Lamartine : un romantique égaré en politique ?

Du légitimisme au républicanisme, imprégné des idées libérales du temps, sensible au sort du « prolétariat » créé par la société industrielle, Lamartine, loin de l’image du poète perdu dans les nuées, se révèle un politique souvent réfléchi et conséquent.

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Paul Delaroche, L’Hémicycle de l’École des beaux-arts de Paris By: Institutnationaldhistoiredelart‎ - CC BY 2.0

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Lamartine : un romantique égaré en politique ?

Publié le 28 février 2019
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Par Gérard-Michel Thermeau.

Il y a 150 ans, le 28 février 1869, disparaissait Alphonse de Lamartine. Il faisait partie de cette génération, née avec la révolution, fascinée par Chateaubriand qui devait donner ses lettres de noblesse au romantisme. Comme Chateaubriand d’origine aristocratique, comme lui ministre, il connaîtra une grande popularité puis une fin de vie difficile.

« Son genre de talent allait au goût du peuple » a écrit, non sans fiel, Tocqueville. La lecture des discours politiques de Lamartine ne manque pourtant pas d’intérêt. Et pas seulement celui de constater qu’il fut un temps où les politiques savaient s’exprimer avec style et talent.

Le 6 septembre 1848, Lamartine avouait, sous les sourires d’une partie de l’Assemblée nationale : « En politique, Messieurs, j’ai beaucoup voyagé et j’ai tâché de retirer quelques fruits de mes voyages. » Mais, ajoutait-il : « je n’ai eu qu’une route et qu’un but. » Du légitimisme au républicanisme, imprégné des idées libérales du temps, sensible au sort du « prolétariat » créé par la société industrielle, Lamartine, loin de l’image du poète perdu dans les nuées, se révèle un politique souvent réfléchi et conséquent.

Un légitimiste libéral

Son père avait fait partie des derniers défenseurs du trône le 10 août 1792. Son oncle appartenait à la noblesse libérale éclairée. Fidèle à ses origines de gentilhomme campagnard et vigneron, châtelain et grand propriétaire, Lamartine ne devait pourtant pas rester indifférent à la « révolution industrielle ».

La période de l’Empire devait le marquer paradoxalement. « J’ai compris pour la première fois ce que valaient la pensée et la parole libres en vivant sous ce régime de silence et de volonté unique. » Comme il devait l’écrire dans son Histoire de la révolution de 1848 : « cette servitude n’était glorieuse qu’au dehors, elle était morne et terne au dedans. »

Comme tant de romantiques, il est royaliste sous une Restauration identifiée au rétablissement des libertés. La seule fois où il prit le chemin de l’exil, ce fut pendant les Cent Jours, pour ne pas servir Napoléon : il se réfugia en Suisse.

Légitimiste libéral, il ne réussit pourtant pas à obtenir un poste du régime. Dès lors, il cherche refuge dans la littérature, s’inquiétant davantage de poésie que de politique. Les Méditations (1820) font sensation. Qui ne connaît les fameux vers du Lac : Ô temps suspend ton vol… ?

Ces succès de poète devaient lui être reprochés par la suite : un poète pouvait-il être pris au sérieux en politique ?

De la poésie à la politique

Devenu célèbre, il est pourvu d’un poste de secrétaire de légation puis de chargé d’affaires, à Naples puis à Florence. Un riche mariage le met pour longtemps à l’abri du besoin. Mais « copier des dépêches » et « faire l’antichambre d’un ambassadeur » ne convenaient guère à son caractère. « La politique m’ennuie » écrivait-il en 1826 mais le ton change dès 1827 : « J’ai plus de politique que de poésie dans la tête. »

De retour en France en 1829, il avoue à un confident : « J’ai l’instinct des masses : voilà ma seule vertu politique. » Il redoute une nouvelle révolution, voyant bien où menait ce « gouvernement de regrets, de repentir, de souvenirs théocratiques et aristocratiques ou absolutistes » qui caractérisait le ministère Polignac. Dans le même temps, l’Académie française lui ouvrait ses portes.

