Parler le langage des Internets : le cas Joachim Son-Forget

Le député ex-La République En Marche a fait exploser les scores sur internet, et a largué les journalistes mainstream.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Parler le langage des Internets : le cas Joachim Son-Forget

Publié le 5 mars 2019
- A +

Par Dern.

Joachim Son-Forget a été élu dans la circonscription des Français de l’étranger de Suisse et Liechtenstein en 2017. Joachim Son-Forget est né Coréen, adopté par un couple français, et est devenu radiologue en Suisse après ses études à Lausanne. C’est un talentueux claveciniste, et un passionné du tir en salle.

Mais au-delà de tout, il est un esprit libre, ainsi qu’il l’a prouvé la veille de Noël en remettant la très distinguée (non) député Esther Benbassa à sa place.

La député Benbassa avait tweeté, se sentant immunisée par son appartenance au club du Bien : « Brigitte Macron déplore la #violence et la #vulgarité des Gilets jaunes. Ce n’est donc pas violent, la pauvreté ? Et elle n’est pas violente, l’arrogance aux dents blanches des riches et des puissants ? ».

Devant ce jugement à l’emporte-pièce concernant le physique de Brigitte Macron, Joachim Son-Forget rétorque : « Avec le pot de maquillage que vous vous mettez sur la tête, vous incarnez plus que jamais ce que vous tentez maladroitement de caricaturer. Vous le sentez, l’amalgame violent, maintenant ? ».

 

Le ton est monté très rapidement ensuite : la direction de LaRem convoque Son-Forget, qui leur explique que c’est pas de chance, mais leur lettre va finir au feu, et de toute façon il avait bonhomme de neige ce jour-là.

S’en est suivi un emballement autour du compte twitter du député, dont le compte est passé de 6000 à 42 000 followers en une nuit. Son-Forget aligne les tweets à base d’émojis, ceux où il se représente avec une perruque de Dragon Ball Z, ceux où il arbore l’écharpe de Gryffondor, une peluche d’Hedwige fièrement brandie…

10 points pour Gryffondor

 

Il enchaîne les références geeks et les délires, il interagit avec ses followers… Bref, une nuit magique mais banale pour Internet, un décollage express sur Jupiter pour l’élite de notre pays.

 

La presse larguée

La presse mainstream, comme le reste de la classe politique, est totalement larguée par la verve et le franc-parler du jeune député.

« En roue libre » par L’Opinion

« Nuit irréelle » pour L’Express

« Roi des Trolls » et « autodestruction politique » par Le Point, qui ne comprend ni la liberté de ton ni le succès engrangé par Son-Forget lors de cet épisode

« Invraisemblable craquage » pour La Dépêche

« Parti très loin » et preuve qu’il y a « des cons partout » pour le Grand Oral

Même Konbini, temple de la bien-pensance qui se veut branché et représentatif des geeks en ligne, semble largué face à ce phénomène Internet.

« Vous ne pensez-pas que ça décrédibilise la politique ? demande, surpris, Hugo Clément,
– Non au contraire, ça ramène des jeunes ! explique JSF avec amusement. »

Loin de décrédibiliser la politique auprès des jeunes, Son-Forget ramène de la fraîcheur dans un débat politique engoncé qui n’intéresse plus personne. C’est bien plus crédible que les tentatives pénibles du gouvernement pour avoir l’air jeune en allant passer leur Grand Oral sur Twitch, ou l’échec mou, gras et pitoyable du Parlement européen de se rendre cool en exhibant ses mascottes mi-pirates mi-super héros et re-mi-taupe derrière, amenant la Loi de Poe à un niveau jusqu’alors inconnu.

Son impertinence de ton fait tache dans un milieu ouaté. Son-Forget a compris comment fonctionne la communication sur Internet, et plus largement au sein de la jeunesse et du monde moderne – peut-être parce qu’il en est lui-même issu. Les images des mèmes qu’il poste sont mal montées, irrévérencieuses, complétées au Paint, moches et drôles, incluant des références pop ou historiques (ainsi qu’il l’assume, il défend la culture française de Diderot à Booba).

Redpill Ur Twitter

La parole en ligne

Au-delà de son logiciel politique, auquel on est libre d’adhérer ou non, c’est bien le mode opératoire du jeune homme dont il est question.

