Taxes sur les carburants : hypocrisie fiscale ou collectivisme soviétique ?

A force d’augmenter les prélèvements obligatoires et la redistribution administrative, la France se rapproche de l’ancien régime soviétique.

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Taxes sur les carburants : hypocrisie fiscale ou collectivisme soviétique ?

Publié le 26 novembre 2018
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Par Jean-François Bauer.
Un article d’Entrepreneurs pour la France

La sur-taxation des carburants est présentée comme une « taxe comportementale » destinée à diminuer la consommation de carburants fossiles par les moteurs, un « effort pour la planète ». L’effet comportemental d’une surtaxe dépend de l’existence d’une alternative crédible à la pratique surtaxée.

Cette alternative n’existe pratiquement pas pour le gazole non routier ; par exemple pour les engins de travaux publics, il n’existe pas de bulldozer électrique et le retour au tombereau à cheval n’est pas sérieux !

Pour les transports individuels en voiture en dehors des centres-villes, le transfert vers la voiture électrique n’est pas attractif à moyen terme avec la programmation énergétique actuelle qui annonce une hausse continue du prix de l’électricité : hausse du coût de production avec la baisse de la part du nucléaire et hausse des taxes qui financent l’éolien et le solaire. Si la hausse du prix de l’électricité est forte, le surcoût du véhicule électrique ne sera jamais amorti.1

En dehors des liaisons vers les centres-villes des grandes agglomérations, il n’y a pas actuellement d’alternative ferroviaire à la voiture et les transports en commun routiers consomment aussi du gazole.

Pour les transports par camion, les « autoroutes ferroviaires » ne sont pas au rendez-vous : prévues en 2007 lors du Grenelle de l’environnement pour transporter 500 000 camions en 2020, elles en ont transporté 70 000 en 2015 ; le rapport annuel de la Cour des comptes de 2017 a donné les raisons techniques et financières de ce semi-échec et il n’y a pas été porté remède depuis.2

Ainsi, pour la plupart des « victimes » de la sur-taxation écologique des carburants pour moteurs, la principale modification de comportement sera une privation pure et simple due au nouveau prélèvement fiscal ; c’est l’effet de tous les prélèvements fiscaux et l’habillage écologique est une simple hypocrisie.

Le mouvement de protestation actuel résulte de la compréhension instinctive de cette hypocrisie, aggravée par le fait que les Français savent que la France est déjà un pays à faible empreinte carbone par habitant grâce à son programme nucléaire et qu’une réduction de sa consommation de carburant moteur fera peu pour la planète.
Ce mouvement serait moins fort si la sur-taxation avait été programmée en fonction de la mise en place de solutions alternatives crédibles à l’usage des carburants fossiles, par exemple :

– Pour le prix de l’électricité, financement de la CSPCE (taxe sur l’électricité qui sert essentiellement à financer le surcoût de l’éolien et du solaire) par la nouvelle taxe sur les carburants et maintien du pourcentage actuel d’électricité nucléaire ; en garantissant un prix bas de l’électricité pendant une durée suffisante pour amortir les investissements, on encouragerait à la fois l’usage de la voiture électrique et aussi l’emploi des pompes à chaleur dans le chauffage des bâtiments.
– Pour diminuer l’usage suburbain de la voiture particulière, développer le péage urbain au rythme de la mise en service des nouveaux réseaux de transports en commun électrifiés comme le Grand Paris Express.

Au lieu de cela, on nous parle aujourd’hui d’apaiser la grogne par un « chèque carburant » ; c’est un nouvel exemple du mal collectiviste français : au lieu de créer des incitations à un comportement vertueux des agents économiques, on crée une taxe punitive dont une partie est ensuite redistribuée par l’administration sous forme de subventions aux victimes de la taxation que l’administration estime les plus méritantes, créant au passage de nouvelles niches fiscales à gérer.

À force d’augmenter continûment les prélèvements obligatoires et la redistribution administrative, la France se rapproche de l’ancien régime soviétique ; ce que notre président aurait, parait-il, un jour appelé « Cuba sans le soleil ».

