Les donneurs de leçons, de Nicolas Lecaussin

La France, constate Nicolas Lecaussin, reste le seul grand pays riche à ne pas s’être réformé, malgré la crise de 2008-2009.

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Les donneurs de leçons, de Nicolas Lecaussin

Publié le 14 avril 2019
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Par Thierry Godefridi.

Nous en connaissons tous, de ces gens qui savent tout sur tout, qui font la leçon à tout le monde, pas seulement leçon de morale, mais aussi leçon de conduite. Ces guides suprêmes sont tout d’abord les hommes politiques qui savent mieux que quiconque, y compris leurs propres congénères, ce qui est mieux pour tous, quitte à s’en abstenir eux-mêmes, quitte à souvent se tromper et à ne jamais le reconnaître.

Les donneurs de leçons, ce sont aussi ces fonctionnaires qui ne pourraient concevoir le monde sans un État « ventromnipotent » puisque ce dernier les nourrit et ils le nourrissent à leur tour, de règles et de taxes, eux qui contrôlent tant et plus mais n’ont habituellement pas de compte à rendre ; ce sont ces syndicalistes qui prêchent, bloquent, sabordent et se fichent des conséquences pour le plus grand nombre ; ce sont ces journalistes qui ne présentent pas les choses telles qu’elles sont, mais telles qu’ils aimeraient qu’elles soient. Enfin, il y a le président.

« La République, écrit Nicolas Lecaussin dans Les donneurs de leçons, son réquisitoire contre le système en place, est un club de copains et de profiteurs. Les serviteurs de l’État sont ceux qui se servent les premiers… », en salaires mirobolants et en privilèges datant d’une époque, en toute opacité et hypocrisie. « En fait, Tocqueville a sous-estimé les dérives du pouvoir. »

Pas de libéralisme en France

Nicolas Lecaussin ne se contente pas de planter le décor. Il étaye ses arguments par des chiffres et par des faits en ce qui concerne le nombre des fonctionnaires, les dépenses publiques, la fiscalité, le chômage, autant de domaines dans lesquels la France accuse, par rapport à la moyenne européenne, une dérive considérable qui dénote un manque de confiance dans l’individu, dans la société civile, dans le sens des responsabilités des uns et des autres, dans la concurrence, dans l’État de droit.

De libéralisme en France, il ne saurait être question, de quelque manière qu’on le qualifie, d’État, de gauche, social. Nombre de dirigeants de gauche (Tony Blair en Grande-Bretagne, Ingvar Carlsson en Suède, Jean Chrétien au Canada, David Lange en Nouvelle-Zélande, Robert Hawke en Australie, Gerhard Schröder en Allemagne) ont introduit des réformes libérales, ont déréglementé, ont privatisé, ont baissé les impôts, partant du principe qu’en économie la gestion n’est ni de gauche ni de droite, elle est bonne ou mauvaise.

Nicolas Lecaussin constate que la France reste le seul grand pays riche à ne pas s’être réformé, malgré la crise de 2008-2009. C’est l’étatisme qui y règne, toujours plus d’État, en témoignent les dépenses publiques qui n’ont cessé d’augmenter pour atteindre 56,5 % du PIB en 2017 et ont cru de 2,5 % l’an passé. Il en est risible que des voix, dont celle du président de la République lui-même, s’élèvent en France pour dénoncer une Europe ultra-libérale alors que c’est la France qui est ultra-étatiste.

« Un libéral, écrit l’auteur, est pour la subsidiarité », et de rappeler le propos de Jean-François Revel selon lequel, en France, même la droite n’a jamais été libérale – a fortiori la gauche !

Tartuffes et totalitaires

Des donneurs de leçons, il y en a sous toutes les latitudes (et même un peu partout dans la société si l’on tient compte de tous ceux qui blablatent et recyclent ce qu’ils entendent et – parfois – lisent sans se fatiguer à réfléchir).

Nicolas Lecaussin épingle quelques proéminents donneurs de leçons dans la sphère médiatico-politique française : Nicolas Hulot, l’une des personnalités préférées des Français, grand sauveur de la planète et heureux possesseur de sept voitures et d’une embarcation motorisée, « mélange d’idéologie totalitaire et de tartufferie » ; Jacques Attali, le jargonaute du « prévoir-soi en tant que dimension du devenir-soi », promoteur d’un gouvernement planétaire à la tête d’une économie qui le soit tout autant et mue par une monnaie mondiale avec l’inflation comme panacée sociale ; François Hollande, quand il met en garde (en novembre 2018) contre le populisme et « ces personnalités qui, à un moment, embrassent les aspirations d’un peuple, (…) qui veulent être dans un rapport direct au peuple… ». Parlait-il d’Evo Morales ou de Hugo Chavez, voire des zélateurs de l’égalitarisme et de l’écologisme ? Non, c’est de Donald Trump qu’il s’agissait.

