L’Union européenne ne fait plus rêver personne

Les Britanniques quittent-ils le Titanic ? La conjoncture économique de l’Union européenne s’assombrit et la liste d’attente s’amaigrit.

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Europa by Hector Rodriguez(CC BY-NC 2.0)

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L’Union européenne ne fait plus rêver personne

Publié le 20 janvier 2019
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Par Nicolas Perrin.

Un no deal-Brexit ne serait pas une bonne nouvelle pour l’économie britannique – les médias insistent lourdement là-dessus -, mais cela ne serait pas pour autant quelque chose de positif pour les 26 autres économies de l’Union européenne, ce que l’on a moins souvent l’occasion d’entendre.

Bien sûr, ce qui compte pour nos technocrates européens, c’est avant tout de faire un exemple afin d‘éviter qu’un autre pays ne soit tenté de quitter le Titanic.

Le 18 novembre 2018, Michel Barnier, le négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni, évoquait d’ailleurs la possibilité de reculer la « période de transition » de fin 2020 à fin 2022.

Comme l’explique Le Figaro, il s’agit de la période durant laquelle « l’intégralité des règles et engagements européens, notamment financiers, continuera de s’appliquer au Royaume-Uni, qui n’aura en revanche plus son mot à dire dans les processus de décision. »

L’UE serait une prison dorée ?

Le blogueur politico-financier Bruno Bertez commentait, ironique : « Sortiront-ils un jour ? La construction européenne est une prison, c’est Hotel California ! ». L’une des interprétations des paroles de la chanson des Eagles est qu’il s’agirait d’une métaphore de l’industrie musicale de Los Angeles des années 1970 : une prison dorée dans laquelle une fois entré, un artiste ne pouvait plus jamais ressortir !

L’Islande préfère son propre modèle démocratique

Concernant la liste d’attente, le Premier ministre islandais Katrín Jakobsdóttir a confirmé que la république islandaise n’a pas vocation à renouveler la demande d’intégration à l’Union européenne, qu’elle a abandonnée en 2015.

 

Je vous livre deux extraits de son explication :

« La Banque centrale européenne est devenue vraiment puissante sans être très démocratique. Les politiques économiques de l’Union européenne ont été vraiment éloignées des gens de l’Eurozone et elles ont créé des divisions qui n’auraient pas dû être […] Quand nous regardons notre économie, notre structure sociale et notre processus législatif, je pense que nous nous nous sommes assez bien débrouillés sans être membres de l’UE ».

Notez que bien qu’étant un État insulaire n’appartenant pas à l’Union européenne, l’Islande n’est pas pour autant coupée du reste du monde. L’Euobserver explique :

« Elle reste membre de l’Association européenne de commerce équitable (AECE) et de l’Espace économique européen (EEE), deux clubs de libre-échange, à la place ».

Aux dernières nouvelles, il ne me semble pas que l’on meure de faim dans les rues de Reykjavik.

Le pays européen le plus attractif n’est pas membre de l’Union européenne

Voyez-vous, contrairement à ce que voudraient nous faire croire bien des politiciens, le pays européen qui fait le plus rêver dans le monde, c’est la Suisse !

La conclusion la moins sévère que l’on puisse tirer de cette carte, c’est que dans le meilleur des cas, l’Union européenne est peut-être encore perçue comme la panacée dans quelques pays africains…

Et lorsque l’on connait les perspectives de croissance économique au sein de l’Union européenne cinq ans après ce sondage, on doute que les résultats seraient plus favorable à l’UE si une telle enquête devait être réalisée aujourd’hui. 

La croissance de la Zone euro revue à nouveau à la baisse

Vous vous souvenez du consensus du mois de juin ? À l’époque, la BCE tablait sur 1,9 % de croissance au sein de la Zone euro en 2019, avant de la revoir à 1,8 % mi-septembre.

Je commentais le 20 novembre que « la BCE pourrait bien ne pas en avoir fini d’abaisser ses prévisions de croissance ».

Lors de sa conférence de presse du 13 décembre 2018, Mario Draghi a à nouveau amputé d’un dixième de point sa prévision de croissance pour la Zone euro en 2019, la ramenant ainsi à 1,7 % du PIB des 19 Etats-membres. Pour 2020, on se situerait toujours à 1,7 % et la BCE verrait bien un petit 1,5 % en 2021.

Côté inflation, Mario Draghi table sur 1,6 % en 2019, 1,7 % en 2021 et 1,8 % en 2022.