Sur le web

  1. D’après les études de l’ADEME, (surveillant officiel du changement climatique), et en analyse de cycle de vie complet, il faut rouler au moins 100 000 km avec un véhicule électrique pour voir le bilan écologique s’améliorer par rapport à un véhicule thermique.
  2. Le syndrome du dernier kilomètre, ou de la gare, n’a pas été résolu et l’on ne peut quasiment plus créer de nouvelles lignes. (De la gare à chez moi et de la gare à chez lui).
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  • La surtaxation des carburants n’est intrinsèquement plus acceptable et ce même si nous disposions de solutions alternatives. Car au-delà des prix des carburants qui nous placent en tête des pays européens tant par leur niveau que par leur progression, au-delà de l’incohérence de frapper si durement un gazole qui il y a peu de temps était favorisé, le citoyen sent bien que le champ de contraintes exorbitant qui s’applique à l’automobile en France montre que l’Etat vise moins la transition écologique que la mort du véhicule individuel, dernier espace de liberté qui lui reste…
    La France est ainsi le seul grand pays européen à avoir imposé le 80 km/h. Et les plus motards d’entre nous auront remarqué que tous les pays européens ont exclu la moto des plans d’interdiction de circulation urbaine sauf… la France ! Et cela n’est compréhensible ni du point de vue de la transition énergétique ni de celui de la pollution (et pas plus de celui de la sécurité routière). La seule explication qui vale tient à l’idéologie autophobe et motophobe de l’Etat français.
    Dans un rare éclat de lucidité, le gouvernement – conscient d’être probablement allé trop loin et surtout inquiet pour ses fesses – vient cependant de décider de mettre un terme à son projet de péage urbain, dernier avatar de cette autophobie qui tente par tous les moyens de chasser l’automobile du paysage public. Un des premiers combats gagné par les Gilets jaunes.

    • vous noterez que l’Etat a complètement effacé la loi sur le bridage moto qui nous obligeait à rouler a 106 cv maxi……..bizarre qu’ils ne s’en soient pas servis pour justifier une hausse imaginaire du nombre de morts sur les routes..peut être parce que c’est Bruxelles qui leur a demandé de rentrer dans les clous..^^

      • C’est effectivement Bruxelles qui leur a imposé – libre circulation des biens oblige…
        L’Etat français a traîné des pieds pour raison de sécurité routière, mais n’ayant jamais pu faire la preuve de l’efficacité de la mesure, l’Europe a fini par crier stop.
        Coup de pied de l’âne : les machines déjà vendues en France ne peuvent être débridées que si elles disposaient de l’ABS. Ce qui est tout aussi c.n que la loi des Sans chevaux.

        • débrider et refaire la carte grise j’ai tenté mais quand j’ai vu le prix j’ai laissé tomber….600€ pour gagner 40 chevaux tant pis….:(

  • Je ne veux pas paraître un pote a Macron mais toute l’Europe pratique la surtaxation de l’énergie ,aucune raison que la France ne conserve pas sa premier place sur le sujet des prélèvements obligatoires et taxes diverses pour alimenter sa classe dirigeante constituée de la seule aristocratie existante encore en europe…la reine n’a pas exige de lait d’ânesse pour sa baignoire du fort de Briançon faute d’ânesse , comme quoi elle a les pieds sur terre du haut de ses talons aiguilles et pas la tête encore dans les nuages…comme son p’ovre mari !

  • le gouvernement ne reculera pas sur les taxes/carburants ; je gage qu’il a déjà engagé cette manne dans des dépenses non connu du peuple bien sur et qu’à ce titre il s’est piégé tout seul ; en sociali ou en macroni , le film est le même : on dépense l’argent que l’on n’a pas en espérant le récupérer en temps voulu ….

  • Tout ce qui devrait ce faire est reporté !!! les gilets jaunes à freiner pour un certain temps …Ce qui est grave , ils sont tellement sur d’eux , ils sont sourds et aveugle , la renumeration de nos elus aux 2 assemblées député et senateurs devrait être payé au SMIG .. lors de séances de vote , 40 pèlerins présent…Maintenant 20 % de votants pour élire un député… La démocratie est en danger

  • le probleme vient du fait que la transition écologique est présentée comma l’alpha et l’oméga de la politique fiscale du gouvernement.;
    quand les français ont il voté la transition écologique?
    vola le probleme..
    vite un referendum!!

    • Les votations ne sont pas toujours une solution…
      Poussé à outrance, imaginons un toubib qui organise un référendum du quartier d’un malade avant de pouvoir prescrire un antibiotique, c’est débile (l’exemple aussi l’est) mais c’est de la démocratie.
      Quant à cette transition écologique et autres grands projets, ce sont des décisions à prendre qui engagent l’avenir. Faire voter des gens qui ont les nez dans le guidon et ne pense qu’à arriver à la fin du mois (et c’est malheureusement le cas pour beaucoup trop de monde), les résultats seront complétement faussé et incohérent à long terme.
      À ma connaissance, les dernières décisions politiques innovantes ont été celle du général de Gaulle, les politiciens suivant n’ont fait de bénéficier des avancées de l’époque et par contre ont super bien endetté l’état ! Nous avons, aujourd’hui un président et un gouvernement qui fait bouger les choses, bien que défavorablement impacté par leurs premières réformes (retraité en province) j’ai envie de leur laisser du temps. De toute façon à la prochaine votation générale s’ils n’ont pas réussi, les successeurs se chargeront de démolir ce qui aura été bâti.

    • Absolument d’accord avec vous sauf pour le referendum. Je suis très sceptique quant à son utilité.

    • vous croyez au référendum? naif que vous êtes..

  • Une sur-taxation des carburants pour inciter à investir dans un véhicule électrique ?
    Est une solution débile d’ÉNArque ! OK pour cette sur-taxation mais :
    * Pas pour un véhicule électrique qui manque d’autonomie, et manque de bornes de recharge ;
    * Ne faut-il pas, au préalable, inciter les constructeurs français à produire des véhicules hybrides moins hauts de gamme, sans toutes les options « super techno » mais bien inutiles pour rouler à 80km/h ?
    Le peuple qui doit rouler pour aller au boulot et qui n’a qu’un seul véhicule, même si ON (les contribuables) lui offre une Zoé neuve en échange de sa 204 diesel pourrie, ça impose à la famille de passer ses vacances à côté de son terril… impossible de faire un A/R à Bray-Dunes pour prendre un peu l’air ! (c’est une exemple).

    Côté sur-taxation du « carburant à chaudière », ne faut-il pas, au préalable, taxer beaucoup plus (faire une taxe utile ça se peut) les propriétaires loueurs d’appartements n’ayant pas un indice de consommation énergétique correct ou alors imposer aux propriétaires de payer les factures et le locataire doit rembourser pour 1/5 si l’indice est E, 2/5 indice D, 3/5 pour C, 4/5 pour B et la totalité si A.

    • Est-il bien pertinent d’augmenter les problèmes de logement en croyant résoudre celui de l’énergie au moyen d’une nouvelle usine à gaz?

      • Dans beaucoup de cas copropriété ou HLM, c’est le bailleurs ou le syndic qui acquitte les factures d’eau qu’il récupère avec les charges, il suffit que pour le gaz/chauffage une solution identique soit utilisée. Il n’y a que pour les propriétaires occupant de maison individuelle qui ne sont pas concernés.

    • Augmenter encore l’administration, comme si le pays n’en étouffait pas.
      Il faut laisser faire, que chacun prenne ses responsabilités. Le prix du fuel domestique finira bien par augmenter. Nul besoin de l’état.
      Par ici, on voit pas mal de construction avec de l’isolant en laine de roche, R=6.45.
      Cela ne se fera pas en 1 jour, mais cela se fera et les logements se feront de plus en plus économes.
      Laissez des sous aux propriétaires pour qu’ils puissent réagir.

    • Les propriétaires loueurs d’appartements facturent les taxes à leurs locataires. Personne ne loue à perte. Au pire, le loueur cessera son activité et le locataire sera à la rue. Loi d’airain en économie, le client final paye toutes les taxes.

    • Arrêtons d’inciter, à grands coups de taxes, de normes et de subventions, les constructeurs, les citoyens, les commerçants, etc. à faire ce qui n’a pas assez de sens pour eux pour qu’ils ne l’aient pas décidé d’eux-mêmes !

