Le péché originel de l’élection présidentielle

Le « péché originel » de notre Ve République (et non pas d’Emmanuel Macron) réside t-il dans les modalités de son élection, le suffrage universel direct uninominal majoritaire à deux tours ?

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Vote élections urne (Crédits JaHoVil, licence CC-BY-NC-SA 2.0), via Flickr.

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Le péché originel de l’élection présidentielle

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 décembre 2018
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Par Peter Libtank.

Au moment où le slogan « Macron démission » est répété à l’envi par certains Gilets jaunes dans le contexte d’un mouvement de colère spontanée sans précédent, on se souvient de cette citation d’Alexis de Tocqueville :

« Les grandes révolutions qui réussissent, faisant disparaître les causes qui les avaient produites, deviennent ainsi incompréhensibles par leurs succès mêmes. »

Pourquoi ce slogan antidémocratique au coeur de cette révolte populaire ? De quel péché originel notre président aurait-il été frappé au point d’évoquer l’idée d’une démission, sans aucun fondement républicain ou constitutionnel ?

Certes, bien des difficultés contribuent aux tensions du moment.

On pense au manque d’expérience politique (pas de mandat électif), à une première mesure controversée (réforme de l’ISF), à l’absence de parti structuré sur lequel s’appuyer et le peu de relais sur le terrain, à un programme technocratique peu lisible, à la distance prise par rapport aux corps intermédiaires, au manque apparent de résultats après 18 mois de pouvoir… sans oublier les petites phrases.

Mais, sauf à vouloir renverser la République, ce qui ne semble pas être le cas des Gilets jaunes dans leur immense majorité, aucune de ces difficultés ne peut justifier une telle revendication, si c’en est une.

Le président a été élu pour 5 ans, conformément à notre Constitution et à nos usages républicains. Il est parfaitement légitime et reconnu par tous comme tel.

 

L’élection : légitime ?

Sauf si le péché originel était dans notre Ve République elle-même.

Par exemple, dans son mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours dont l’efficacité et la crédibilité se seraient progressivement érodées du fait des évolutions de notre société ?

Souvenons nous. La Constitution du 4 octobre 1958 prévoyait initialement une élection pour une durée de sept ans par un collège électoral comprenant les membres du Parlement, des conseils généraux et des assemblées des territoires d’outre-mer, ainsi que les représentants élus des conseils municipaux.

Cette disposition a été modifiée par référendum en 1962 pour permettre une élection présidentielle au suffrage universel direct (62 % de Oui).

Sous la Ve République, l’élection présidentielle de 1965 fut la première à se dérouler au suffrage universel direct. Elle fut gagnée par le Général de Gaulle, face à François Mitterrand avec 55 % des voix au second tour. Au premier tour, il n’y avait que trois candidats (Jean Lecanuet).

Depuis, notre paysage politique a considérablement évolué avec la multiplication des candidats, la fragmentation des partis politiques et la montée des extrémismes. L’avènement des réseaux sociaux a aussi facilité l’émergence de candidats de plus en plus clivants, parfois très marginaux.

Le mode de scrutin choisi en 1962 permet-il encore de construire un consensus fort autour d’un homme (ou d’une femme) providentiel(le), et de son programme ? Ce mode de scrutin à deux tours est-il rendu inopérant par le paysage politique actuel ?

Quand l’un ou l’autre de ces candidats extrêmes se trouve au second tour alors que son programme est rejeté par une vaste majorité d’électeurs du fait de son extrémisme, l’absence de débat utile instille un doute latent sur la qualité du processus électoral voire sur la nécessité d’aller voter, tant l’issue du second tour semble acquise.

Comme une sorte de péché originel, la  perception insidieuse d’une élection volée qui met aux responsabilités une personnalité élue par hasard et par défaut, sans débat de qualité sur le fond, entrave alors la crédibilité du quinquennat à venir.

Quand le nouvel élu, avec son gouvernement, explique devoir mettre en oeuvre le programme pour lequel il a été élu, l’argument devient inaudible pour beaucoup.

 

Consentement au résultat

Durant la campagne présidentielle 2017,  les candidats les plus sérieux n’ont pas redoublé d’énergie pour attaquer frontalement Marine Le Pen (MLP), assurée d’être au second tour.

Pourquoi ? Parce que les dés semblaient jetés et la tâche perdue… Ou bien parce que cette situation ouvrait à chacun d’entre eux la quasi garantie d’être élu s’il réussissait à conquérir la position de challenger au premier tour.

De longue date, MLP était attendue à 25 %, des votes voire plus au premier tour. Dans les 35 sondages du mois d’avril 2016, elle oscillait entre 23 et 32 %. En janvier 2017, 28 sondages la donnaient entre 22 et 27 %.

La plupart des candidats était assurés de la battre au second tour, son programme ne comprenant pas les solutions adéquates pour une large majorité de Français.

Les sondages étaient tous très clairs sur ce point : par exemple, Emmanuel Macron (61 %), Francois Fillon (58 %), J.-L. Mélenchon, (57 %) tous gagnants au second tour contre MLP, avec des scores très voisins (et des programmes très différents) selon divers sondages réalisés pour BFMTV.

Ainsi, avec un candidat extrême aussi puissant et un scrutin majoritaire à deux tours, l’élection présidentielle se jouait non pas à la majorité absolue, mais à la majorité relative sur 75 % des votes.

Pire : pour les trois candidats les plus sérieux le mode de scrutin revenait mécaniquement à abaisser la barre à 20 – 25 % au premier tour, ce qui bénéficiait à tous.

C’est pourquoi nous avons pu observer durant la campagne beaucoup plus de débats, de confrontations et d’animosité entre les trois candidats plutôt qu’entre chacun d’entre eux, ou un « front républicain » et MLP.

En fait, chacun des trois candidats espérait pouvoir jouer au second tour la dangereuse stratégie macroniste du « moi ou le chaos ».

Le 7 mai 2017, le verdict tombe : 21,30 % pour MLP, et conforte la justesse de l’analyse.

E.Macron………….   24,01 %
F. Fillon……………    20,01 %
J.L. Mélenchon….   19,58 %

Certes, les résultats ont été marqués par la débâcle socialiste et du précédent président, le populisme dégagiste de LaREM, l’emballement médiatico-judiciaire contre le candidat LR et la peur d’un duel JLM/MLP au second tour.

Mais les ordres de grandeur ont été conformes aux attentes.

L’écart moyen entre les trois candidats est 1,7 % des inscrits et 6,9 % de tous ceux qui se sont abstenus.

Si le résultat est parfaitement légitime compte tenu de notre Constitution, la qualité de l’élection est décevante car pour beaucoup notre président a été élu par hasard, c’est-à-dire dans un mouchoir de poche, et par défaut face à un candidat extrême rejeté par le plus grand nombre.

Au moment où le gouvernement avance la perspective d’une réforme constitutionnelle, il semble opportun de soulever cette problématique qui affaiblit la crédibilité du processus démocratique.

Car si rien n’est fait, le même péché originel fragilisera le consentement au résultat de l’élection de 2022.

 

Une solution ?

Elle serait de demander à chaque électeur de déposer deux bulletins dans l’urne dès le premier tour :

  • un pour le candidat qu’il veut voir au second tour,
  • un pour le candidat qu’il ne veut pas voir au second tour.

 

Si un candidat obtient plus de 50 % des voix Pour au premier tour, il est élu dés le premier tour.

Si un candidat obtient plus de 50 % des voix Contre au premier tour, il est exclu du second tour, ce qui est parfaitement logique.

De par le monde, il existe des modes de scrutin similaires. Par exemple, le vote alternatif où les électeurs ne doivent plus désigner un seul candidat mais faire une liste par ordre de préférence, utilisé en Australie depuis 1918 pour l’élection de la Chambre des représentants, en Irlande pour l’élection du président, et pour les municipales à San Francisco.

Les avantages de cette solution, qui doit d’accompagner d’une plus grande limitation du nombre de candidats, sont sa relative simplicité, sa grande clarté et son absolu respect du suffrage universel direct.

Une révolution à mettre en marche pour notre président afin de renforcer notre démocratie et sa capacité à réformer, dans le contexte d’un paysage politique nouveau, très différent de celui de 1962 ?

