Mao et les 4 nuisibles : le génocide des moineaux en Chine

En ces temps où le capitalisme est accusé de causer des désastres écologiques, Guillaume Nicoulaud nous rappelle que Mao fut l’instigateur d’une grande campagne d’extermination de moineaux. Catastrophique pour les cultures et pour l’écosystème chinois.

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Moineau/Sparrow

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Mao et les 4 nuisibles : le génocide des moineaux en Chine

Publié le 8 avril 2019
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Par Guillaume Nicoulaud.

En 1957, alors que Mao Zedong s’apprête à lancer son Grand Bond en Avant, la plupart des récalcitrants sont désormais sous bonne garde (ou morts) mais il reste encore des ennemis du peuple à éliminer : les quatre nuisibles.

C’est ainsi que commence le thread de Guillaume Nicoulaud, destiné à rappeler la catastrophe que constitua, dans la Chine du début des années 1960, la « campagne des 4 nuisibles« .

Planifier l’économie était l’une des grandes ambitions des initiateurs du Grand Bond en avant. Dès 1949, Mao Zedong déclarait1 :

Après l’anéantissement des ennemis armés, il y aura encore des ennemis non armés ; ceux-ci ne manqueront pas de mener contre nous une lutte à mort ; nous ne devons jamais les sous-estimer.

Le grand Timonier pensait-il alors déjà aux insectes et oiseaux parsemant les campagnes ? La collectivisation des terres, assez bien acceptée par les paysans chinois dès 1955, incita Mao à préciser les objectifs du Grand Bond. En 1958, l’éradication des « quatre nuisibles » fut déclarée.

Les exterminations portèrent leurs fruits. Dans un premier temps.

L’extermination de moineaux mangeurs de grains fit proliférer les parasites. Car oui — découverte tardive des penseurs socialistes —, les moineaux mangent aussi des insectes.

Cette purge ne constitue pas à elle seule une explication de la grande famine. Le Livre noir du communisme2 nous éclaire :

Les raisons du drame sont également techniques. Certaines méthodes agronomiques tout droit venues de l’académicien soviétique Lyssenko, et reposant sur la négation volontariste de la génétique, ont valeur de dogme en Chine autant que chez le Grand Frère.

En cette époque tragique, des dizaines de milliers de Chinois perdent en outre la vie sur les chantiers d’ouvrages hydrauliques lancés dans la précipitation. Les petites activités agricoles sont ruinées, tandis que les paysans n’ont même plus la force de récolter, trop occupés qu’ils sont à des tâches industrielles ambitieuses. Entre 1957 et 1960, la population non agricole passe de 15% à 20 % du total. Et l’État, instigateur de ces grands travaux, est incapable de les nourrir3.

Selon les historiens, le Grand Bond aurait causé la mort de 30 à 55 millions de Chinois. Sans compter les moineaux.

___

Passionné par l’économie et par les petites histoires de la grande Histoire ? Les threads de Guillaume Nicoulaud sont à suivre ici.

  1. Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois, 5 mars 1949.
  2. Le livre noir du communisme, Éd. Robert Laffont, 1997, p. 523.
  3. Pour des informations plus détaillées sur la famine consécutive au Grand Bond : Jasper Becker, Hungry Ghosts : China’s Secret Famine, Londres, John Murray, 1996.
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  • Macron pense comme cela également. Taxons le lait et l’essence pour augmenter le pouvoir d’achat. ?! 😉

  • Mao : le pire cinglé de l’Histoire. Et non encore éradiqué.