Avec la monarchie de Juillet, ses ambitions politiques se précisent. Il démissionne de ses fonctions diplomatiques, par décence, pour ne pas renier les Bourbons. Mais il préfère cette monarchie louis-philipparde à une république. Il écrit à un ami le 24 octobre 1830 : « les grands principes de la révolution de 1789 sont vrais, beaux et bons, l’exécution seule a été atroce, inique, infâme, dégoûtante. » Ne voulant pas totalement rompre avec son passé légitimiste, il échoue dans sa première tentative pour se faire élire député.

Premiers écrits politiques

Il publie une première brochure politique, Sur la politique rationnelle (1831) où il expose ses idées : liberté de la presse, liberté et gratuité de l’enseignement, séparation de l’Église et de l’État, suffrage universel à plusieurs degrés, abolition de la peine de mort… Ce sont des idées audacieuses pour le temps.

Un voyage en Orient (1832-1833) le conforte dans ses convictions : « En religion, en philosophie, en politique, tout ce qui a horreur de la raison a horreur de la France. » Il considère que l’Empire turc est voué à la décrépitude et qu’il convient aux puissances européennes de le coloniser pour lui apporter « un sang nouveau et des idées nouvelles ».

Le député de Bergues puis de Mâcon

Élu député de Bergues, dans le Pas-de-Calais, en son absence, il ne revient en France que trois mois après le début de la session parlementaire. Une de ses sœurs, Eugénie, avait, en effet, épousé un influent notable local, de Coppens, qui avait favorisé son élection. Préoccupé par « l’odieux individualisme », il rêve d’un très vague « socialisme », songeant à fonder un « parti social ».

Il réclame, le 13 mars 1834, « des lois pour vivifier les industries, pour éclairer et moraliser les ouvriers, pour occuper et satisfaire cet excès de forces qui tourmente la population et la jeunesse française. » Son discours, en partie improvisé, fait sensation mais Lamartine demeure un original, isolé à la Chambre. Un de ses amis lui avait demandé : « où allez-vous vous asseoir à la Chambre ? – Au plafond », avait-il répondu.

La dissolution de la Chambre le renvoie quelques mois plus tard devant ses électeurs, élu de nouveau à Bergues mais également à Mâcon, sa ville natale, il opte cependant pour le Nord. Il entre désormais dans une opposition plus marquée au régime, défendant dans son discours du 21 août 1835 sur la liberté de la presse. Bâillonner la presse, c’est bâillonner à la fois le mensonge et la vérité. « Si j’avais une loi à faire sur la presse, elle serait d’un mot : je supprimerais le timbre et j’enlèverais ainsi le monopole aux journaux. »

Il ne devait plus cesser de prendre la parole sur les sujets les plus divers. Lors des élections de 1837, il abandonne Bergues au profit de Mâcon.

Un défenseur de la liberté de l’enseignement

Les questions d’enseignement l’intéressent particulièrement. Le 8 mai 1834 dans une intervention à propos du budget de l’instruction publique, il avait réclamé la liberté de l’enseignement, la concurrence, y compris dans les méthodes d’enseignement, et le développement d’un enseignement universitaire. Le 24 mars 1837, à propos d’un projet de loi sur l’instruction secondaire, il réplique à Arago qui avait parlé en faveur des sciences.

Il défend l’enseignement des langues mortes : « le Beau est antique, et la preuve c’est qu’il est éternel. » Ce qui est paradoxal. Collégien, il n’avait, en effet, guère apprécié d’étudier le grec et le latin. Il voit dans « l’enseignement… scientifique, mathématique » l’application du matérialisme du temps des Lumières. « L’homme est-il une machine, un outil exclusivement façonné à gagner le plus de salaire ? L’homme n’a-t-il qu’une fin mercantile, industrielle, terrestre ? »

Il exalte enfin « ce saint principe de la liberté d’enseignement, remis, restitué enfin à la famille ; il y a cette liberté d’enseignement qui contient toutes les autres. »

Abolir l’esclavage et la peine de mort

Il ne cesse de prendre position pour l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort, deux de ses chevaux de bataille. Sur la peine de mort, il avait fait un remarquable discours le 18 avril 1836 : « les échafauds, spectacle autrefois des rois et des cours, se construisent honteusement la nuit pour échapper à l’horreur du peuple. » Il y revient, cette fois devant la Chambre, le 18 mars 1838, reprenant les formules les plus heureuses de son premier discours : « vous devez faire le dernier pas et supprimer la mort que vous n’appliquez déjà presque plus. »

Le 10 février 1840, le banquet organisé par la société française de l’émancipation de l’esclavage lui offre une tribune en présence d’Anglais et d’Américains. Les esclaves ? « On les peint comme des brutes pour s’excuser de n’en pas faire des hommes. » Il exalte les liens entre la France et l’Angleterre : « nous sommes à nous deux le piédestal des droits du genre humain. » Les deux pays n’ont-ils pas interdit la traite ? Il devait y revenir le 10 mars 1842, dénonçant la traite avec « ces tombeaux flottants remplis de cargaisons humaines. » N’avait-il pas écrit une pièce sur Toussaint Louverture qui fut refusée par la Comédie Française ?

Des positions paradoxales en économie

Néanmoins, il se veut capable d’intervenir même dans les questions financières et économiques. Il a étudié minutieusement ces questions. Disons-le, il comprend mieux l’économie que la plupart des politiques d’aujourd’hui. Lors de la discussion sur la conversion des rentes, ne déclarait-il pas : « nous allons passer des illusions aux réalités, c’est-à-dire aux chiffres. » Il y lançait sa fameuse formule : « Prenez-y garde, l’argent n’a pas de cœur mais il a de la mémoire. »

Si le libéralisme imprègne sa pensée, il considère nécessaire l’intervention de l’État dans certains domaines. Ainsi se fait-il, le 9 mai 1838, l’ardent défenseur du rôle du gouvernement dans la réalisation des voies de chemin de fer : « le gouvernement…c’est la nation faisant ses affaires. » Centralisateur convaincu, il souhaite un réseau conçu par l’État et non laissé exclusivement aux sociétés privées. « Les compagnies vous feront des chemins aristocratiques dont le peuple sera exclu ; l’État vous fera des voies démocratiques où tout le monde circulera aux frais de tout le monde. »

Mais, dans le même discours, dénonçant les barrières douanières, ne s’écrie-t-il pas : « il n’y a point d’ennemis en matière d’échange et de commerce ? » Il devait évoquer en 1846 les « douanes excessives, véritable gendarmerie qui empêche la fortune de France d’entrer et de sortir. » Il défendra avec obstination le libre-échangisme face aux intérêts particuliers qui ont obtenu le maintien d’une politique protectionniste.

Le droit au travail selon Lamartine

Le droit au travail, tel qu’il le définit en décembre 1844, n’est qu’un travail d’assistance à titre exceptionnel. Il devait rester constamment fidèle à cette conception.

À ses yeux les « propriétaires » et les « prolétaires » « se salarient l’un l’autre ». Pour lui « prolétaire » est un « mot immonde injurieux, païen, qui doit disparaître de la langue comme le prolétaire lui-même doit disparaître de la société. » Entre ces deux catégories, les manufacturiers ou les commerçants jouent le rôle d’« agents du travail ». Il distingue donc trois classes, non antagonistes mais complémentaires, dans la société industrielle : les capitalistes, les entrepreneurs et les prolétaires.

Il oppose deux écoles en économie politique. L’école anglaise du laissez faire est résolument matérialiste. Pour elle, «  les travailleurs ne sont que des rouages » « livrant tout sans miséricorde et sans entrailles à la concurrence, cette providence de l’égoïsme ». À l’autre extrême, l’école française « prophétisant aux masses l’avènement du Christ industriel (Fourier), les appelle à la religion de l’association. » Le fouriérisme, « sublime exagération de l’espérance » méconnait à ses yeux les deux fondements des sociétés humaines : la famille et la propriété.

La recherche d’une troisième voie

Ainsi de ces deux écoles, l’une manque d’âme et l’autre de mesure. Il s’efforce donc de combiner « la lumière des calculs » à « la chaleur de la charité ». À ses yeux, le droit au travail ne peut attenter à la liberté du capital. Mais le laissez faire laissez passer ne doit pas signifier laissez souffrir et laissez mourir.

