Le Bilan Carbone : erreurs méthodologiques fondamentales et incertitudes

Le Bilan Carbone constitue un gigantesque puits de fraudes en tous genres, probablement le plus gigantesque gisement de tout le 21ème siècle.

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Le Bilan Carbone : erreurs méthodologiques fondamentales et incertitudes

Publié le 10 novembre 2018
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Par Bernard Beauzamy.

Assurément, la Ville de Paris rejette des eaux usées dans la Seine, puis dans la mer. Il ne viendrait pourtant à l’idée de personne de comptabiliser ces eaux sur trois cents ans, et de dire : voilà qui participe d’autant à l’élévation du niveau de la mer. Ce serait une double faute de logique, tout d’abord parce que Paris capte l’eau avant de la rejeter, et aussi parce l’eau est recyclée par la Nature : évaporation, pluies, etc. Nous ne sommes donc pas en présence d’un lac, couvert, statique et tranquille, qui serait alimenté par les rejets de Paris et grossirait à chaque litre rejeté.

C’est cette double faute de logique qui est commise pour le Bilan Carbone : les activités humaines participent à tous les éléments du cycle du carbone ; ajouter les rejets au fil des années constitue une faute de logique majeure. Le Bilan Carbone, tel qu’il est actuellement réalisé, est entièrement dépourvu de valeur scientifique.

Bilan carbone : quelle pertinence ?

Seul un bilan instantané (le rejet instantané d’une usine, d’une automobile…) a un sens logique, tout comme le débit d’un robinet. Sur le plan de la logique, il est parfaitement légitime de mesurer la quantité d’eau rejetée par Paris à chaque seconde. Mais ce n’est qu’un indicateur parmi des milliers d’autres, et quel intérêt, quelle pertinence, lui accorder ?

Une autre chose nous choque aussi : il ne s’agit pas d’un bilan carbone, mais d’un bilan CO2, et ce n’est pas du tout la même chose. Le bilan carbone d’un être vivant quel qu’il soit (homme, animal, plante, etc.) est vite fait ; entre la naissance et la putréfaction, c’est zéro. Ici, on s’intéresse aux molécules de gaz carbonique et non aux atomes de carbone.

Que faudrait-il faire pour que le Bilan Carbone (continuons à l’appeler ainsi pour le moment) soit cohérent du point de vue de la logique ? La réponse est simple : il faut le débarrasser de tout ce qui concerne le passé (les constructions anciennes, les immobilisations), de tout ce qui concerne le futur (par exemple les démantèlements) et se restreindre au présent ; on comptabilise des émissions instantanées (on peut le faire par an, et les ramener ensuite à la journée, par exemple).

Pas d’obligation juridique au niveau mondial

Le Bilan Carbone ne correspond à aucune obligation juridique au niveau mondial, mais la Communauté Européenne a commencé à émettre des recommandations. La France a immédiatement édicté des lois et règlements contraignants. Mais alors que, en France, toute loi ou règlement est l’objet de débats sans fin (la loi Carrez, les radars de surveillance de la vitesse), le Bilan Carbone n’a été l’objet d’aucune critique méthodologique.

Certains Bilans Carbone tiennent en quelques pages, d’autres en réclament plus d’une centaine. Certains sont factuels et honnêtes, d’autres sont moins honnêtes. Tous, bien sûr, sont entachés d’erreurs méthodologiques majeures. Peu importe en vérité : tous sont inutiles. Au mieux, le Bilan Carbone est un empilement d’évidences, comme on ferait le « bilan nourriture » d’une agglomération ; au pire, il est malsain et dangereux, par l’usage immédiat et sans nuance qui en est fait. Comme expliqué plus haut, même si on lui donne un contenu scientifique convenable, ce n’est qu’un indicateur parmi d’autres.

Enfin, supposant le Bilan Carbone réduit à sa plus simple expression, c’est-à-dire les activités du présent, et seulement celles qui relèvent de l’entreprise proprement dite (et non celles qui sont sous-traitées), en restreignant ainsi le périmètre, peut-on obtenir un résultat satisfaisant et fiable, pouvant éventuellement servir de base à une taxation ?

Impossible de tenir la comptabilité du CO2

La réponse est entièrement négative. La variabilité des processus industriels fait qu’une évaluation précise est possible en théorie, mais complètement impossible en pratique ; selon les circonstances, il peut y avoir des variations de 20 % à 100 %, entre les rejets de processus semblables. En ce qui concerne les salariés, et leurs moyens de transport, on se heurte au respect de la vie privée : l’employeur n’a pas à connaître ces informations. Il est donc impossible en pratique de tenir, pour une entreprise donnée, une comptabilité du CO2 qui soit aussi précise que la déclaration de TVA, pour prendre cet exemple.

Comment procéder, dès lors ? Évidemment, on sera tenté de dire « adoptons des valeurs moyennes, des valeurs grossières : tel processus produit approximativement telle quantité de CO2 ; pour 1000 salariés, on comptera approximativement tant d’automobiles, qui produiront approximativement tant de CO2. »

Mais alors :

  • Le Bilan Carbone n’a plus aucune valeur incitative : l’industriel n’a plus aucun intérêt à remplacer une machine peu performante par une autre plus performante, puisque ceci n’est pas pris en compte dans son bilan, qui ne repose que sur des valeurs moyennes ;
  • Le Bilan Carbone ne peut servir de base à une taxation : on ne peut taxer, selon les lois en vigueur, qu’en fonction de quantités effectivement produites, et non en fonction de quantités estimées, par quelque méthode que ce soit.

 

Le Bilan Carbone, enfin, constitue un gigantesque puits de fraudes en tous genres, probablement le plus gigantesque gisement de tout le XXIe siècle. Comme on ne peut pas tout vérifier, l’industriel déclarera ce qui l’arrange. Les salariés, si cela leur convient, déclareront qu’ils viennent en vélo « la plupart du temps ». Il faudra envoyer des inspecteurs dans les parkings pour relever les plaques d’immatriculation des véhicules et les croiser avec les fichiers de police pour confondre les tricheurs !

 

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  • On pourrait créer des slips équipés d’un appareil de mesure des rejets de Méthane dans les pets. La difficulté , c’est la mode du String,
    En matière de gaz a effet de serre, l’étau de la connerie se « Re-serre »

  • A qui profite le crime?

  • les écolos devraient lire ces quelques lignes , leur seule science étant l’idéologie , ça leur donnerait peut être quelques bases scientifiques des réalités .
    mais leur QI et tel qu’ils le con testeraient !

    • L’écologie est une religion
      il en est ainsi de toutes les religions, la logique n’est pas une valeur de raisonnement , on ne vous demande pas de réfléchir , on vous demande de croire.. et de payer le clergé..
      L’écologie a été récupérée par les marxistes (encore une religion basée sur le même modèle) puisque leurs dieux (et leurs moyens d’existences sont morts) çà a été leur porte de sortie..

      Si on veut se livrer a une analyse sérieuse il faut quitter le prix des choses et raisonner en quantités et de ressources..

      le XX eme siècle a vu l’explosion de la consommation de ressources (pas que l’énergie) pour fabriquer tout ce qui vous entoure et vous permet de vivre sans (trop) travailler..
      Le machines travaillent pour vous , mais elles ont besoin d’énergie.
      Pour avoir un confort de moindre niveau un praticien romain devait posséder 50 esclaves.. et les revenus qui vont avec.;

      On a donc bien un indice fiable :combien coûte en ressources tout ce qu’un occidental nécessite pour s’épanouir,..he bien c’est trop.. si on veut que tout le monde ait accès a ce mode de vie;
      Là c’est une question politique que je n’évoquerai pas ici

      L’énergie n’est pas sur le même plan , elle ne se récupère pas. Les énergies fossiles nous ont permis une accélération fantastique de a peu prés deux siècles..
      Les énergies fossiles ne se renouvellent pas a l’échelle humaine..

      Le fait est que la découverte de nouveaux gisements est de moins en moins pertinente..
      donc nous allons devoir nous passer des énergies fossiles et ce a moyen terme.;
      Oublions le prix raisonnons en volumes.
      La question c’est par quoi remplacer l’énergie nécessaire a l’homme et a ses machines..
      Pour l’instant on ne voit que le nucléaire qui pourrait tenir la route.
      Le vent , le photovoltaïque n’assurent rien

      Les verts sont des mystiques qui permettent a l’état de nous taxer , il n’y a aucun doute la dessus.
      Ceci dit la disparition des énergies fossiles est un fait.

      • « Ceci dit la disparition des énergies fossiles est un fait. » pouvez vous préciser… ?

