États-Unis, Europe, Chine, Japon : quel leader industriel ?

Qui domine dans la compétition mondiale industrielle ? Décryptage.

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États-Unis, Europe, Chine, Japon : quel leader industriel ?

Publié le 8 mars 2019
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Par Alexandre Mirlicourtois.
Un article de Xerfi Canal

Il existe un véritable match pour la suprématie industrielle dans le monde entre l’Europe, les États-Unis, le Japon et la Chine et la guerre commerciale est l’un de ses avatars. Car les relations se sont tendues 17 ans après l’entrée fracassante de la Chine dans l’OMC. Une entrée qui a spectaculairement modifié la géographie industrielle mondiale.

Le premier point de bascule, c’est 2007, année où la Chine avec une valeur ajoutée industrielle de 1 150 milliards de dollars passe devant le Japon. C’est ensuite 2010, où l’industrie de l’Empire du Milieu éclipse celle des États-Unis et se rapproche du seuil symbolique des 2000 milliards de dollars de richesse créées. C’est enfin, deux ans plus tard, l’Union européenne qui est débordée.

La Chine prend alors la place de numéro 1 industriel, place qu’elle occupe toujours aujourd’hui et qu’elle a confortée au fil du temps. Les produits industriels chinois représentent désormais 26 % de la production totale de la planète. L’Union Européenne se situe en deuxième position avec 19,3 % et devance de près de deux points les États-Unis. Un cran plus bas le Japon est distancé et ferme la marche avec 8,4 % de la richesse industrielle générée.

 

La Chine et son puissant marché domestique

A priori le match est plié. Ce classement mérite cependant d’être nuancé, car les masses en présence sont en partie le reflet de la puissance du marché domestique dont bénéficie en premier chef les industriels locaux : la Chine c’est 26 % de valeur ajoutée mondiale, mais aussi près de 19 % de la population du monde.

À l’autre bout du spectre, le Japon ne produit peut-être que 8,4 % de la valeur ajoutée manufacturière, mais avec en face une population japonaise qui représente moins de 2 % de la population mondiale. Autant dire que le rapport n’est pas le même. C’est bien pourquoi, si l’on considère la production industrielle par habitant, la donne change complètement.

Les 1,4 milliard de Chinois produisent moins de 2550 dollars de valeur ajoutée manufacturière par tête. Les Européens le double avec près de 5000 dollars, les Américains encore plus, jusqu’aux Japonais où la barre des 8000 dollars est dépassée, c’est plus de trois fois plus et si la Corée, autre grande puissance industrielle, avait été ajoutée elle serait encore plus haut.

Pour éviter les biais liés à la diversité des structures démographiques et productives de chacun des pays, la valeur ajoutée générée dans l’industrie au sens large (c’est-à-dire y compris la construction) rapportée cette fois ci aux nombres d’employés dans l’industrie (autrement dit la productivité), permet d’affiner le diagnostic. Les écarts varient alors du simple au quintuple entre la Chine et les États-Unis, en passant par du simple au triple avec l’Union européenne.

 

Le Japon remporte la partie

Visiblement la Chine ne boxe pas encore dans la même catégorie que les autres grandes puissances industrielles en termes d’intensité technologique et de niveau de gamme. La densité de robots industriels en est l’illustration. Le taux de robotisation d’un pays s’explique en partie par des facteurs sectoriels, car les robots sont davantage présents dans les branches à haute intensité en technologies. Or, avec 68 robots pour 10 000 emplois industriels, la Chine se situe en dessous de la moyenne mondiale.

Loin derrière les principales économies européennes, les États-Unis, le Japon ou la Corée sont tout en haut du classement. Mais tout va vite avec la Chine, et l’essor de la densité de robots y est la plus dynamique au monde. Si la première puissance économique asiatique n’occupe que le 23e rang mondial, le gouvernement a l’ambition de faire entrer son économie dans le top 10 des nations les plus automatisées au monde d’ici 2020.

Ultime juge de paix, les performances extérieures mesurées par le ratio de couverture, c’est-à-dire le rapport entre les exports et les imports de biens ; inférieur à 100, il témoigne d’un commerce extérieur archi-déficitaire aux États-Unis. L’Union européenne est légèrement excédentaire, puis cela va crescendo jusqu’à la Chine avec un repositionnement du bas de gamme (essentiellement dans les biens de consommation de la filière du textile) au profit du haut de gamme (principalement les biens d’équipement de la filière électronique).

À y regarder de plus près, c’est finalement le Japon qui remporte la partie. Le match est plus équilibré ensuite entre les États-Unis et l’Union européenne, et si la Chine ne fait pas encore totalement partie de la même division, elle pourrait assez vite bousculer les positions.

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  • Peut on aussi parler des manipulations sur ces marchés avec des quotas, des règles avantageant énormément les chinois avec la transmission de brevets, la manipulation de monnaie, l’injection massive d’argent frais pour des investissements aussi colossaux qu’inutiles (villes fantômes en Chine)?

  • Les commentaires sont fermés.

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