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  • Dès l’instant où l’on souhaite se donner un chef (car on pourrait aussi se passer d’un président…), il faut bien accepter de renoncer à la pluralité des options.
    En revanche, on peut la réintroduire dans l’Assemblée nationale, car là nous avons des centaines de postes de députés à notre disposition. Avec une bonne dose de proportionnelle, on peut corriger les travers de la présidentielle. Encore faut il accepter de partager le pouvoir.
    Une autre manière serait de diminuer le poids de la democratie représentative en généralisant le recours aux referendums. Avec eux, nous aurions probablement évité le 80 km/h, le contrôle technique durci, l’accélération irréaliste de la trajectoire de la taxe carbone, des radars en veux-tu en voilà, et donc probablement cette insurrection des Gilets jaunes, qui doit beaucoup à un gouvernement autiste et élitiste…

    • depuis 30 ans les presidents sont élus pas par adhésion, mais par vote contre MLP..
      Peu importe le programme , la stratégie impose d’être au
      2 eme tour , face au Front National, point.

      A partir de là , il se s’agit plus de le combattre sur des idées
      mais au contraire de le maintenir pour qu’il soit au deuxième tour en lui offrant de la visibilité..c’est la stratégie de la gauche depuis Mitterrand jusqu’à Macron

      La prestation catastrophique de MLP lors du débat de la derniere élection est la preuve évidente que le front national ne veut surtout pas gagner les élections , ils préfèrent rester dans l’opposition , tout le monde y vit très bien, plutôt que d’affronter les vrais problèmes du pays qui coulerait immanquablement leur PME en six mois.

      En effet le scrutin uninominal a 2 tours est ce qui empêche la democratie de jouer a plein dans toutes les élections.;
      et c’est parce que les élus ne sont là que par des effets mécaniques de la cuisine électorale qu’ils ne sont plus considérés par le peuple comme de vecteurs de la volonté populaire.

      La proposition de savoir qui on ne veut pas au 2 eme tour pourrait changer la donne de la mecanique politique, ce qui n’empercherait pas la cuisine des partis..
      la proportionnelle a l’assemblée nationale , inconfortable pour le pouvoir me semble etre la solution , il faudra bien sur assumer la disparition de partis croupions et de leurs affidés de la scène politique.

      • Ajoutez-y des votations à la Suisse sur les sujets qui font mal et je veux bien être votre premier ministre.

        • Oui et non,
          les Suisses ont le 80 sur les routes et une sacrée tapée de radars !

          Mais peuvent disposer de leur pognon à leur guise, même si les paiements en liquide sont, en principe, plafonnées à 100’000 CHF pour faire plaisir à l’UE…

          Hopp Schwyyz !

      • @ claude henry de chasne
        Mais non!
        Une fois de plus, jetez un coup d’oeil au-delà des frontières et vous verrez qu’une fois officiellement nommé, on ne conteste plus le président de la république!
        Bon, bien sûr, comme un monarque, il est plus symbolique que politiquement actif et partisan: il représente le pays uni, majorité et opposition! (voir Italie, Suisse, Allemagne …)
        D’autre part, la majorité des pays fonctionnent à la proportionnelle et pas à la majoritaire; enfin, le vote à 2 tours est une complication inutile et coûteuse.
        Ces réformes tomberaient sous le sens en étant plutôt plus démocratiques! Le vote obligatoire (même pour voter blanc ou nul) est aussi démocratique et il est vrai que c’est un devoir civique qui n’est pas négligeable, souci qui semble moins aigu, en France, vu le nombre de pêcheurs à la ligne (les chiffres le montrent)!
        Est-ce que le pouvoir politique rivalise avec le pouvoir économique, sans doute! Qui influence le plus l’autre?

  • vous appelez ça des petites phrases……ça fait 18 mois que macron insultent les Français , travailleurs ou pas , ce n’est pas ainsi que l’on s’attire la sympathie voire la compréhension des citoyens ; comment quelqu’un qui est censé être intelligent n’a pas su comprendre ça ;

  • Ce n’est pas l’élection du président de la République au suffrage universel direct qui est à mettre en cause, mais 3 choses :
    1) la réduction de 7 à 5 ans la durée du mandat présidentiel. Il eut mieux fallu réduire à un seul mandat présidentiel de 7 ans plutôt que de prévoir 2 mandats d’une durée de 5 ans chacun,
    2) le quasi-couplage de l’élection de l’Assemblée Nationale avec celle du président de la République, qui est une hérésie. Il serait mieux de revenir à la situation antérieure,
    3) il faudrait instaurer pour l’élection à l’Assemblée Nationale, une large dose de proportionnele. pas une proportionnelle intégrale, mais une large dose de proportionnelle,
    4) il faut en finir avec la règle du mandat non-impératif pour les élus de quelque niveau et de quelque mandat que ce soit (AN, région, département, commune …) qui permet à l’élu, une fois élu, « d’oublier » les promesses qu’il a faites aux électeurs et qui a pourtant déterminé pour une large part à son élection. C’est aussi cela qui a amené et amène les électeurs à ne plus utiliser leur droit de vote et de se détourner de la Politique (avec un P majuscule),
    4) il faut inscrire dans la Constitution le référendum d’initiative populaire sans mettre des « barrières » trop difficiles à atteindre.

    • et surtout! l’élection de l’assemblée AVANT l’élection présidentielle
      merci a jospin d’avoir roulé tout le monde dans la farine

      • C’était pour éviter les cohabitations.. c’est De Gaulle qui nous a roulé dans la farine !

        • @ indivisible
          Il est un fait que la cohabitation est un système stupide, presque grotesque ou ridicule!
          On discute avec le président, pour la version A, avec le 1ier ministre pour la B et l’assemblée nationale pour la version C! Et on s’en va sans rien comprendre à ce pays de fous (pour rester gentil).

    • pur le referendum d’initiative populaire vous allez en avoir 1 tous les 3 mois

      • @ claude henry de chasne
        Oui, déjà que pour les élections, les Français sont à la pêche, ils ne vont pas se lever pour un referendum, un dimanche matin!

    • Le mandat impératif est nul… impératif ici veut dire suivre aveuglément les ordres du gouvernement/du parti ou perdre son mandat. Le parlementaire, une fois élu, devrait prendre ses décisions selon ce qu’il pense et non selon ce qu’on lui impose de faire. En revanche, pour ce qui est du mandat vis à vis des électeurs, celui-ci est remis en jeu tous les x ans (5 pour un député). Charge aux électeurs de voter et de dire stop ou encore. C’est le jeu politique… Les promesses n’engagent que ceux qui les entendent et les croient.

    • Et vous acceptez le scrutin uninominal à deux tours, spécificité française que le monde entier nous envie? Les britanniques ont le même, mais à un seul tour et s’en portent fort bien en évitant la majorité des magouilles , comme par exemple un Parti Communiste à 4% mais qui constitue un groupe parlementaire quand même.

    • Pour la 3) gros problème de représentativité, et donc de légitimité de l’assemblée toute entière :
      Si deux députés ne sont pas issus du même mode de scrutin, qui représentent-ils ?
      L’AN actuelle représente les localités (circonscriptions). Pas les partis (même si ça a été totalement dévoyé depuis).

      Des députés élus à la proportionnelle représenteraient l’opinion nationale.
      ==> conflits d’intérêts entre les députés de circonscriptions et les députés à la proportionnelle.

      Si vous voulez de la proportionnelle, il faut deux assemblées.
      Chacune avec un système d’élection unique, et un mandat (= représentation) clair.

      • @ AxS
        C’est idiot! Tous les députés élus à la proportionnelle, comme partout ailleurs: l’exception française n’a rien de génial ni de démocratique!

  • Une chose est sure, parfaitement démontrée par les faits. Le mode d scrutin résidentiel actuel, avec la multiplicité des candidatures, les manipulations crapuleuses comme celle faite autour de F Fillon, Les merdias a la solde de certains candidats, etc ne permet pas a la démocratie de s’exercer.

