Le Black Friday repeint en vert

Contre le Black Friday, voici le Green Friday, pour vous inciter à acheter des produits vertueux. Et le climat, dans tout ça ?

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Le Black Friday repeint en vert

Publié le 25 novembre 2018
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Par Benoît Rittaud.

Il y a deux choses énervantes avec le Black Friday :

  1. Le Black Friday, bien sûr,
  2. Et ceux qui râlent contre le Black Friday.

 

Dans cette seconde partie on retrouve nos inévitables moralistes d’#OnEstPret.

Je déteste les courses, je hais le shopping, je ne supporte pas les soldes, j’abhorre les hypermarchés, alors le Black Friday, vous imaginez ce que j’en pense. Déjà, cette manie d’importer en France cette fête artificielle américaine qui fait suite à l’insupportable Halloween témoigne d’une soumission culturelle qui n’est guère à notre avantage.

Il est bien loin le temps où Jack Lang lançait la fête de la musique.

Dire les choses de cette manière me situant dans le camp des réacs pour qui c’était mieux avant, il est urgent que je me mette à la page avec les youtubeurs d’#OnEstPret, dont le défi du jour consiste précisément à s’en prendre à ces soldes branchées. Eux savent donner de bons arguments.

Je retire donc ce que j’ai dit : le Black Friday n’est pas idiot en tant qu’incitation supplémentaire inutile à la consommation alors que les soldes d’hiver sont dans moins de deux mois et accessoirement qu’il y a peut-être aussi d’autres sujets dont il serait utile de parler.

Non non, le Black Friday est satanique : il fait du mal à la planète et au climat.

Il était donc urgent de lancer le Green Friday, à base de protectionnisme déguisé d’appel à consommer local et d’explications sur l’intérêt d’acheter des produits plus chers éco-responsables. Les citoyens doivent se guérir de leur « consommation compulsive » en constatant ceci :

Il existe aujourd’hui de nombreuses entreprises qui proposent des alternatives plus vertueuses que celles que les encarts publicitaires du Black Friday nous invitent à contempler.

Le Green Friday n’a pas vocation à nous faire consommer moins, seulement de nous faire consommer mieux. Nous sommes donc dans une bonne vieille stratégie marketing qui consiste à placer ses propres produits en les démarquant de ceux de la concurrence, en l’occurrence en les dénigrant. C’est légal, leur façon de faire ? Je crains que oui, même si c’est pas très joli.

Comme d’habitude, « le but n’est pas de culpabiliser mais de sensibiliser » : eh oui, comme chacun sait, l’une des difficultés d’un nouvel entrant sur un marché est de parvenir à faire changer les habitudes de consommation. La sensibilisation est donc un axe de communication important pour capter une clientèle.

On comprend en creux que la qualité ou le prix ne sont pas les points forts de ce que veut nous vendre le Green Friday car il a fallu trouver autre chose pour nous pousser à l’achat : la vertu supposée des produits. Que l’on puisse faire ainsi commerce de la vertu démontre que décidément, dans notre monde, tout s’achète et tout se vend. Nos youtubeurs qui soutiennent l’initiative vivent bel et bien dans une société de consommation.

Il y a quelques mois, j’ai participé à un débat à Bondy sur la question du climat. Assez vite il était apparu que, comme souvent, la « vraie question » n’était pas le climat mais divers sujets hétéroclites parmi lesquels, déjà, la « consommation ».

Je vous la fais courte : on consomme trop/mal/chinois/pas bio/pas glop pas glop. Il m’avait été douloureux de constater que même dans cette ville socialement défavorisée, le public soit ainsi victime de cette boboïsation des esprits. J’avais alors posé une question toute simple : « Vous avez l’impression de trop consommer, vous ? » Le public en était resté comme deux ronds de flan.

Consommer est la déclinaison humaine d’une partie de ce qui définit la vie elle-même : échanger avec son milieu. Nous n’avons pas à avoir honte de le faire, nous devons le faire. D’accord, ce n’est certainement pas moi qui apprendrai à mes enfants les joies du Black Friday mais ça n’a rien à voir avec le climat ou la planète, c’est juste que je considère qu’il faut consommer pour vivre et non vivre pour consommer.

Seuls des vidéastes influenceurs à la tête gonflée peuvent se permettre de faire la leçon à tout le monde sans connaître quoi que ce soit des raisons qui motivent le choix de chacun de participer ou non au Black Friday. Sans avoir la moindre idée de l’effet supposé de celui-ci sur le climat, bien sûr, car chacun l’a compris : le climat n’est rien qu’un mot-valise, qu’on prononce sans savoir ce qu’il signifie, un peu comme la messe en latin de jadis.

Le climat n’est plus un sujet, ce n’est plus qu’un emblème. Ou plutôt une étiquette – celle qu’on met à côté du prix du produit à vendre.

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  • ainsi il existerait une consommation « vertueuse »..
    qui peut gober une pareille connerie?

  • Si, on peut consommer « vert » en achetant moins cher. Chez Emmaüs par ex.

    Et pour ce qui est de ne pas trop consommer….vous ne devez pas avoir d’ados chez vous.. Pour les parents, c’est une lutte de chaque jour contre une société qui valorise celui qui possède le denier truc branché. Dans la classe de 5e de mon fils, ils ne sont plus que 2 à ne pas avoir de téléphone. .
    Alors on éduque, oui, mais c’est difficile et il faut s’assumer suffisamment pour tenir. Les familles les plus modestes, aux égos parfois malmenés, ont plus de mal à tenir.
    Alors moi, j’apprécie lair frais apporté par ceux qui prônent le green friday. Le jour où ils seront à la mode, les parents seront moins sollicités.

    • C’est bien Claire, votre dieu, quel qu’il soit vous reconnaîtra. Je ne sais pas si vous avez un emploi et de quel emploi il s’agit, mais quoi que vous fassiez, pouvez-vous nous dire comment s’en passer ?

    • ok dans ce cas pourquoi ne pas interdire la publicité a la television?
      qui fabrique des consommateurs, voir des prescripteurs de plus en plus jeunes..
      Ah çà gène « les affaires »?
      Voila une belle lutte a prôner pour des « écologistes » ha?
      qui va payer les campagnes électorales ?
      ben voila vous avez votre reponse

    • « Alors moi, j’apprécie lair frais apporté par ceux qui prônent le green friday. Le jour où ils seront à la mode, les parents seront moins sollicités. » ben non…pas besoin de peindre en vert… vous avez besoin qu’on vous prône de ne pas acheter un truc? vraiment?

      bon..avoir des fringues de marque pour un gamin ou un super téléphone est bien un avantage…et ça apporte bien une satisfaction ..
      ça a TOUJOURS été le cas..
      mais dans un monde normal on doit aussi enseigner aux enfants à résister à certaines satisfactions de court terme quand on les pense néfaste à leur bonheur. tout comme on doit leur enseigner à gagner de l’argent sans en devenir esclave.. ce genre de choses. Arrêtez donc d’avoir peur du jugement des autres.

  • Et votre commentaire sur la nécessité de consommer : chaque année, sous le sapin, vous n’avez que du nécessaire chez vous ? Rien d’inutile, acheté parce qu’il fallait absolument trouver quelques chose pour untel ?
    Si encore cette débauche annuelle rendait heureux… Mais qui, à part une communauté d’adultes qui se connaît bien ou qui n’a pas le choix, va fêter Noël dans rien céder aux sirènes de la sur-consommation ?

    • le monde n’est pas blanc ou noir… la surconsommation est un concept arbitraire… vous surconsommez??? et vous le savez?
      non vous en avez cette vague idée..une vague culpabilité d’ordre général.

    • Vous faites ce que vous voulez, mais s’il vous plait, cessez de donner des leçons et nous faire la morale pour qu’on consomme moins. Lorsque vous achetez un article, celui-ci a été fabriqué par des personnes. S’ils ne sont pas vendus, la société qui les fabrique fera faillite et ces gens se retrouveront sans travail.
      La consommation crée des emplois! Vous arrivez à comprendre ça? Ce n’est pas un vice comme veulent le faire croire les verts pourris, cela fait vivre des travailleurs qui sans cela ne le pourrait pas!

      • Bizarrement il y avait moins de chômage quant on consommait moins. Merci aussi de nous expliquer comment un système basé sur une croissance continue fonctionne à long terme avec des ressources limitées.

  • achetez mon pin contre le surconsommation ! achetez!

  • Très bon article qui dit précisément ce que je pensais confusément, et sur un ton juste.

  • La consommation des ménages, c’est plus de la moitié du PIB. Tout est dit.
    L’acte d’achat, de biens autres que vitaux, comme l’alimentation, pourvu qu’il soit réfléchi, déclenche son lot d’endorphine. C’est comme un cadeau de noël qu’on s’offre à soi-même.
    La consommation tisse du lien social et du lien économique.
    La consommation est bien évidemment l’acte fondateur de toute société libérale. Pas suffisant mais nécessaire.

  • Tout ça, c’est une question de mode de l’utilisation de la langue anglaise à tout bout de pub. Parce que franchement, si ça s’appelait « Vendredi Noir », croyez-vous que ça aurait du succès ?

  • La décision d’achat nous appartient.
    Si nous cédons aux chants des sirènes, c’est que les publicitaires nous connaissent mieux que nous mêmes, il exploitent nos faiblesses, flattent nos vanités, et remportent la mise.
    Ils exploitent un bétail majoritairement consentant, pourquoi s’en priveraient ils ?
    Imaginer un système collectif qui nous protégerait de notre propre stupidité en révèle l’étendue…

  • Merci pour cet article.

    Le point m’interpellant le plus est votre débat à Bondy. Vous l’avez souligné maintenant, lorsque nous parlons de climat tout de suite, les personnes vont dériver sur autres choses : pollution au sens très large, sur consommation, etc.
    Bref, que des éléments avec très peu, voire aucun, rapport avec le climat.

    Le nombre de fois où, de mon côté, lorsque je tente de discuter de ce sujet on m’oppose la pollution des océans (avec les déchets plastiques), je dois recentrer les choses : quel est le rapport entre ça et le climat ? aucun. C’est; fatiguant à force 🙂

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