Européennes : Marine Le Pen assure le service identitaire minimum

Le rassemblement national-populiste des Le Pen et Salvini se fait sur les bases identitaires minimales, tant les formations qui communient dans l’hostilité à l’Europe et à la crise migratoire varient largement sur d’autres questions de fond.

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Européennes : Marine Le Pen assure le service identitaire minimum

Publié le 14 mai 2019
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Par la rédaction de Contrepoints.

À moins de deux semaines des élections européennes, la présidente du Rassemblement national est en déplacement pour rallier des partenaires au sein des pays de l’Est. Après la République tchèque, où elle s’est faite un sulfureux nouvel allié, et la Bulgarie, c’est en Slovaquie qu’elle s’est déplacée hier, et ce mardi en Estonie.

Alors que la tête du Rassemblement national Jordan Bardella fait campagne en France pour rassembler les électeurs en jouant sur la corde usée du protectionnisme et de l’anti-immigration, Marine Le Pen tente de donner à l’internationale nationale-populiste une consistance a minima qui puisse permettre à sa formation de peser à l’échelle du parlement européen. La concurrence y est plus rude qu’à l’échelle nationale.

En France, les formations en compétition avec le RN, en particulier LR et LREM, semblent impuissantes à endiguer la dynamique d’extrême droite qui cherche à faire de l’élection un référendum anti-Macron, faute de programme réellement novateur.

LR ne décolle pas au-delà d’un noyau dur conservateur, tandis que la platitude de Nathalie Loiseau a obligé Emmanuel Macron et Édouard Philippe à entrer en campagne pour la soutenir.

Reste à savoir si les sondages confirmeront l’avance de la formation d’extrême droite dans les urnes. À l’échelle des formations populistes européennes, ce sont les figures de Viktor Orban et de Matteo Salvini qui sont devenues les symboles de la réaction nationaliste contre l’« Europe de Bruxelles », mettant discrètement sur la touche la présidente du RN. Plus encore, la recherche de « dédiabolisation » d’une partie des formations populistes dessine un curieux tango entre des leaders qui, pour s’assurer une crédibilité internationale, cherchent à rester à distance des eurosceptiques jugés les plus politiquement sulfureux.

Qui dédiabolise qui ?

Depuis son arrivée à la tête du Front national devenu Rassemblement national, Marine Le Pen n’a pas eu d’autre stratégie que de « normaliser » le parti en l’expurgeant de ses éléments les plus radicaux, Jean-Marie Le Pen compris. Quand elle a tenté de se rapprocher des souverainistes britanniques de UKIP, ce sont ces derniers qui ont jugé que le RN était trop à droite pour eux. Récemment, c’est au sein même de UKIP, qui s’est radicalisé contre l’Islam et l’immigration, que la scission a eu lieu. Nigel Farage a quitté le parti indépendantiste pour en créer un autre plus modéré, le Brexit Party, qui est largement en tête des sondages en Grande-Bretagne.

La présidente du Rassemblement national s’est rapprochée de Matteo Salvini pour les Européennes, mais celui-ci lui vole volontiers la vedette : sa qualité de membre du gouvernement le rend plus crédible sur la scène européenne pour nouer des contacts et des relations avec les grands leaders du national populisme européen comme Orban. On est en droit de se demander si, à son tour, Salvini ne va pas chercher à se dissocier de son allié français une fois élu pour à son tour se « notabiliser », laissant à Marine Le Pen l’immense privilège de marchander avec les groupuscules plus extrémistes du parlement.

Pour l’instant, le Rassemblement national populiste des Le Pen et Salvini se fait d’ailleurs sur les bases identitaires minimales, tant les formations, rassemblements et groupuscules qui communient dans l’hostilité à l’Europe et à la crise migratoire varient parfois très largement sur d’autres questions de fond, en particulier le rôle de l’État, l’Islam ou encore le rapport au voisin russe.

Le rejet de la politique européenne peut être un bon ticket pour gagner un maximum de sièges à une époque de défiance généralisée envers les élites et de leurs politiques publiques catastrophiques, mais cela suffit-il pour prendre des décisions en commun ? La question se pose pour toutes les formations du parlement, mais l’hétérogénéité du magma national-souverainiste pourrait garantir une désagrégation rapide une fois l’élection passée.

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  • Macron est foutu et on peut dire qu’il l’aura cherché ! MLP sera certainement une suite logique pour le remplacer mais dans tous les cas, ce sera une étape finale avant le « Grand Néant ».

    • les empires n’ont d’autre destins que l’effondrement, La france n’échappera pas au chaos

    • Macron n’est pas prêt de disparaître. je dirais même qu’il a des chances non négligeables d’être réélu. Personnellement je ne voterai pas pour lui. Il est vide , creux ,inconsistant. Ça reviendrait à opter pour quinze années de socialisme. Reste à savoir pour qui voter si on est de droite.
      Au point de vue économique. c’est assez simple il n’y aucun parti libéral toutes tendances confondues. Le LR c’est cette fausse droite qui a trahi toutes les valeurs qu’elle était sensé défendre. Il reste Dupont-Aigan, Le Pen ou alors l’abstention.

  • Meme de droite , ce parti ne serait pas frequentable ,c’est un parti de losers qui n’a pas encore compris qu’on ne peut avoir comme unique theme de rassemblement l’immigration dans une europe d’immigres ,il faut un plus et ce plus n’est certainement pas economique ,c’est un parti français,ni social ,on est au bout du bout au bord du precipice….et comme les autres partis de droite sont au meme niveau……macron a un boulevard que confirmera le scrutin prochain malgré les sondages et loiseau…

    • Je parie l’inverse, macron va manger son chapeau.
      la France est a droite (le calcul est très facile), c’est l’évidence , mais on l’achète avec des subventions et autres allocations.
      Ce temps là est terminé!
      Le contribuable ne l’admettra plus.

      • sauf que le contribuable n’a pas beaucoup de choix (en tout cas, on ne lui demande pas).

      • Savez-vous pourquoi les maires ne protestent plus contre la faiblesse de leur rémunération ? parce que Macron à fait en sorte que leur salaire brut soit désormais leur salaire net !!! ni vu, ni connu et aucun maire n’ira se plaindre et aller le dire à ses concitoyens.
        D’ailleurs, il n’y a que les comptables dans les mairies qui sont au courant : malheureusement, il y a des fuites et c’est un comptable qui me l’a avoué.
        Macron nous a encore fait un tour de passe-passe à sa façon et a « acheté » les maires.

        • Comme il a acheté les policiers au moment où ils commençaient à fraterniser avec les GJ. Comme il tente d’acheter les salariés (du moins certains) avec des primes exceptionnelles. On ne peut qu’être sidéré par autant de veulerie et d’incompétence.

    • Le fondement du parti RN n’est pas l’immigration (qui n’est qu’une conséquence), ni le nationalisme (qui est une caricature), mais le souverainisme qu’il ne faut pas confondre avec le terme précédent. La question essentielle est: les décisions politiques doivent-elles être prises au niveau national d’abord, ou déléguées à l’UE?

  • L’hostilité à l’UE n’est pas synonyme d’hostilité à l’Europe.

  • La grosse différence est que Orban et Salvini sont au pouvoir, surtout Orban, mais pas Le Pen. Si elle gagne les élections européennes, elle aura peut-être un tout petit peu de poids, mais toujours très peu.

  • Echo 14 mai 10 h 58. Que racontez-vous ? je suis maire et mon indemnité nette n’équivaut pas à l’indemnité brute. Arrêtez de dire n’importe quoi. Je ne défends pas le Président, mais seulement les maires qui risquent d’être pris à partie par cette « idiotie » d’un quelconque soi-disant comptable.

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