    • c’est surtout l’utilisation du Fn comme repoussoir au 2 eme tour qui
      permet a des candidats d’être élus avec 21% des voix au premier tour
      resultat 1 ans apres ils sont rincés

      • J’avais pensé a citer cet élément, plus évident depuis trente ans. car si les crapuleries contre Fillon, (très peu de personnes ont « l’autorité » pour aller cherchez les déclarations de revenus d’un citoyen sur plus de 20 ans, le crime est signé), pour ce qui est de la liberté de voter pour le FN même si on vous dit que c’est vilain, vous restez libre d’agir. (Si pour autant vous pensez que son programme est intelligible et ou intelligent). Et heureusement pour pouvoir mesurer ce que pense les français, beaucoup ont le courage de voter Marine même si’l savent qu’elle ne propose rien et qu’elle ne sera pas élue. A la décharge du FN, RN les autres partis socialo par exemple sont tellement nul et corrompu qu’il récupère malgré lui des électeurs a qui il n’ont rein a proposer correspondant a leurs aspirations profondes.

      • Et maintenant c’est un plainte contre Dupont Agnan qu’ils veulent Filloniser.

  • l Idee merite d etre etudiee. Mais le probleme est plus profond. la cocote minute a explosee a la figure de macron mais ca aurait pu etre a la tete d en importe lequel autre vu que tous auraient fait un politique assez similaire ou une partie de la population voit sa situation se degrader avec aucun espoir d amelioration et en plus se voit copieusement insultee par les bobos/CSP + (que ca soit par le PS ou terra nova expliquait qu il valait mieux chercher les suffrages dans les banlieues que chez les prolo, ou par les LR qui considerent que les gens doivent travailler plus pour gagner moins)

    apres il y a evidement toutes les mesures prises par nos president soit en opposition avec leurs promesses electorales (ex Chirac faisant campagne sur la fracture sociale puis augmentant massivement les impots) ou en sortant un point obscur de leur programme (genre mariage homo pour Hollande ou peut etre l augmentation des taxes sur le carburant pour macron (il vait peut etre parle de taxe carbone)

    la solution serait peut etre de faire comme en suisse : votation si on reunit assez de signature. ca eviterait les derives monarchiques et forcerait a un consensus

  • Il faut se rendre compte que les Français n’ont plus la maîtrise de leur destin.
    https://networkpointzero.wordpress.com/2017/03/08/macron-cible-par-la-cia/

  • « conformément à notre Constitution et à nos usages républicains. Il est parfaitement légitime et reconnu par tous comme tel. »

    Affirmations éminemment fausses car elles méprisent l’esprit de la Ve République.

    Sans doute que chez les élites politiques ou journalistiques, c’est ce qu’on pense ou qu’on veut faire accroire. Mais l’essentiel de la population ne le pense pas, car la population connait mieux que ses élites l’esprit de la Ve.

    Ce n’est d’ailleurs pas étonnant car la Ve a été conçue au profit du peuple et contre les élites, en priorité contre les partis et les pouvoirs constitués. L’esprit de la Ve est simple à comprendre : le pouvoir présidentiel domine les autres pouvoirs par la grâce de sa légitimité populaire. Le président représente le peuple, personnifié dans la fonction par le biais du suffrage universel plébiscitaire. Le président représente le peuple dominant les pouvoirs, le peuple dominant les élites. On comprend la haine des élites qui voudraient bien faire taire le peuple en changeant la Constitution.

    Revers de la médaille, si le président perd sa légitimité populaire, il doit se retirer, renoncer et démissionner. Mitterrand, le premier, a trahi l’esprit de la Ve en s’accrochant au pouvoir et en provoquant la cohabitation. Macron poursuit l’exemple désastreux du traitre initial.

    Réclamer la démission du président est parfaitement justifié et surtout respectueux des règles républicaines. Ca s’appelle la liberté d’expression. Ensuite, libre à l’impétrant de se soumettre ou pas à la revendication populaire, et de prendre le risque de rester malgré son impopularité manifeste, en profitant de la lettre de la loi mais au mépris de l’esprit de la loi.

    Il n’y a nul besoin de changer les règles de la Ve, bien au contraire. Il suffit que les présidents en respectent l’esprit au lieu de le trahir, en contradiction flagrante avec l’article 5 de la Constitution : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. » Mais avant de la respecter, encore faudrait-il la comprendre…

    Ce président est légal mais il n’a aucune légitimité, à l’évidence. S’il respectait l’esprit de la Constitution, il déciderait de partir à l’instant.

    • Pour n’oublier personne, il faut également citer Chirac qui a, lui aussi, trahi la Ve en acceptant joyeusement de participer à la cohabitation. Si Chirac n’avait pas accepté la cohabitation, Mitterrand aurait été contraint à la démission.

    • « Revers de la médaille, si le président perd sa légitimité populaire, il doit se retirer, renoncer et démissionner. Mitterrand, le premier, a trahi l’esprit de la Ve en s’accrochant au pouvoir et en provoquant la cohabitation. Macron poursuit l’exemple désastreux du traitre initial. »
      Comme vous avez raison !

    • «Ce n’est d’ailleurs pas étonnant car la Ve a été conçue au profit du peuple et contre les élites, en priorité contre les partis et les pouvoirs constitués. L’esprit de la Ve est simple à comprendre : le pouvoir présidentiel domine les autres pouvoirs par la grâce de sa légitimité populaire. Le président représente le peuple, personnifié dans la fonction par le biais du suffrage universel plébiscitaire. Le président représente le peuple dominant les pouvoirs, le peuple dominant les élites. On comprend la haine des élites qui voudraient bien faire taire le peuple en changeant la Constitution.»

      En effet c’est comme le communisme, les expériences l’ont dévoyé, mais l’esprit est bon. On voit le résultat après des décennies de Ve. D’ailleurs les autres nations hormis les républiques bananières n’ont pas hésité à s’en inspirer. Faut être naïf ou idiot pour penser que ce type de fonction attire des lumières.

    • @ Cavaignac
      Non, votre thèse n’engage que vous: rien ne permet de dire, actuellement qu’E.Macron n’est pas légitime comme président de la république française et certainement pas votre version personnelle de l’esprit de cette constitution, par ailleurs, complètement désuète!

  • A mon avis le problème dans notre constitution, y compris dès 1958, c’est le désiquilibre de pouvoir en faveur de l’exécutif au détriment du législatif. Cela ne peut pas donner autre chose avec le temps qu’un Etat de plus en plus obèse.
    SVP M. le Président j’ai un problème…

    • @ indivisible
      Non, c’est sans rapport! Mais un exécutif fort et plus que le législatif, c’est le signe d’un système plus dictatorial! En théorie, ce sont les mandataires du peuple qui décident (le parlement), pas l’exécutif qui ferait ce qu’il veut! Mais la France n’est pas très démocratique!

  • Puisqu’on fait notre liste du Père Noël, j’aimerais bien que la Constitution ne puisse être modifiée que par referendum populaire. Parce que quand la caste dirigeante modifie elle-même sa fiche de poste, ça pose un problème.

    • A l’inverse, une soupe de fake news aux 20h des différentes chaines couplées à des discussions facebook, et vous faites voter au peuple n’importe quoi.

      Trump vous propose de supprimer le parlement par référendum, vous le votez ?

      • C’est un non argument, il suffit de voir la suisse ou les gens votent d’une manière très raisonnable

      • Non, vous mettez simplement un verrou supplémentaire en ajoutant le visa populaire aux verrous actuels.
        Mais cela éviterait peut-être de faire des modifications frivoles et purement idéologiques.

  • « Le Président a été élu pour 5 ans, conformément à notre Constitution et à nos usages républicains. Il est parfaitement légitime et reconnu par tous comme tel. »
    Je me suis étranglé à ce passage. Conformément à notre Constitution, oui, c’est formellement exact.
    A nos usages républicains, non. Un usage républicain éminemment démocratique était la trêve judiciaire observée pour permettre que la campagne soit l’occasion de débat sur les projets. Ce débat n’a pas eu lieu, confisqué par suite de manoeuvres médiatico-judiciaire. Ce qui n’est pas pour rien dans le fait que votre phrase suivante, président légitime « reconnu par tous comme tel », soit une énormité (vous le constatez bien, que non, il n’est pas reconnu tel _par tous_ ! Ou alors, par « tous », vous entendez « tous ceux qui pensent comme moi » ?)

    Quant à la proposition finale, je ne suis pas convaincu, parce que si c’est un fait que, quand il n’y a le choix qu’entre deux options, le candidat FN est massivement rejeté, un scrutin à plusieurs tours est l’occasion de stratégies spécifiques ! Du type : puisque je sais que MLP ne passera pas, pourquoi gaspiller mon vote « contre » du premier tour ? Je préfère l’utiliser pour entraver un concurrent plus sérieux (Macron par exemple, mais ce n’est qu’un exemple).
    Cela pourrait être intéressant qu’un spécialiste de théorie des jeux creuse le sujet (cela a peut-être déjà été fait) mais en tout cas je suis a priori dubitatif sur l’accroissement de démocratie que cela permettrait.

    • « intéressant qu’un spécialiste de théorie des jeux creuse le sujet (cela a peut-être déjà été fait) »

      Condorcet puis Arrow ont mathématiquement démontré que la notion de préférence collective est vide de sens.

      • Certes.
        Mais je pensais à une étude des résultats pratiques qu’une telle réforme pourrait donner ; pas à la pertinence, en termes de démocratie ou autre concept de philosophie politique, desdits résultats.

    • @ humpty-dumpty
      Non! E.Macron a bien été élu dans les règles légales et donc déclaré officiellement président de la république, que ça vous déplaise ou non!
      Que votre système électoral soit biscornu et folklorique, E.Macron n’y est pour rien! C’est la Vième qui est surannée et vétuste: elle était faite par Ch.DeGaulle pour Ch.De Gaulle, pas pour les suivants!

      • Ai-je dit le contraire ?
        Oui, son élection est formellement légale, à peu près tout le monde est d’accord là-dessus.
        En revanche, si l’on fait une distinction entre légitime et légal, il y a débat. Et c’est un fait, que l’on s’en félicite ou non, qu’il n’y a pas eu conformité à l’usage républicain.
        Enfin, dire qu’il est « reconnu par tous comme légitime », il suffit d’interroger les gens, notamment parmi les gilets jaunes, pour constater que ce n’est pas le cas, et dire le contraire est de la désinformation pure ou un auto-aveuglement inquiétant. Mauvaise foi ou idiotie, je n’ai pas les moyens de trancher.

  • un régime présidentiel d’un mandat de 5 ans ,
    maximum , a été une belle connerie sans en voir les inconvenients, 2 années pour essayer de reformer après, il faut préparé les futures elections , le pays n’est plus transformable a cause des elections , c’est la paralysie du pays .. aucune réforme possible !!

  • Depuis que je vote…Et ça fait longtemps, je me pose la question de l’utilité d’un président pour la France qui n’est pas une république fédérale…
    On pourrait très bien se passer de ce guignolage quinquennal, le parti remportant les élections législatives nommant un premier ministre, qui pourrait très bien ne pas être son leader, mais un technicien reconnu…
    Votre article est très bien à un détail près de taille; vous installez Mélanchon dans un fauteuil de politicien crédible alors que ce trotsko-chavésiste ne vaut pas plus que MLP, plutôt moins d’ailleurs car il n’a pas la fibre patriotique de cette dernière.

  • Le péché originel est bien la version modifiée 62 de la Constitution de 1958. Version faite pour glorifier l’égo de l’homme providentiel du moment. Le changement de la règle de l’élection du Président de la République a présidentialisé le régime en donnant au « vainqueur » des pouvoirs sans que ceux-ci soient soumis, ou si peu, à contrôles. Mais le second péché, tout aussi nocif, a été l’abandon du septennat. Le passage au quinquennat et l’inversion des élections (présidentielle avant législatives) a fait de l’Assemblée nationale une chambre d’enregistrement, inféodée à l’exécutif et incapable de véritablement jouer son rôle de contrôle et, de fait, son rôle de représentante de la Nation. Comment imaginer, avec les règles actuelles, que l’Assemblée nationale se « rebelle » contre le gouvernement? Le Parlement qui devrait agir comme un contre pouvoir devient finalement un tampon entre attentes et (des)espoirs des français et un gouvernement des plus hors-sol et a-politique qu’il ait été possible de voir.
    Les Français n’ont donc plus de représentants « en direct ». Pendant 5 ans, les députés suivront aveuglément les choix gouvernementaux et quand bien même ils feraient remonter du terrain, que bien peu labourent, les voix de leurs concitoyens, il faudrait s’interroger sur leur capacité à s’opposer à l’exécutif tout puissant, auréolé de l’élection présidentielle au suffrage universel direct.
    Le Sénat est la seule institution à échapper à ce cercle vicieux. Le mandat de 6 ans des sénateurs leur permet de faire exister un semblant de contrôle de l’exécutif. Ceux qui appellent à son abolition devraient se rendre comptent que c’est la chambre haute qui actuellement les protège du combo exécutif-assemblée nationale sourd aux appels des français.

  • Mais il est pas là pour s’attirer de la sympathie ou cultiver sa popularité. Ni d’ailleurs pour gouverner (c’est le rôle du premier ministre).
    Il est là pour inspirer des solutions pas nécessairement plaisantes, ce qui implique de pouvoir critiquer les français que par exemple il traite de jaloux tout comme de Gaulle les traitait de veaux.
    Inversement, s’il fait des erreurs d’appréciation ou de comportement, il est normal de le lui faire remarquer, même si ça ne lui plaît pas.
    La pire façon de présider serait de caresser les français dans le sens du poil et refiler la patate chaude à son successeur.

  • Ci-dessus ma réponse à Vera 8h06 inopportunément déplacée.

  • Que cela plaise ou non, nous aurons Macron pour 5 ans……..Hélas!

  • et personne pour dire que ce mode de scrutin est faussé dès le départ? qui compte les abstentions? qui compte les votes blancs ou nuls? vous trouvez légitime une homme qui est élu avec 20% de votes exprimés ???????? je suis ou là sur contrepoints? non j’ai dû me tromper de site….

  • Tout le monde raisonne comme les institutions n’avaient pas été dévoyées l’an dernier, en plus des dispositions précédentes (le quinquennat, mais aussi la rupture d’égalité du temps de parole et la fréqtion de PNF par Hollande).
    La légalité des urnes ne suffit pas à assurer la légitimité démocratique à la suite de ce qui s’apparente à un coup d’Etat électoral.

  • Rappelons quand même plusieurs bases :

    – Election : le mot vient du latin eligere, choisir.
    Tout système d’élection doit aboutir à un choix, sinon l’unité même de la nation est compromise.

    – Aucun résultat ne conviendra à 100% des citoyens.
    Donc quelles que soient les règles d’élections choisies, il y aura toujours des mécontents.

    – La durée: les professionnels de la politique n’ont qu’une chose en tête, se faire réélire. Conséquence, les campagnes démarrent bien plus tôt (année ?) que le temps officiel.
    Trump était déjà en campagne pour les mid terms en début d’année.
    Sur les 5 ans d’un mandat présidentiel français, les 1-2 premiers servent à la politique, les 3-4 derniers à préparer la réélection.

    => Il faut un équilibre entre durée du mandat et responsabilité / remise en question via l’élection.
    Durée trop courte, et les élus passent leur temps en campagne (=> démagogie)
    Durée trop longue, et ils font n’importe quoi sans conséquence.

    En clair, il faut un système simple, compréhensible par tous, et où chacun a ses chances, et où chaque élu se voit opposé des contre pouvoirs efficaces.
    Et où chacun est représenté, d’une façon (exécutif) ou d’une autre (parlement).

    • Aucun résultat ne peut contenter tout le monde, c’est clair.

      La seule solution est donc de diminuer drastiquement le rôle de l’état dans nos vies. Si l’état faisait un job à peu près bon sur le régalien et ne s’occupait de rien d’autre, la question de savoir qui occupe la place de président n’aurait plus autant d’importance.

  • C’est peut-être une vue simpliste, mais tout scrutin à deux tours ouvre pour moi la porte aux magouilles et compromissions. Donc un seul tour, et à l’électeur de bien réfléchir.
    Et bien sûr, pas d’élection du président avant celle de l’Assemblée, le président doit faire avec l’assemblée qu’il trouve et ne peut la dissoudre avant la fin de la 1re année de son mandat…

  • Vous écrivez : « Il es parfaitement légitime… ».
    Non.
    Il est parfaitement « légal », « légalement » élu pour 5 ans.
    La « légitimité » nécessite le « consentement » du peuple. Ce consentement n’est pas acquis une fois pour toutes. Il se conquiert tous les jours.
    Avec le taux de mécontentement, ce n’est plus le cas aujourd’hui, semble-t-il…

  • Les commentaires sont fermés.

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