Notez que le millésime 2018 afficherait 1,9 % de croissance pour 1,8 % d’inflation.

La BCE voit donc « une dynamique de croissance plus faible qu’auparavant », laquelle s’explique par des risques en augmentation.

Comme le dit Mario Draghi lui-même :

« L’équilibre des risques (aux perspectives de croissance) est orienté à la baisse en raison de la persistance d’incertitudes liées à des facteurs géopolitiques, à la menace protectionniste, aux faiblesses des marchés émergents et à la volatilité des marchés financiers ».

Comme cela faisait plusieurs mois que Mario Draghi martelait que les risques étaient « globalement équilibrés », l’euro n’a pas particulièrement apprécié la nouvelle et s’est déprécié face au dollar.

La récession épargnera-t-elle la Zone euro aussi longtemps que le prévoit Mario Draghi ?

 

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • il n’y a pas plus d’union Européenne que de beurre en branche ; il y a seulement l’union des technocrates et d’une élite qui veut toute une population à sa botte ; point barre ;

    • ce n’est pas tout a fait çà.. l’europe a été faite pour les entreprises
      et Chirac ayant accepté l’europe élargie voulue par les allemands..
      la France c’est plantée

      • Si vous en avez le temps, lisez « cet étrange monsieur Monnet » de Bruno Riondel sur le projet européen.
        L’économique a été le paravent d’un projet politique

    • En effet. Cette construction européenne ne cesse de soumettre les peuples. Le traité d’Aix-la-Chapelle n’étant qu’une pierre de plus à l’édifice, inféodant un peu plus la France et les français à l’Allemagne.

  • Il faut peut etre rappeler que l’Union Européenne a pour principal objectif d’éviter le renouvellement des deux tentatives de suicide de l’Europe au 20° siècle , tentatives qui avaient pour origine la montée inexorable des nationalismes Européens, eux meme largement encouragés, si ce n’est provoqués par l’avènement des états nations, la France ayant « ouvert le bal » avec sa révolution. Qu’on le veuille ou non ce sont des états-nations Européens qui ont permis au communisme et au nazisme (Deux « inventions » Européennes) de s’épanouir et quand on voit « l’appétit » de l’état Français pour les thèses de l’écologisme radical on peut penser que ce besoin de prévenir les conflits nationalistes et les systèmes totalitaires est plus que jamais nécessaire en Europe. L’union Européenne n’est pas et ne sera pas un fleuve tranquille, pas plus que l’ont été les unités des pays Européens dont certaines (Italie, Allemagne) ne datent que d’à peine 150 ans. Mais ce qu’on fait les états nations Européens au 20° siècle les condamnent inexorablement, une organisation politique du continent doit se mettre en place. Sinon, ca recommencera ….

    • non , sérieusement je crois que tout ceci commence a dater.. personne n’a besoin d’envahir un territoire pour s’en approprier les richesses comme c’était le cas au XX eme siecle..
      aujourd’hui il suffit de faire du commerce pour dominer.. il y a belle lurette qu’il n’y a plus d’options militaires en europe..
      Le fait est que la france se trouve inadaptée dans la compétition européenne car elle a choisi le socialisme en 1981 (merci E Khol), et ne sait donc plus en sortir..
      Il suffirait d’harmoniser fiscalité et prestation sociales sur le continent pour que tout entre dans l’ordre .. mais çà personne ne sera capable de l’imposer
      et les politiques français se battent bec et ongles pour conserver leurs privilèges éhontés.

    • Bonjour Lesuisse
      Je n’ai jamais cru à la belle ‘histoire’ de l’Europe facteur de paix. Cela a été plutôt l’occupation pendant 45 ans de l’Allemagne, de la dissuasion nucléaire, de l’effondrement des prétentions hégémoniques des anciens empires franco-britanique (Suez).
      En fait l’Europe est une pompe à fric pour tous les fonctionnaires européens et autres hommes politiques.
      Un espace de libre échange était suffisant SANS réglementations envahissantes.

    • Les rivalités et les conflits d’intérêt existent entre tous les pays, y compris en Europe. Par contre, les facteurs créant un risque d’affrontement armé frontal entre puissances européennes majeures ont disparu sauf dans des zones où les frontières sont contestées (et contestables) et où un niveau de vie médiocre peut donner le sentiment que la guerre ne fait pas tout perdre.

