Quelques idées fausses sur les fake news

Beaucoup traiteront de « fake news » simplement ce qui contredit leur croyance. Il vaut donc mieux avoir une bonne définition de cette expression.

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Fake by Alan Levine

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Quelques idées fausses sur les fake news

Publié le 14 janvier 2019
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Par Nathan Kreider.
Un article de Being Libertarian

Depuis l’élection présidentielle américaine de 2016, le terme fake news a été utilisé à peu près aussi souvent que les accusations de racisme et de sexisme. Disons-le, les dénonciations de nouvelles fausses ou trompeuses se révèlent plus souvent exactes que la plupart des accusations de prétendus préjugés.

Néanmoins, beaucoup traiteront de fake news simplement ce qui contredit leur croyance. Ces personnes ont des perceptions erronées sur ce qu’est, ou pas, une fake news. Les préjugés ne le sont pas nécessairement, et ils sont bien plus nombreux.

Des mensonges volontaires

La forme la plus évidente de fake news est le mensonge délibéré, consistant notamment à faire de fausses déclarations (affirmer par exemple qu’il est illégal de télécharger des données depuis Wikileaks, illégalité qui ne semble pas s’appliquer aux media) ou à déformer des informations importantes (comme monter de manière sélective un clip appelant à la violence pour le transformer en message de paix). Cela ne signifie pas que tout ce qui est publié par cette agence de presse est définitivement faux, mais cela signifie que la fiabilité de tout ce qui est diffusé peut être critiquée.

Des biais idéologiques

Une erreur commune est de croire que tous les media d’opinion diffusent de fausses nouvelles. La partialité, par définition, est une inclination de tempérament ou de perspective. En d’autres termes, les opinions résultent d’une vision du monde. Décrire factuellement une situation n’implique pas une vision du monde, mais en faire l’analyse l’exige. Cela signifie que les opinions seront toujours présentes au-delà d’une liste concise et simple des faits.

Doit-on en conclure que toute analyse d’une information est nécessairement fausse ? Non, bien sûr. Il n’y a rien de mal à l’interpréter à travers certaines valeurs. Un économiste autrichien a clairement tendance à privilégier l’école autrichienne lorsqu’il explique les tendances économiques, mais cela ne signifie pas que ce qu’il dit est faux ou peu fiable (c’est même tout le contraire). Nous ne reprochons pas à l’économiste autrichien de ne pas exposer tous les points de vue. Nous nous attendons à ce qu’il explique ce qu’il pense être l’interprétation la plus exacte.

Les fausses nouvelles sont la conséquence de parti pris non identifiés comme tels et non assumés. Si un média présente l’information à travers le prisme d’une idéologie, cela doit être clairement indiqué. Des organisations comme Being Libertarian, Rational Standard, Think Liberty, The Libertarian Institute et The Libertarian Republic publient toutes des contenus avec un biais idéologique libéral. Elles indiquent d’ailleurs clairement leur appartenance dans l’intitulé même de leurs organisations et sites respectifs. Elles reconnaissent ainsi leur parti pris, et cela n’interfère pas avec la validité de leur contenu (en fait, je dirais même que cela l’améliore).

Des organisations comme le Southern Poverty Law Center, sont souvent critiquées pour leurs publications. Si la critique du SPLC est ici justifiée, ce n’est pas à cause de son parti pris idéologique. Ce qui est critiquable c’est de pousser l’aveuglement idéologique jusqu’à imprimer des propos diffamatoires à l’encontre d’individus comme Maajid Nawaz (ils ont été obligés depuis de se rétracter et de présenter des excuses). Le parti pris n’est un problème que s’il déforme les faits.

Le sophisme génétique

Lors des débats en ligne, beaucoup succombent au sophisme génétique. Un conservateur va refuser une information du Huffington Post uniquement parce que celle-ci provient du Huffington Post, tandis qu’un progressiste rejettera le contenu d’un article de Breitbart simplement parce qu’il provient de Breitbart. Rejeter une déclaration ou un argument en se fondant uniquement sur sa source revient à céder au procès d’intention.

Il se peut que le contenu des deux articles soit des fake news, mais on ne peut pas l’affirmer par le seul argument de la source. Nous devons simplement avoir à l’esprit le biais idéologique de la source lors de la lecture. Si le parti pris des deux médias est avéré, la véracité du contenu doit être déterminée au cas par cas.

La fréquence des fake news est un problème légitime, et c’est une bonne chose qu’il soit identifié en tant que tel. Malheureusement, il semble que cette étiquette soit aussi utilisée par ceux qui, partageant de fausses convictions, tentent de disqualifier des visions opposées ou des vérités dérangeantes.

Traduction par Gérard-Michel Thermeau pour Contrepoints de « Misconceptions of Fake News ».

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  • Il y a en France deux problèmes qui, en final, polluent gravement la démocratie:
    – Les médias dominants, qui ne sont las objectifs se presentent sous un aspect de fausse neutralité qui trompe le public. Ceci est accentué par la lutte contre les fake news dont ils se sentent investis. De fait, ils servent certains intérêts et de toutes façons, l’information neutre n’existe pas, on peut le constater, même sur des faits comme les manifestations actuelles.
    – Des accusations diverses (dont celte de complotisme est particulièrement efficace, les autres commençant à s’user), l’étiquetage de personnes, de partis ou de sites internet dissuadent le citoyen de juger sur pièces. Ce fait, mentionné dans l’article, s’est constamment développé au point de supprimer ou discréditer toute information alternative à la verité officielle sur certains sujets.

    On ne le dira jamais assez: c’est la pluralité des points de vue qui permet d’approcher la vérité des faits et d’éclairer le jugement en sollicitant la liberté des gens et en faisant confiance à leur capacité de discernement.
    C’est la voie opposée qu’ont choisie nos gouvernants qui, toute honte bue, nous resassent les heures les plus sombres et accusent volontiers des « régimes » étrangers…

    • Lutter contre les » fake news »
      Très simple: supprimer toutes les subventions aux média, vendre A2, Fr3, Arte et autres chainettes gauchardes….Et que la meilleure gagne.

  • les politiques , les médias à leur botte et les fake news……c’est eux qui ont commencé , bien avant internet et les réseaux sociaux ; ça se retourne contre eux rarement pour le meilleur , bien souvent pour le pire ;

  • L’ambiguïté est propagée par la mauvaise traduction de fake news en français.
    Cela ne veut pas dire « fausse nouvelle » mais « nouvelle falsifiée » (intentionnellement).

  • La seule vraie nouvelle c’est que les citoyens ne croient plus les mensonges des politiques et que Macron est en passe de réussir à transformer l’Europe grâce à la diffusion du phénomène des Gilets jaunes aux autres nations!

  • Le vrai probleme des fake news est qu’il presuppose qu’il y a une vérité ce qui est de toute evidence faux : la vérité n’existe pas, seul existe le point de vue.

    Si en plus vous donnez le role de déterminer ce que serait cette vérité à un groupe de personnes, dependant de l’état qui plus est, ça va forcement mal finir.

  • Bel article. Le terme français devait être intox ou mensonge. Il ne revient pas à l’état de définir le mensonge ou la vérité. La lutte contre les fake news c’est une institutionnalisation de la vérité. C’est comme si il y avait un ministère de la vérité. 1984 quoi. Il revient aux individus de s’informer et aux journaliste pas trop debiles de faire leur boulot. Il est intéressant de voir à quel point les journalistes essaient de faire leur boulot en essayant de vérifier leurs sources, sauf quand ça vient de l’AFP.

    • A lire les journaux je n’ai pas constaté qu’ils vérifiaient leurs sources. L’affaire des OGM, du Glyphosate, du climat, démontrent au contraire un parti pris évident de ne présenter que la version écolo, et éviter tout ce qui la contredit.

  • « beaucoup traiteront de fake news simplement ce qui contredit leur croyance. Ces personnes ont des perceptions erronées sur ce qu’est, ou pas, une fake news. »

    Il y a un commentateur récurrent qui brasse du vent sur CP et ailleurs qui accuse ses détracteurs de propager des Fake News. Je pense qu’il sait parfaitement ce qu’est une Fake News : la nouvelle arme pour faire taire les empêcheurs de tourner en rond (en particulier pour les hélices).

  • « Si le parti pris des deux médias est avéré, la véracité du contenu doit être déterminée au cas par cas »

    Malheureusement cela prend du temps, quand cela est simplement possible, ce qui n’est pas toujours le cas.

    De plus nous savons très bien qu’il y a des « consensus » bizarre autant qu’étrange dans la presse sur certains sujets. Donc il devient impossible de valider une information par la multiplication des sources. Les sources remontent en général à un unique et soi-disant expert.

    En revanche, une méthode pour détecter les « fake » est l’incohérence : toute opinion est recevable à condition de ne pas se contredire. La contradiction est souvent subtile et demande une connaissance étendue du sujet, des faits et des déclarations. C’est aux VRAIS journalistes qu’il incomberait de relever ces contradictions. Ce qui n’est pratiquement jamais fait dans la presse « mainstream ».

  • @virgile je pense que vous avez raison sur le constat mais tord concernant la cause : globalement les journalistes ont une éthique et ils vérifient leur sources secondaires. Par contre ils oublient souvent d’enquêter sur leurs sources primaires (agences de presses gouvernementale). Je pense que le journalisme de terrain a en encore de l’avenir.

  • L’homme a un comportement concentrique, il n’a tendance à raisonner que par rapport à son cercle social (journalistes compris) quitte à nier ça propre morale par intérêt (ce qui est un comportement parfaitement humain). Le réseau mondial lui permet de s’affranchir de ses propres conflits moraux et de multiplier les sources. Il doit faire le tri certes. Mais faire croire à la fake news c’est juste bloquer la liberté de l’information.

  • Je recommande à ce sujet la lecture de ce rapport passionnant sur les manipulations de l’information.
    https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/les_manipulations_de_l_information_2__cle04b2b6.pdf

  • Le plus grand fake news est le silence!

    Les choses et les gents n’existent que si l’on en parle…
    Toute les armes atomiques ne sont rien à côté du silence…
    Ce silence vient de la peur exercée par les polices de l’opinion, elles-mêmes financées/soutenues règlementairement par la contrainte et la violence de l’état qu’elles répandent ainsi dans le corps social.
    Tant que l’on discutera avec un interlocuteur qui dispose d’un revolver, il n’y aura pas de liberté d’opinion.
    Treason never prosper because when it does nobody dares call it treason.

  • Les commentaires sont fermés.

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