Ce livre, sorti en 2006, en pleine crise sur le CPE et récupération de celle-ci par tous ceux qui rêvaient d’une nouvelle révolution, d’un nouveau mai 68 ou de manifester leur haine ou leur désœuvrement (casseurs, extrême-gauche, intermittents du spectacle, soixante-huitards nostalgiques, etc.), est là pour nous rappeler que les mouvements d’agitation extrêmes ne sont pas si rares en France. Un ouvrage qui était alors étonnamment prémonitoire, car le livre de Jacques Marseille, qui fut entre autres professeur à la Sorbonne, sortait en librairie au moment même où cette Université connaissait une situation insurrectionnelle.
Une leçon d’histoire
Reprenant, en sept chapitres, de grands événements de notre histoire de France ayant débouché sur des situations de guerre civile dans leur diversité, il s’attachait alors, dans un huitième et dernier chapitre, à dresser une analyse actuelle de la situation tendue et préoccupante de notre pays aujourd’hui, au bord d’une nouvelle guerre civile selon lui (et on en voyait donc comme les prémisses). Il proposait aussi trois scénarios possibles de tournures que peuvent prendre les événements au niveau politique et leurs conséquences.
Une réponse, ainsi que l’écrivait Jacques Marseille, au journal Marianne, qui l’accusait d’être un membre de l’ « anti-France » et pronostiquait que son prochain livre pourrait s’intituler Vers la guerre civile. Du culot, donc, et une bonne répartie en forme de clin d’oeil. L’accueil fut d’ailleurs mitigé, puisque je me souviens des réactions de certains (n’ayant parfois sans doute pas même pris la peine de lire le livre, comme cela arrive hélas très souvent), rejetant avec mépris ce livre écrit par un auteur accusé d’être un « grand méchant libéral » (l’art de catégoriser les gens et de décrédibiliser leurs écrits en leur collant une étiquette).
Mais ce petit ouvrage valait surtout pour la courte leçon d’histoire qui nous y est proposée à chaque chapitre et permet de se replonger rapidement dans de grands moments de notre histoire, que l’on aura plaisir à se remémorer. Et qui en fait un livre toujours actuel. Qui valait donc la peine d’être ressorti de l’oubli.
Une rupture inéluctable
Quant au message de fond de l’ouvrage, il consistait pour Jacques Marseille à délivrer un message — celui de l’historien de longue durée — selon lequel une rupture, et peut-être même une guerre civile nous attendait à l’horizon de quelques années. Même si rien n’était irréversible, ajoutait-il. Mais une rupture certaine néanmoins, quelle que soit sa forme.
La cause, toujours la même (celle que nous observons aujourd’hui à l’heure de la crise des Gilets jaunes) : les non-choix. Ceux de nos derniers présidents et de leurs gouvernements. Qui ont entraîné leur lot d’accommodements de la part d’une population confrontée à un immobilisme fruit des jeux de pouvoirs de nos professionnels de la politique et au déclassement de notre pays et des individus qui le composent. Avec ce constat désolant, concernant les mesures urgentes qu’ils savaient nécessaires :
Ce n’est pas par ignorance qu’ils refusent de les prendre mais par peur des risques politiques et avec l’instinct de survie qui les caractérise, tant il est vrai – et c’est la leçon de toutes les guerres civiles – que la réforme est finalement plus dangereuse que la révolution dans la mesure où elle exige de remettre en question des intérêts acquis et donc d’affronter ceux qui les perdront.
Jusqu’au jour où…
Jacques Marseille, Du bon usage de la guerre civile en France, Perrin, mars 2006, 171 pages.
« …la réforme est finalement plus dangereuse que la révolution dans la mesure où elle exige de remettre en question des intérêts acquis et donc d’affronter ceux qui les perdront »
Merci à John Rivalland et à Contrepoints pour publier cet article de fond qui traite à la fois les causes profondes de la problématique politico-sociale actuelle et, qui explique l’incapacité de l’Énarchie et du Macronisme de s’adapter à une évolution nécessaire.
Une évolution impossible à concevoir car « l’immobilisme fait partie des jeux du pouvoir de nos professionnels de la politique »… « la peur de prendre des risques »…. donc « l’instinct de survie qui les caractérisent »…
L’instinct de survie de l’Etat obèse est également son principal coût. Aujourd’hui financier, il se comptera à terme en vies humaines détruites, car l’Etat obèse ne disparaîtra pas sans entraîner avec lui le pays et la population dans sa déchéance inéluctable.
« L’État obèse » mais aussi le cafouillage Macronien se limiteront à des soins palliatifs pour voir perdurer des prérogatives et des privilèges d’une époque Bonapartiste révolue.
Tout ceci alors qu’il est devenu urgent:
– De modifier le périmètre de compétence de la sphène Étatique et d’opérer une véritable décentralisation régionale faisant de la France un État Fédéral en s’inspirant des exemples Allemands et Suisses,
– De faire adopter par référendum une refonte complète de la constitution incluant une possibilité d’utiliser des RIC à la fois au niveau régional et au niveau national,
– De revoir totalement toute la politique migratoire actuelle dont la simple évocation, devenue politiquement incorrecte, est de fait le domaine réservé de la Macronie !…
– De revoir de fond en comble toute la fiscalité de ce pays et, d’une façon générale, toutes les règles instituant des prélèvements obligatoire sur les revenus et les patrimoines des français.
Merci à l’auteur et à Contrepoints pour cet article ô combien éclairant sur notre situation actuelle, malgré sa taille plutôt réduite.
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