L’écologie chinoise écrasera l’occident

La production bon marché d’énergie est le nerf de toute guerre économique. La Chine entreprend désormais d’acheter l’Europe de l’énergie alors que les subventions européennes massives aux énergies intermittentes ruinent son système électrique.

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Study Mao Zedong Thought, Be the Successors of Communism. (学习马泽东思想, 做共产主义接班人) By: Thomas Fisher Rare Book Library, UofT - CC BY 2.0

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L’écologie chinoise écrasera l’occident

Publié le 10 novembre 2018
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Par Michel Gay et Jean-Pierre Riou.

Les sommes gigantesques consacrées à « l’écologie » dans le monde intéressent la Chine au plus haut point. Quels sont les ressorts cachés mis en œuvre par ce pays et leurs conséquences géopolitiques ?

L’embuscade chinoise

Le mécanisme de développement propre (MDP) ou Clean Development mechanism (CDM) permet aux pays industrialisés de polluer chez eux à moindre coût grâce à des investissements supposés diminuer les émissions de CO2 dans les pays dits « en développement ».

Chaque tonne de CO2 ainsi réputée évitée donne droit à un certificat qui autorise l’émission équivalente dans le pays industrialisé concerné. C’est malin et pernicieux.

Dès l’instauration de ce mécanisme, la Chine a proposé des conditions avantageuses qui ont attiré presque 60 % des investissements jusqu’en 2013, ce qui en a fait un des principaux fabricants d’éoliennes, et le numéro un des panneaux solaires.

En 15 ans, 300 milliards de dollars ont ainsi été investis par les industriels dans les pays considérés « en développement » au plus grand bénéfice de la Chine. Environ 84 000 mégawatts (MW) éoliens ont été financés en Chine par les pays « industrialisés » motivés par la rentabilité des allocations de droits d’émissions supplémentaires.

Dès 2012, un rapport du China Institute voyait dans ces échanges l’occasion pour la Chine d’affirmer son leadership international et constatait avec cynisme :

Les entreprises chinoises voient par ailleurs, dans ce mécanisme, un moyen rapide d’obtenir des équipements de pointe, alors qu’elles ne disposent souvent pas des connaissances techniques nécessaires à leur maintenance sur le moyen et long terme.

Quant aux entreprises occidentales, elles sont naturellement attirées par les économies que représentent les crédits carbones en leur permettant de polluer à moindre coût, plutôt que par le bénéfice socio-environnemental des projets MDP.

Ces projets sont localisés dans les régions offrant les conditions financières les plus intéressantes pour les investisseurs étrangers, et non celles qui en avaient le plus besoin.

La Mongolie intérieure a notamment concentré la plus grande partie des projets éoliens. Elle est ainsi devenue la province qui a le plus d’excès de capacité de Chine avec 75 000 MW de puissance installée pour une demande de pointe de 20 000 MW. Cette disparité entraîne de grandes pertes d’électricité éolienne, le réseau électrique chinois n’étant pas prévu pour ces excès.

Ces droits à polluer ont largement participé à la chute du cours du carbone jusqu’à dissuader l’Europe d’investir dans sa propre modernisation qui aurait pourtant réellement fait baisser ses émissions.

Le retour de bâton chinois

Après avoir été confrontée à cette surproduction et au gaspillage éolien, la Chine a mis un coup d’arrêt à son développement photovoltaïque.

La Chine investit désormais massivement dans l’éolien européen et domine le marché des énergies vertes. Les industries européennes sont incapables de rivaliser avec le matériel chinois. De nouvelles dispositions lui permettent de casser le marché européen du panneau photovoltaïque.

D’autre part, l’arrêt de leur développement en Chine entraine d’importants stocks à écouler à l’étranger.

Le quasi-monopole chinois des terres rares, dont les énergies vertes sont gourmandes, achève de condamner l’avenir de nos industries.

Ainsi disparaîtront les emplois verts pourtant subventionnés en Europe, après en avoir eux-mêmes  supprimé des milliers dans d’autres secteurs.

Pékin Moscou, la dangereuse route de la soie

Le nouvel axe Pékin-Moscou enfante une nouvelle route de la soie destinée à bouleverser le commerce mondial à son avantage. Elle referme sur de nombreux pays le piège de la dette vis-à-vis de la Chine qui permet à celle ci de racheter des pans entiers de leurs infrastructures.

La production massive et bon marché d’énergie est le nerf de toute guerre économique. La Chine entreprend désormais d’acheter l’Europe de l’énergie alors que les subventions européennes massives aux énergies intermittentes ruinent son système électrique.

Le syndrome de la fuite en avant

Nos responsables politiques n’ont-ils pas encore perçu le danger ? Sont-ils paralysés par l’entrave d’une opinion publique aveuglée par la nouvelle religion verte ?

La carotte du jardin d’Eden et le bâton de la fin du monde trouvent jusqu’à présent un écho médiatique plus puissant que n’importe quel avis argumenté.

De nombreux rapports rigoureux et ignorés dénoncent l’inefficacité des choix retenus et l’impasse vers laquelle ces orientations nous mènent.

La fuite en avant semble sacralisée par la volonté folle de rendre ces choix irréversibles.

Angela Merkel, alors patronne du CDU, aurait déclaré le 29 octobre 2004 :

À la longue, il y aura tellement de profiteurs de l’énergie éolienne qu’il deviendra impossible de trouver une majorité pour en limiter le développement.

Le nécessaire retour à la Raison

Le credo écologique répond à un besoin, mais ce n’est qu’en renouant avec la science et le progrès technologique que son expression politique peut encore espérer éviter le pire à la France et à l’Europe.

Il est du devoir de nos élites de ne pas céder davantage à la pression mystique de leur électorat qui conduira la Nation au chaos, et de lui faire prendre conscience que le monde, tel qu’il le rêve, n’est pas celui qui s’annonce, notamment face à la Chine « écologique »…

Article repris d’après la publication dans « European Scientist »

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  • je pense que la conclusion est totalement errone « Il est du devoir de nos élites de ne pas céder davantage à la pression mystique de leur électorat « , la grande majorite des electeurs en ont totalement rien a faire des eoliennes des panneaux solaires et autres billevesées ecolos, ce qu ils veulent c est de l energie pas cher , il suffit de demander a un francais ce qu ils pensent du prix du gasoil. une minorite socialo pseudo ecolo qui voit dans l ecologie le moyen de claquer du fric qui n est pas le sien .

  • Paradoxe de la mondialisation « Débridée »

  • Il y aura un peuple de travailleur: les chinois et un peuple intelligent mais fainéant; avec les africains ont rigolera bien http://photos-non-retouchees.over-blog.com/article-ma-joconde-a-moi-116140395.html

  • Vous soulignez les dangers de la « religion verte » et de la « pression mystique », et vous avez entièrement raison. Ces fanatiques sont dangereux.

  • « Nos responsables politiques n’ont-ils pas encore perçu le danger ? Sont-ils paralysés par l’entrave d’une opinion publique aveuglée par la nouvelle religion verte ? »

    Vous plaisantez…? Ils sont totalement corrompus, pourris jusqu’à la moelle, gavés d’argent étranger…
    Pourquoi tueraient ils la poule aux œufs d’or?

  • Quand on a intégré cela*, les négociations de « tonnes de CO2 » apparaissent risibles, délirantes, surréalistes, même *http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=60662

  • Bah lorsque la France sera devenu un pays du tiers monde ses dirigeants feront toujours partie de l’élite a l’abri des besoins..pourquoi voulez vous qu’ils se fatiguent a faire preuve d’intelligence dans leurs décisions ..quoique notre roitelet actuel doit sûrement mouiller son pantalon vu sa faible importance mondiale voir nationale . Cela doit lui faire très mal vu son égo démesuré .

  • La Mongolie intérieure a donc réalisé l’expérience grandeur nature qui permettrait de vérifier la théorie de Friedrich Wagner qui dit qu’il faut installer plus de 3 fois la puissance crête consommée pour pouvoir se reposer sur des sources d’énergie intermittentes. Une vraie démarche scientifique dans un domaine qui repose souvent sur le « doigt mouillé » pour étayer ses affirmations. Je ne suis pas sûr que la région en soit consciente.

    Eur. Phys. J. Plus (2016) 131: 445 DOI 10.1140/epjp/i2016-16445-3

    • La Mongolie intérieure est une immense région peu développée, loin de la cote pacifique très peuplée et ne comportant que 6 millions d’habitants dont bcp de ruraux. Il y a de plus très peu d’industrie lourde. La demande est énergie est donc faible et comme l’habitat est dispersé avec seulement deux villes dépassant le million d’habitants, construire de grosses centrales de production d’électricité pour ensuite l’acheminer sur de longues distances avec les surcouts et pertes que cela implique, rend la chose couteuse malgré la présence de gisements de charbon. Donc tenter une autre solution avec de l’éolien peut se discuter effectivement. Et ce d’autant que le territoire est composé de hauts plateaux avec la présence de vents utilisables plus de 22j/mois en moyenne (de 18 à 27j/mois).
      https://www.meteoblue.com/fr/meteo/prevision/modelclimate/hohhot_chine_2036892
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mongolie-Int%C3%A9rieure

      Autre avantage: servir de vitrine pour montrer le savoir-faire chinois, expérience que ne manqueront pas de reprendre tous les groupements écolo étrangers en oubliant commodément les conditions démographiques, géographiques, météorologiques et économiques qui conditionnent le cadre dans lequel ce type d’installation peut se discuter…
      Comme bcp l’ont déjà dit même sur CP, l’éolien et le photovoltaïque peuvent être une solution pour les habitats isolés, éloignés ne nécessitant pas une grosse production d’électricité. Rien de très neuf et même si le projet de la Mongolie intérieure fonctionne, cela ne changera pas les données du problème.

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