La langue de bois s’épice de nouvelles injures

La langue de bois évolue. Découvrez les nouveaux modes d’expression et les nouvelles injures de nos féconds professionnels de la politique.

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La langue de bois s’épice de nouvelles injures

Publié le 26 décembre 2018
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Par Nicolas Perrin.

Dernièrement, j’évoquais les simagrées de Jean-Luc Mélenchon qui faisait mine de pas comprendre la question d’une journaliste, soi-disant à cause de son accent du sud. Bien des raisons rendent le dialogue parfois difficile en France, comme en attestent les évènements des derniers samedis.

Des références présidentielles pas toujours partagées par les citoyens en âge de voter

Si vous êtes un lecteur régulier de cette chronique, il n’est plus un secret pour vous que nos politiciens ont une fâcheuse tendance à nous infantiliser. Tant dans leurs discours que dans les règles de vie en société qu’ils édictent, nos élus nous conditionnent au maximum pour que nous soyons demandeur de toujours plus d’État-maman, justifiant ainsi leur existence.

Après un François Hollande qui s’était autoproclamé « président des bisous », Emmanuel Macron a lui aussi fait appel à l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Voici ce qu’il déclarait le 27 novembre dans un discours sur la transition énergétique et les Gilets jaunes  :

Heureusement, nous n’avons pas eu droit à d’autres citations à la Pocahontas lors de la conférence onusienne sur le climat qui s’est déroulée mi-décembre.

Le nouveau vocabulaire sciences-po branchouille

On sait combien les discours de nos technocrates patentés sont soporifiques. Heureusement, avec La France Insoumise, la République dispose désormais de députés qui savent comment s’adresser au citoyen en trouvant les mots qui vont faire mouche, conservant ainsi toute son attention.

Mise au défi par l’animateur Cauet de « placer #bolos à l’Assemblée nationale », Danièle Obono a relevé le gant sans la moindre hésitation.

Il est vrai qu’avec ces deux-là, la forme a depuis longtemps triomphé sur le fond.

Si vos enfants sont en passe d’entamer leurs études supérieures, peut-être serez-vous intéressé de savoir que les faits d’armes de cette députée très proche des Indigènes de la République lui ont récemment valu d’être nommée au conseil d’administration de l’UFR de science politique de la Sorbonne.

Les insultes aussi se modernisent

Vous souvenez-vous du « mot du mois de novembre » ? À l’époque, le rouge n’était pas encore mis et les journalistes les plus hostiles vis-à-vis des Gilets jaunes ne les traitaient encore que de beaufs.

Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts et les manifestants se font désormais traiter de « déchets blancs » et de « France Moche » sur La Règle du Jeu, le site de l’inénarrable Bernard-Henri Lévy.

Laurent David Samama voit dans ce mouvement des « terriens enracinés jusqu’à l’absurde, abreuvés de fake news et enclins à l’emploi de solutions radicales ».

Passons sur le fait qu’il est assez cocasse d’entendre parler de fake news sur le site d’un admirateur de Jean-Baptiste Botul.

Contre la « fièvre populiste d’une foule minoritaire », l’auteur se pose en défenseur de « l’objectif progressiste », lequel doit triompher « sur le front de luttes connexes telles que le sort des migrants, la lutte acharnée contre la fermeture des services publics, des maternités, écoles et autres bureaux de poste dans les petites communes, la sanctuarisation de l’hôpital public, la revalorisation du salaire des enseignants, la conduite d’une véritable politique de transition écologique… »

Bref, on comprend que La Règle du Jeu ne soit pas très en faveur de la contestation puisqu’en demandant plus de collectivisme et plus d’immigration non-qualifiée, elle se fait l’avocat de la politique appliquée depuis bientôt 45 ans et qui nous a amenés là où nous en sommes.

Découvrez l’incontinence cérébrale

Cependant, sans même chercher bien loin, on peut trouver largement plus trash que La Règle du Jeu.

Si vous ne le connaissiez pas, je vous présente Joachim Son-Forget, ancien membre du PS et député LREM de la circonscription des Français de l’étranger, de Suisse et du Liechtenstein. Fort d’un background très international, ce marcheur de 35 ans et franco-kosovar d’origine sud-coréenne s’est illustré le 8 décembre en donnant publiquement une éblouissante leçon de négociation à l’échelle internationale.

De l’eau dans son vin

Comme vous le savez sans doute, Jean-Claude Juncker n’est pas vraiment le genre de gars avec qui vous avez envie de prendre l’apéro.

Début octobre, après que l’Italie a présenté son projet de budget à Bruxelles, le président de la Commission européenne l’a réprouvé en le jugeant « hors des clous ». Le Luxembourgeois a ajouté « qu’après avoir géré la très difficile crise grecque », il craignait que les instances communautaires se retrouvent « dans une nouvelle crise, cette fois-ci en Italie ».

Cela n’a pas vraiment donné envie à Matteo Salvini de discuter plus avant avec Jean-Claude Juncker, puisque le vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur italien a ensuite déclaré que le président de la Commission « devrait boire deux verres d’eau avant d’ouvrir la bouche, et arrêter de répandre des menaces non-existantes ».

Je ne vous cache pas que je préfère de loin le style italien au style franco-kosovar, même si pour le coup, je partage le constat du Luxembourgeois.

Ce dernier a d’ailleurs refait des siennes mi-décembre en saluant une fonctionnaire en lui secouant les cheveux lors du sommet du Conseil européen à Bruxelles.

Simplement alcoolique, tristement sexiste ou complètement frappadingue ? Je vous laisse cocher les éventuelles mentions utiles.

Pour plus d’informations, c’est ici 

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  • les gilets jaunes ont un nouveau nom ; ils sont considérés par l’état comme étant  » des terroristes domestiques « ….je me demande combien de temps ils se sont creusé ce qui leur sert de cerveau pour nous la sortir celle là…..

    • @véra: Il y a deux façons de voir les choses.
      Soit on considère qu’il n’y a que des manifestants pacifiques parmi les Gilets Jaunes, et que les casseurs sont tous de faux Gilets Jaunes.

      Soit on considère que les Gilets Jaunes sont composés de manifestants pacifiques réclamant moins de taxes (ceux-là on tout mon soutient), de manifestants pacifiques réclamant plus de taxes (pour les « riches »), et de casseurs.

      Quoi qu’il en soit, que l’on considère les casseurs comme étant de vrais ou de faux Gilets Jaunes, ces casseurs (majoritairement d’extrême gauche) sont clairement des terroristes. Le mot « terroriste » à un sens précis. Il ne devrait pas uniquement servir à désigner les potes à Ben Laden.

      Quand un anarcho-communiste s’amuse à incendier des voitures, vandaliser des abribus, caillasser des vitrines, piller des boutiques de luxe, détruire des guichets automatiques bancaires, tout ça dans le but de faire régner un climat de terreur, cet anarcho-communiste est clairement un terroriste.

      • Vous avez raison dans l’absolu, seulement ces « terroristes » que vous évoquez ne sont ni « domestiques » (il s’agit de casseurs professionnels), ni à leur premier coup d’essai.
        Comment se fait-il que, lorsqu’ils détruisaient les centres-villes de Nantes, Rennes ou d’autres villes de province, personne au gouvernement ne s’en est ému, jusqu’à employer ce terme, ô combien connoté ?
        La réponse est simple : ce n’est pas de ces groupuscules, effectivement terroristes, que parle l’actuel pouvoir.

      • les anarcho communistes ne sont pas la progéniture des bobos socialos en priorité?

  • Un seul politique français a tout compris, François Hollande notre comique troupier surnomme  » monsieur p’tite blague ».
    Un président qui a réussi a faire se marrer le monde entier en allant en scooter rue du cirque voir sa cocotte….et même acheter une maison à Tulle,quel humour !
    Tous ces gens ne se prennent pas au sérieux ni la politique pour quelque chose de sérieux…et tant mieux , imaginez qu’ils soit tous comme Jospin Rocard Aubry Ségolène , des gens très très sérieux.,.ils n’ont pas tous fini au pôle Nord histoire de les congeler pour l’éternité en attendant un remède ?

  • On risque la pénurie d’Audiard Awards.

  • « Gaulois réfractaires  » , « sans dents »
    « gens qui ne sont rien »,  » Roule au diesel » , etc etc … etc …  » Victime de trop intelligent ! etc … C’est pas mal non plus .
    Y en a de nouvelles chaque secondes !

    • Sans oublier « les illettrés », « Il n’y a pas de culture française », les injures faites aux Polonais et aux Hongrois, les selfies avec des voyous. Je continue la liste ?

  • Ah oui, les bolos ou les carbos sans mozza, c’est la cata !
    Même avec de la San Pé, c’est plus de la gastro…

    Elle est pas belle, la langue française ?

  • « même si pour le coup, je partage le constat du Luxembourgeois. » Désolé, cher M. Perrin, mais vous n’avez rien compris : il ne s’agit pas plus d’une « crise grecque » que d’une « crise italienne », mais plutôt d’une crise européenne fondée sur la stupidité de la création et du fonctionnement de l’euro (le deutsche Mark qui ne dit pas son nom) qui ruine les économies européennes. C’est quand même bizarre que des libéraux favorables à la concurrence, ne soient pas favorables à la concurrence entre les monnaies. Faudra qu’on m’explique…

    • l’Euro ne ruine pas mais sauve les économies chancelantes.ce n’est pas ce qu’on aurait un franc dévalué qu’il y aurait plus d’entreprises en France, bien au contraire !

      • S’il n’y avait pas l’euro, les politiques français n’auraient pas pu bénéficier des taux d’intérêt aussi bas mis en place par la BCE avec le QE, et donc leur incurie se serait vu bien plus rapidement. C’est vrai par contre que la dégradation de l’économie française a des causes principalement internes.

    • Comme si la Grèce ou l’Italie étaient des modèles économiques avant l’instauration de l’Euro.

  • Le Deutsch Mark et oui c’est bien cela notre problème majeur, et qui à dit oui à l’Euro = Deutch mark ? Alors là il n’y a plus personne pour s’en souvenir !!

  • Si je puis me permettre, je trouve ces #je ne sais quoi complètement débiles et parfaitement ridicules. On se croirait dans une cour de maternelle, et encore!

  • « en demandant plus de collectivisme et plus d’immigration non-qualifiée, elle se fait l’avocat de la politique appliquée depuis bientôt 45 ans et qui nous a amenés là où nous en sommes. »


    Ce n’est pas l’« immigration non-qualifiée » qui nous a amené « là où nous en sommes. » L’immigration « non-qualifiée » n’est pas un problème en soi. C’est uniquement l’immigration non invitée le problème.

    Un pays libéral dans lequel débarquent des immigrés peu qualifiés que des patrons ont invité sera toujours dans une meilleure situation qu’un pays socialiste dans lequel débarquent des immigrés très qualifiés que personne n’a invité.

    • Oui, bon, en fait le problème n’est clairement pas d’abord le niveau de qualification, mais surtout le niveau d’intérêt pour intégrer le marché du travail. Quand l’immigration devient principalement familiale, et pas de travail, comme c’est le cas pour la France, il faut être benêt pour évoquer le « travail » (je parle de ceux qui évoquent les « chances pour la France »).
      Sinon, j’avais lu il n’y a pas si longtemps une étude comparative de l’émigration algérienne à destination de la France et du Canada. Il y avait des arguments concrets qui montraient que la France avait privilégié des faibles niveaux d’études et de qualification, quand le Canada avait fait tout le contraire. Et, bizarrement, les banlieues « émotives » se trouvent…

      • @durru : Afin de rebondir sur vos propos, j’vais reposter (en le reformulant légèrement) un ancien message. Il aborde le sujet de l’immigration dans (presque) toute sa complexité :

        « Imaginons un [immigré A] et un [immigré B] :

        L'[immigré A] vit dans un pays d’accueil où il peut survivre en se contentant de percevoir des allocs et de voter pour les politiciens qui lui garantissent ces allocs, il peut également faire condamner par la justice des faux criminels, tels que par exemple des journaux qu’il juge racistes, et des propriétaires ou employeurs qui le discriminent parce qu’il refuse de s’assimiler (par contre cette même justice peine à condamner les vrais criminels) ; il entend à longueur de journée de la part de médias et d’associations communautaristes subventionnées qu’il est une victime de la colonisation même dans le cas où ni lui ni ses proches/ancêtres directs ont été victimes d’injustices concrètes.

        L'[immigré B] vit dans un pays d’accueil où il n’existe pas d’allocs, où il est obligé de travailler pour survivre (mais où fort heureusement ce n’est pas compliqué de trouver du boulot car il n’y a pas de salaire minimum, 35h, et autres lois engendrant un chômage de masse), où la justice ne condamne que les vrais criminels, où les journaux ont le droit d’être « racistes » contre lui, où il est libre de ne pas s’assimiler mais où les propriétaires et les employeurs sont libres de le discriminer du fait de son refus de s’assimiler ; il entend à longueur de journée, grâce à des médias de qualité (car étant privatisés et n’étant pas subventionnés), que les individus qui n’ont subi aucune injustices concrètes (ou qui n’ont pas de proches/ancêtres directs victimes d’injustices concrètes) ne sont pas des victimes de la colonisation.

        Quel est selon vous, entre l'[immigré A] et un l'[immigré B], celui qui est le moins suceptible de s’intégrer au pays d’accueil ? Réponse : très probablement celui vivant dans le pays le moins libéral, c’est-à-dire l'[immigré A]
        »

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