Il rêve d’une troisième voie, qui associe l’efficacité de l’économie de marché à une politique sociale en faveur des ouvriers. Si l’État ne devait jamais « mettre sa main arbitraire entre le maître et l’ouvrier », il doit demeurer la « Providence du peuple ». Lamartine exclut toute intervention de l’État dans le monde agricole et artisanal. Dans la société de ce temps, le salariat est minoritaire, le travail indépendant la norme. L’État ne doit se préoccuper que des prolétaires : « peuple du salaire, né du salaire, ne vivant que par le salaire, il périt avec le salaire. »

Les absurdités du communisme

Lamartine invoque le « droit de vivre » mais « sans qu’il doive jamais créer contre le travail des industries libres et contre le tarif des salaires volontaires la concurrence meurtrière de l’État. » Il ne conçoit ainsi qu’une action ponctuelle et limitée dans le temps. Il refuse toute « organisation du travail » telle que l’entendent le saint-simonisme, le fouriérisme ou le communisme.

Le communisme, à ses yeux, est une étatisation de l’économie. « Ils veulent que le gouvernement, pourvu qu’il soit démocratique, ose tout, fasse tout, tienne tout. La tyrannie, qui leur paraît exécrable en haut, leur paraît excellente en bas. »

Optimiste, Lamartine est persuadé que le communisme n’a pas d’avenir : « En rendant l’État seul propriétaire que ferait-il ? Avec des citoyens, ils referaient en réalité des serfs et des esclaves de l’État. L’État seul serait libre, les individus seraient tous prolétaires. »

Faudrait-il assurer à l’avocat des causes ? au médecin, des malades ? au laboureur, des récoltes ? à l’artiste des acheteurs ? à l’écrivain des lecteurs ? Mais régler tous les travaux et tous les salaires, de tout ce qui, à un titre ou un autre, travaille pour un salaire incertain, ce serait régler la société toute entière, depuis le balayeur de vos rues jusqu’au ministre de vos autels ; ce serait tarifer le monde.

L’absurdité d’un tel système, à ses yeux, le condamne. « Ne donnez pas la soif, quand vous n’avez pas d’eau. »

Aux yeux de Lamartine, l’État ne peut agir qu’en favorisant l’association, l’enseignement, la création de caisses d’épargne, l’adoption des orphelins, des exemptions temporaires d’impôts, un « budget des pauvres », l’accès à la propriété mais aussi la colonisation !

Lamartine et la question de l’impôt

Le 22 avril 1846, il se prononce pour la réduction de l’impôt du sel. Cette réduction sera finalement imposée au gouvernement par la chambre. Le discours de Lamartine devait contribuer au vote presque unanime des députés. Il rappelait ce principe partagé alors : il n’y a de bons impôts que ceux qui portent sur les masses à condition de respecter l’égalité.

L’impôt ne peut seulement être productif, il doit être juste. Est-il proportionnel ? Or le sel est davantage consommé par le pauvre. Il ferait perdre de l’argent aux caisses de l’État, dit-on ? Hé bien, ne pourrait-on faire des économies sur la guerre « stérile, ruineuse » menée en Algérie ? Il souligne aussi qu’en ouvrant les « portes de fer du fisc » elles s’enrichissent. Baisser l’impôt permet d’accroître les ressources fiscales.

Guizot, la borne du régime de Juillet

Lamartine se fait de plus en plus critique devant l’évolution de la monarchie de Juillet. Le 10 janvier 1839, il affirme : « il n’y a pas de majorité ici, parce qu’il n’y a ni action grande ni idée directrice grande dans le gouvernement depuis l’origine de 1830. » Une formule devait faire mouche : « La France est une nation qui s’ennuie. Et prenez-y garde, l’ennui des peuples devient aisément convulsion et ruines. » La France s’ennuie. Viansson-Ponté devait reprendre l’image, le 14 mars 1968, dans Le Monde.