  • Logique Etatique Française. L’Etat c’est le BIEN public. Plus l’Etat dépense, plus il fait du BIEN au public. Par conséquent il est logique de prendre l’argent du peuple qui ne sait pas comment le dépenser pour son bien être. Si le Français devenait le moineau et qu’il mangeait subitement les graines de l’Etat en dépensant mal son argent…l’Etat n’hésiterait pas un instant. Maintenant je ne comprends pas nos élus qui détruisent les moineaux et les graines « en même temps ». Veulent ils l’euthanasie du BIEN public. C’est évident maintenant l’Etat et l’administration font des expériences empiriques sur le petit peuple et le résultat est catastrophique. Au lieu de changer le logiciel défectueux on en rajoute des couches. Continuer ainsi dans l’erreur est effectivement de la folie. La supporter sans réagir est du SM.

  • Nous on construit des éoliennes pour tuer les moineaux.
    Dans 30 ans, ça fera comme les fours à fondre le métal en chine des ruines rouillées d’une gabegie d’état.

  • ce type de réaction est bien décrite dans « j’ai choisi la liberté » de Kravchenko.

  • C’est une spécialité des étatistes d’inventer des ennemis…

  • On comprend bien l’absurdité de l’histoire parce que c’étaient des moineaux. Mais si c’était un mec avec 3 consonnes de plus dans son nom et de riches aigles plutôt que des moineaux, qui y verrait un mal ?

  • Excellent rappel du négationnisme Gocho. Malheureusement Hamon, Poutou, Mélenchon, Besancenot , Glucksman et tout leurs camarades ne lisent pas contrepoints.
    J’ai du vendre ma voiture pour m’acheter du carburant !

  • Excellent rappel du délire qu’était le « socialisme réel ». Malheureusement, il est toujours à l’œuvre aujourd’hui à partir du détournement des statistiques et de raisonnements biaisés fondés uniquement sur des mesures. ces nombres issus des mesures deviennent pour tous les planistes, la réalité. cette confusion est à l’origine de tous les désastres écologiques, économiques et sociaux (Cf. aussi la mer d’Aral), comme ceux vers lesquels nous entraînent les Khmers verts avec leur pseudo « dérèglement climatique » par exemple.

  • Le moineau mangeur d’insectes……hum , realite ou legende ?
    Des mangeurs d’insectes , des vrais sont les crapauds et les chauve-souris…il y a bien les hirondelles pour les pucerons..mais l’essentiel sont les deux que j’ai cite….. estce bien les moineaux que chassait mao , pas plutot les etourneaux de vrais ravageurs de cultures ..avec les sauterelles ?
    Interesssant malgre tout j’ai compris pourquoi Mao envoyait les intellectuels au champs et les paysans en usine , grosse tete mais il ne pouvait pas connaître toutes les consequences de ses actes…on a pas mal de Mao en france a la tete de l’etat !

  • Mao.? cet Abruti, boucher sanguinaire de son peuple, pire que Hitler n’a jamais fait « dans la dentelle » avec n’importe quel motif.

  • Mao.? C’est Hitler en pire, assassin et boucher de son peuple. Alors avec son cerveau ramolli pouvait-il penser à l’utilité des oiseaux.

  • lire dans:
    Arizona Dream l’Ouest Americain.
    taper ce tire dans votre moteur e recherche pas de probléme.
    la reintroduction du loup dans le parc de Yellowstone dans le Wyoming ; la plus positive réalisation pour l’ecosystéme et l’écologie avec la réapparition de faune et de flore disparus depuis des décennies, article argumenté , et precis, a lire , donnant une idée d’une écologie intelligente !
    pas comme nos verts et LREM qui ne font que de l’ écologie politique sectaire , loin de toute réalité et de toute science exacte !

  • Comme quoi faut pas jouer avec la Nature, ça a des conséquences parfois insoupçonnées (ou évidentes), j’espère que ceux qui imaginent que l’Homme contrôle la Nature pour la mettre à son service liront cet article. Un contributeur ici avait écrit qu’il souhaitait que chaque espèce soit évaluée selon son « utilité » et classée comme devant être protégée ou pas.
    Mais sinon quel est le but de cet article ? Excuser le capitalisme en montrant que le communisme a fait des (grosses) bêtises dans le domaine environnementale ? Ce ne serait pas un tout petit peu ridicule ?

