Brexit, élections européennes : la désillusion démocratique

L’intérêt pour les élections européennes est en berne. Le Brexit menace et le populisme guette. Contrepoints analyse et propose, en ce mois d’élections.

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Brexit, élections européennes : la désillusion démocratique

Publié le 7 mai 2019
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Par Ludovic Delory.

La longue agonie du Brexit amène à poser cette question : pourquoi est-il si difficile de quitter l’Union européenne de façon démocratique, c’est-à-dire en tenant compte des souhaits du peuple ?

Ce prochain 26 mai, les Européens auront l’opportunité de se choisir un destin. Les Français éliront 79 eurodéputés. L’enthousiasme de l’électeur constituera un critère déterminant dans la validité du scrutin. Or, ce n’est pas gagné. D’année en année, le taux de participation à ces élections a baissé en France : de 60, 71 % en 1979, il est passé à 42, 43 % en 2014.

Le désintérêt croissant des Français pour le scrutin européen est inscrit dans leurs gènes depuis bien avant le rejet du Traité de Maastricht invalidé par la bureaucratie continentale. Le non-respect de l’orthodoxie budgétaire, la disparité des richesses entre les États-membres et la scission idéologique au sein du tandem franco-allemand ont sans doute fini d’achever l’espoir d’une Europe unie et poussée, vaille que vaille, vers le progrès. La majorité des Croates, des Roumains, des Bulgares (pour ne citer qu’eux) se fiche du résultat des élections européennes. Même en Belgique, où le vote est obligatoire, un électeur sur dix ne se déplace pas. Le tableau publié par le Parlement européen est éloquent : un peu plus de 4 électeurs sur 10 prennent la peine de voter pour la reconduction du Parlement européen.

Brexit et coups de boutoir populistes

Cette désaffection se double d’une montée des populismes. En France, le Parti socialiste, autrefois souverain, est à l’agonie, tandis que le Rassemblement National de Marine Le Pen pointe en tête des sondages. Même si, à l’échelle européenne, un autre sondage promet une baisse de cette vague (rassemblée sous la bannière des ultra-conservateurs, des nationalistes et de l’extrême-droite), force est de constater le désintérêt pour les partis traditionnellement basés sur l’axe gauche-centre-droite.

Sur Contrepoints, nous avons analysé l’originalité, l’ambition et l’impuissance des tenants du Brexit pour questionner l’Europe dans ce qu’elle pouvait avoir d’anti-libéral. Sa tendance à la concentration, à l’immixtion dans la vie de chacun, ses errements diplomatiques aussi, nous ont poussé au questionnement. Et à l’investigation.

Le grand fantasme des libéraux

Parce qu’ils reconnaissent l’individu comme étant la plus petite des minorités, et parce qu’ils souhaitent défendre les droits naturels de cette infime minorité, les libéraux rejettent toute forme d’asservissement. La soumission à l’État en fait partie. Herbert Spencer, à la fin du XIX siècle, appelait de ses vœux le droit d’ignorer l’État, au nom du droit des hommes à une égale liberté.

Si chaque homme a la liberté de faire tout ce qu’il veut, pourvu qu’il n’enfreigne pas la liberté égale de quelque autre homme, alors il est libre de rompre tout rapport avec l’État, — de renoncer à sa protection et de refuser de payer pour son soutien.

De cette version radicale, l’Europe n’a cure. Elle se pose même en porte-à-faux de l’évolution du monde. Aujourd’hui, elle contrôle le format des courgettes et celui des cuvettes de WC. Quel électeur souhaiterait une telle intrusion dans sa vie privée ? Qui accepterait de se voir privé de son pouvoir décisionnel sur des questions aussi intimes que la dimension de sa chasse d’eau ?

L’intrusion permanente et non souhaitée

Ce sentiment d’intrusion percole dans l’esprit des électeurs qui finissent par s’interroger. Pourquoi, bien que situés au cœur de l’Europe, dans un environnement montagneux privé d’accès à la mer, la Suisse et le Liechtenstein parviennent-ils à devenir les champions économiques et sociaux du continent sans faire partie de l’Union ? En d’autres termes, l’avenir réside-t-il dans la décentralisation, l’émergence des micro-États, voire dans la sécession ?

Nous ne devons pas rester indifférents au fait que les petites structures défiant les colosses étatiques affichent de bien meilleurs résultats socio-économiques. C’est tellement vrai que le Seasteading Institute s’occupe à valoriser les plateformes flottantes intégrées aux eaux internationales pour échapper aux problèmes générés par la présence d’un Léviathan intrusif.