        « si on veut que tout le monde ait accès a ce mode de vie; » ce but ne me semble pas universel..modulo le sens de ce mode de vie.

        il me semble que l’on doit d’abord rappeler que toute action humaine a un effet sur l’environnement..donc poser en principe de préserver l’environnement signifie interdire de faire des choses…
        ça reste le problème fondamental de où se dirige l’ecologie actuelle la sacralisation de l’environnement au détriment de l’humain..

        préserver l’environnement qui « nous » est utile…pas préserver l’environnement.. et m^me ça…ça implique un nous..et un interet commun…

        • oui , les énergies fossiles ne se renouvellent pas a l’échelle de temps humaine
          « Les volumes d’hydrocarbures découverts ont chuté de 13 % en 2017 pour atteindre un plus bas depuis les années quatre-vingt-dix. Les dépenses d’exploration des compagnies ont chuté de 60 % en trois ans. »

          vous avez noté qu je ne partage pas l’idée que « tout le monde doive avoir accés a ce mode de vie » çà c’est la doxa socialiste

          • « Les dépenses d’exploration des compagnies ont chuté de 60 % en trois ans.  »
            Ben oui, au prix du baril, c’est logique. Dès que le prix du pétrole augmente, cela redevient rentable d’explorer.

            Cela me semble difficile de raisonner sur trois ans.

            Si on peut penser que le volume d’énergie fossile est fini, il n’en demeure pas mois que l’on n’a jamais eu autant de réserves qu’aujourd’hui, alors que l’on ne cesse de prédire l’inverse.

      • La disparition des énergies fossiles est un fait, pas un problème. C’est comme si les patriciens romains avaient cherché à remplacer les esclaves, non pour des raisons morales, mais en se préoccupant du moment où il n’y aurait plus de peuples à conquérir pour en fournir de nouveaux.

        • il st clair qu tous les hommes ne peuvent pas avoir accès au meme niveau de vie..
          les socialistes en tirent d’incompréhensibles attitudes..
          « comme tout le monde ne peut pas rouler en Ferrari interdisons les Ferrari »

          Dans le futur tout le monde n’aura pas accès a la liberté que procurent les véhicules personnels..
          ceux qui pourront y accéder seront ceux qui pourront se les payer
          il n’y aura pas d’aides sociales pour acheter une ferrari.. point

      • « Les énergies fossiles ne se renouvellent pas a l’échelle humaine.. » où comment construire un raisonnement à partir d’une donnée mal boutiquée. Quel est l’importance du renouvellement ou pas? Le blé sauvage non plus ne se renouvelle pas à l’échelle humaine, on a inventé l’agriculture à la place de la cueillette; Pour les énergies dites fossiles, on les remplacera ou on les produira, des bactéries ou des algues ou je ne sais quelle autre source d’énergie à base d’atome ou autre s’en chargeront.Laissez faire la science les écolos.

    • @ duglimbule
      Attention! Il y a « l’écologie », nom qui recouvre bien des choses mais traduit quand même le récent souci des gens pour leur cadre de vie qu’ils veulent abîmer le moins possible: c’est honorable et cette notion est bien passée dans la population! Ça, c’est un plus!

      Faire de l’écologie, un parti, c’est tout différent et pour distinguer, on pourrait parler d’écologisme, ce qui me parait moins valide!
      L’écologisme devient alors une idéologie politique, signe de danger possible!

  • L’écologie est une religion et, si elle n’est pas l’opium du peuple (ça ferait trop marxiste!), elle en est devenue la marijuana avec tous les risques mortifères qui y sont liés.

  • Quand on poursuit un objectif non quantifiable, on fait souvent l’erreur de trouver un paramètre mesurable qui semble coller à l’objectif initial. Ce paramètre devient ensuite la mesure du succès.

    Or, le comportement de gens change quand ils se savent surveillés (ou taxés). Ils s’adaptent et font en sorte de satisfaire la mesure, plutôt que le vrai objectif.

    On en arrive à des situations absurdes comme ce bilan carbone qui ne veut rien dire, ces salariés qui font du présentéisme, ou ces politiques de sécurité routière qui ne font que diminuer les vitesses.

  • Si les gouvernants régnants serrent la vis, les entreprises feront de même en licenciant, contraintes à optimiser leurs processus.

    On a à faire, et pas affaire, avec des hurluberlus hululant…

  • le CO2 n’a aucun lien avec le réchauffement qui selon les satellites la Nasa, ne se manifeste plus depuis 2014. le réchauffement relève de la loi sur les fake… à lire de toute urgence https://www.google.fr/search?q=pave+mare+r%C3%A9chauffement&rlz=1C1GGRV_enFR751FR752&oq=pave+mare+r%C3%A9chauffement&aqs=chrome..69i57l2j69i60j69i65j69i60j69i61.4174j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8

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