    • Effectivement on ne comprend pas bien l’intérêt de cet article en dehors de celui de narrer cette anecdote historique. On pourrait aussi bien ajouter que la Chine est toujours communiste d’où son admirable respect de l’environnement. Si elle était capitaliste ça serait forcement mieux.

      • La Chine est capitaliste sur de nombreux points. Et elle prend des mesures assez drastiques contre la pollution car elle voit que ce n’est pas tenable. Et elle le fait à sa manière un chouia dictatoriale

    • non ..on peut joer avec la nature et on le fait depuis longtemps..
      ce qui fait mal est ne pas tenir compte de la réalité..
      le respect inconditionnelle de la nature relève du même type de comportement que ce délire ..

      marre de ces andouilles qui me rappelle tout le temps que la nature est complexe et que donc..je ne peux RIEN faire… la « nature » n’existe plus en France depuis longtemps…et ce n’est pourtant pas la catastrophe..

      prenons un peu de recul, rappelons nous pare exemple le pognon qui fut englouti pour sauver la collerpa taxifolia avec les interventions et les conseils à la con d’Écologistes concernés… et le pognon dépensé pour que des andouilles aient le plaisir de voir des loups à nouveau…

      • @Jacques Lemiere, Vous avez bien raison mais malheureusement l’ignorance, le matraquage et les croyances ont eu raison ces dernières années de l’histoire des plantes et des paysages et de l’archéologie ou de l’ethnobiologie.
        « La nature n’existe pas, partout sur la planète, elle est une fabrication humaine » dixit Henry Chamussy, géographe français du XXème siècle, spécialiste de l’histoire des paysages (entre autres).
        Tiens prenez le pommier, arbre fruitier très commun en France et un des fruits les plus consommés de la planète. Il vient d’Asie Centrale. Il apparait transporté par des « envahisseurs » vers 4000-3000 avant JC en Europe. Les européens l’emmèneront en Amérique et un peu partout. Les multiples variétés résultent des sélections humaines millénaires ou plus récentes. Allez expliquer cela à un « croyant » en la nature…….

      • la « nature » n’existe plus en France

        Voire!
        La nature humaine existe toujours et elle n’a pas changé depuis Cro-Magnon.

    • Ce qui est ridicule, c’est de comparer un régime juridique avec une idéologie réactionnaire.

  • Comme référence sur la grande famine, on peut lire aussi : Stèles.
    https://www.amazon.fr/St%C3%A8les-Grande-Famine-Chine-1958-1961/dp/2021030156

  • @Tricky, c’est ne pas connaître notre oiseau qui a écrit l’article. Mon avis est qu’il y a un 2/2 pour nous achever d’un coup de pelle derrière la nuque. Il est joueur…avec nos nerfs.

  • Voila ce qui passe quand on met l’agriculture dans les mains des fonctionnaires qui font de l’agriculture dans les livres

