Perdu comme un libéral dans une campagne européenne

Si le RN ne cache pas son hostilité à l’Europe et que les LR se concentrent principalement sur les questions d’identité et d’immigration, le projet de la liste conduite par Nathalie Loiseau fait des choix économiques déroutants.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Source https://unsplash.com/photos/UDleHDOhBZ8

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Perdu comme un libéral dans une campagne européenne

Publié le 18 mai 2019
- A +

Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

La construction européenne s’est traduite, dès son origine, par une ambition prioritairement économique : si le préambule du traité CEE de 1957 se conclut par une référence aux « sauvegardes de la paix et de la liberté », il envisage surtout « l’amélioration constante des conditions de vie » et « l’unité [des] économies », « grâce à une politique commerciale commune, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux ». L’Europe est d’abord un espace de libre-échange, fondé sur quatre grandes « libertés » (libre circulation des biens, services, personnes et capitaux), appuyé sur une politique de concurrence et ouvert à l’international.

De quoi séduire les libéraux.

Ceux-ci doivent dès lors être un peu perdus dans l’actuelle campagne française des élections européennes : les partis en tête des sondages (RN, LREM, LR) proposent tous dans leurs programmes de taxer les importations, réviser la politique de concurrence pour la rendre moins puissante, contrôler davantage les travailleurs détachés, stabiliser (supprimer pour le RN) Schengen, être sévères envers les migrants…

Si le RN ne cache pas son hostilité à l’Europe et que les LR se concentrent principalement sur les questions d’identité et d’immigration, le projet de la liste conduite par Nathalie Loiseau fait des choix économiques déroutants.

La matière fiscale n’y fait pas défaut. Alors qu’à la sortie de la crise des Gilets jaunes, le programme LR clame son refus de « toute nouvelle taxation des entreprises ou des ménages » (tout en renforçant les droits de douane et créant une taxe GAFA…), celui de LREM ne manque pas d’imagination et promeut des taxes diverses : sur le carbone « aux frontières », sur le transport aérien, sur les « géants du numérique », sur les transactions financières. Il ressort également l’antienne de l’harmonisation fiscale, d’autant plus facile à avancer qu’elle est illusoire, et promet de « mettre un terme à l’évasion fiscale », d’« harmoniser l’impôt sur les sociétés » et même d’instaurer un « niveau minimal d’impôt mondial » !

Pour bien utiliser ces recettes, rien de mieux que les subventions ! Les promesses de financement sont donc nombreuses. Comme LR, le parti présidentiel réaffirme son soutien à la PAC ; mais il promet aussi 15 000 euros à tous les chômeurs, 20 000 aux travailleurs « dont l’entreprise est touchée par les transformations numériques et écologiques » (sans que l’on sache comme cela sera financé) ; et s’il envisage un budget européen, c’est pour payer avec l’argent du contribuable des investissements décidés par la puissance publique.

Et comme les réglementations sociales manquaient, la liste de Nathalie Loiseau promet aussi de créer de nouveaux droits sociaux et d’instaurer un salaire minimum européen…

Étonnamment, le mot « compétitivité » n’apparaît pas une seule fois dans le texte, laissant au projet de François-Xavier Bellamy le monopole de l’appel à ce que l’Europe puisse « régler son problème de sous-compétitivité chronique ».

Alors que le Président avait au début de son mandat dessiné dans des discours importants une vision prospective et inspirée pour l’Europe, le projet de sa candidate est banalement social-démocrate, mâtiné d’un peu d’écologie. Impôts, dépenses publiques et normes sociales, le cocktail est un peu chargé…

Sur le web

Voir les commentaires (20)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (20)
  • compétitivité ? connaissent pas ce mot là …..parlez leur de taxes , de dépenses , d’argent gratuit , là ils comprennent beaucoup mieux ….

  • Hier, sans doute comme vous, j’ai reçu la paperasserie électorale (toutes ces dépenses …). Leur lecture m’a profondément déprimé et il est clair qu’un honnête libéral n’a aucun bulletin à déposer dans l’urne. Tous les programmes, tous, font assaut de protectionnisme, au minimum. Alors que faire ?

    • Il reste plusieurs options:
      1° voter pour le moins pire
      2° se présenter aux prochaines élections
      3° militer pour un des nombreux partis libéraux qui ne demandent qu’à se développer
      etc.

      • Seule votre 3e option mérite considération. Voter pour le moins pire lui permettra de se prévaloir de votre approbation sur des sujets où en fait vous ne la lui donnez pas.
        Se présenter aux prochaines élections n’a d’intérêt que si ces élections peuvent servir vos (nos) idées. Aujourd’hui, les élections ne permettent pas de promouvoir des idées (hélas!).
        Reste donc développer des partis libéraux…

      • « un des nombreux partis libéraux » … C’est bien là le problème. Il n’y a qu’à lire CP pour constater que les libéraux se déchirent en autant de chapelles que leurs adversaires d’extrême gauche, toujours sur le thème : « je suis plus authentiquement libéral que toi » et en se jetant les citations de Rothbard à la figure.

      • Il s’agit surtout de militer pour les IDEES libérales. Les partis suivront dès lors que les gens réclameront la liberté.

      • ‘Libéral’ est devenu un gros mot, une insulte. Le marketing demanderait un changement de nom… 🙁

    • Le libéralisme dans un ensemble hétérogène sur le plan du droit est largement utopique. C’est d’ailleurs pour cette raison que, de façon cohérente, ceux qui le promeuvent veulent l’unification politique. Reste un problème de taille (si l’on résout les autres, comme le refus allemand): le pouvoir de cette entité est exercé de façon non démocratique.
      Le libéralisme à l’intérieur de nos frontières est une décision nationale. Ce n’est pas la bonne election…

  • il faut aller vers les moins nocifs..
    vous voulez des impots imposés par les ayatollahs verts gérés par l’europe?
    Vous voulez une regle d’immigration européenne contre laquelle vous ne pourrez pas voter?
    vous voulez une europe sociale démocrate cornaquée par l’allemagne?
    non?
    Votez pour le RN:
    1) il s’opposera a tout çà
    2) çà fera une enclume dans la poche de macron le roi de la taxe!
    pour les prochaines élections

    Apres on verra

  • Monsieur Erwan Le Noan vous écrivez : « Si le RN ne cache pas son hostilité à l’Europe ». Arrêtez, s’il vous plaît, votre propagande anti-RN à deux balles. Le RN n’est pas hostile à l’Europe, il est hostile à l’Union Européenne QUI N’EST PAS L’EUROPE ! Que vous ne soyez pas pour le RN, bravo ! Mais de grâce cessez d’utiliser ces grosses ficelles qui ne marchent plus vraiment ! C’est cela que les Français, par millions, reprochent aussi à leurs gouvernants et aux journalistes et éditorialistes bonimenteurs !

  • L’Europe de 57 était économique. L’Europe moderne vote des restrictions anti-business et anti-industrie de la tech à tour de bras.
    C’est un vrai problème.

  • tout a fait d’accord avec vous « delors 974 »

  • « Si le RN ne cache pas son hostilité à l’Europe… »
    Il faudrait veiller à ne oas confondre « Europe » et Union Européenne ».
    Personne n’est contre une Europe unie d’une façon ou d’une autre.
    Le premier paragraphe est un bon résumé des objectifs européens présentés pour obtenir l’assentiment des peuples. Ils cachaient des objectifs politiques beaucoup moins louables.
    On peut toujours lire le livre de P. de Villiers… et bien d’autres (par exemple « cet étrange monsieur Monnet » de B. Riondel.
    On peut aussi réécouter les discours de P. Seguin en 1992 au moment du traité de Maastricht

  • J’ai examine les 34 listes des elections europeennes francaises. Aucune n’est liberale.

    La « moins pire » que j’ai trouve est une liste « gilet jaune » (c’est pour dire…) qui n’a comme programme que l’unique mise en place du RIC. (Mouvement pour l’initiative citoyenne). Il n’y a pas de vue politique, seulement le RIC (en tout cas sur leur pdf).

    Si vous en avez detecte une mieux (plus liberale), merci de me l’indiquer.

    La liste officielle des listes, avec les pdf de chaque liste.
    https://elections.interieur.gouv.fr/europeennes-2019/

  • Comme c’est une élection européenne, la seule chose qui compte c’est à quel groupe européen serait affilié le parti auquel vous allez donner votre voix.
    Or le seul groupe qui me plait un peu est le CRE.
    Manque de chance, aucun parti français n’y adhère.
    Je vais donc voter pour le moins pire et là, le choix est difficile: ils sont tous nuls.

  • Je n’ai encore reçu aucune paperasserie électorale et je me demande si je vais avoir le courage de tout lire!

  • il n y a pas de candidat libéral….pourtant il y en a 33…nous somme les derniers des mohicans

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Le Maroc est un pays dynamique, son économie est diversifiée, son système politique présente une certaine stabilité dans une région en proie à des crises à répétition. Ce pays a fait montre d’une résilience étonnante face aux chocs exogènes. La gestion remarquée de la pandémie de covid et la bonne prise en main du séisme survenu dans les environs de Marrakech sont les exemples les plus éclatants.

 

Pays dynamique

Sa diplomatie n’est pas en reste. La question du Sahara occidental, « la mère des batailles », continue à engran... Poursuivre la lecture

Les Gilets verts ont bloqué le pays avec leurs tracteurs en demandant notamment que l'on n’importe pas ce que l’on interdit en France. Leurs revendications ont également porté sur l’accès à l’eau et sur la rigueur des normes environnementales françaises, qui seraient plus exigeantes que celles de leurs concurrents.

C'est la hausse du prix du gazole agricole qui a mis le feu aux poudres, en reproduisant les mêmes effets que la taxe carbone sur tous les carburants, qui avait initié le mouvement des Gilets jaunes cinq ans plus tôt.

Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles