L’ascenseur social est en panne : oui, mais à qui la faute ?

De l’aveu même des représentants de l’État, l’ascenseur social serait gravement en panne. Ce n’est pas un scoop, hélas !

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L’ascenseur social est en panne : oui, mais à qui la faute ?

Publié le 28 juin 2019
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Par Nathalie MP.

L’ascenseur social français ne fonctionne plus, il faut le réparer ! Ainsi en a décidé Emmanuel Macron. Dans le collimateur, ces « élites » formées à l’ENA, Sciences Po ou dans les grandes écoles. Trop semblables, trop formatées, trop technocratiques, elles sont aussi devenues dans l’opinion publique – et chez les Gilets jaunes – le symbole de la reproduction sociale et de l’entre-soi qui profitent aux classes les plus aisées ou les mieux en cours dans les cercles du pouvoir.

C’est ainsi que la disparition de l’ENA dans sa forme actuelle est actée et que les autres écoles sont priées d’élargir leur recrutement. Première institution à répondre à l’appel de « l’ouverture sociale » lancée par la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, Sciences Po Paris. Mais Polytechnique et l’École normale supérieure sont également sollicitées tandis que les autres grandes écoles réfléchissent de leur côté à la façon d’augmenter et financer leur proportion d’étudiants boursiers.

Ainsi donc, de l’aveu même des représentants de l’État, l’ascenseur social serait gravement en panne. Ce n’est pas un scoop, hélas, et il semble assez naturel que la société française dans son ensemble s’en préoccupe.

Une prise de conscience comique

Mais il faut avouer que cette prise de conscience récurrente des gouvernements successifs est du plus haut comique : qui plus que l’État français influe sur le niveau de l’éducation nationale et sur la vie socio-économique et culturelle de ses citoyens ?

Comme je l’indiquais déjà il y a deux ans dans mon article « Et la dette scolaire ? », le classement international PISA 2016 ne se contentait pas de placer nos élèves de 15 ans à une médiocre 26ème place (sur 70 pays) en sciences, maths et compréhension de l’écrit.

Il montrait également que les écarts de résultats en fonction du statut socio-économique des élèves étaient parmi les plus élevés de l’enquête (voir schéma ci-dessus extrait du journal Le Monde).

Un comble dans un pays qui place l’égalité au-dessus de tout et qui s’acharne depuis 1970 à transformer « l’égalité des chances » en « égalité réelle » à coups de redistribution massive via les impôts et la dette d’un côté et leur recyclage en dépenses publiques ciblées vers les populations « fragiles » de l’autre. Encore récemment, c’était les petits-déjeuners à l’école dans les quartiers défavorisés et scolarisation obligatoire dès 3 ans au lieu de 6 ans, malgré un taux de fréquentation scolaire de 97 % pour cette tranche d’âge.

Vous trouvez que ces mesures ont tout de l’affichage médiatique gnangnan et fort peu de rapport avec les impératifs du « lire écrire compter » qu’on attendrait prioritairement d’un enseignement primaire susceptible d’ouvrir les portes du collège, puis éventuellement du lycée et du supérieur aux élèves, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent ? Vous n’avez pas tort.

Mais que peut-on espérer d’une majorité qui laisse ses députés les plus en vue pondre des rapports navrants sur la nécessité de proposer des « prétextes inclusifs » et des « rituels positifs » type semaine du goût et échange de recettes culinaires afin de restaurer la confiance des parents dans l’école plutôt que de parler travail scolaire, assiduité et respect des enseignants ?

Plus généralement, l’Éducation nationale jouit du premier budget de l’État, elle dispose de personnels nombreux et elle agit pratiquement en situation de monopole. Ce ne sont pas les quelques écoles hors contrat, extrêmement surveillées et accusées de tous les maux, qui pourraient renverser la vapeur à court terme – même si certaines expériences sont des plus intéressantes ; quant aux écoles privées sous contrat, elles sont tenues d’enseigner les programmes concoctés au ministère de la rue de Grenelle.

Programmes qui font justement l’objet d’une vaste réforme chaque fois qu’un nouveau ministre est nommé et qu’il s’avise qu’il faut remettre de la « méritocratie républicaine » au sein du dispositif.