Il tweete comme n’importe quelle personne de sa génération, non-issue du sérail politique mais de la société civile, qui a intégré la culture pop et geek. En tant qu’humains, on interprète comme fiable une personne ayant les mêmes codes d’expression que nous. Matrix, Harry Potter, sont des références acquises et non des mots de bingo à placer pour faire genre.

Les collages d’affiche ou le démarchage sur les marchés de village ne parlent plus à notre génération. Aujourd’hui, à l’heure où les Français n’ont jamais tenu leurs journalistes ou politiciens en si basse estime, ce vent de liberté soutenu par une lame de fond venant d’internet est un signe encourageant, mais encore trop rare.

Le gouvernemaman n’étant jamais loin lorsqu’il y a une bonne initiative à censurer, on compte sur la Team Progrès pour faire le ménage sous peu. L’équipe de Geek Me Right vous fera bientôt un topo sur le projet de directive européenne sur les droits d’auteur.

 

Et Maintenant ?

Joachim Son-Forget, vous avez l’œil attentif d’Internet. Nous avons compris que vous ne vous payez pas notre tronche avec nos impôts (contrairement au gouvernemaman qui l’officialise), on sait que vous savez et vous savez qu’on sait.

Bien. Maintenant qu’on se comprend, qu’on parle le même langage, la balle est dans votre camp. Qu’allez-vous faire pour ce public jeune et biberonné à la culture geek ?

En tant que député, quelles seront vos démarches pour promouvoir la liberté si chère à Internet ? Allez-vous défendre Julian Assange ? Vous engager pour booster l’eSport français ? Pour la NetNeutrality ? Les logiciels Open Source ?

Allez-vous garantir sur Internet la même liberté que celle que vous avez l’audace de prendre ?  

Sur le web

Voir les commentaires (23)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (23)
  • Mouarf….La vie politique, si elle ne concerne que la bonne gestion du régalien, est plutôt une activité austère et rigoureuse. Ce genre de clown finalement ne fait que nous en éloigner.

  • Une souris verte
    (chanson enfantine)

    Une souris verte
    Qui courait dans l’herbe
    Je l’attrape par la queue,
    Je la montre à ces messieurs
    Ces messieurs me disent :
    Trempez-la dans l’huile,
    Trempez-la dans l’eau,
    Ça fera un escargot
    Tout chaud.

    • A tous ceux qui ont bien voulu « noter » mes commentaires, j’adresse un grand merci. Curieusement des « paramètres » avaient « disparu » de mon écran. Votre intervention a pu, visiblement (c’est bien le cas de le dire) remettre les choses à l’endroit. C’est pourquoi, j’ai posté une chanson enfantine. Celle-ci a l’air banale, mais elle ne l’est pas. La « souris verte » est M. Macro. (alias Macron) qui court « dans l’herbe », à travers champ, pour « battre campagne » (nous sommes en permanence en campagne électorale, avec lui. Il y avait sous de Gaulle le supposé « Coup d’Etat permanent », avec lui c’est « Coups et les coûts de l’Etat permanents ». Personne pour lui dire de cesser ses parades, ses « moulinades » et ses monologues grotesques et insipides, lui et ses complices européistes sévissant en France singulièrement et dans toute l’UE généralement, depuis 4 à 5 décennies, ont fini par mettre dans le fossé la France en général et l’agriculture en particulier. Nous devrions l’attraper par la « langue » (pour le « punir » par là où il pèche le plus), lui mettre la main dans le cambouis (l’huile), ensuite le laver « plus blanc que blanc », afin d’en faire un « escargot » qui court et monologue moins et s’occupe lentement et sûrement du (vrai) bien-être de ses « compatriotes » au lieu de les gruger et tondre comme il ne cesse de le faire.

  • Est-ce que Contrepoints voudra bien m’expliquer pourquoi mes commentaires d’articles ne peuvent que recevoir de « réponse » et non pas de « note + ou -« . Je le remercie infiniment. Cordialement avec mes encouragements et mes pensées les meilleurs

  • Joachim Son-Forget n’est pas un génie, sinon il ne ferait pas : « Député en Marche ». Mais si il a fait une chose de bien, c’est d’avoir Mouché la « Ben Bassette » !

