L’économie en une leçon : les enseignements de Hazlitt

Accessible à tous, ce classique est le premier à être réédité par l’Institut Coppet dans sa Collection autrichienne.

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L’économie en une leçon : les enseignements de Hazlitt

Publié le 13 novembre 2018
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Par Francis Richard.

Trente ans après la première édition (1946) de L’économie en une leçon, dans la postface d’une nouvelle édition (qui en constitue le XXVIe chapitre), Henry Hazlitt place ses espoirs dans la rapide croissance, parmi les jeunes, de l’école des économistes « autrichiens ».

Lui-même s’inscrit dans la lignée de cette école de Vienne et dans celle dite de Paris qui la précède. Il doit d’ailleurs le plan de son livre, premier volume de la Bibliothèque autrichienne dont l’Institut Coppet a entrepris l’édition en français, à l’essai de Frédéric Bastiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.

La leçon d’Henry Hazlitt repose sur un axiome :

L’art de la politique économique consiste à ne pas considérer uniquement l’aspect immédiat d’un problème ou d’un acte, mais à envisager ses effets plus lointains ; il consiste essentiellement à considérer les conséquences que cette politique peut avoir, non seulement sur un groupe d’hommes ou d’intérêts donnés, mais sur tous les groupes existants.

Faute de connaître cet axiome et de l’appliquer, sont commises, dit-il, des erreurs économiques qui causent tant de ravages dans le monde d’aujourd’hui. À l’appui de vingt-quatre séries d’applications, Henry Hazlitt le démontre dans ce livre limpide que tout soi-disant économiste devrait avoir lu s’il ne veut pas les commettre.

La plupart des erreurs commises du temps de l’auteur le sont encore aujourd’hui, si bien que ce chef-d’oeuvre est d’une terrible actualité. Pour mieux s’en convaincre, trois applications raisonnées, choisies parmi les vingt-quatre séries, vaudront mieux que de simples énoncés.

Les dépenses publiques

L’État décide de construire un pont. Cette construction va donner du travail à des ouvriers et, une fois achevé, il aura le mérite d’exister. C’est ce qu’on voit. C’est immédiat et cela aura servi les intérêts d’un certain nombre d’ouvriers pendant un temps.

Ce qu’on ne voit pas, c’est qu’il a fallu financer ce pont et que cela n’a pu être fait que par l’impôt. Les contribuables auront été taxés d’une somme qu’ils auraient pu dépenser pour des objets dont ils ont le plus grand besoin :

Tout emploi créé pour la construction du pont empêche un emploi privé d’être offert quelque part ailleurs.

Ce qu’on ne voit donc pas, c’est tout ce qui aurait pu être créé si ce pont n’avait pas été construit. Mais, pour cela,

il faut une certaine sorte d’imagination dont peu de gens sont capables : le résultat final, c’est qu’un seul bien a été créé aux dépens de beaucoup d’autres. Mais aucune foi au monde n’est plus tenace ni plus entière que la foi dans les dépenses de l’État…

Le machinisme

Un fabricant de vêtements entend parler d’une nouvelle machine pour les fabriquer avec deux fois moins de main-d’œuvre qu’auparavant. À moyen terme, le temps que la machine se paye d’elle-même, il aura réduit son personnel et accru son profit. C’est ce qu’on voit.

Ce qu’on ne voit pas, c’est que ses profits supplémentaires créeront du travail, quelle que soit la façon dont il les utilisera, que ce soit :

  • pour étendre son affaire
  • pour investir dans une autre industrie
  • pour satisfaire des besoins personnels

Et la société tout entière en bénéficiera.

S’il étend son affaire, il donnera du travail aux fabricants de machines. S’il fait de gros bénéfices, d’autres entrepreneurs voudront faire de même. Le prix des vêtements diminuera. Davantage de vêtements seront vendus :

Il se peut que beaucoup plus de travailleurs soient employés à leur confection qu’avant même l’introduction des machines faites pour économiser la même main-d’œuvre.

Ce n’est pas une vue de l’esprit : c’est un phénomène qui s’est produit dans bien des secteurs d’activité. Mais rendre le machinisme responsable du chômage est de toutes les erreurs économiques la plus vivace.

Sauver une industrie

Pour sauver l’industrie X, le gouvernement lui accorde une subvention. C’est ce qu’on voit : elle est sauvée. Ce qu’on ne voit pas, c’est que cette subvention est financée par le contribuable et par les autres industries.

Résultat :

  • les consommateurs ont moins à dépenser pour acheter d’autres produits
  • d’autres industries doivent restreindre leur production

Henry Hazlitt ajoute :

Il en résulte aussi (et c’est là ce qui constitue une perte sèche pour la nation considérée dans son ensemble) que le capital et la main-d’œuvre sont détournés d’industries dans lesquelles ils auraient pu s’employer efficacement, vers une industrie où ils s’emploient moins utilement.

Ce qu’on ne voit pas, c’est que

pour que des industries nouvelles se développent rapidement, il est nécessaire que quelques industries périmées dépérissent ou meurent. Il est nécessaire qu’il en soit ainsi pour libérer le capital et la main-d’oeuvre pour les industries nouvelles.

Réaffirmation de la leçon

Dans son dernier chapitre de la première édition, sous ce titre, Henry Hazlitt résume en ces termes quelques applications de son axiome développées dans son livre :

Il ne viendrait à l’idée de personne ignorant des opinions courantes de la littérature des demi-savants économistes en vogue, que c’est un avantage appréciable d’avoir sa vitre brisée ou de subir la destruction de villes entières ; que procéder à des travaux publics inutiles n’est rien moins que du gaspillage ; qu’il est dangereux de voir de longues files de chômeurs reprendre le travail ; que le machinisme qui accroît la richesse et soulage l’effort de l’homme doit être redouté ; que les obstacles à une production et une consommation libres accroissent la richesse ; qu’une nation s’enrichit en forçant ses voisins à acheter ses produits à un prix inférieur à leur prix de production ; que l’épargne est absurde ou nuisible et que la prodigalité est source de prospérité.

C’est du bon sens, mais c’est à se demander si Descartes avait raison qui disait que c’était la chose du monde la mieux partagée… Surtout, quand d’aucuns vont jusqu’à penser naïvement que si l’État fabriquait plus de papier-monnaie et le distribuait à tous, chacun de nous serait plus riche…

L’économie en une leçon, Henry Hazlitt, 238 pages,Institut Coppet

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