La « méritocratie à la française »

En vertu de quoi nous avons eu le « collège unique » de René Haby en 1975, histoire d’oublier que tous les adolescents ne se ressemblent pas et qu’ils n’ont pas les mêmes aptitudes intellectuelles. Suite à quoi, en 1985, Jean-Pierre Chevènement donnait à la France l’objectif d’amener « 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat d’ici à 2000 ». Puis Najat Vallaud Belkacem, suivant la voie tracée par Vincent Peillon, s’empressait de réduire les enseignements disponibles en dégradant l’accès au latin et aux classes bilangues au collège et en allégeant les horaires du primaire afin d’introduire des activités périscolaires sans doute sympathiques mais sans rapport avec le si nécessaire « lire écrire compter ».

Ajoutez le « pédagogisme » qui a prévalu toutes ces années dans les sphères enseignantes et qui stipule notamment que c’est à l’élève de construire ses savoirs, avec pour résultat principal de battre en brèche l’autorité des professeurs, saupoudrez de bonne conscience quitte à contraindre les enseignants à ne pas faire de vague et vous obtenez à coup sûr 88 % de réussite au bac, des échecs en série en première année de licence et quelque 20 % de jeunes au chômage (avril 2019).

Bref, vous avez égalisé tout le monde dans le nivellement par le bas, ainsi que le confirment tous les classements internationaux avec une triste régularité.

Qui s’en tire ? D’abord les élèves naturellement brillants, puis éventuellement ceux dont les parents ont eu l’idée et/ou les moyens et/ou le temps de pallier les déficiences criantes de l’Éducation nationale par leur propre assistance ou par le recours à des cours extérieurs.

Notons à la décharge de l’actuel ministre Jean-Michel Blanquer qu’il a restauré le latin et le grec et les classes bilangues dans leurs droits et qu’il tente de recentrer l’enseignement du primaire sur les savoirs fondamentaux : dictée quotidienne, maîtrise de la lecture et de l’écriture, stimulation du vocabulaire, retour aux traditionnels COD et COI en lieu et place du prédicat apparu récemment dans le paysage éducatif, introduction de la méthode de Singapour pour les maths – tout ceci va dans le bon sens.

Mais au point de rigidité cadavérique où en est arrivé le « mammouth » – 12,9 millions d’élèves, 1,1 million de salariés dont 881 400 enseignants et des syndicats tout-puissants et systématiquement hostiles à toute tentative de transformation – il semble parfaitement illusoire de vouloir le faire gambader comme s’il était capable de s’adapter à toutes les situations différentes des élèves.

Aussi, au vu de ses médiocres résultats et compte tenu du fait qu’il n’est nullement question de remettre en cause son intégrité de monopole pachydermique au profit d’un enseignement plus libre, adapté à la diversité des élèves et riche de multiples projets éducatifs pour soutenir des excellences et des réussites variées en phase avec les évolutions de la société, force est de constater que tout le lamento sur la panne de l’ascenseur social n’est que larmes de crocodile.

Dès lors, les réformes présentées cette semaine par Science Po Paris concernant son mode de sélection à l’entrée, loin de viser le seul critère de l’excellence auquel l’établissement devrait se cantonner strictement, ne font qu’accompagner la décrépitude de l’Éducation nationale.

Si cette dernière remplissait son rôle de transmission des savoirs et des connaissances au lieu d’encourager bassement le sentiment des familles que n’importe quel élève peut prétendre au bac, général si possible, puis à l’enseignement supérieur, point ne serait besoin d’introduire des quotas purement volontaristes, point ne serait besoin de supprimer les épreuves écrites et point n’aurait été besoin (en 2013) de supprimer l’épreuve de culture générale.

Si elle assurait intelligemment l’orientation des élèves au lieu de faire miroiter un bac général inaccessible à beaucoup d’entre eux sauf à baisser dramatiquement le niveau requis, elle permettrait que les filières technologiques et professionnelles soient revalorisées et recherchées et elle permettrait à de nombreux secteurs économiques tels que la restauration ou le bâtiment de pourvoir des postes désespérément vacants.

Qu’on me comprenne bien : chercher à lever des fonds privés, comme le fait par exemple HEC, pour financer la scolarité des étudiants dont les familles ne disposent pas des revenus nécessaires est une initiative excellente – à condition que tous les admis aient été sélectionnés sur le seul critère de leurs aptitudes telles que mesurées par le concours d’entrée, quitte à calibrer ce dernier en fonction des filières scientifiques ou économiques suivies préalablement par les candidats.

En revanche, adapter les concours d’entrée pour tenir compte, non pas de la diversité des profils académiques, mais de critères sociaux, dans une tentative de réparer les insuffisances déplorables de l’Éducation nationale et faire montre d’un égalitarisme de façade – bref, se lancer dans tous les biais négatifs de la discrimination positive ne sera qu’une illusion de plus, très éloignée de la méritocratie républicaine qu’on se targue de rechercher.

C’est pourtant le chemin choisi par le gouvernement. Et le moment parfait de citer la célèbre formule : « Dieu se rit… » etc. Ça promet.

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  • Une solution sérieuse serait de rendre les régions autonomes! Ainsi l’Alsace pourrait prioritairement promouvoir l’enseignement de l’allemand, le sud de la France l’espagnol, l’est l’italien etc….
    Il faut cesser de gérer l’éducation depuis Paris et le modèle parisien pour laisser les régions exister.
    Il faut donner à chaque recteur d’académie la possibilité de se mettre en phase avec sa région. Donc il faut qu’il ait le pouvoir de se détacher de « l’éducation nationale », centralisatrice, uniforme, anonyme et sans âme…..
    Bien sûr les budgets doivent suivre….
    Là encore le modèle allemand et tous les pays scandinaves sont exemplaires car on leur donne le pouvoir de s’adapter également à leur environnement économique.
    Autre point: il faut simplifier la langue française (ce qui ne veut pas dire que l’on oublie nos grands classiques) en supprimant quelques règles désuètes (que google va nous permettre de faire de toutes façons)
    Enfin les médias doivent eux aussi apprendre la singularité et l’autonomie en cessant de penser « unique », copier-coller, se caler sans cesse sur le modèle parisien. Bref il faut qu’ils réapprennent la démocratie!
    La France et l’Europe ne s’en sortiront qu’en redonnant enfin le pouvoir aux Régions et tant que nous chercherons la solution à Paris le mammouth continuera de grossir…dans l’inefficacité!

    • Les règles désuètes : lesquelles par exemple ?

        • Intéressant votre lien, on y lit :
          « Bon nombre de personnes pensent que le français est une langue complexe avec des règles hors du temps. Pourtant, le niveau des bons élèves se maintient dans les statistiques sur 20 ans, seulement l’écart se creuse avec les élèves faibles en orthographe, dont le nombre de fautes ne fait que croître en cours de français. »
          Donc inutile de modifier des règles désuètes qui ne le sont pas, mais renforcer l’apprentissage pour les élèves qui en ont besoin.

          • @RaphSud
            Bonsoir,
            « seulement l’écart se creuse avec les élèves faibles en orthographe, dont le nombre de fautes ne fait que croître en cours de français. »
            C’est aussi ce que je constate au collège où je travaile.
            Ajoutez en plus l’apprentissage de la lecture avec la méthode globale, laquelle aggrave les cas de dyslexie, et vous obtenez des élèves qui ne comprennent rien à ce qu’ils lisent et donc ne comprennent pas ce qu’ils écrivent.
            Cesser de faire passer en CE1 des élèves qui ne savent pas lire fin C.P serait aussi une bonne idée. Idem au collège où sans avoir le niveau le passage en classe supérieure est systématique (bien que des profs tiquent un peu). Du coup, les élèves ne voient pas l’intérêt de se fouler.

    • Entièrement d’accord avec Tradition SAUF pour le point de simplifier la langue française: En effet, NOTRE langue est simple et limpide! J’admets un certain déphasage avec l’orthographe, mais facile à corriger en ……… LISANT! C’est la base. J’ai eu des professeurs qui nous soutenait cette idée, et en chair propre je l’ai vécue, et, REUSSIE! Encore faut-il avoir les bons « profs » qui induisent la lecture!!!!!! A part cela, je le répète, je suis d’accord avec tradition.

    • Pas sur qu’une formation régionale au niveau du collège soit très pertinente, les gens déménagent et apprendre l’Espagnol pour finir dans la Moselle…
      Je ne vois pas en quoi le gain qu’apporte le régionalisme à part enferrer les gens dans leur petit bled. En fait les académies ne servent à rien, ça permet juste de placer des fonctionnaires au soleil quand ils ont bien suivi les dogmes.
      Par contre laisser les établissements choisir les meilleurs moyens d’éducation et se créer des filières; mettre des examens d’entrée pour avoir des classes de niveaux permettrait de sortir de la médiocrité.
      On arrive à avoir de très bonnes grandes écoles dont le niveau n’a rien à envier à l’étranger malgré notre système passoire, alors que l’université qui n’est que la suite du système scolaire c’est autre chose. La méritocratie c’est d’abord la sélection.

  • avez vous remarque que désormais ceux qui accèdent à des postes de responsabilité font TOUT pour ne PAS avoir à prendre de décisions qu engagent leur responsabilité?
    ils mettent en place des instances qui leur disent quelles décisions prendre, et pour les plus modestes des protocoles pour tout..

    le père qui amène des ventilos à l’école de son gamin…
    le risque infime d’accident conduit la directrice a contacter l’académie et les services municipaux..et donc à ne pas utiliser les ventilos..sera sans doute mis en place un plan de lutte contre les canicules si un gamin fait un malaise..
    être responsable normalement c’est de peser les risques et les avantages et d’en accepter certains..

    la bureaucratie hait le risque…et la conséquence est qu’elle est INCAPABLE de réagir devant l’imprévu…pas de protocole…
    tout le monde a fait son boulot..

    • Ce n’est pas nouveau. « Responsable mais pas coupable » n’était pas un aveu mais bien un slogan, une revendication, voire un mode d’emploi.

      • Malheureusement, c’est vrai autant dans le public que dans le privé.
        Combien de manager ne choisissent pas le meilleur produit car il n’est pas encore populaire dans l’entre soi de leur domaine et qu’ils ne veulent pas qu’on puisse leur imputer un échec.

    • pour la bureaucratie, la procédure est tout, le résultat n’est rien.

  • l’ascenseur social n’a jamais existé.
    il s »‘agit d’un escalier qu’il faut monter étage par étage avec du travail de la constance et de la détermination..
    tout le reste c’est du bulshitt électoral..
    maintenant que l’individu paye tout  » selon ses moyens » au nom d’une égalité décrétée par une idéologie hors sol..
    pourquoi voulez vous que les gens s’accrochent a une progression sociale? pour figurer au tableau des « cons de payants »?
    non le « gaullo_ socialisme » porte en lui les germes de ses propres échecs.. avec une dictature a la clef..
    une société qui taxe ses vieux parce que les plus jeunes ne veulent pas bosser plus, n’a aucun avenir.. elle est morte

    çà n’a reussi nulle part

    • Tout à fait. Parler d’ascenseur social, illustrer cela par un panneau où il suffit d’appuyer sur le bouton de l’étage désiré pour que la machine se mette en branle et vous élève — parce que vous le valez bien ! –, c’est faire appel à une finesse et un second degré que l’on n’apprend plus dans le cursus scolaire ni sociétal. Seuls le travail, la constance et la détermination peuvent vous sortir de votre condition pour en atteindre une plus haute et plus enviable. Par défaut, on ne mérite rien, que la pitié et la honte qui devrait l’accompagner.
      En revanche, et c’est ce qu’on oublie de professer et de mettre en pratique aujourd’hui, le fruit de nos efforts doit nous être laissé pour en jouir sans contrainte, au lieu de demander à ceux qui ont grimpé des étages et des étages d’escalier de redescendre en contrepoids pour que monte l’ascenseur des assistés.

      • La confusion vient je pense de « l’ascension sociale  » pensée plus comme celle de l’ascension d’un sommet avec tout le travail et le courage nécessaire , avec le glissement paresseux vers un contresens ascension/ ascenseur . L’idiot politique/médiatique doublé de l’expertise ne pouvez que contribuer à développer cette image digne de Magritte. Pour autant l’auteur fait remarquer à juste titre que les voies belles et périlleuses ont été sabordées .

      • Récupérer un appartement dans un beau quartier parisien parce que vous avez fait pleins d’enfants ça n’est pas un ascenseur automatique qui marche ?

    • Disons qu il etait quand meme bien plus facile de s elever socialement en 1960 qu en 2019.
      J etais gamin dans les annees 60 mais je me rappelle que n importe qui pouvait trouver du travail et qu il etait facile de changer de poste (sans craindre le chomage)
      Peu de gens allaient au dela du bac, mais c etait pas un Probleme car on n exigeait pas a bac+2 pour aller travailler dans une usine

      Et comme on etait dans une Periode de forte croissance, tout le monde etait persuade que demain serait mieux qu aujourd hui et que ces enfants vivraient mieux qu eux. Aujourd hui c est l inverse .

      « une société qui taxe ses vieux parce que les plus jeunes ne veulent pas bosser plus »
      En 1960 les retraités partaient a 65 ans avec une pension de misere et avaint le bon gout de mourir a 70. Aujourd hui, nos boomers partent a 58 ans (en moyenne), sont bien plus nombreux et touchent des pensions sans comparaison avec celle de 1960. A tel point qu ele niveau de vie des retraités est superieur a celui des actifs qui les financent. Forcement a force de taxer a mort le travail, les gens ne voient pas pourquoi ils devraient travailler plus pour se faire taxer plus

      • Ca n’a peut-être pas été constant dans l’intervalle, mais il est toujours aussi facile de trouver du travail. Et si vous le prenez avec la même vigueur que vos ascendants dans les années 60, vous serez bien payé, considéré, et vous aurez le choix. Mais aujourd’hui, les jeunes ont été éduqués à attendre qu’ « on » leur propose un poste ou un emploi. Ils n’ont gardé des années 60 que l’idée qu’ils auraient le choix, sans voir que ce choix se mérite.
        A propos, « mérite » est-il un mot encore acceptable par l’Education Nationale ?

        • Vous pensez sincerement qu il est facile de trouver du travail aujourd hui en France ?
          Je veux bien qu ils y aient des faignants parmi les 3-4 millions de chomeurs mais meme avec 50 % de feignants ca fait 1.5 millions de chomeurs qui ne trouvent pas de travail

          Il y a evidement des postes qui ne trouvent pas preneur. Soit car les exigences sont impossible a trouver (j ai vu des annonces demandant une experience de 5 ans min sur une techno qui n existait pas 5 ans avant !) soit le poste est tellement mal paye qu il ne permet pas d en vivre (typiquement dans la restauration.). Qui serait stupide pour prendre un poste ou il vivra moins bien que le poste actuel (ou si chomeur un poste ou le salaire ne suffira pas a le faire vivre)

          « si vous le prenez avec la même vigueur que vos ascendants dans les années 60, vous serez bien payé, considéré, et vous aurez le choix »
          Justement non. En Periode de plein emploi, vous etes oblige de faire un effort pour garder votre personnel. En Periode de chomage, vous pouvez vous permettre « si t est pas content tu prends la porte il y en a 10 qui attendent apres ta place ». C est par ex la politique de l usine qui embauchait la totalite de la petite ville ou j ai grandi.
          Apres vous avez les delocalisations qui permettent de mettre en concurrence l employe francais, roumain ou indien. Donc on vous fera bien comprendre que vous etes bien trop cher

          Et a ca s ajoute le fait que l Etat est incapable d equilibrer son budget (donc a terme impots en hausse). Que le baby boom va faire exploser le cout des retraites et des soins medicaux. Bref les jeunes Generations auront une vie moins agreable que la notre

          • Je le pense sincèrement à partir du moment où il est ultra-difficile de trouver des employés. Vous avez essayé d’embaucher, récemment ? Et vous ne connaissez personne dans votre entourage qui ne dise « je vais d’abord profiter de mes droits, et après je chercherai » ? Quant au coût du travailleur, surtout s’il dépasse 1,6 Smic, il ne correspond en rien pour l’employeur à la loi de l’offre et de la demande. Enfin, les jeunes générations auront la vie qu’elles se construiront. Elles refusent, en France, la plupart des contreparties que nous avions aux agréments dont nous avons bénéficié. C’est leur choix, et qu’elles ne viennent pas se plaindre : un peu de sens critique leur ferait comprendre que ça n’est pas, et de loin, le seul choix possible !

            • « je vais d’abord profiter de mes droits, et après je chercherai »
              Je ne dit pas que ca n existe pas. Mais que meme si ca correspondait a 50 % des chomeurs actuels (ce qui serait deja enorme) il resterai quand meme 1.5 Millons qui cherchent sans rien trouver

              « Enfin, les jeunes générations auront la vie qu’elles se construiront » certes. Mais c est quand meme plus facile quand vous etes a une epoque d expansion economique que si vous etes dans un pays sur le declin (industriel et technique) qui fait l autruche face aux problemes (dettes, Systeme social non soutenable a long terme vu la Demographie …)

              • c’est surtout facile quand il n’existe pas une Administration qui bloque tout, contrarie toute initiative, freine toute mobilité, décourage tout effort, parasite tout.

      • vous oubliez les conditions de travail

      • cdg Changer de poste ne signifie pas s’élever socialement. Il faut progresser dans son poste, pour cela, être volontaire, travailler, apprendre, et ensuite progresser dans son entreprise ou changer mais pour un poste supérieur.
        Aujourd’hui aussi vous pouvez vous élever (plus facilement même avec toutes les mesures sur la formation professionnelle), encore faut-il se donner la peine d’apprendre.
        Poste supérieur = bien souvent plus d’implication, encore faut-il l’accepter.
        On ne demande pas bac+2 dans une usine voyons. Sauf à travailler dans les bureaux, mais certainement pas sur les machines.

    • « une société qui taxe ses vieux » : il semblait que c’était plutôt l’inverse. Mais on peut se tromper, les retraites par répartition, la SS ou les multiples réductions fiscales étant probablement des vues de l’esprit, de simples sentiments ressentis (comme les températures).

    • Bien sûr, l’ascenseur social d’antan était un ascenseur à pédales poussé quand-même par des instituteurs, pas encore « professeurs » des écoles, mais dévoués et fiers d’avoir détecté les petits prodiges plus doués que les autres qu’aujourd’hui on bride pour éviter les comparaisons humiliantes, et qui sont perdus pour la science.

  • Ouvrir les grandes écoles à tous, oui, c’est normal… Mais !!!!!!!!
    Si l’objectif est de former des directeurs et des chefs de service… des théoriciens de service oui, c’est la solution (pour continuer nos conneries) !
    Une autre solution serait de faire revaloriser les enseignements donnés dans les organismes de formation continue de faire mieux reconnaitre par les entreprises les gens qui acquièrent des diplômes après avoir mis « les mains dans le cambouis » ont réussis une formation (comme celles de l’AFPA, du CESI, du CNAM, etc.)

    • A qui les grandes écoles sont-elles ou étaient-elles fermées ? Il y a peu de structures où être prêt à payer le prix est aussi déconnecté de l’argent lui-même…

  • Et quid de la démographie ? Dans les années 50 et 60, la croissance démographique impliquait des créations de postes de travail qualifié supérieures au « stock » de jeunes issus des classes « favorisées », donc il fallait bien en recruter parmi les classes « défavorisées » (remarquez les guillemets !). Avec le ralentissement de la croissance démographique, la reproduction sociale a repris ses droits : les meilleurs postes aux héritiers. Pour les autres, rien ! Ou alors des postes techniques ultra spécialisés ouverts à ceux qui ont les capacités requises. Ils se contenteront des boulots de « merde »… La destruction programmée de l’éducation dite nationales n’est que l’adaptation par l’État du mammouth à la situation démographique dans un contexte de récession économique.

    • La démographie a une grande importance comme vous le faite remarquer, mais les décisions politiques/économiques face à celle ci en ont aggravé les conséquences …

    • En France, peut-être. Mais alors comment expliquer que ce ne soit pas le cas à l’étranger ?

      • A l’étranger ? Où ? On constate peu ou prou le même phénomène dans les pays vieux : ceux que je connais bien, Grèce, Italie, Allemagne… Par contre, au Viêt Nam, il y a des opportunités !

        • Je pensais effectivement plutôt aux pays « jeunes », ceux où parents et enseignants concourent à donner aux enfants de l’ambition et les moyens et méthodes pour assouvir cette ambition.
          Un autre point est celui de l’héritage, qui est vu dans les vieux pays comme un cadeau inéquitable que reçoivent les enfants, et dans les pays jeunes comme la satisfaction extraordinaire de donner à ceux qu’on aime et qui vont nous succéder.

  • « L’ascenseur social est en panne : oui, mais à qui la faute ? »
    La réponse est simple : c’est à cause de ceux qui occupent les étages supérieurs et ne veulent surtout pas laisser la place, et veulent la transmettre à leurs enfants.
    Comme il n’y a plus de croissance, le nombre d’étages « supérieurs » n’augmente plus, et tout est bloqué.
    Le seul véritable problème de la France, c’est que son « modèle exceptionnel… » interdit la croissance, donc bloque la société toute entière !

