2018 : année charnière pour la légalisation du cannabis thérapeutique en France

La France est en train de rejoindre le train des pays ayant légalisé l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques.

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2018 : année charnière pour la légalisation du cannabis thérapeutique en France

Publié le 2 janvier 2019
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Par Nicolas Authier1.

Un article de The Conversation

AngleterreLuxembourgThaïlande… La liste des pays qui ont décidé d’autoriser l’usage thérapeutique du cannabis ne cesse de s’allonger. On en compte désormais plus de 35 dans le monde, dont 21 dans l’Union européenne.

Depuis le 27 décembre, la France est en passe de les rejoindre. Dans un communiqué de presse, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a en effet indiqué qu’elle souscrivait aux propositions du comité d’experts récemment constitué pour juger de la pertinence de cet usage du cannabis.

De l’inclusion du cannabis au sein d’un plan de re-dynamisation de la Creuse jusqu’à l’émission d’un premier avis positif par un comité scientifique soutenu par les autorités sanitaires, quels ont été les principaux faits marquants qui ont engagé la France sur la voie d’une future légalisation du cannabis à visée thérapeutique ?

Une conjoncture favorable

Comment une plante considérée comme une drogue illicite a-t-elle pu être finalement considérée comme une alternative thérapeutique ? Plusieurs raisons peuvent expliquer ce basculement.

D’une part, depuis plusieurs années le corps médical et les autorités sanitaires ont mis l’accent sur les méfaits de l’alcool et du tabac, soulignant que ces drogues, bien que légales, sont les plus problématiques en termes de santé publique. D’autre part, sur le plan international, l’usage thérapeutique du cannabis s’est progressivement normalisé. La plante est notamment autorisée depuis 2013 dans des médicaments comme le Sativex ou l’Epidiolex.

La conjonction de ces facteurs aurait rendu acceptable, pour l’opinion publique, le débat sur le recours au cannabis thérapeutique, sous couvert d’une supervision médicale, d’une maîtrise de la qualité des produits proposés et d’une réduction des risques liés à son administration.

Par ailleurs, les conséquences du développement du cannabis thérapeutique dépasseraient les limites du secteur médical. L’ouverture probable de nouvelles perspectives économiques en période de crise a emporté l’adhésion d’une partie de la classe politique.

Une motivation tant économique que médicale

Dès la fin de l’année 2017, la possibilité d’autoriser la culture de cannabis à visée thérapeutique était envisagée. Cette réflexion sur l’usage était portée tant par des considérations médicales qu’économiques.

Le milieu politique s’est en effet emparé de cette question après avoir observé la croissance de ce marché dans les pays ayant légalisé cet usage industriel. Son impact potentiel sur l’emploi, voire sur la rémunération des agriculteurs impliqués a également été évalué, en particulier par le comité de pilotage du « Plan particulier pour la Creuse », destiné à redynamiser le département.

Soutenue par des élus locaux et par la région Nouvelle-Aquitaine, la filière chanvre industriel, déjà bien développée, avait alors dans ce cadre été présentée au président de la République comme un élément de développement économique potentiel.

Les choses allaient s’accélérer en 2018.

À suivre en 2019

Cette réflexion sera poursuivie cette année. Le comité scientifique se réunira à nouveau le 30 janvier 2019 à l’ANSM. Ce rendez-vous sera suivi de quatre autres réunions avant l’été.

Celles-ci auront pour but de formuler un avis sur les modalités de prise en charge médicale (définition du type de prescripteurs, du circuit de distribution et de dispensation, des modalités d’administration et des formes pharmaceutiques, des dosages et concentrations en principes actifs) ainsi que sur les modalités de suivi des patients qui pourraient bénéficier de l’utilisation du cannabis à visée thérapeutique. Car ce n’est pas « un » cannabis mais « des » cannabis thérapeutiques qui pourraient être proposés, selon les pathologies et les malades concernés. Une véritable médecine personnalisée, dont le malade devra être l’acteur principal.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
  1. Nicolas Authier est médecin psychiatre, professeur de pharmacologie médicale. Il est directeur de l’Observatoire Français des Médicaments Antalgiques, administrateur de la Fondation Analgesia et membre du Collège scientifique de l’OFDT. Il préside la Commission des stupéfiants et psychotropes et le Comité Scientifique Spécialisé Temporaire (CSST) sur le cannabis à visée thérapeutique de l’ANSM.
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  • En France comme à Cuba la drogue c’est obligatoire ! Comment pourrions nous les supporter nos dictateurs autrement ?
    A quand la légalisation de l’argent et de la liberté ?

  • La france est très en retard dans la libéralisation du cannabis.
    Pourtant cette libéralisation pourrait assainir les comptes publics,
    vider les prisons,et en finir avec l’hypocrisie qui consiste a se cacher derrière son petit doigt en invoquant des raisons médicales qui ne tiennent plus dés lors que l’alcool lui est en vente libre.

    • Ca ne sera pas liberalisé, mais légalisé, obviously.

    • Il n’y a vraiment aucun rapport entre alcool et cannabis. Cet argument complètement moisi sabote le débat sur la nécessaire légalisation du cannabis. Quant à dire qu’elle va assainir les comptes publics, franchement, quel meilleur argument pour légitimer les taxes sur tout et sur tous ?

      Ceci dit, la France a un problème dans son rapport avec la douleur. Souffrir est encore inconsciemment considéré comme normal, une forme de pénitence laïque héritée de la pénitence religieuse. Les patients qui se font torturer dans les hôpitaux par des personnels sadiques (et protégés par leur statut) sont trop nombreux et le sont dans l’indifférence générale.

      • « Cet argument complètement moisi sabote le débat sur la nécessaire légalisation de toutes les drogues. »
        Fixed.

        • pour l’argument moisi vous repasserez
          « En 2015, le nombre de malades imputés à la consommation d’alcool est de 1,2 million. Ainsi, en 2009, 49.000 décès étaient imputables à l’alcool en France, dont 22% chez les 15-34 ans, 18% chez les 35-64 ans et 7% après 65 ans. »

          • Il y a des alcooliques c’est un fait, et alors?
            c’est le droit de tout un chacun de disposer de son corps comme il l’entend

          • 49000 décès imputables, pas nécessairement imputés : ce n’est pas une certitude, juste une hypothèse de travail. Par exemple, la statistique chez les 15-34 ans est fortement biaisée du fait du pic statistique des cancers développés naturellement chez les adolescents et les plus jeunes adultes. On peut accuser l’alcool, c’est gratuit puisqu’indémontrable dans beaucoup de cas. Sa prohibition et la culpabilisation de la population, par des autorités indignes qui exploitent outrageusement la misère humaine, ne changera rien à un phénomène de santé malheureusement parfaitement naturel.

            Dans le 1,2 million de « malades », on inclut les cures de désintoxication. Il y a donc 64,8 millions de Français qui, en moyenne, ont consommé de l’alcool à raison de 2 verres chaque jour, et qui ne sont pas malades du tout, ni même simplement dépendants.

            Encore une fois, l’alcool n’a rien à voir avec le cannabis.

  • ça chipotte pour légaliser le cannabis thérapeutique  » et en même temps « on laisse le trafic de toutes sortes de drogues se développer ; les sauvageons ont de beaux jours devant eux …..

  • Fumer un spliff en sortant du taf, c’est thérapeutique?

  • « dont le malade devra être l’acteur principal. »
    Haha quelle blague, en France on se fait soigner et on se tait.

  • @Cavaignac, ils savent aussi faire prendre des opiacés à l’hôpital. En principe c’est juste avant de vous dire qu’il faut couper le bras. Aux urgences également ils préfèrent vous gaver d’antidouleurs que de traiter le problème. Le cannabis n’est pas non plus un produit miracle. Je dirais qu’il est davantage hypnotique que le paracetamol. Ça met dans un détachement de la douleur, d’où son acceptation. Si l’on a mal au crane un bon doliprane 1g ça reste le mieux. Bref, ce débat n’aura pas lieu. La République imposera ce qui est BON pour nous. Et ta gueule c’est comme ça. Mais pourquoi s’acharner sur une pauvre plante qui pousse n’importe où, n’importe comment et est utilisée depuis l’aube des temps ?

  • Moi je sais pourquoi l’alcool est autorisé et pas le cannabis. Fabriquer votre pastis c’est assez chiant. Alors que faire pousser sa beuh c’est assez simple. Quid de taxer un truc que les gens peuvent faire eux mêmes ? Donc faut interdire. La santé n’à rien à voir la dedans.

  • Le pire c’est que l’on peut se déchirer gratuitement avec des champignons, des cactus, de la muscade, de la mandragore, etc…le protoxyde d’azote semble à la mode également. L’on ne se demande pas pourquoi il y a autant de drogués en France. L’on préfère regarder ailleurs. Autorisons la liberté et l’argent. Laissons les gens vivre comme ils le veulent. Sans richesse, pas de liberté. Tant que l’Etat régnera en maître rien ne pourra s’améliorer. Les dealers et le chômage continueront. La pauvreté continuera. Puis la guerre et la violence viendra. Depuis le temps qu’on le dit.

  • J’aimerais bien essayer. J’ai déjà du houblon dans mon jardin. Plante hautement chargée en substances relaxantes 😉
    Et de la bière au cannabis alors ? Ça serait top ça !

  • Les opiacés sont pourtant autorisés alors pourquoi pas le cannabis?
    Sans doute que des fortunes ne pourront plus se faire si il est légalisé.et rembourse par la sécu !

    • Tous les médicaments contenant des opiacées et qu’on pouvait obtenir sans prescription ont été retiré du marché (enfin il faut une prescription maintenant)

      S’il y a besoin d’une prescription c’est que la substance n’est pas autorisée…

      • Une prescription…et alors,cela ne contredit pas mon post.la légalisation du cannabis ne conserne que les prescriptions medicales ,il ne s’agit pas de vente libre ,cela foûterait la pagaille dans les quartiers.

  • Les commentaires sont fermés.

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