Par Julio Araujo, depuis le Brésil.
Partout dans le monde, les jeunes générations protestent souvent pour une plus grande intervention des gouvernements dans tous les secteurs de la vie civile. Elles demandent à l’État de réglementer strictement l’économie, la liberté d’expression, la répartition de la richesse, etc.
Leurs demandes d’intervention accrue semblent être causées par la nécessité de voir dans le gouvernement une figure paternaliste. L’idée est que l’État doit offrir une utopie à tous et que pour cela il serait légitime qu’il exerce un monopole sur la vie des individus.
Dans le roman 1984 de George Orwell, La ligue des jeunes et des espions, un groupe d’enfants et d’adolescents, dénonce tout membre de la société qui pourrait être un ennemi de l’État. Ils sont endoctrinés depuis leur plus jeune âge pour servir ce régime autoritaire, jusqu’à espionner leurs propres parents afin d’accomplir leur mission.
De même, ces jeunes pensent qu’ils œuvrent pour une plus grande cause en faisant respecter le gouvernement en tant que régulateur de tout ce qu’ils soutiennent pour atteindre un monde plus libre, plus prospère et meilleur. Les espions de 1984 travaillent pour le Grand Frère, la représentation de l’État paternaliste qui veille et contrôle tout le monde ; mais les jeunes contemporains travaillent généralement pour des mouvements révolutionnaires soutenus directement ou indirectement par plusieurs secteurs liés au gouvernement : partis, candidats, politiciens eux-mêmes, lobbies, etc.
Le danger toujours présent
Ces jeunes, généralement des étudiants universitaires, ne réalisent pas à quel point c’est dangereux. Ils ne réalisent pas non plus qu’en rejoignant ces foules, ils travaillent comme agents d’institutions autoritaires, manipulés par des individus aux intentions très louches.
Ils rejettent le fait que les démocraties les plus prospères du monde ont été fondées sur la liberté plutôt que sur le contrôle, préférant croire en des fantasmes et des théories qui n’ont jamais marché. Comme l’écrit Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme, le sujet parfait du régime totalitaire est celui qui ne distingue pas la réalité de la fiction. La fiction, cependant, cesse dès que l’on arrête d’y croire, contrairement à la réalité.
Indépendamment de l’idéologie, on sait que les pires atrocités de l’humanité ont été commises soit par le gouvernement, soit avec sa permission. Cela inclut l’esclavage, le régime nazi, le gouvernement fasciste de Mussolini en Italie, les révolutions socialistes à Cuba, l’Union soviétique et bien d’autres.
L’État a souvent été coopté par des forces indésirables. Pour cela, les luttes pour les droits civils et contre le totalitarisme ont eu leurs racines dans la destruction du régime et la limitation du pouvoir des bureaucrates sur la société. C’était l’idée première des révolutions française et américaine.
Montesquieu, philosophe français du XVIIIe siècle, a écrit son chef-d’œuvre L’esprit des lois pour aborder l’importance de limiter le gouvernement et de séparer son pouvoir en différentes institutions qui se surveilleraient mutuellement – exécutif, législatif et judiciaire.
Les principes contenus dans ce livre font partie des principaux piliers de la démocratie libérale occidentale. Montesquieu et d’autres philosophes libéraux ont joué un rôle important à travers l’Histoire pour construire une société plus libre, meilleure et démocratique. Pour eux, l’État ne doit pas être une figure paternaliste, mais uniquement un instrument utilisé pour garantir l’ordre public, dans le respect des droits civils et humains.
L’État injuste
Ces penseurs ont compris que l’État a le potentiel de devenir l’auteur de l’injustice. Ainsi, ils ne voulaient pas donner davantage de pouvoir au gouvernement, mais ils croyaient plutôt que le limiter et en être le gardien est une bien meilleure solution.
Les libéraux comprennent que le gouvernement devrait s’occuper de secteurs très spécifiques, tels que l’éducation, la sécurité et le système de santé, réglementer le moins possible pour garantir la dignité de la personne humaine et faire respecter les droits civils. Ils occupent cette position parce qu’ils sont conscients que nourrir le gouvernement peut rapidement en faire un ennemi.
Récemment, les Français ont dû faire face aux conséquences d’une grande structure bureaucratique alors que l’administration Macron commençait à augmenter les impôts et à réglementer encore plus leur vie. Cet événement les a amenés à protester contre le gouvernement et a inspiré le mouvement des Gilets jaunes. La solution à cette situation pourrait être le libéralisme.
À l’heure actuelle, il est important d’éviter de nouvelles crises. Il est fondamental de garantir les droits individuels et la prospérité de la société civile, mais cela n’est pas réalisable par une réglementation accrue. La réalité est que l’État devient souvent une institution incompétente et que le pouvoir ne devrait pas être monopolisé par lui. Il devrait appartenir aux individus.