Colloque à Paris : Insurgées contre la tyrannie

Le thème de la deuxième édition du colloque « Femmes contre le totalitarisme » dirigé par Marc Crapez sera : « Insurgées contre la tyrannie ». Les 20 et 21 mars.

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Statue inside the Arc de Triomphe, Paris By: Andy Hay - CC BY 2.0

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Colloque à Paris : Insurgées contre la tyrannie

Publié le 20 février 2019
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Les 20 et 21 mars, de 9 h 10 à 17 h 30, à l’Université Paris Descartes, se déroulera le 2ème colloque Femmes contre le Totalitarisme, dirigé par Marc Crapez avec le soutien de la Fondation de la France libre, de l’Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines et de l’Institut Cervantes.

Dans le sillage du livre Elles ont combattu (Marc Crapez, Biljana Vucetic, Verónica Vives, Delphine Denuit, aux éditions du Cerf) et du premier colloque Femmes contre le totalitarisme (Jean Leca, Laurence Picq, Brice Couturier, Alexandra Gerota, à Sciences Po), le colloque Insurgées contre la tyrannie rassemble des intervenant(e)s français, espagnole, belge, britannique, italienne, serbe, argentine, chilienne. On exposera, par exemple, la “Place des protagonistes féminins dans les romans d’Orwell et d’Huxley”.

Avec Blandine Kriegel, Pascale Bertoni, Anne-Sophie Chambost, Silvia Garcia, Luisa Ballesteros Rosas, Sophia Mateo, Maria-Antonia Garcia de Leon y Alvarez, Claire Brière-Blanchet, Nathalie Wolff, Françoise Gury, Marianne Le Morvan, Delphine Barré, Mélanie Dubuy, Farah Mebarki, Margarita Iglesias Saldana… et (presque) autant d’auteurs masculins.

Salle Rabelais

Université Paris Descartes

45 rue des Saints-Pères, Paris 6ème

Inscription obligatoire : eric.david@education.gouv.fr

Constatant une amnésie séculaire sur l’apport des femmes à la pensée et, spécialement, à cette séquence majeure de l’histoire que fut le totalitarisme, on s’attachera à réhabiliter leur réflexion stratégique et leur apport à la philosophie politique. À plus d’un titre, Arendt est l’arbre qui cache la forêt. Le thème de la deuxième édition du colloque « Femmes contre le totalitarisme » sera : « Insurgées contre la tyrannie ».

Au-delà du geste emblématique d’Antigone, le devoir sacré d’insurrection devant la tyrannie est l’un des principes du contrat social, pacte originel ipso facto noué au fondement des sociétés.

D’une part, le souverain peut, exceptionnellement, errer et faillir.

D’autre part, « Omni potestas a Deo sed per populum ». Légitime est donc l’insurrection devant les abus de pouvoir répétés d’un arbitraire caractérisé (a contrario certaines situations furent débloquées par un Consulat transitoire). Le problème soulevé par Plutarque dans ses Vertus de femmes, au sujet de Léaïna ou, au XVIe siècle, dans Vindiciae contra tyrannos, se réfère aux mêmes principes que les débats autour de l’article 155 de la constitution espagnole : le Catalan Puigdemont est-il un fuyard factieux ou résiste-t-il à une oppression sans issue ?

Cette focale permet une extension du domaine de la lutte antitotalitaire au tyrannicide, voire au geste d’insoumission anti-tyrannique. Des incursions chronologiques hors du XXe siècle peuvent renforcer la compréhension du phénomène totalitaire.

Aussi s’intéressera-t-on d’abord aux dissidentes du totalitarisme, Celia Strachey, Margaret Buber-Neumann ou Eve Curie. Mais une approche comparée pourra porter sur les opposantes à un état de fait tyrannique : sœurs Mirabal, Taslima Nasreen ou Anna Politkovskaïa. Sachant que la médiatisation introduit des oscillations et des biais de perception qui ménagent l’usurpateur (Erdogan face aux Kurdes défendus par Leïla Zana) ou usurpent la posture anti-tyrannique (témoignage sujet à caution de Yeonmi Park sur la Corée du Nord).

L’insurrection anti-tyrannique mène à la résistance, mot tiré du latin resistere, qui implique l’engagement dans une action dangereuse. Mais le propre du totalitarisme n’est-il pas d’ôter les possibilités d’insurrection et de résistance ? Toute déviance est pathologisée et sa répression euphémisée.

Ainsi, sous le nazisme, les récalcitrants sont réprimés par la loi de décembre 1934 contre le « commérage délictueux », ou par des tribunaux spéciaux chargés de « prévenir ou détruire les esprits instables ». Ces « ennemis de l’État » sont ensuite placés en « détention préventive », meurent de « causes inconnues », se « suicident », ou sont transférés dans des « centres de réhabilitation » pour être « rééduqués ».

Supprimer un être humain est codé en « ramasser un traînard » sous Mao, ou « prendre soin de lui » sous Pol Pot. En territoire bolchevique, une batterie de mesures contre le parti de droite libérale, dit Cadet, inaugure le totalitarisme : projet d’interdiction d’élire les Cadets à la Constituante, arrestation de ses leaders comme ennemis du peuple, ralliement de Cent-Noirs d’extrême-droite au bolchevisme, déploiement de troupes lettones, tirs à bout portant contre les manifestants, coups de crosse aux sœurs de charité qui tentent de ramasser les blessés.

Une catégorie se retrouve ainsi, du jour au lendemain, analyse un témoin, « privée de défense humaine, condamnée en bloc et sans appel ». Il s’agira donc d’appréhender le totalitarisme en ayant à l’esprit sa généralité la plus avérée – le dilemme de l’insoumission à son autorité — plutôt que sa spécificité la plus poussée –, les meurtres de masse.

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  • Je suppose qu’on n’invoquera pas les mânes de Jiang Qing, ni les silences d’Aung San Suu Kyi

    • Un contresens s’agissant d’Aung San Suu Kyi… Dans son cas ce n’est pas une question de « totalitarisme », mais « simplement » de conflit ethno-religieux.

    • Quand il s’agit de défendre son pays contre l’invasion islamique, on peut compter sur les libéraux en peau de lapin pour prendre parti pour l’agresseur.

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