’économie d’énergie, soit acheter des cumacs produits par d’autres, par exemple chez leurs clients.

Une industrie nouvelle était née : producteur et vendeur de cumacs. D’où l’éclosion du harcèlement par téléphone que vous avez sans doute déjà subi où l’on vous propose des opérations à 1 euro… cumulant aides, prêts à taux zéro et ventes de cumacs…

Pour la période à venir, le gouvernement a décidé d’augmenter encore le nombre de cumacs imposés aux « pollueurs ». Le prix du « marché », alors déséquilibré par une pénurie d’offres rapportée à la demande a répondu par une explosion de plus 30 %.

Les « cumaqueurs » s’en mettent plein les poches

Les adhérents de l’Union françaises de l’électricité s’en émeuvent dans leur dernier bulletin : ils estiment que cela pourrait coûter jusqu’à 4 milliards payés évidemment in fine par les consommateurs. Ce serait 3 à 4 % des dépenses énergétiques des Français. Les « cumaqueurs » s’en mettent plein les poches. La facture pourrait d’ailleurs être alourdie par des amendes infligées à ceux qui n’auraient pas trouvé leurs cumacs imposés.

Mais il y a pire. On se souvient de l’arnaque à la TVA sur les quotas d’émission de CO2, qui a coûté plusieurs milliards d’euros aux pays européens. Les fraudeurs eux-mêmes ont déclaré que le système était tellement mal ficelé qu’il suffisait de se baisser pour ramasser la monnaie. C’est qu’on ne construit pas un marché financier sans une armada de professionnels du contrôle.

Pour le cumac, c’est la même chose. Quatorze personnes sont affectées au contrôle de dizaines de milliers de dossiers : seuls 165 contrôles ont été finalisés depuis 2015, selon le ministère même.

Il existe deux types de fraudes : celle des artisans de bonne foi qui croient installer des équipements économes, mais se trompent car les calculs sont complexes, ou parce qu’ils n’ont pas le savoir-faire technique.

Mais on a vu aussi l’éclosion d’entreprises purement commerciales de vendeurs de cumacs. Il y a fort à parier que certaines sont le fruit du recyclage des ex fraudeurs sur les quotas… Comme il n’y a pas de contrôle, on peut déclarer n’importe quoi.

Si bien que personne ne sait si les milliards que vous allez payer en achetant votre énergie auront vraiment servi à quelque chose. Sauf qu’ils ne seront pas perdus pour tout le monde.

Voir les commentaires (17)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • la taxe carbone ? ne rêvez pas , elle revient sur le tapis , l’état n’a pas l’intention de s’asseoir dessus ; autre nouvelle taxe macron : l’aquataxe , nouvelle taxation de l’eau prélevé au niveau local …..les  » taxes douces  » , j’ai la pénible impression que l’on-a pas fini d’en payer ;

  • oui le macronisme socialisant ne perd pas de vue la ponction du fric par tous les moyens pour alimenter l’administration qui ne manque jamais de rappeler qu’elle veut plus de moyens

  • a plus belle escroquerie de bercy etant bien sur la TVA … sur des taxes..
    hé oui quand vous achetez de l’essence la TVA est calculée sur le montant total , c’est a dire aussi sur la TIPP
    pareil pour EDF , la tva s’applique aussi sur les taxes locales diverses et variées..
    pas un député pour poser les bonnes questions..
    je me demande quel pourrait etre la plus value d’une taxe

    • Selon l’état, la plus value serait virtuelle. Donc pif paf pouf, taxe 😉

    • Juste pour rigoler (bien que ce ne soit pas rigolo) !
      La TIPP est une valeur ajoutée au prix normal du carburant donc la TVA est applicable normalement…
      Et hisxtoire de simplifier les «Bercyagies», ils pourraient imaginer que cette taxe sur les kWh soit répercutable sur les bailleurs par les locataires (l’inverse se faisant pour les poubelles inclue dans la taxe foncière) afin d’impacter les bailleurs de passoires thermiques !
      Je peux proposer d’autres simplifications dans le même genre (et moi je n’ai pas fait l’ENA !).

  • Le recyclage des ex fraudeurs sur les quotas… Seuls des crétins patentés abrutis sont capables d’inventer de telles situations :mrgreen:
    Cerise sur le gâteau (à partager cela va de soit…) ils sont français … COCORICON :mrgreen:

  • Cet article est honteux ! Vous jetez le discrédit sur une magnifique trouvaille du ministère des finances ! Cultivons ces petites merveilles : https://www.yvesmontenay.fr/2018/12/06/j-aime-les-taxes-parce-qu-elles-me-payent/

  • Connivence entre l’Etat (qui a inventé cette usine à gaz) et des entreprises qui s’achètent une vertu sur le dos du contribuable-consommateur…
    Et en effet, c’est tellement complexe que ce dernier n’y voit rien. Dans le meilleur des cas, il suppute qu’il y a bien quelqu’un qui paie son isolation à 1€.

  • Quand les français auront compris que l’isolation à 1€ et autres « cadeaux » de l’état sont « offerts » grâce à leurs impôts ( enfin ceux que paient 43% des contribuables) on aura fait un grand pas! Mais comme ils n’ont pas encore compris, depuis le temps qu’elle existe, que la pub que l’on nous déverse à gros bouillons par médias interposés, ce sont eux qui la paient en achetant les produits, c’est pas gagné! CPEF

  • C’est la même chose pour Pinel et consorts,les « cadeaux  » de l’Etat ne sont que des usines à gaz toujours financées par les mêmes au final.Même la retraite n’est autre qu’un système de Ponzi ou avion mais légal puisque organisé par l’Etat.Tous les jours on constate que ces usines à gaz donnent d’excellents résultats….

  • Quand c’est gratuit ( quasiment ) c’est forcément quelqu’un d’autre qui paie. Et au final tout le monde paie son énergie plus cher parce que Total ou EDF que l’on oblige à acheter ces certificats dits vertueux, refacturent ces coûts au con-sommateur!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Entre désamour de son parc nucléaire, illusions renouvelables, pressions allemandes et injonctions de l’Europe, la France, dont le puissant parc de production d’électricité était décarboné avant l’heure, a lentement sapé la pérennité du principal atout qu’il représentait. Après des fermetures inconsidérées de moyens pilotables, l’apparition du phénomène de corrosion sous contrainte qui a affecté les réacteurs d’EDF dès 2021 a cruellement révélé l’absence de renouvellement du parc depuis que l’ASN en avait exprimé la nécessité, en 2007. En ent... Poursuivre la lecture

Le Parlement examinera le budget de l’Etat jusqu’à Noël. Comme chaque année, à défaut de faire l’inventaire des impôts français et de débattre de leur opportunité, il ajoute, supprime ou modifie de nouvelles niches fiscales, exonérations ou encore exceptions à l’exonération. Ces débats techniques occupent toutes les pensées des parlementaires durant trois mois pendant lesquels il n’est jamais question de débattre de l’essentiel : les conditions du consentement à l’impôt sont-elles réunies ?

 

La France, championne de la pressi... Poursuivre la lecture

Avant d’être une série de films d’horreur à succès des années 1980, le vendredi 13 était déjà un de ces jours qui ne laissaient pas indifférent. Même les plus rationnels ont une petite pensée lorsque le treizième jour du mois rencontre le cinquième de la semaine. Pour cause : ce jour fait référence à celui de la crucifixion du Christ après la trahison du treizième invité de la Cène, un certain Judas.

C’est pourtant ce jour-là que les syndicats français ont décidé de se mobilier, le 13 octobre, d’après un communiqué de presse intersyndi... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles