Où est la baisse des dépenses publiques ?

La stabilité apparente du nombre de fonctionnaires en 2017 cache en fait une baisse de 50 400 contrats aidés et une hausse de 45 000 fonctionnaires de plein exercice.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Où est la baisse des dépenses publiques ?

Publié le 19 décembre 2018
- A +

Par Jean-Philippe Delsol.
Un article de l’Iref-Europe

Bien sûr, il fallait bien que le gouvernement prenne des mesures pour stopper les débordements inutiles. Il a donc décidé de dépenser encore de l’argent public, plus de dix milliards d’euros sans doute, pour tenter de satisfaire la grogne des Gilets jaunes ; ce qui risque de peser sur l’économie. Pourtant, les premiers Gilets jaunes, avant d’être récupérés par l’extrême gauche, demandaient moins de servitude fiscale plutôt que plus d’aide sociale ; ils voulaient vivre de leur travail plutôt que de prébendes publiques. Le résultat obtenu sera à l’inverse de celui qui était espéré.

Nous n’en serions pas là si, par un effort significatif pour réduire les dépenses publiques, les impôts et taxes avaient aussi pu être allégés sensiblement. Mais le gouvernement joue encore au pompier pyromane : après n’avoir rien fait de significatif en matière d’économies publiques, il pense moins à économiser qu’à augmenter sa dette pour payer les charges nouvelles qu’il devra supporter. Il était prompt à critiquer l’Italie, mais il fait pire en matière budgétaire.

Les dépenses continuent d’augmenter

Dès avant que soient pris dans l’urgence ces nouveaux engagements, les dépenses continuaient déjà d’augmenter de manière masquée. La stabilité apparente du nombre de fonctionnaires en 2017 cache en fait une baisse de 50 400 contrats aidés et une hausse de 45 000 fonctionnaires de plein exercice.

Les effectifs des ministères ont augmenté de 1,2 % hors contrats aidés, soit 23 000 agents supplémentaires dans la fonction publique d’État, dont 20 600 à l’Éducation nationale et seulement 1 300 à la Justice. Les effectifs de la fonction publique territoriale ont augmenté de 0,9 % hors contrats aidés, et ceux de la fonction hospitalière de 0,7 %. Craignons qu’il n’en soit de même cette année.

Les économies sont pourtant possibles en bien des domaines. Elles sont possibles à court terme. Par exemple en allégeant beaucoup de réglementations qui exigent des contrôles et augmentent les coûts de production comme les prix des produits et services. Ou en réduisant nombre de subventions aux associations et entreprises, en supprimant les niches fiscales et sociales inefficaces, en baissant de manière drastique les effectifs de la fonction publique non régalienne tout en préservant la sécurité et la justice.

En arrêtant, aussi, cette course forcée, inutile et très coûteuse à la transition énergétique qui peut avoir du sens pour faire baisser la pollution mais n’est pas justifiée de manière rationnelle en l’état pour lutter contre le réchauffement climatique… Ces économies budgétaires sont aussi possibles dans le temps long en remettant en cause les monopoles, les statuts trop rigides, les rentes de situation, en introduisant la concurrence dans les assurances sociales et dans l’éducation.

Il faudra bien réviser les conditions d’accès aux mesures d’assistance sociale. Les deux tiers des prélèvements obligatoires sont affectés à des dépenses sociales ; celles-ci représentent environ 32 % du PIB contre 22 % en moyenne dans l’OCDE. Il ne s’agit pas bien entendu de remettre en cause l’aide accordée à ceux qui en ont vraiment besoin, mais il y a tant de faux chômeurs, d’assurés sociaux irresponsables, de migrants illégaux, d’aides intempestives à l’achat de logements, de voitures, de chaudières…

Depuis des décennies, l’État intervient tant et tant dans la vie de chacun que la valeur des choses et des services est biaisée. Il n’y a plus de vrais prix puisque tout est, selon les cas, excessivement taxé ou subventionné, directement ou indirectement. Les salaires eux-mêmes sont artificiellement abaissés ou augmentés par des cotisations qui varient en fonction des humeurs du temps et de l’intensité des fièvres de la rue. Comment être rationnellement responsable de sa vie dans ces conditions puisque les critères de choix sont factices et aléatoires ?

Il va y avoir un grand débat public pour faire front au désarroi et à la colère de la France profonde. Il serait intéressant que nous y participions tous pour aborder ces vrais sujets et éviter que le débat soit accaparé par ceux qui n’ont d’autre souci que de demander toujours plus à l’État en pensant que ce sont les autres qui paieront.

Sur le web

Voir les commentaires (31)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (31)
  • Nous pouvons voir à l heure actuelle que les tenants de l orthodoxie budgétaire au gouvernement sont en train de perdre
    Il n’y a qu’à voir le revirement sur l annulation de certaines mesures .

  • « … il pense moins à économiser qu’à augmenter sa dette pour payer les charges nouvelles qu’il devra supporter. »

    C’est là que j’ai arrêter de lire.

  • Certes, mais c’est un travail proprement herculéen. Le problème c’est qu’on a voté pour Jupiter alors qu’il aurait fallu élire Hercules.
    Le problème, c’est qu’avec la mondialisation, ce dernier est parti chercher gloire et fortune sous d’autres cieux.
    C’est balot !…
    Oh… j’y pense. Avec les nouvelles pratiques de gouvernance horizontale on pourrait faire une élection sans candidat de façon à désigner volontaire celui qu’on estime tous le plus capable. J’aurais bien un nom à vous proposer, mais il est retenu au pays du Soleil Levant… C’est dommage, il a l’profil…

    • Hercule ? Le symbole de la force brute au service d’un souverain pusillanime ?
      A mon humble avis, il faudrait plutôt un petit malin genre Till Eulenspiegel. Ou si vous tenez à aux habiles Orientaux, l’un des princes de Serendip…

      • Dyl Ulenspegel ? Vous ne croyez pas si bien dire !
        En ‘platt’ bas allemand, cela veut dire ‘lèche mon cul’ ( ‘ulen’ balayer, ‘Spegel’ arrière train),
        même si avec le temps ça a évolué vers Eulenspiegel, miroir aux chouettes, avec la première édition du recueil par Grueninger a Strasbourg en 1510…

    • on a voté pour Jupiter

      C’est qui ce ON ? Pas moi en tout. Je lui laisse le loisir de payer la chambre.

  • le QE , c’est fini ; est ce à dire que le France , l’Italie etc vont droit vers la faillite ? si oui , ce sera peut être le moment , après avoir touché le fond , de remonter et remettre les choses dans le bon sens en admettant qu’il y est quelqu’un de responsable et de courageux à la tête de notre pays ;

    • Quelqu’un de rationnellement responsable issu de la France profonde lol !
      Car la France profonde est un endroit ou l’on rééduque les bobos et les technocrates égarés. L’air est pur, l’Etat est peu présent, les règlements et les lois débiles on les ignore, on mange bien, on se loge pour pas cher, on se cultive a coup de fêtes patronales et de vide-greniers, les pauvres sont mélangés avec les plus riches, les animaux sont nos amis parce que ce sont nos voisins et cerise sur le gâteau on est connecté au monde entier.

  • l’administration et leurs syndicats gouvernent.
    votez qui vous voulez

    • Là-dessus, je suis d’accord avec Peyrelevade : « un Président et un gouvernement qui ont une réflexion structurée et savent où ils vont n’ont aucun problème avec leur administration ». Et d’accord aussi avec le sous-entendu qui termine sa phrase…

  • Le pire, c’est qu’il était prévu de recruter 17000 fonctionnaires en 2017. Au final, on se retrouve avec 45000 de plus, preuve supplémentaire que l’administration est en roue libre, hors de tout contrôle, piochant sans vergogne dans les poches des Français. L’Etat obèse, c’est l’open bar du pillage étatique.

    Le moment venu, il conviendra d’interdire tout recrutement sur une période significative, probablement au moins une décennie, peut-être deux, avec non remplacement de 100% des départs. Le cœur de cette interdiction, son point focal, ce sera l’ENA, évidemment.

  • La dépense publique.? C’est le train ce vie de l’État et non seulement il ne baisse pas mais Macron lui vient de le faire monter pour faire face aux revendications des gilets jaunes. Le trio des « vieilles canailles » aux élections européennes (Juppé-Raffarin_Moscovici) se sont accordés pour l’aider. Et Piketty , l’économiste du diable qui souflle sur les braises pour mieux activer l’incendie budgétaire.

  • Le total est vite fait : 162 milliards d’€uros, c’est à dire 45000 fonctionnaires de plein exercice pour un engagement financier de l’état de 3 600 000 € en moyenne chacun, sur le dos des français sans qu’ils soient consultés si ce n’est qu’au travers de députés félons.

  • Tout cela est très juste. Il faudrait aussi améliorer l’audit des pouvoirs publics. La Cour des Comptes fait du bon travail, mais ses conclusions sont rarement suivies d’effet. Il faudrait une obligation de suivre les recommandations de la Cour et un contrôle du suivi par le parlement, ainsi qu’une publicité pour que le public soit informé. Je crois que nos amis Brits. ont trouvé la bonne formule. N’hésitons pas à nous inspirer de ce qui marche ailleurs. C’est gratuit.

    • S’inspirer de ce qui marche ailleurs ? Demandez à Ferrand ce qu’il pense de la démocratie directe à la mode suisse ?

      Malheureusement pour vous, vos politocards n’en ont vraiment aucune envie.

      • A P’tit Suisse.
        « S’inspirer de ce qui marche ailleurs ? Demandez à Ferrand ce qu’il pense de la démocratie directe à la mode suisse ? »
        En Suisse, Ferrand, avec ses casseroles et ses magouilles financières, n’aurait pu prétendre à aucune responsabilité politique : ni au niveau communal, ni cantonal, et encore moins fédéral ; et si ses malversations avaient été découvertes en cours de mandat, il eut été immédiatement viré.
        Ne nous étonnons donc pas de son hostilité à la démocratie directe mode suisse !

  • Tout le monde sait où cela ne va pas et pourtant personne ne bouge le petit doigt..normal la guillotine n’a jamais été mise au rebut sauf pour les criminels. Cette guillotine n’est pas judiciaire mais médiatique et ceux qui tiennent les médias s’en sortent fort bien et sont très efficaces.
    M’enfin, on peut toujours rêver que cette machine étatique se reforme un jour mais plus le temps passe plus se rêve tourne au cauchemar….même les fonctionnaires ont droit à une prime d’activités ,beau tour de passe passe

  • Attention à l’idée que les gens abusent des aides, dans notre système, cela est vrai, mais une grosse partie des pertes provient de l’incurie d’une administration pléthorique qui dépense d’abord pour elle-même… (cf. loi de Gammon qui est d’une brûlante actualité en France).

  • Quoi? quelle baisse de la depense publique? ;))

  • Jacques Peter , Alors pourquoi un membre de la Cour des Comptes lorsqu’ilest en poste au ministère des finances ne fait rien d’autres que depenser etd’augmenter les recettes !!!
    Hollande est aussi un membre de la cour des Comptes !!! J’aimerai voir le President de la
    Cour des Comptes être Ministre des finances !!.. Et vous croyez que cela va changer ??

  • Malheureusement on sait a peu près ou l’on va. On ne va pas attendre longtemps pour que les « prélèvements  » reprennent de plus belle. Les classes moyennes « superieures » , c’est a dire ceux qui peuvent encore payer, vont etre baptisees « riches » et ils vont d’autant plus morfler qu’ils sont de moins en moins nombreux. On boira le calice jusqu’à la lie.

  • « Où est la baisse des dépenses publiques ? Question certes pertinente et alarmante, mais ni inquiétante ni effrayante pour les clowns à roulettes qui nous gouvernent. Le ministre « poupon » n’a-t-il pas critiqué une certaine « fixation » sur la règle des 3%… et que son dépassement n’était nullement gravissime ? Notre petit minus de service, scotcher à son fauteuil les yeux rivés sur le prompteur, ne dépensait-il pas allègrement les deniers qu’il n’avait pas (espérons qu’il ne l’ignorait pas), sans se soucier ni de son financement ni de l’accroissement de la dette publique ? Promesses-paniques pour calmer les contestataires ? Hypocrisie ou foutage de gueule ? Dans leur ego surdimensionné, nos tristes sires ne se sentent pas concernés par ces lois européennes… mais rêvent de diriger l’UE… selon leur bon plaisir !

  • @ corbc , il est blanc extérieure et pourri a l’intérieur !!! Au lieu de faire des remarques sur les autres , qu’il balaye devant sa porte ça sent mauvais !!!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Je viens d'écouter l'audition d'une petite heure de Jean-Marc Jancovici au Sénat, qui a eu lieu le 12 février dernier dans le cadre de la « Commission d’enquête sur les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ».

Beaucoup d'informations exactes, qui relèvent d'ailleurs bien souvent du bon sens, mais aussi quelques omissions et approximations sur lesquelles je souhaite reveni... Poursuivre la lecture

Nommé ministre du logement jeudi 8 février, Guillaume Kasbarian avait accordé un entretien à Contrepoints en novembre dernier en tant que député Renaissance de la première circonscription d'Eure-et-Loir et président de la Commission des affaires économiques.

 

Contrepoints : Bonjour Monsieur le Député, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas, pourriez-vous nous parler de votre parcours et nous raconter ce qui vous a amené à vous engager en politique et à ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles