République tchèque : un modèle fiscal pour la France ?

République tchèque : les grands axes fiscaux montrent un poids fiscal plus faible que la France.

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République tchèque : un modèle fiscal pour la France ?

Publié le 11 janvier 2019
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Par Alexandre Massaux.

La République tchèque est un pays bénéficiant d’une économie montante et d’une stabilité politique. En effet, en 2018 le pays connaît le taux de chômage le plus bas de l’UE entre 2,5 % et 3 % (selon les estimations), taux qui est en baisse et qui est largement en dessous de la moyenne européenne qui est de 6,9 % (8,3 % pour l’Eurozone)1. De plus, le pays possède une croissance de 4,3 %2 du PIB réel. Là encore la République tchèque fait office de bon élève compte tenu que la moyenne européenne est de 2,5 % ( la France étant à 2,2 %). Si son économie est très liée à ses voisins allemand (principalement la Bavière) et autrichien, c’est aussi un certain nombre de choix politiques qui explique cette bonne santé économique.

À l’instar des autres pays d’Europe centrale et de l’est, la République tchèque est partie de très bas : jadis pays satellite du bloc soviétique, la chute du régime socialiste a amené le pays à accomplir des réformes libérales sous la direction des présidents Vaclav Havel et Vaclav Klaus. Le premier, véritable héros national du fait de son rôle dans l’opposition au régime communiste a assuré la transition du pays en tant que président de 1993 à 2003. Le second, libéral convaincu et membre de la société du Mont Pèlerin (fondé par des membres de l’École autrichienne d’économie  comme Hayek et Mises) a continué le tournant vers l’économie de marché avec son parti ODS (Parti démocratique civique). Si la présidence est, depuis 2013, occupée par le social-démocrate Milos Zeman et le gouvernement contrôlé d’abord par les sociaux-démocrates puis par les centristes d’ANO 2011, les grands choix libéraux demeurent.

De ce fait, quelle est la situation actuelle en République tchèque et quels avantages ce pays offre-t-il ?

L’aspect fiscal : une situation avantageuse

En 2017, selon l’index de liberté économique de l’Heritage foundation, la République tchèque est 24ème du classement, dépassant ainsi l’Allemagne 25ème, et se situe loin devant la France , 71ème.3 Plus précisément, en matière de poids fiscal (qui représente le fait que les impôts soient élevés ou non), la République tchèque se voit attribuer une note de 82,9 (100 étant une imposition très faible) au-dessus de l’Allemagne (61,3) et la France (47,3).

En effet, en 2017, les recettes fiscales de l’État représentent en République tchèque 34,9 % du PIB là où en France elles représentent 46,2 % du PIB ! (Championne du monde)

Cette faible imposition n’empêche pas le pays d’avoir une dette publique ne représentant que 37,7 % du PIB et en baisse4, trahissant un comportement de l’État moins dépensier que l’Allemagne (dette représentant 67,6 % du PIB mais en baisse) ou que la France (97 % du PIB et en hausse : le pic des 100 % devrait être atteint en 2019). En outre, le déficit public est inférieur à 3 %, satisfaisant ainsi les critères budgétaires de l’UE.

Concrètement, au niveau des impôts et taxes principaux la situation est la suivante5 :

  • Impôt sur les sociétés à 19 % (33 % en France avec une réduction à 25 % prévu pour 2022)
  • Impôt sur le revenu des personnes physiques : taux d’imposition unique (flat tax) de 15 % (en France, différentes tranches, la plus haute étant 45 %). Il est prélevé à la source (système qui sera introduit en France en janvier 2019).
  • TVA avec un taux normal de 21 %, le taux réduit de 15 % (principalement sur les biens de première nécessité) et le taux réduit de 10 % (sur les médicaments, les livres et les produits pour nourrissons). Pour le coup, la TVA est plus élevée qu’en France où les différents taux sont respectivement 20 %, 10 % et 5,5 %.

Les cotisations sociales6d’un salarié payables par l’employeur sont d’environ 34 % et se décomposent ainsi :

  • Maladie, maternité – prestations en espèces 2,3 %,
  • Soins de santé 9 % (+4,5 % payable par le salarié),
  • Vieillesse, invalidité, décès 21,5 % (+6,5 % payable par le salarié),
  • Accidents du travail et maladies professionnelles entre 0,2 % et 1,2 %,
  • Chômage 1,2 % du salaire brut.

Ainsi le coût des cotisations pour un employeur représente 45 % du salaire brut.

En comparaison, le système français est beaucoup plus complexe et les cotisations peuvent aller jusqu’à un total 62 % du salaire brut (22 % de charges salariales + 42 % de charges patronales). Si les cotisations sociales restent plus élevées en République tchèque que dans certains de ses voisins comme la Pologne, la situation est plus avantageuse que celle de la France.

Au niveau de la taxation du capital et des biens, la République tchèque bénéficie d’une taxation peu présente dans ce domaine :

  • L’impôt sur la fortune n’existe pas
  • L’impôt sur les successions a été supprimé en 2014 pour les héritiers directs. De la même manière les donations entre les membres directs au sein de la famille ne sont pas taxées. (En France, les frais de succession et de donations peuvent monter jusqu’à 45 %). En dehors de ce cas les donations sont soumises au taux fixe de 15 %.7

S’il existe d’autres taxes et impôts, force est de constater que les grands axes fiscaux montrent un poids fiscal plus faible que la France. De même, l’utilisation de la flat tax met en avant un système plus simple et moins sibyllin que son équivalent français.

  1. Meignan, Pierre, « Eurostat : la Tchéquie a le plus faible taux de chômage de l’Union européenne | Radio Prague », Radio Praha <http://www.radio.cz/fr/rubrique/infos/eurostat-la-tchequie-a-le-plus-faible-taux-de-chomage-de-lunion-europeenne>
  2. « La croissance en Europe », Toute l’Europe.eu <https://www.touteleurope.eu/actualite/la-croissance-en-europe.html>
  3. « Country Rankings: World & Global Economy Rankings on Economic Freedom » <//www.heritage.org/index/ranking>
  4. « République tchèque », Toute l’Europe.eu <https://www.touteleurope.eu/pays/republique-tcheque.html>
  5. « Système Fiscal | Ambassade de La République Tchèque à Paris », Ambassade de La République Tchèque En France <https://www.mzv.cz/paris/fr/economie_commerce/entreprendre_en_republique_tch_que/syst_me_fiscal/index.html>
  6. « Les cotisations en République Tchèque », CLEISS <https://www.cleiss.fr/docs/cotisations/republique_tcheque.html>
  7. « Taxation and Investment in Czech Republic  2017 », Deloitte, p.24.
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  • Enfin vous êtes sérieux la France n’a de leçons a recevoir de personnes !! Nous sommes les meilleurs !!! Il le prouve en faisant des comparaison , vous n’avez rien compris nous sommes un pays genereux avec l’argent des autres au diable l’avarice !!!
    Ce pays que tout le monde nous envie , la preuve ils achetent tout ce qui est achetable et en plus , ils sont exonéré !!! Tout va bien !!
    C’est bien Français de critiquer notre facon de vivre !!! à Credit et de dettes !!!

  • Pour une fois, Wauquiez nous a sorti une proposition intéressante avec son IR en flat-tax. On peut noter au passage que les 7 pays de notre continent qui appliquent cette flat-tax sur l’IR sont ceux qui sont sortis du communisme …

    Il ne reste plus qu’à remettre sur le tapis la TVA sociale de l’UMP, et on se retrouverait avec une structure d’impôt se rapprochant de celle qui est décrite ici.
    Par rapport à l’IS et aux charges sociales, la TVA a l’avantage de ne pas s’exporter en même temps que les produits.

  • Rien de surprenant la Rep Tchèque a été une des premières démocraties d europe centrale et dans le top 10 des puissances économiques avant leur annexion par les nazis. Ce pays reprend sa place, tout simplement, place soit dit en passant grandement méritée : peuple fortement attaché à son pays, travailleur intelligent et tres bien formé .

  • Et les Tchèques ont conservé leur monnaie, la couronne. N’y aurait-il pas une incidence sur les bons résultats ?

    • Je pense que cet élément doit forcément jouer en faveur de la République Tchèque.

      Pour la petite anecdote, durant un road trip dans les pays de l’Europe de l’est il y 4/5 ans, je suis passé par la Prague puis par Bratislava. Bizarrement, les prix étaient plus élevés en Slovaquie (qui possède l’€) qu’en République Tchèque, après ma comparaison reste sur des choses basiques (logement, bar, restaurant, etc.) et reste anecdotique 🙂

  • L’idée de la flat tax à 15% quel que soit le type de revenus et sur l’ensemble des revenus est en effet une bonne idée et, sous réserve de calculs plus affinés, très probablement plus juste que ce qui prévaut en France aujourd’hui si cela s’accompagne d’une baisse des cotisations sur le travail payées par les salariés ou travailleurs indépendants.

    • « L’idée de la flat tax à 15% quel que soit le type de revenus ». Deux obstacles insurmontables à son instauration en France :
      1/ C’est trop simpliste pour Bercy, au risque de perdre son magister sur les finances publiques.
      2/L’Etat ne pourrait s’empêcher d’en augmenter le taux chaque année.

  • on peut ajouter que le PIB par habitant de la région de Prague est supérieur à celui de l’Ile de France.

    Le fait que la Tchéquie n’ a pas souhaité rejoindre la zone euro, alors qu’elle remplit largement les critères, montre que ce pays fait preuve d’une lucidité remarquable

  • Et le smic est à 400 e ! C’est vrai que ça fait rêver…

    • sauf qu’il y a très peu de gens au SMIC !!!

      et puis si un smic à 1200 € vous fait rêver… rester en France effectivement !

    • Effectivement, mais combien coûte la vie là bas ?

    • L’ absence d’ un smic ou un montant dérisoire de smic tire les salaires vers le haut. Le faible taux de chômage permet aux employés d’ avoir la main. J’ aimerai bien voir ça en France avant de passer l’ arme à gauche….

      • Et paradoxalement vous avez environ 1 million d’emploi non pourvu en France.
        Alors oui c’est souvent des boulots genre aide à la personne et restauration (avec des contraintes certaines et un faible salaire) mais c’est toujours mieux que le chômage.
        Mais je pense que si le salaire complet était appliqué en France, même ces boulots au smic seraient plus avantageux que le chômage.

    • On ne peut comparer car le coût de la vie est bien plus faible. Cela équivaut à 1200 euros en France. Du temps du communisme la vie et le salaire étaient 10 fois moindres qu’en France, il n’est plus que 3 fois.

  • Où a t-il donc trouvé une croissance de 2,2ù pour la France, alors que c’est 1,2 pour 2016 et 1,8 pour 2017? Cette année ce sera moins!

  • Les commentaires sont fermés.

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