  • Qu’on aime ou pas Mao (je ne l’aime pas) il faudrait en finir avec la mythologie croissante de la biodiversité, mot fabriqué de toutes pièces par les primo-écologistes de la fin des années 80.
    Si nous continuons avec ces fadaises, nous fonçons vers des famines planétaires inimaginables pour les ventres bien nourris des villes.
    Non, les systèmes agraires du passé, ceux qui ont permis à nos ancêtres de survivre, (difficilement) pendant des siècles, avant l’avénement de l’agriculture intensive et industrielle qui nous a offert l’abondance, ces systèmes ne laissaient aucune part à la bio diversité.
    Les univers agricoles du passé étaient intensément et inlassablement travaillés et hautement contrôlés et on y pourchassait sans répit, tout ce qui, insectes ou animal, menaçait les récoltes. C’était une question de survie, tout simplement.
    Le mythe d’une nature bonne qu’il faudrait laisser vierge et libre apparait en Occident vers le XVIIIème siècle avec des penseurs comme Rousseau, dont je pense qu’il n’a jamais travaillé la terre pour se nourrir. Le mythe continuera ensuite sa diffusion dans les milieux intellectuels Occidentaux pour atteindre son apogée actuellement, toujours à 99% véhiculé par des gens des villes qui ne survivraient pas 1 mois sans leur supermarché ou leur magasin bio.
    Lorsque je suivais (dans mon cursus) des études d’histoire des systèmes agraires dans le monde, début des années 80, le concept de biodiversité était totalement inconnu.
    Toutes les études des systèmes agraires à l’époque, qu’ils soient des années 80 ou du passé jusqu’au néolithique, de l’Asie du sud est, d’Europe ou d’Afrique, expliquaient les luttes incessantes de l’homme contre la nature et pour sa survie.
    Et pour moi, qui ait passé une moitié de ma vie à cultiver la terre et à m’en nourrir (avec un vrai métier rémunérateur à côté heureusement !), je peux vous dire que les petits oiseaux et les insectes qu’il faut tous protéger, cela me hérisse. Je n’ai pourtant rien contre une agriculture dite raisonnée.
    Pour la petite histoire, j’ai un livre sur les insectes nuisibles et ceux utiles au jardin, car j’ai testé ces 40 dernières années bien des solutions aussi saines que possible. Mon livre fait à peu près 100 pages sur les insectes nuisibles et 15 pages sur les insectes utiles. Tout est dit.
    Quand aux oiseaux, que j’apprécie beaucoup s’ils ne vont pas sur mes récoltes, lorsque je vivais en région parisienne, leurs nuisances me furent résolues en quelques années lorsque des bobos écolos ont commencé à proliférer dans des pavillons autour de chez moi. Soit dit en passant, une catastrophe réelle, toutes ces bonnes terres agraires qu’on a livré à l’urbanisation !
    Tous ces bobos des villes, presque, arrivaient avec 1 ou 2 chats. Ce fut une hécatombe d’oiseaux, toutes les nuits, la fenêtre ouverte on entendait les massacres dans les haies et les arbres. Parfois, je me levais pour les chasser, mais je travaillais le lendemain et ne pouvais rester dehors toute la nuit. Exit les merles, les mésanges, les chardonnerets, les rouge-queue, etc….. Ont survécu les moineaux inaccessibles aux chats parce que logeant dans les rebords de tuiles sous les toits. Comme les moineaux ne vont pas manger dans les potagers, sauf les feuilles de salade quand ils ont soif, ils ne me souciaient pas.
    Mais quel massacre ce fut. Et impossible d’en discuter avec ces gens des villes, c’est pas vrai, c’est jamais leur chat !

    • @kassy
      Bonsoir,
      La fin de votre commentaire me rappelle un programme TV sur la vie des chats et l’ignorance de leurs maîtres, ainsi que la mienne. Je savais déjà que les chats étaient de fins chasseurs, mais pas autant que ce que le programme avait montré.
      Un chat en particulier a fait halluciner ses maîtres : il a été qualifié de « tueur en série » dans l’émission. Il a attappé beaucoup d’oiseaux, des rongeurs aussi, et une taupe, ce qui constitue un exploit. (Ma chienne en a croqué deux l’année dernière).
      J’ai aussi fait la connaissance d’un chat ayant élu domicile chez quelqu’un. Il acceptait les caresses, la nourriture, et faisait sa vie dehors. Il a ramené, en trophée, un lapin aussi gros que lui, et ce chat était conséquent. Le lapin était délicieux.

    • L’argument de la biodiversité des espèces vient de ce que c’est un ingrédient nécessaire à l’évolution sans lequel la vie en serait restée au stade des organismes monocellulaires.
      Maintenant, on peut le détourner et lui faire dire ce qu’on veut en fonction de ce qu’on croit être son intérêt immédiat.

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