    • Au vu de la manière dont le DPE est réalisé pour un logement ancien, non.
      Il y a beaucoup plus simple : laisser faire le marché. Si le locataire estime qu’il est trop cher de chauffer son logement, il peut en sortir – c’est facile pour lui, il n’a que 3 mois de préavis. Et si le propriétaire n’arrive plus à louer son bien il fera le nécessaire : baisse du loyer (ce qui l’amènera à un coût similaire à d’autres biens munis d’une autre énergie) ou travaux.

  • Le péage urbain est aussi une augmentation des prélèvements obligatoires…

    • Le péage urbain est une décision municipale mais une solution serait que l’État récupère 30 ou 40% des taxes sur les entreprises de région parisienne (Bordeaux, Lyon, Marseille) pour les répartir vers les départements de faible densité industrielle non pas pour faire du social mais pour baisser les taxes des entreprises qui s’y installent. Il y a beaucoup trop d’activités qui n’on aucune obligation de se situer dans ces zones. Ce système (usine à gaz, mais Bercy en l’habitude) permettrait de répartir l’activité dans tout le pays, réduirait les pb de pollution et d’embouteillages, peut-être même répartir un des ministères dans chaque région de métropole avec les moyens de communications actuels les conseils des ministres en vidéo conférences sont possible avec un tous les 2 mois de visu pour « se toucher la main » et faire une bouffe ensemble (mais pas de restau à 200€ par tête de pipe et surtout sans le pinard).

      • Ah l’égalitarisme la répartition et la redistribution, sirènes indestructibles du socialisme militant. C’est beau et vertueux, si l’on oublie que cela nécessite un bataillon de fonctionnaires qui se serviront au passage dans chaque période : taxation, centralisation, redistribution. Au total : 20 à 30% de « frais de gestion ».

      • La solution du péage + aides est inaudible car elle consiste encore une fois à taxer plus pour redistribuer plus. Les Français ne demandent pas plus de redistribution. Ils demandent moins de taxes. Les Français demandent moins d’Etat, pas plus.

        Ils demandent qu’on leur foute la paix.

        • Peut etre qu’il commence a comprendre Cavaignac, mais je dirais que l’eau est dans la casserole mais je pense qu’elle n’a pas commencé a frémir…

    • Aux dernières nouvelles, c’est abandonné. Tant mieux.

  • Le programme gouvernemental est l’agenda 21.
    Donc créations de mégalopoles et désertification rural. Je vis en campagne, 10 km pour acheter du pain, pas de transport en commun, 35 km pour faire un passeport, 40 km pour aller bosser, taxe foncière trop cher dans les petites communes. Les ruraux disent qu’il veulent se rapprocher des villes car le carburant leur coûte trop cher. L’agenda 21 fonctionne bien. Faire une recherche internet : « ma santé 2022 » pour comprendre le process de la smart city et de la 5G, les relais 5G doivent être positionnés tous les 200m.
    inapplicable en campagne, tout le monde doit vivre en ville, d’oû les véhicule électrique. voici un lien qui couvre tous les domaines de l’agenda 21, avec des centaines de pages à lire, ceci pour savoir comment nous allons être manger : http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=smartcities-politiques-energetiques
    ouvrir le menu déroulant « Dossier »…. pour rire.

    • Effarant constructivisme technocratique…

    • C’est aussi comme ça qu’il faut comprendre la réforme des regions de Hollande. Contrairement à la légende, ça n’a pas été fait sur un coin de table. L’objectif est de donner encore plus de poids aux métropoles. Ce projet courait depuis des années dans les couloirs des ministères…

      • Oui, et cela fait partie du plan euro-mondialiste. Ce que dit Asselineau sur ce pount est juste. On peut aussi lire « la marche irrésistible du nouvel ordre mondial » de Pierre Hillard

      • Oui, tous nous regrouper dans le poulailler industriel, dépendants de la distribution de granulés !

        En même temps, militer pour libérer les poules (les vraies) des cages,
        ah les cons !

  • Le changement comportemental qu’ils influent c’est surtout de réclamer à l’état pour tout et pour n’importe quoi.
    C’est qu’il y a plus de possibilité de gagner de l’argent à la pêche aux subventions que par le travail.

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