Bitcoin : la monnaie acéphale

Bitcoin offre la liberté à ses utilisateurs. Acéphale, décentralisée, cette monnaie virtuelle a tout pour devenir le moyen de paiement du XXIe siècle.

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reklamo: bitcoin | bitkoin | биткоин By: Vitalij Fleganov - CC BY 2.0

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Bitcoin : la monnaie acéphale

Publié le 25 janvier 2019
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

« Créé en 2009 cette monnaie décrite par les uns comme virtuelle mais considérée par d’autres comme un véritable or numérique, s’échange en pair à pair sur Internet en dehors du réseau bancaire traditionnel. Quelles sont les propriétés spécifiques de cet objet numérique infalsifiable ? Quelles sont les caractéristiques monétaires d’un jeton informatique émis sans autorité centrale, sans banque, sans État ? Que nous dit Bitcoin des nouveaux usages économiques de la cybercriminalité, de la société de surveillance ainsi que de l’évolution du cyberespace ? ». Jacques Favier, normalien agrégé d’histoire et Adli Takkal Bataille, diplômé de linguistique et spécialiste du numérique, offrent une vision complète des effets du Bitcoin sur Internet et dans la société.

Le bitcoin ou l’histoire d’une rupture

« Contrairement à la monnaie de compte qui fut sans doute à la base des premières opérations de calcul de type monétaire, contrairement à la monnaie métallique circulante, frappée par l’État, dont les Grecs furent les inventeurs – et qui nous a été familière jusqu’à une époque encore très récente – le Bitcoin ou autres monnaies numériques semblent étrangères au sens commun et en tout cas, plus éloignées de l’idée traditionnelle de la « vraie » monnaie qui nous a été léguée jusqu’à ce jour par la culture gréco-romaine ». 

Une monnaie acéphale donc, sans tête, qui fonctionne, et ce n’est pas sa moindre originalité, sur la base d’un réseau sans organe central de contrôle et de gestion, ni la sanction et la garantie d’un tiers de confiance. Autre point de rupture majeur dans notre rapport à la monnaie, l’adoption de l’inconvertibilité du dollar : annoncée par le président Nixon le 15 août 1971, cette mesure permettait de suspendre temporairement la convertibilité du dollar américain en or, afin de mettre fin aux spéculations qui visaient la monnaie. Accepter qu’une monnaie puisse exister sans être gagée sur du tangible : c’est aussi le point de départ du Bitcoin, une monnaie sans couverture, sans convertibilité.

Ébauche des usages hétéroclites du bitcoin

« Le bitcoin peut-il être une monnaie classique ? Bien que des critiques superficielles contre le bitcoin, de celles qu’on assène avec plus de rhétorique que de pertinence, commence par « si tout le monde voulait s’en servir… ». Oui, si 7 milliards d’hommes voulaient se servir du seul bitcoin pour toutes leurs transactions, il y aurait pour l’instant de gros problèmes ». 

Le bitcoin peut-il répondre à toute la gamme de services que l’on attend d’une véritable monnaie ? Peut-il servir à régler des achats ou des dettes ? Pourrait-il servir de valeur de réserve dans le temps ? Pour les auteurs, la réponse est oui, mais à la condition que les contreparties (les commerçants par exemple), l’acceptent. Le bitcoin pourra servir, directement ou indirectement d’instrument d’échange pour régler ses achats, mais pour les dettes, la déclinaison est plus incertaine, dans la mesure ou les établissements de crédits ne reconnaissent pas les bitcoins.

Le bitcoin dispose par ailleurs d’un avantage par rapport aux autres monnaies : il est plus divisible que nombre de devises, et sa fluidité est sans égale ; « par rapport aux premiers transports de numéraire, la première révolution fut la lettre de change. Malgré de notables progrès du système bancaire international ( SWIFT, SEPA, TARGET, etc…) il n’offre pas aux utilisateurs bancaires et non bancaires de système de transfert aussi rapide, sûr et peu coûteux que le bitcoin ».

Une monnaie accessible, adaptable et programmable

Le bitcoin est une monnaie accessible, car au-delà de la barrière technologique, pour celui qui n’a pas, ou ne sait pas utiliser le lecteur de QR Code présent sur son smartphone, l’appréhension relève le pus souvent de facteurs, qui sont autant de marqueurs sociaux ou de classe d’âge.

Mais une fois la barrière franchie, l’appréhension de l’outil est très rapide. « Un petit reportage datant du printemps 2014 et disponible sur YouTube (Bitcoin in Ouganda), raconte comment un Américain de Brookline, Massachusetts, lassé de perdre deux jours et bien plus de 10 % sur ce que sa femme Ronah et lui-même envoyaient à Ronald, son beau-frère, jeune étudiant en comptabilité en Ouganda, a acheté ses premiers bouts de bitcoin et comment Ronald s’en est fort bien débrouillé à Kampala pour les échanger contre les shillings locaux », rappellent les auteurs.