Dès le 15 février 1842, il prend ses distances avec le parti conservateur. « Savez-vous quelles sont les libertés dangereuses ? Ce sont les libertés que le peuple arrache, non pas celles qu’on lui donne. » Il dénonce l’étroitesse d’un corps électoral ne reposant que sur la propriété : « Qu’est-ce donc qu’un système électoral où Mirabeau et Pitt n’auraient pu voter ? »

La politique de « résistance » de Guizot y est explicitement condamnée : « On dirait, à les entendre, que le génie des hommes politiques en consiste qu’en une seule chose, à se poser là sur une situation que le hasard ou une révolution leur a faite, et à y rester immobile, inertes, implacables. » Puis vint l’estocade finale : « Et si c’était là, en effet, tout le génie de l’homme d’État chargé de diriger un gouvernement, mais il n’y aurait pas besoin d’homme d’État : une borne y suffirait ! »

La rupture avec le parti conservateur

La rupture est consommée le 27 janvier 1843. Le refus d’une « sage et croissante démocratie » condamne à ses yeux le « système. » Il fustige l’aveuglement des conservateurs. « Vous osez nier la force invincible de l’idée démocratique, un pied sur ses débris ? Vous osez nier le feu, la main sur le volcan ? »

Lors du banquet de Mâcon, le 8 juin 1843, il prophétise : « Le temps des masses approche ». Il précise sa pensée au conseil général de Saône-et-Loire, le 3 septembre suivant. Le gouvernement refusant de « sonder plus profondément le sol électoral » « de tout transformer sans rien compromettre, de tout changer sans rien détruire » va à sa perte.

Le 3 mai 1845, il s’exprime sur la liberté des cultes devant une Chambre agitée et hostile. Selon lui, « le Concordat fut une œuvre rétrograde et une faute politique » en enchaînant l’Église au trône. « La tolérance est dans votre charte mais elle y est comme une lettre morte ». En effet, elle ne s’applique qu’aux trois « croyances légalisées ». Il cite Washington réclamant la « neutralité de l’État en matière de culte ». La séparation de l’Église et de l’État seule assurerait la liberté religieuse.

Néanmoins, cette tolérance avait ses limites.

S’il arrivait que des associations religieuses s’introduisent à l’abri de cette liberté pour la saper, pour conspirer contre les lois du pays, l’État aurait certes le droit de les saisir, de les interrompre et même de les proscrire.

S’il n’en est qu’un, il sera celui là

Dans un article publié le 14 septembre 1845 dans le Bien Public, journal qu’il avait fondé à Mâcon, parlant de lui à la troisième personne, il explique pourquoi il est seul. Ses adversaires l’accusent d’être excentrique, versatile et ambitieux. Il n’en est rien.

Il rejette pour commencer dos à dos les partis extrémistes, à savoir les légitimistes et les républicains. Pour le reste, il n’éprouve que sarcasmes à l’égard des trois factions parlementaires groupées autour de Guizot, Thiers et Barrot. Thiers et Guizot ont accumulé les fautes au pouvoir et Barrot a toujours préféré les délices sans danger de l’opposition. Lamartine se revendique, quant à lui, du « ministère de l’opinion. »

Dans le discours du 10 novembre 1845, il précise sa pensée. Les légitimistes et les républicains savent, au moins, ce qu’ils veulent et parlent net et haut. Inversement « l’opulente classe intermédiaire » qui a le pouvoir « a fait la révolution de Juillet sans le savoir, a accepté l’inconséquence sans le vouloir, et s’efforce de la justifier sans le pouvoir. »

Il se moque ensuite ouvertement de l’opposition dynastique. La formule est cruelle : « opposition entière, demi opposition, quart d’opposition, ombre d’opposition, enfin c’est le pis, semblant d’opposition ! ».

Que trouvons nous en guise de partis à la Chambre ? Des « mouchoirs troués sans ampleur et sans couleur ». Comment donc pourrait-il s’y rallier ? Voudrait-il d’ailleurs le faire qu’il n’y arriverait pas. Le parti d’opposition ne cesse d’abdiquer ses convictions.

« Vous arrivez toujours au rendez-vous de ses opinions une heure ou un an après qu’il l’a quitté. »

Lamartine attend donc que son heure vienne. Elle ne va plus tarder.

A lire demain : Lamartine : le poète à l’épreuve du pouvoir.

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  • Serait-ce possible aujourd’hui d’entendre un politicien dire : « J’ai l’instinct des masses, c’est ma seule vertu politique » ? Qui pourrait le dire ? Je cherche, je ne trouve pas…

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