Gilets jaunes et vendredi noir

La monnaie est de nos jours de la dette. Les garants en dernier ressort de cette dette sont les contribuables, qui commencent à être exaspérés.

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Gilets jaunes et vendredi noir

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 23 novembre 2018
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Par Simone Wapler.

Hier encore, la gravité est revenue se rappeler au bon souvenir de la pomme : elle tombe de son arbre qui ne montera pas jusqu’au ciel. Apple a encore chuté, les FAANG continuent à être vendues sur les marchés actions ; il semble bien que le sommet ait été atteint.

Malgré la chute récente, le prix des actions – notamment américaines – reste toutefois à des niveaux historiquement anormaux si on le rapporte au rendement, c’est-à-dire aux dividendes.

Mais – comme je m’use à l’écrire presque quotidiennement – ce qui se passe sur les marchés actions n’est pas sérieux. Le plus important pour vos investissements se passe sur le marché obligataire.

La hausse artificielle des actions a été obtenue par la baisse artificielle du coût du crédit, ce qui a multiplié la monnaie. Car la monnaie d’aujourd’hui est à 90% de la dette, depuis le solde créditeur de votre compte en banque à votre future pension de retraite en passant par votre assurance-vie. La banque vous doit quelque chose, votre organisme de retraite aussi, votre assureur aussi.

La monnaie suprême – les dettes publiques – est garantie par une banque centrale. Mais les vrais garants, ce sont les contribuables. Les banques centrales ont créé une somme astronomique de dettes en rendant le crédit quasi-gratuit. Seulement, les banques centrales ne peuvent pas créer des contribuables solvables.

Ce qui m’amène aux gilets jaunes et à la révolte fiscale qui couve.

Je vais vous faire une confidence, cher lecteur. J’ai fait deux vœux depuis bien longtemps :

  1. Ne jamais écouter des hommes politiques qui prétendent baisser les impôts sans avoir même expliqué comment ils baissent au préalable les dépenses du gouvernement, et donc la taille de l’État.
  2. Ne jamais prêter attention aux gens qui se plaignent de leurs impôts tout en en réclamant plus pour les autres.

La conséquence du premier vœu est que la vie politique ne m’intéresse pas.

Lorsque les grands médias ont relayé l’égérie de ce mouvement, Jacline Mouraud, j’ai immédiatement catalogué les gilets jaunes en 2. En effet,  Jacline Mouraud expliquait le 6 novembre sur le plateau de C à vous :

La seule chose qui pourrait aujourd’hui apaiser la colère immense qu’il y a dans ce pays, c’est qu’ils rétablissent l’ISF. Il n’y a que ça.

Conformément à mon vœu, j’avais donc décidé de me désintéresser de cette affaire.

Il faut se méfier des grands médias, de la représentation qu’ils donnent.

J’étais ces derniers jours en province, dans le centre, là où les gens pour travailler roulent quotidiennement en voiture sur des routes transversales. J’ai vu des barrages où se côtoyaient des gens très variés. Pour une infirmière libérale, un commerçant, un artisan, un salarié d’une petite entreprise, qui travaillent ensemble tous les jours, l’ennemi n’est pas le « patron ».

L’ennemi commun qui pourrit la vie est l’État, ses règlements, ses formulaires, ses oukases et bien sûr, ses impôts.

Le prélèvement à la source – qui entrera en vigueur en 2019 – devrait encore rajouter de l’huile sur le feu.

Et à propos de feu… Dans le centre, beaucoup de gens se chauffent au bois en complément de l’électricité ou du fioul (les canalisations de gaz sont assez rares en milieu rural). Le plus souvent, le combustible choisi n’est pas des pellets, ces granulés qu’on achète à la grande surface du coin en payant la TVA, mais le bois qu’on coupe soi-même en aidant un voisin à abattre un arbre malade, en dégageant un chemin.

Il est maintenant question de rendre obligatoire l’équipement des poêles avec des filtres à particules et catalytiques. Encore un tribut à l’État, de la paperasse, des contrôles, des contraintes. Une conversation entre un commerçant et un quidam venu rechercher une tronçonneuse en réparation entendue samedi était édifiante. Après la limitation rabaissée à 80 km/h, le renforcement du contrôle technique, l’augmentation de l’électricité et du gaz, l’exaspération monte.

Où mène l’exaspération fiscale…

Les États-Unis sont nés en leur temps d’une révolte fiscale : ne pas payer l’impôt à l’Angleterre. En 1775, le colonel Gadsden crée ce signe de ralliement des libéraux-libertariens dont la devise pourrait être traduite par « ne me marche pas dessus » ou « bas les pattes ».

Benjamin Franklin lui-même aurait choisi le serpent à sonnette car c’est un animal inoffensif, tant qu’on ne lui marche pas sur la queue !

Ce drapeau tend à devenir un signe qu’on retrouve de plus en plus dans des manifestations antifiscales à travers le monde. Il est vrai que c’est un symbole plus parlant que notre « arbre de la liberté » né à la Révolution. Car même avec le lyrisme de Victor Hugo, cela reste peu intuitif :

C’est un beau et vrai symbole pour la liberté qu’un arbre ! La liberté a ses racines dans le cœur du peuple, comme l’arbre dans le cœur de la terre ; comme l’arbre, elle élève et déploie ses rameaux dans le ciel ; comme l’arbre, elle grandit sans cesse et couvre les générations de son ombre.

Le crotale est, avouons-le, plus explicite.

En ce moment, le folklore américain que les grands médias essayent de nous vendre est le « vendredi noir », cette grand-messe consumériste des soldes post Thanksgiving fêtée le jeudi.

Les gilets jaunes empêcheraient le commerce du vendredi noir de prospérer, s’inquiètent déjà certains rats des villes. Une inquiétude que ne partagent probablement pas les rats des champs.

Entre les deux folklores importés, choisissez-vous le jaune ou le noir ?

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • La question n’est pas ce systeme va t il tomber mais « quand ».
    Ce qui me trouble c’est qu’on ne comprenne pas que la taxe carbone impactant tout le système productif et le transport va
    mécaniquement faire augmenter les prix . Ce faisant la consommation va baisser.. de ce fait les rentrées de TVA aussi//
    que va t on faire? augmenter la TVA?

    on voit bien les limites de l’exercice.. qui consiste a travers les lignes du « camp du bien » chargé de sauver la planete (comme jadis le croyant vertueux)en se déplaçant a trottinette dans une mégapole énergivore , et le camp du mal (l’horrible libertaire) qui détruit la planete parce qu’il allume une cheminée pour se chauffer.
    si le monde est malade ,la france est a l’agonie..

    • Je ne pense pas que ce sera la taxe carbone qui fera s’écrouler le système. L’Etat dépensier le fera très bien de lui même.

      Il me semble avoir lu sur ce site la théorie derrière ces taxes comportementales – mais je me rappelle plus du nom de celui qui les a théorisées :
      1. Taxes élevées sur un élément
      2. Dont le produit doit être entièrement affecté à la lutte contre cet élément.

      Elles deviennent alors un outil pour changer le comportement des forces vives, qui s’adapteront quoi qu’il arrive, sans forcément mettre le système à mal.

      Hélas notre gouvernement omet systématiquement le point 2. D’où son échec inévitable.

  • @ claude henry , vous avez bien résumé le ou les probléme , cette politique n’est il pas d’asservir la nation

    • meme pas ,c’est juste une mauvaise tentative de durer 4 ans de plus..
      en accumulant les maladresses les chantres du nouveau monde se trouvent relégués dans l’ancien monde , sans la compétence

  • Les taxes sont le prix à payer pour une société totalitaire.

  • « Lorsque les grands médias ont relayé l’égérie de ce mouvement, Jacline Mouraud, j’ai immédiatement catalogué les gilets jaunes en 2. »

    S’il vous plait, ne mettez pas tous les gilets jaunes dans le même panier, celui de JMouraud en l’occurrence.
    J’ai l’impression qu’il y a autant de revendications qu’il y a de gilets jaunes pour en parler.

    Les Gilets Jaunes sont avant tout des français, dans toute leur diversité. Et c’est là la principale difficulté pour le gouvernement : pas de parti politique, pas de syndicat, pas d’association qu’on peut cibler, nommer, manipuler.
    Seulement les français, dans leur ensemble.

    Et leur ras le bol fiscal.

    • Et surtout ras le bol des contradictions de ce gouvernement (Macron qui défendait le diesel en 2016) et de ses mensonges dont la liste est infinie…

    •  » pas de parti politique, pas de syndicat, pas d’association qu’on peut cibler, nommer, manipuler. »
      Ou plus fréquemment encore, lui payer une rançon, avec l’argent des autres bien sûr.

    • Bis repetita :

      Je ne peux pas leur en vouloir, ils sont KO debout, ils en prenne plein la gueule et enfumés par les mensonges, ils ne savent même plus d’où viennent les coups.
      Alors comme des taureaux transpercés de banderilles fiscales, ils ruent et se débattent à l’aveuglette, s’en prennent à la muleta derrière laquelle se cache le matador * et sa rapière…
      Un combat désespéré pour la survie, et parfois le taureau gagne !

      Bon, en fait, il est tué par le matador suivant…

      * Je préfère matador (tueur) à torero, parce que plus descriptif.

      • Figurez vous que j’ai tenté de publier le petit texte ci dessus dans certains blog de la PQR,
        Eh ben pour le moment il tient encore dans un seul journal, et a été rejeté pour ‘non conforme à la charte’ par les autres !
        Vous voyez où se situe le curseur …
        Même la Comtesse de Ségur ou Chantal Goya seraientt non conforme !

  • « Don’t tread on me » La glorieuse devise du 369ème de Harlem, un des quatre régiments de noirs américains incorporés à l’armée Française en 1918.
    Ces hommes menés par un colonel blanc exceptionnel, qui n’hésitait pas à dire et répéter que la ségrégation était une énorme stupidité, se sont couvert de gloire, 191 jours en première ligne, un flot de croix de guerre, une réputation terrifiante chez les allemands…Au prix ds 2/3 tués ou blessés….
    Obama s’est fendu d’un petit hommage de 5 minutes…
    La dessus je retourne mettre mon gilet jaune et apporter du cafa à mes gars qui y sont depuis 6H30….

  • Pourquoi voulez vous que le système tombe.? ça dure depuis les Sumériens, c’est à dire depuis dix mille ans. Pire car à cette époque l’homme, lui et sa famille, devenait esclave de ses dettes. Alors.? ça continuera comme depuis que ça dure.!

    • rise and rise again, until lambs become lions

      •  » N’attends rien de plus d’un boeuf que de la viande de boeuf  »
        proverbe alsacien
        (Kàsch nìt meh verlànga vu m’a n’ochs às rìndsflaisch)

      • Les lions laissent les lionnes chasser pour les nourrir… Une preuve d’astuce, sinon de politiquement correct, dont ceux qui ont côtoyé des moutons savent bien qu’ils sont incapables de l’acquérir.

  • L’ impôt tue l’impôt et nous y sommes

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