Tout au long de ce mois, Contrepoints tâchera d’identifier les causes de ces problèmes. Au regard de la crise du Brexit et de la méfiance vis-à-vis des institutions européennes, nous chercherons à comprendre pourquoi l’Europe ne fait plus rêver. Et pourquoi son évolution vers davantage d’étatisme a conduit à susciter auprès de ses citoyens une rupture de confiance inéluctable.

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  • C’est evidement une question de taille. Les dinosaures n’ont pas disparu a cause d’une catastrophe ingerable mais parceque leur cerveau etait trop loin de leurs pieds pour s’adapter rapidement.
    L’urss a implose tandis que les usa decentralisês ont prosperé.la chine n’est pas centralisee comme on le croit , l’inde non plus , l’eu , c’est trois gugus qui decident de tout et un parlement de miserables.l’ue implosera c’est obligatoire. La cuvette des toilettes ne peut pas etre identique pour un mangeur de saucisses une cuisine méditerranéenne ou la frugualite nordique. A vouloir s’occuper de tout …..

    • En même temps, comme disent certains, rien ne vous interdit, si vous êtes outillé, de bricoler pour votre propre usage une cuvette de WC aux dimensions qui vous conviennent.
      C »est seulement si vous faites profession d’en vendre que vous devez respecter les normes UE, pour que vos clients sachent où ils mettent les pieds (enfin, pas les pieds…).

      • Faut etre vraiment tres bricoleur ,tailler de la faïence n’est pas a la portee de toutes les mains, il y a le visible et l’invisible..l’invisible determine le visible !

  • évidement , si la seule chose que l’Europe et ses sbires ne proposent rien d’autres que d’être soumis à leurs nombreux et coûteux caprices , ben ça donne pas envie d’aller voter ;

  • On attribue le desinteret des Francais pour ce scrutin à l’U.E et à ses institutions mais ce n’est pas l’Europe qui fabrique l’offre politique en France. Si vous etes un peu libéral vous avez envie de voter pour les listes de guignols et de Mickey qu’on nous propose dans ce pays ? Vous avez envie de voter pour Nathalie Loiseau et sa bande de BOBI (Bourgeois Bizounours) ? Ou pour ce Francois Xavier Bellamy et sa tete de premier de la classe ?
    Ce n’est pas l’Europe qui fait leur manque de consistance c’est bien la politique ici qui nous offre tous les jours un spectacle pathétique et pitoyable. L’U.E nous offre un peu de libéralisme de temps en temps, ce petit vent nous vient d’autres pays que la religion de l’état n’ a pas encore écrasés et rendu idiots. Ne l’oublions pas.

    • Le fait est que l’offre politique en France pour ces élections n’est guère enthousiasmante…

      L’UE a des défauts, dont certains sont pointés dans l’article. Elle a aussi de grandes réussites à son actif, mais elle ne sait pas se mettre en valeur. Les politiques français se gargarisent des succès européens en s’en attribuant le mérite. Ils se défaussent de tout ce qui ne va pas en prétendant que c’est la faute à Bruxelles.

    • C’est juste, mais attention:
      Les candidats français pour lesquels on votera ne représentent pas leur parti franco-français, mais le groupe auquel ils appartiennent au parlement européen!
      Ce qui veut dire, pour ne citer que cet exemple, que voter pour le candidat Bellamy parti LR reviendrait à voter pour le groupe du PPE au parlement UE, Parti Populaire Européen qui est à fond pour plus d’Europe technocratique et fédéraliste. Les médias et politiciens français jouent à fond sur cette confusion, et se gardent bien de nous informer clairement sur les véritables tendances politiques qui s’affrontent au parlement UE.
      Il n’y a pas que des socialistes d’un côté, et des fascistes de l’autre, et si Macron insiste à font là-dessus, c’est pour empêcher qu’en France on donne des voix à des sensibilités plus libérales, qui existent encore eu parlement UE!
      En clair: informez-vous pour quel parti EUROPEEN vous votez.

      https://institutdeslibertes.org/pour-qui-allez-vous-vraiment-voter-lors-des-elections-europeennes/

  • L’Europe n’a pas été faite pour les peuples, mais pour les affaires.
    Voila d’ou vient le malentendu.
    si on se place de ce point de vue tout s’éclaire, et on peut considérer que l’économie gérant les politiques , peu ou prou, ne permet pas de faire selon le vœux des peuples , mais celui des milieux d’affaires..
    A ce titre le blocage des institutions anglaises est significatif.
    L’erreur est de croire que la democratie c’est le pouvoir du peuple,
    non la democratie c’est les politiques inféodés aux affaires ..
    rien d’autre .. tout le reste c’est du pipeau

  • Effectivement l’UE a des genes un peu plus libérales que la France. Doit on s’en plaindre ?