La monnaie est ainsi un outil de contournement, depuis les procédés informels, jusqu’aux solutions offertes par certains nouveaux entrants, en téléphonie mobile par exemple, ou pour le transfert d’argent des populations émigrées. Le bitcoin est aussi une monnaie adaptable, qui pourrait convenir aux pays émergents ou en crise, un change beaucoup moins onéreux que le change manuel en banque, mais qui introduit également de nouvelles barrières, notamment la nécessité de le changer contre des espèces.

Le bitcoin est une méta-monnaie

Il est aussi une nouvelle monnaie, qui change notre paradigme actuel de la monnaie sur plusieurs aspects : philosophiques, anthropologiques, sociologiques, symboliques, techniques, etc. Mais le bitcoin est bien plus qu’une monnaie, tant du point de vue des utilisateurs que des usages qui sont illimités. « Comme le fait remarquer Andreas Antonopoulos dans ses conférences, dire que le bitcoin est juste une monnaie numérique, c’est un peu comme dire qu’internet est un téléphone amélioré, « the internet is a fancy telephone », rapportent les auteurs.

Le bitcoin, père de toutes les crypto-monnaies

« Comme toutes les inventions géniales, le bitcoin a déclenché un élan de créativité. Cette invention étant libre de droit, beaucoup ont essayé de la reprendre, les uns en changeant juste quelques paramètres, les autres en essayant de tout réécrire ». 

Lorsque l’on aborde la question de la modification partielle d’un code, on parle de fork, un procédé datant des débuts de l’informatique, particulièrement développé pour les systèmes d’exploitation GNU/Linux. Dans le cas du bitcoin, on parle assez rapidement de crypto-monnaies ou d’altercoins, pour « alternatives coins ». Le bitcoin est donc le père de toutes les crypto-monnaies, qu’elles soient des forks, ou bien des inspirations utilisant ses principes de base.

Le bitcoin et les autres disrupteurs, sont à l’origine d’un nouvel écosystème sociétal et politique

Le bitcoin génère encore un certain nombre d’incertitudes, autour de son usage premier (monnaie fluide, réserve, ou valeur marginale), sur sa place dans le marché financier, sur la posture des États vis-à-vis de lui, des tribunaux face aux contrats auto-exécutables, des polices face aux échanges anonymisés et décentralisés. Mais le bitcoin, c’est avant tout la remise en cause d’une d’autorité, une volonté « d’enlever l’effigie des puissances tutélaires et les majestueux profils des autorités sur toutes sortes de médailles qu’il a été question, en commençant par la monnaie acéphale ». 

Pour aller plus loin :

–       « Nixon suspend la convertibilité du dollar en or », les archives du monde, lemonde.fr

–       « Le bitcoin face à la « gouvernance par la dette »lesechos.fr

–       « Le bitcoin : bien plus qu’une monnaie », lejournal.cnrs.fr

–       « Le bitcoin : bien plus qu’une monnaie », ouvrage de Philippe Rodriguez,edilivre.com

–      « Nouvelles monnaies : les enjeux macro-économiques, financiers et sociétaux », par Pierre Antoine Gailly, le cese.fr

–       « Les états doivent-ils réguler le bitcoin et les cryptomonnaies ? »,lefigaro.fr

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  • Mas est-ce que Trop Libre (mouarf) pourrait etre financé a 84% avec l’argent des autres avec le Bitcoin ?

    Trop Libre l’escroquerie intellectuelle dans toute sa splendeur.

  • Un des intérêts immédiats des monnaies dites « virtuelles » (en tout cas dématérialisées entièrement) est de forcer les gens à réfléchir à ce qu’est la monnaie, et au fait que MLP n’a pas dit que des bêtises lors du débat contre Macreux, contrairement à la panzerpropagandeu des fact checkers.

    • J’avoue ne pas savoir à quel moment MLP aurait pu dire des bêtises, mais clairement, sur des questions de finances, d’économie et de monnaie, c’est pas vraiment vers elle que je me retournerai.
      Quant à la réflexion sur ce qu’est la monnaie, nous sommes d’accord. Si les français avaient de meilleures notions d’économie…..

      • MLP est une nullité crasse en économie. Et le FN.

        Mais c’est un fait évident pour qui suit VAGUEMENT la politique française. Le FN étant la voiture balai des polytocards français, évidemment ils vont ramasser tous les déçus des autres partis, qui ont été séduits par les discours gochistes puis déçus par l’application pratique et le fait que les travailleurs s’appauvrissent malgré ces politiques. Donc le FN a le discours gochiste de ceux qu’ils prennent pour séduire l’électorat mélenchoniste (et ça ne peut pas marcher, parce que cet électorat aime l’idée de détester l’extrem drouat comme Micon aime laisser penser qu’il existe de l’énergie renouvelable).

        Mais certains ont prétendu que MLP avait été nullissime lors du débat contre Micron, notamment l’ancienne patronne du Medef.

        Si MLP a été médiocre sur les thèmes économiques lors du débat avec quelques grosses bourdes, Macon a montré l’entendu de sa nullité. Ce qui était moins évident puisqu’il prétend venir de la banque (enfin une banque particulière, et pas le genre de banque qui s’occupe principalement de financer les TPE).