    • La réponse est simple : c’est à ceux qui doivent apprendre mais le refusent. A ceux qui sont en bas de l’échelle et demandent tout plein d’aides plutôt que de bosser plus (un boucher de ma connaissance bosse à plein temps + pour une société d’interim, mais au moins, il nourrit ses 3 enfants sans aides – au contraire un producteur laitier a refusé de se diversifier pour toucher les subventions).
      Car il y a des étages intermédiaires qui n’attendent que des preneurs.
      En revanche, d’accord avec vous pour le modèle exceptionnel qui bloque le pays.

  • Encore un excellent article de Nathalie M P. Souhaitons que les futurs professeurs des collèges et lycées SANS OUBLIER le primaire, augmentent non seulement les (ou la) méthode mais aussi leur niveau!

  • En fait, il y a des choses qui changent, silencieusement.

    Ce matin j’ai accompagné mon petit fils chercher au collège un document nécessaire pour aller en prépa-pro (classe de 3ème), en vue d’accéder à une formation professionnelle, en alternance ou non.
    En suivant un peu cette affaire, j’ai appris qu’une demande a été faite, suivie d’un entretien du candidat et de son père, d’une analyse du comportement et des résultats scolaires, et qu’il a été admis après sélection ( env 1 sur 3).

    Il semblerait bien que la voie professionnelle ne soit plus une de ces sorties de dégagement qu’elles étaient lorsque mes propres enfants étaient en âge…

  • J’aime bien la dissociation intragénérationnelle et intergénérationnelle dans la mobilité sociale.

    – Intergénérationnelle : dans une société où tous les individus sont scolarisés et que la classe moyenne est bien installée, elle tend vers zéro puisque l’expression des capacités se rapproche du potentiel des capacités naturelles des individus. Il y a toutefois possibilité d’inversion ou de perturbation si l’environnement sociologique, politique ou économique devient défavorable. Elle est donc structurelle avec une dynamique lente.

    – intragénérationnelle : elle permet les ajustements pour maintenir par renouvellement croisé le profil de la mobilité intergénérationnelle puisque les capacités naturelles sont inégales entre les individus. Outre des lois économiques favorables, les filières de formation doivent correspondre à l’activité économique, pragmatique et non académique.

    Mais pour cela il faut société relativement (je suis prudent) ouverte du point de vue sociologique (traditions, corporatismes), politique (pouvoir neutre et bienveillant) et économique (taxes, réglementations et normes acceptables). Ce n’est hélas pas tout à fait le cas de la France.

  • Le problème est beaucoup moins les critères d’entrée à Sciences Po. ou à l’ENA ou à n’importe quelle grande école que les modes de recrutement de la Fonction Publique ou que ses innombrables statuts. Qu’un jeune clampin, frais émoulu d’une de ces filières soit automatiquement engagé à vie au service de l’Etat sans avoir ni expérience, ni fait ses preuves d’aucune façon, qu’il puisse passer politicien après quelques mois sans avoir à démissionner de l’administration, qu’il puisse après quarante ans de politique à accumuler des retraites diverses faire procéder à une reconstitution de carrière pour toucher une retraite d’une administration où il n’aura jamais travaillé, qu’il puisse enfin, passé soixante-dix ans entrer au conseil constitutionnel (par exemple), voici quelques problèmes graves, pleins de contradictions et de conflits d’intérêts qu’il convient de résoudre bien avant de supprimer quelque école que ce soit.

  • Les commentaires sont fermés.

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Par Bernard Kron.

Certains médecins, en vous tâtant le pouls, ont une façon de vous prendre par la main qui semble tout de suite vous guider vers un monde meilleur. Paul Masson.

Les révolutions chirurgicales s’accélèrent depuis les greffes d’organes, les sutures automatiques à la fin des années 1960 et la chirurgie télévisée sans bistouri à la fin des années 1980. L’IA et le robot chirurgical annoncent peut-être des temps nouveaux. Pourtant le robot n’est en fait que le prolongement de la main du chirurgien. Il permet d’augmente... Poursuivre la lecture

Par Julien Plouchart.

On peut se demander si les initiatives et réactions des autorités françaises face à la crise du covid en apparence erratiques et contradictoires ne s’inscrivent pas en fait dans un processus de déconstruction progressive de l’essence démocratique de nos institutions et de notre société. Nous assistons de fait à la mise en place d’un autoritarisme étatique et à la fragmentation de la société.

L’atomisation de la société installée par le pouvoir permet de briser l’individu. L’identité est niée avec la déshuma... Poursuivre la lecture

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