Directeur de l’Institut de recherches économiques et fiscales (IREF), l’auteur conclut son essai sur une note optimiste, en bref : « Non, la complication n’est pas la norme. Oui, il existe des pays où l’administration est efficace. Non, le matraquage fiscal n’est pas une fatalité. Oui, il existe des pays où les syndicalistes sont responsables, où la presse n’est pas subventionnée et où l’argent bien gagné est admiré… » Et d’exhorter Les donneurs de leçons : « Foutez-nous la paix ! ». « Laissez-nous tranquilles ! » « Laissez-nous faire ! » C’est, estime-t-il, ce qu’auraient dû revendiquer les Gilets jaunes, les vrais.

Article initialement publié en mars 2019.

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  • Vu le résultat d’Alain Madelain, un des derniers libéraux à avoir été candidat à la présidentielle, il y a un léger parfum de fatalité dans notre pays…avec un soupçon d’essence de sapin.

    On peut parler du PLD et du parti libertarien français, ils sont riquiquis. On peut aussi parler des gilets jaunes qui se sont fait endoctrinés par l’extrême gauche et qui demandent plus d’impôts pour les riches et plus de service public.

    C’est pas demain qu’on aura les réformes qui s’imposent. Et encore, même entre libéraux, nous ne sommes pas d’accord.

  • Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?….
    Oh si… Un gros crash après un demi siècle de socialo-communisme. Une droite jacobine et une idéologie gauchiste dominante, ne laisse pas d’ouverture pour les réformes qui s’imposent, triste avenir !…

  • « …où la presse n’est pas subventionnée ».
    Voilà où le bât blesse en France. Mais j’ai l’impression qu’on l’aime, cette presse hyper-subventionnée – 75 % des Français paraît-il ne lui fait pas confiance, mais je n’en ai encore pas beaucoup entendu crier au scandale – qui nous conforte avec des informations soigneusement sélectionnées. Voir ce joli dessin : https://3.bp.blogspot.com/-qbOS8NdjRqk/Vs-LL5L-swI/AAAAAAAAsXc/LveXYU_NE7E/s640/serveimage.jpeg

  • Excellent article. Je partage l’analyse de M. Lecaussin et il y a de quoi se poser des questions sur la direction que prend la France aujourd’hui!

  • Il y a vraiment des gens qui lisent ce genre de livres ? Que peut-on y apprendre que l’on ne sait déjà ? (Quant a ceux qui refusent ce constat, ils refuseront de le lire ou ne se laisseront jamais convaincre… donc a quoi bon ? La logique de cet editeur est de conforter une micro-niche dans ses idees, aussi nobles soient-elles mais aussi inutile et superflue que soit cette entreprise sur le vrai combat a mener…)

    • Il y a quand-même deux bonnes raisons de l’acheter alors qu’on est déjà convaincu:
      1- soutenir financièrement l’auteur qui pourra ainsi continuer à prêcher la bonne parole auprès d’un futur public que nous ne savons pas atteindre,
      2- y puiser des arguments auxquels nous n’aurions pas pensé afin de les diffuser dans notre entourage.

  • nous citoyens sommes responsables et maso !! quand à la LIBERTÉ de la Presse nourrie aux subventions aux grands groupes industriels , des journalistes avec leurs niche fiscales sans compter des ÉLUS exempt d’impôts ou payant si peu tel que l’expliquer Emmanueli !! Regarder Giscard il nous coute un bras !!! des anciens à 15 , 30 000 euros de
    revenu par mois !! Le comble ceux qui critiquent aujourd’hui en profitent plus tard du système !! Sommes nous en fin de cycle !! Doit on repenser notre Société et vers quel but ?? Tout le monde dit il faut que cela change !! Dans quel sens et vers quoi ??
    Le citoyen lambda , vivre de son travail , logé et se nourrir cohabiter avec ses semblabes est realisable !!!

  • vous les écoutez vous les donneurs de leçons ? moi non ; et je m’en porte très bien ;

    •  » Si tu en arrives à une vie misérable et ennuyeuse parce que tu as écouté ta maman, ton papa, ton professeur, ton curé et je ne sais pas quel mec à la télévision qui t’a expliqué comment mener ta barque, c’est que tu le mérites.  »
      Frank Zappa

  • Acheté même si je connais déjà le constat de l’auteur. Pourquoi ? Pour garder une trace écrite de cette souffrance imposée par une caste technocratique au dessus des lois et des taxes. L’enfant Français ne sait plus rien faire sans l’autorisation du papa Etat. Cet enfant ne sera jamais assez parfait. L’on peut considérer qu’il s’agit de harcèlement et de violence. De terreur même. Dans ces cas là la victime connaît le syndrome de Stockholm et défend son bourreau.

  • @ mc2 , aucune responsabilité Pénale et financiere , Hollande n’aime pas les riches , je propose qu’on lui verse le minimum vieillesse et nous lui supprimons son cumul des retraites et privilèges !! comme un autre un certain Juppé qui a osé dire que 1200 euros etait une tres bonne retraite qu’il se l’applique à lui même !! L’exemplarité ne fait pas parti de son vocabulaire …

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