  • Pour la première fois je pense voter contre cette Europe technocratique incapable de parler d’une seule voix sur la scène internationale. Non, nous ne pourrons pas changer ce monstre bureaucratique et lobbyiste de l’intérieur. Il faut tout refaire par le bon bout : une volonté de l’Europe d’exister mondialement et non de s’ingérer en interne, quitte à réunir plus solidement moins de pays.

    • Le but n’a jamais été de faire une puissance européenne, mais de défaire celle des Etats européens

  • On peut comprendre le désintérêt des Européens pour les élections, vu ce qu’on fait de leur vote quand il ne va pas dans le sens européiste.
    Depuis le début, les idéologues du fédéralisme européen font avancer leur projet politique à petits pas en masquant la finalité: faire disparaître les nations.
    Éloigner la décision du terrain n’a rien de libéral. Le « populisme » – qui se veut un terme méprisant -, n’est pas autre chose que la réaction des peuples dépossédés de leur pouvoir de décision.

  • En fait, l’exemple de la cuvette des WC n’est pas très pertinent, car si l’Europe semble s’en être saisi, les normes ont été mises en place a partir de l’ère industriel dans un monde essentiellement libéral.
    C’est grâce à cela que vous pouvez, après avoir reçu un SMS de votre épouse au boulot, vous arrêter chez Bricomachin pour acheter une chasse, un rond ou tout autre mécanisme tombé en panne.
    Les filetages normalisés, les ampoules, les mesures des appareils encastrables, les barillets de serrures, tant d’exemples de normalisation qui doivent si peu aux états, mais à l’entente entre fabricants.
    L’Europe n’a fait que de la récup, et rajouté des choses stupides comme les normes des concombres, les normes réellement importantes étant déjà en place…

  • Les Stamboulotes comme les Britanniques ont mal voté ! En conséquence aucun compte ne sera tenu de leur vote.

    P.S. C’est pour leur bien.

  • Pour les élections européennes, il faut savoir à quel groupe du parlement européens tel ou tel parti français va adhérer. Nos députés voteront en fonction du groupe auquel ils appartiennent. L’institut des libertés (Charles Gave) donne quelques pistes utiles à connaître dans un récent article:
    info@institutdeslibertes.org

  • Suite à une vente immobilière, j’ai fait virer sur notre compte épargne la somme résultant de la vente. La banque au Luxembourg m’a contacté par téléphone, car elle doit connaître l’origine des fonds.
    En plus elle veut du papelard le prouvant.

    L’Europe est vraiment devenue nulle à chier, et encore, je reste modéré par rapport à ce que je pense.

  • Pourquoi ça marche pas? LERM et la gauche nous vendent une Europe des droits de l’hommisme, alors que nous voulons l’Europe du développement économique, technologique, dynamique dans un capitalisme de production maitrisé. La réduction des inégalités entre les pays à l’Est et un pôle emploi interconnecté entre les pays de l’Union.
    Une Europe forte économiquement, responsable envers ses territoires. Une liberté de circulation intra-européenne, des échanges de toutes sortes, aussi bien culturels, etc., mais des frontières solides en dehors.
    La liberté d’entreprendre et de créer oui, mais les droits individuels et communautaristes comme au Canada, non merci.

    • ce qui me flingue c’est que les candidats disent tous qu’ils vont changer l’europe.. mais Quid des autres pays? nan
      ah les clowns!

  • Encore une mascarade de démocratie à grand frais et qui sert à recaser les membres dont les partis ne veulent plus tout du moins chez nous et qui ne sert à rien puisque ce sont les commissaires non élus et à la solde des lobbys qui décident de tout.

  • 33 listes !!!! comme quoi c’est un barnum ,on se demande bien comment tout cela est financé ?

  • Petit scoop pour l’auteur : en Belgique, les élections européennes ont toujours lieu en même temps qu’un autre scrutin, donc pas moyen de séparer l’un et l’autre, donc pas moyen de savoir si c’est contre l’UE ou contre les régionales que la personne proteste en n’allant pas voter.
    Et deuxième scoop : le taux d’absentéisme pour les élections communales (municipales) est d’environ 12% : « L’absentéisme a atteint 11,65% en Wallonie lors du scrutin communal de 2018, soit un peu moins qu’en 2012 (12,2%), », alors quoi ?

    Mais ce que je me demande, c’est si ces parlementaires européens anglais vont voter des lois qui vont s’appliquer (ou pas) dans leur pays pour une toute petite période, et s’ils vont alors peser dans le débat européen dont ils ne font plus partie à terme… ce serait absurde.

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