      En sens inverse, de puissants facteurs bloquant un risque d’affrontement armé sont apparu ou se sont développés, par exemple :
      – l’arme nucléaire synonyme d’anéantissement pour toutes les parties : au passage, c’est ce facteur-là qui a protégé l’Europe (marges exceptées : Balkans, Caucase) d’affrontements armés majeurs et non les cabrioles (« Europe ! Europe ! ») fédéralistes des européistes ;
      – l’interdépendance économique et humaine entre les pays d’Europe est devenue une imbrication « inextricable » et repasser à une franche coupure entre ces pays aboutirait quasi-immédiatement à un chaos complet : à titre d’illustration, il suffit de constater la difficulté de trouver un accord entre Royaume-Uni et UE suite au Brexit alors qu’il s’agit de négocier pragmatiquement (c’est le cas en général, les gesticulations politiques ne doivent pas masquer cela) entre personnes compétentes ayant de part et d’autre intérêt à trouver un compromis viable.

      Voici pourquoi l’européisme, c’est-à-dire la volonté de construire un État supranational est archaïque, inadaptée, voire régressive :
      – les nations européennes d’aujourd’hui n’ont pas à être punies en raison des crimes de M. Hitler et de toutes les tragiques erreurs qui les ont rendues possibles il y a 80 ans : il faut se souvenir du passé mais pour en tirer des leçons applicables actuellement ;
      – la rengaine systématique « nations, patriotisme, souverainisme = nationalisme borné, xénophobie et conflits » est caricaturale : à vouloir nous sommer de choisir entre M. Juncker et M. Orban en interdisant toute autre option, l’UE et les européistes sont en train de dégoûter un nombre croissant de citoyens de toute coopération entre États européens ;
      – et le fait que cet européisme utilise parfois des procédés peu démocratiques, voire frauduleux, n’est pas de nature à redonner du lustre aux idées partiellement vieillies et périmées de M. Monnet et autres « pères fondateurs » : refuser de laisser voter les citoyens sur des enjeux majeurs ou leur confisquer le résultat de leur vote comme l’adoption en 2007 d’un texte identique à 99,99 % à celui que le peuple français avait massivement rejeté en 2005 est illégitime et suscite à juste titre dégoût et rancœur.

      Au lieu de poursuivre ces vaines et dangereuses chimères, les États européens feraient mieux d’être à la fois plus et moins ambitieux en multipliant des coopérations en-dehors du cadre étouffant de l’UE : ce fut le cas d’Ariane et d’Airbus, projets qui n’auraient jamais vu le jour s’ils avaient été lancés dans le cadre de l’UE parce que des clients (au sens de l’Antiquité = des vassaux si on préfère) des États-Unis s’y seraient opposés mordicus. D’ailleurs, l’intensité des cris de haine venus d’outre-Atlantique à chaque réussite d’Ariane ou d’Airbus est un très bon indice de mesure du succès de ces entreprises.

      L’Europe est une réalité culturelle, une histoire partagée… et beaucoup d’autres choses qui ne peuvent et ne doivent pas tenir dans le cadre de l’UE, à la fois trop étriquée pour être à la hauteur de maints enjeux et trop large pour être efficace ; l’UE sera plus utile en imposant une norme commune pour les chargeurs de portable que pour définir une diplomatie commune (quand ce « beau » résultat est obtenu, c’est parce qu’il s’agit d’un alignement servile sur les positions des États-Unis : c’était déjà le choix de M. Monnet quand il trahissait De Gaulle au profit de Roosevelt pendant la guerre).

    • A lire pour avoir un angle de compréhension différent des deux guerres mondiales
      https://reseauinternational.net/leurope-dune-guerre-a-lautre-xx-qui-a-pose-le-mur-de-berlin/

  • Moi, l’Europe ne m’a jamais fait rêver. C’est le monde qui me fait rêver ! Et la France y a une place éminente depuis quelques siècles.

  • « Bien sûr, ce qui compte pour nos technocrates européens, c’est avant tout de faire un exemple afin d‘éviter qu’un autre pays ne soit tenté de quitter le Titanic. »

    Les Anglais ont l’habitudes de prendre des missiles de « punition » dans la gueule.

    Si les missiles sont maintenant économiques, la logique serait que l’aliance avec les US le soit aussi et que l’angleterre devienne le 51 état des USA.

  • L’Union Européenne , est une excellente idée , malheureusement , elle a perdu beaucoup de temps dans les élargissement tous azimuts au lieu de s’atteler à l’approfondissement et à une politique commune, concernant, la fiscalité, la justice, achats en commun des hydrocarbures etc, je reste convaincu que l’Europe est une nécessité, malgré ses imperfections.

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