  • Jsf est socialiste (ex PS, a soutenu Hollande, etc…). Je ne vois pas comment il pourrait promouvoir la liberte…

  • OK JSF a compris la culture geek, le buzz, etc, il ira loin…
    A-t-il une vision politique claire, une colonne vertébrale idéologique (quelle qu’elle soit), pas sûr. On reste donc au niveau des hommes politiques de la génération précédente, il ne faut plus serrer des paluches, il faut tweeter.
    M’est avis que le résultat sera le même.

  • Nous ne mangeons pas les mêmes rillettes #BordeauChesnel #Zavatta #Popov #Chocolat

    • Vous ne trouvez pas qu’il y a une certaine analogie entre les hashtags partout et l’écriture inclusive ?

      • Je ne sais pas si c’est très inclusif de la part de l’auteur d’écrire LES Internet.s pour LE réseau des réseaux et de l’écrire tantôt avec un « i » minuscule, tantôt avec un « I » majuscule comme c’est l’usage. Sinon les hashtags il peut se les mettre la où je pense, mais ça doit gratter un peu.

  • « Et bien quand le turion d’une asperge verte… »

    Eh bien, bon sang, pas « Et bien ». ‘Et bien’ n’a aucun sens en français, c’est Eh, avec un ‘h’ :
    Eh bien, ma chère, quelle réussite !
    Eh bien, mon ami, quel désastre !
    Eh bien vous alors, quel culot !
    Etc., etc.

    Même si ‘Et bien’ est écrit partout par les semi-analphabètes dans son genre, ça ne veut rien dire.

    « il défend la culture française de Diderot à Booba »…
    Mdr, plutôt Booba.

  • Si ce type faisait grosso modo la même chose mais avec le malheur d’être pro-Macron etc, il se ferait guillotiner ici avec des commentaires style « ce bouffon essaye de faire jeune et est payé avec nos impôts ». Double standard.
    Sinon ben… il fait sa pub comme il veut, mais à quel moment il devient sérieux et constructif ? Parce que c’est quand même ça son job nan ?

  • youpi un djeun en politique qui maitrise les outils internet….sûr que ça va tout changer..de mon point de vue ce mec a quand même un sacré pet au casque et vous m’avez achevé « il défend la culture française de Diderot à Booba » …au moins cet allumé a quand même bien choisi son camp lrem…que des burnes autour de micron.

  • « Pour la NetNeutrality ? » Vous voulez dire la combattre, n’est-ce pas?

  • Comme quoi la République l’a échappé belle ,elle aurait pu élire un clown comme président….qu’attend t on pour supprimer ces élus de pacotilles ces fuyards de notre enfer fiscal ?
    M’enfin ,celui là est rigolo et ne se prend pas au sérieux,5 ans a vivre a nos frais….cool.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nommé ministre du logement jeudi 8 février, Guillaume Kasbarian avait accordé un entretien à Contrepoints en novembre dernier en tant que député Renaissance de la première circonscription d'Eure-et-Loir et président de la Commission des affaires économiques.

 

Contrepoints : Bonjour Monsieur le Député, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas, pourriez-vous nous parler de votre parcours et nous raconter ce qui vous a amené à vous engager en politique et à ... Poursuivre la lecture

Aujourd'hui 20 novembre, le septennat fête ses 150 ans. Bien qu'il ait été remplacé depuis plus de vingt ans par le quinquennat, il suscite toujours des nostalgies. Or, l'idée singulière de confier le pouvoir à quelqu'un pendant sept ans, ce qui est long dans une démocratie, est le résultat d'une loi conçue comme provisoire. Un provisoire qui devait durer 127 ans !

L'adoption du quinquennat en 2000 a pourtant laissé des inconsolables du septennat si on en juge par des propositions récurrentes de le rétablir sous la forme d'un mandat pr... Poursuivre la lecture

« Que d'eau, que d'eau ! »

C'est l'exclamation attribuée au président Patrice de Mac-Mahon à la vue de la crue historique de la Garonne, à Toulouse, le 26 juin 1875.

« Que d'air, que d'air ! » brassé à l'Assemblée nationale au sujet de l'eau et des « mégabassines », pourrait-on dire aujourd'hui.

Les dépressions – au sens météorologique – se suivent sur la France avec la régularité d'un métro parisien quand il fonctionne normalement. Elles apportent d'importantes quantités d'eau dont une partie réhumidifie les sols et rech... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles