Notre-Dame n’a pas besoin du miracle de Saint Fisc

L’incendie de Notre-Dame montre que, pour peu qu’on leur laisse un peu d’air, les initiatives privées fonctionnent plus vite et mieux que le tout-État.

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Notre-Dame n’a pas besoin du miracle de Saint Fisc

Publié le 19 avril 2019
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Par Simone Wapler.

« La dentelle de pierre de Notre-Dame vue du côté est, c’est comme entrevoir le jupon d’une jolie fille dans un coup de vent », disait mon grand-père.

Nous rebâtirons Notre-Dame parce que c’est ce que les Français attendent, parce que c’est ce que notre histoire mérite, parce que c’est notre destin profond […]. C’est notre histoire, notre littérature, notre imaginaire, le lieu où nous avons vécu tous nos grands moments […] Alors je vous le dis très solennellement ce soir : cette cathédrale nous la rebâtirons, tous ensemble, et c’est sans doute une part du destin français et le projet que nous aurons pour les années à venir.

Remarquez l’omniscience de notre président qui, le 4 février 2017, énonçait : « Il n’y a pas de culture française. » Lundi 15 avril au soir, le même sait ce que tous les Français pensent et éprouvent à propos de notre histoire, notre littérature, notre imaginaire.

Passé ces jolies phrases lyriques, il faut des sous. « Dès demain une souscription nationale sera lancée », précise Emmanuel Macron.

Une souscription nationale ? Mais personne n’a besoin du président de la République pour cela. Et pourquoi nationale et donc centralisée ? Le réflexe énarchique sans doute.

Sans attendre les lourdeurs administratives, quatre collectes de fonds sont déjà ouvertes en ligne (Notre-Dame de Paris Je t’aime sur le site Dartagnans ; Financement des réparations de Notre-Dame sur Leetchi ; Souscription nationale pour Notre-Dame de Paris sous le patronage de l’Observatoire du patrimoine religieux et en ligne sur le site Lepotcommun ; enfin, la French Heritage Society, une fondation basée à New York, a mis en ligne une page web dédiée).

Côté mécénat, Pinault via son fond Artemis annonce débloquer 100 millions d’euros. Du coup LVMH et Arnault doublent la mise et mettent 200 millions au pot.

Rappel de la petite cuisine fiscale

Pour mémoire, ces dons sont déductibles des revenus à hauteur de 66 % dans la limite de 20 % du revenu imposable et à 75 % pour les riches qui paient l’impôt sur la fortune immobilière (dans la limite de 50 000 euros).

L’ex-ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon souhaite cependant classer Notre-Dame « trésor national », ce qui permettrait de passer les déductions à 90 %. Pourquoi pas 100 % d’ailleurs : pourquoi faut-il que l’État veuille toujours prendre sa part sur tout et s’arroge le droit de classer ce qui est trésor national et ce qui ne l’est pas ?

Résumons : les contribuables à l’impôt sur le revenu auront le choix entre donner 100 à l’État ou 66 à Notre-Dame et 34 à l’État (ou 75 et 25 à l’État ou même 90 et 10 à l’État).

Rappelons que moins de la moitié des foyers paient l’impôt sur le revenu par le jeu de ce que les politiciens osent nommer « justice fiscale ».

Cet événement montre toutefois que les frais de réparation de Notre-Dame pourraient très bien se passer de la collecte nationale des fonctionnaires de la République et du miracle de Saint Fisc.

L’argent public n’est pas indispensable à tout

Le miracle de Saint Fisc transforme de l’argent privé, laid et sale, acquis en exploitant des pauvres et des faibles, en bon argent public. L’argent privé est purifié lorsqu’il est pris par les hommes de l’État et transformé par la grâce de l’eucharistie de Bercy en argent public distribué par les hommes d’État.

L’argent public est forcément bon car il est dépensé dans l’intérêt commun.

Cette manipulation des esprits portée à la hauteur d’un mythe est sans doute l’opération de subversion la plus réussie des 20 derniers siècles par les hommes de l’Etat.

L’argent privé corrompt, l’argent public soulage. C’est pourtant rigoureusement le même, mais qui s’est transformé en se bonifiant par le miracle de Saint Fisc.

(Théorie de la révolte fiscale – Enjeux et interprétation – Ou pourquoi la révolte fiscale n’aura pas lieu, Serge Schweitzer et Loïc Floury.)

Voilà qui devrait nous faire réfléchir à l’utilité et la destination de nos impôts. Il y a un patrimoine national sans l’État, de nombreux pays civilisés ont une vie culturelle sans ministère de la Culture.

Notre-Dame fut bâtie grâce à des initiatives privées et nos musées nationaux regorgent d’œuvres d’art payées en leur temps par des mécènes. Les gens ont le droit de choisir librement ce qu’ils veulent subventionner et entretenir sur leurs deniers personnels. L’État n’a pas le monopole du bon goût.

Sur 1 000 euros de dépenses publiques, 22 euros sont consacrés à la culture (hors frais de fonctionnement des musées nationaux) soit 2,5 fois plus que les infrastructures comme l’éclairage public.

Moins d’impôts, moins de dépenses publiques, cela pourrait commencer par là : la liberté de choix dans le domaine du patrimoine et de la culture qui n’ont pas besoin de l’État pour exister, vivre et se développer.

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Pour plus d’informations, c’est ici

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  • au faîte, qu’elle est le montant de l’aide du Ministère de la culture ?? Silence radio !!

    • et le vatican ? pas entendu non plus ;

    • C’est assez facile à calculer (sinon à estimer) : le bâtiment appartient à l’Etat, qui est son propre assureur.
      En conséquence les réparations sont à la charge de l’Etat. À l’exception bien sûr des sommes qui pourront être couvertes par les dons privés. Dans ces conditions je n’arrive pas à comprendre les pisse-vinaigre qui n’ont rien de mieux à faire que cracher sur « les riches qui donnent » – c’est peut-être que de la comm, ils vont peut-être récupérer une partie de leur don en avoir fiscal, mais dans tous les cas c’est 100% gagnant pour l’Etat…

  • ras le boubou de cette mascarade pour un toit qui a brûlé

    • meme pas un mort et çà pleurniche pour du pognon..
      les valeurs françaises? LE POGNON
      alors qu’on vienne pas me bassiner avec les idéaux a la mie de pain

  •  » il n’y a pas de culture française « …..sauf quand il s’agit de récupérer du pognon ; la dite culture française renaît alors de ses cendres comme par miracle ;

  • Il convient de relever, en outre, Madame Wapler, que cette cathédrale est la propriété de l’état français et qu’elle est, à ce titre, assez ironiquement, le symbole des débuts du jacobinisme dans ce pays …de même que tous ce qui lui arrive, et tous ce qui va encore lui arriver comme horreurs dans les années à venir.
    Son sort illustre parfaitement un des « biais » les plus puissants dont souffrent les bureaucraties politiques et qui les entraîne systématiquement vers cette mauvaise allocation de leurs ressources. Elles préfèrent toujours construire quelque chose de nouveau, un nouveau siège de Conseil général, un nouveau pont, une nouvelle gare etc.
    C’est toujours très cher, et souvent totalement inutile, mais très rentable électoralement. Entretenir un pont à Gênes ou une vieille cathédrale à Paris en revanche…

    Comment pourrait-il en être autrement dans cet univers dépourvu de tout système de responsabilité efficace?
    On le voit clairement ici.
    Pour éviter toute remise en cause réelle du système que pourrait/devrait engendrer un tel sinistre, nous assistons déjà à l’inévitable capture du débat sur les causes de ce sinistre par cette même bureaucratie politique, qu’annoncait déjà H16, in fine, dans son dernier billet.
    Les pompiers, dont la mission principale est de prévenir les incendies et de faire en sorte, lorsqu’ils se déclarent, d’en minimiser les conséquences, ont ici manifestement et clairement échoué sur toute la ligne: qu’à cela ne tienne, au lieu d’en virer les chefs, ont les reçoit à l’Elysée pour une séance de petits fours et d’auto congratulation. Dans ces conditions, les prochains incendies/écroulement d’un pont, etc sont déjà programmés.
    Dans la comparaison entre un système de bureaucratie politique et un système libéral et privé, c’est toujours vers celà qu’il faut revenir: dans l’un il existe un méchanisme de responsabilité et de circulation d’informations qui conduit à une efficacité relative, dans l’autre, il n’y a rien, absolument rien! Ah!, si, j’oubliais, les élections!

  • Pour paraphraser la dernière phrase, c’est l’Etat qui a besoin du patrimoine et de la culture pour inventer des postes rémunérant ses électeurs… Il va de soi que jamais l’Etat ne réduira ses prérogatives, les coquins en ont trop besoin.

    • Un ministère de la culture, spécialité européenne, est inutile. Dans les pays civilisés ce sont les citoyens eux mêmes qui financent la culture! En France il ne sert effectivement qu’à offrir des postes bien rémunérés et financer les copains!

  • « Sur 1 000 euros de dépenses publiques, 22 euros sont consacrés à la culture (hors frais de fonctionnement des musées nationaux) »
    et encore, la radio télévision d’Etat est financée aussi par ce ministère…

    • « la radio télévision d’Etat est financée aussi par ce ministère… »

      Tous deux sont financés par le con-tribuable.

      • … et l’intérêt du ministère est donc bien que le con-tribuable reste con-tribuable, ce qui influe sur la nature de la culture à répandre (ré-épandre ?).

  • Les fresques de Lascaux ont été réalisées sans aide de l’Etat ni subventions.

  • Et que dire des assurances ?

  • Taxer un don pour une cause idéaliste est une ignominie de la part d’un état sans cœur et avec reproches

  • Les commentaires sont fermés.

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