  • J’avoue être un peu septique. La monnaie a toujours été une prérogative de souveraineté nationale. On voit bien comment l’Euro qui n’est attaché à aucune nation en particulier est problématique.
    Une communauté Internet peut-elle se structurer dans une certaine forme de nation et ainsi être assez forte pour imposer une forme de souveraineté donc une monnaie ? J’en doute fortement mais peut-être est-ce parce que je suis un homme du 20ème siècle…

  • fonction d’une monnaie :
    – unité de compte (pas de problème)
    -réserve de valeur (repose uniquement sur la confiance sans garantie étatique, fluctue de manière significative , elle ne rempli pas cette exigence)
    – intermédiaire des échanges : (il y a un nombre de transactions limités par minutes ce qui rend la transaction très chère, pour ça que de nombreuses plateformes ont arrêté car payé une baguette de pain avec 20€ de frais ….)

    sans compté le faite que plus cette monnaie va vieillir, plus il faudra la miner ce qui induit une consommation électrique croissante avec le temps, elle n’est pas viable

    au niveau sécurité, les ordinateurs quantiques pourraient casser le coté crypto et sans être un spécialiste, ça compromettrait cette monnaie.

    il y a une 3eme menace qui compromet cette monnaie mais je l’ai oublié bref le bitcoin en particulier c’est de la daube, après pour les autres crypto-monnaies, je ne peux pas vous dire

    • Quels ordinateurs quantiques?

    • .frais : le réseau lightning permet d’ors et déjà de gèrer des milliers de transactions par seconde pour un coût inférieur au centimes.
      .reserve de valeur : il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins. Il n’y a aucune limite au nombre d’euros.
      .minage : la difficulté n’augmente pas avec le prix mais avec la puissance injectée dans le réseau pour garantir un temps constant.
      .menace quantique : Les cryptages qu’elle pourra peut-être casser un jour sont ceux utilisés par tout les sites internet et les cartes bancaires. Il existe des algorithmes résistants à ces attaques et il pourront être utilisé par le protocole bitcoin.

  • @darren réserve de valeur : si la preuve de travail, le développement des réseaux et des espaces de stockage etc..,
    Le problème des charges élevées est réglé par l’augmentation de la taille des blocs et la mise à l’échelle progressive des échanges (et qui va de paire avec le premier point) par le développement de systèmes logiciels hors chaîne mais connectée à elle
    Le cout électrique : vous seriez surpris comme le marché arrive spontanément à utiliser les énergies les moins chères comme les fermes hydro électriques ou solaires, avec un rendement qui devrait être encore amélioré par des systèmes de volants à inertie.
    Le mythe de l’ordinateur quantique qui attaque le bitcoin. Oui un ordinateur quantique peut casser une clef pgp mais le bitcoin est ainsi fait que chaque transaction a une clef publique différente (contrairement au système pgp) donc théoriquement incassable
    C’est un système holacratique, plus besoin d’intermédiaires.
    Avant de débiter ce que raconte la presse mainstream il faudrait peut être se renseigner.

  • article du niveau collège. Avec une illustration Youtube de 2014. N’aborde pas l’extrême volatilité des crypto-monnaies. J’avais acheté un Dash à 900 euros. Il en vaut 60 aujourd’hui. Je fais quoi ?

    • Vous en tirez des enseignements sur vos choix. Celui qui achète du volatile court le risque de se faire plumer…
      Pour vous aider à réfléchir, je vous signale que j’avais acheté quelques bitcoins à moins de 100$, sur la base d’arguments que je retrouve dans cet article.

      • Vous n’avez pas compris ce que je voulais dire : comment fonder une économie sur une valeur qui est aussi volatile ? Imaginez un payement à 30 jours avec une valeur qui peut varier de 50% ? Rembourser un emprunt ?

        • Si c’est ça votre problème il existe des outils financiers qui vous permettent de supprimer cet aléa.

        • Il suffirait que le coin soit considéré en tant que tel.
          Ce qui en fait un aléa , c’est que des parasites l’ont converti en $, et eux n’ont jamais considéré le coin comme une monnaie, mais juste comme une denrée monnayable.
          Dans une pure logique de pivot d’échange, un coin vaut… un coin… figé, transmissible, totalement fiable.

          • Ca me rappelle vaguement une pièce de 1 euro que j’ai en poche. Figé, transmssible et totalement fiable. Si demain le gars en face veut 2 pièces pour son produit, ben j’aurai l’air fin.

  • L’escroquerie de bitcoin est patente : un autre moyen que ponzi pour plumer les joueurs compulsifs.
    La Blockchain c’est tout autre chose: un mode mathématique fiable.

    • Le BC n’est qu’une implémentation de blockchain.
      Donc en lui même, il n’est qu’une chaine sécurisée.
      C’est le fait de convertir le coin qui en a fait une escroquerie…
      Chacun n’a qu’a s’en prendre qu’a lui même…

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