Pendant que la France s’endette, l’Allemagne se désendette

Parmi les cinq premières économies de la zone euro, seule la dette française augmente au prorata du PIB. Depuis 2012 en Allemagne et depuis 2014 aux Pays-Bas, la dette baisse significativement en volume.

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Thermomètre par BBQ junkie-(CC BY-NC 2.0)

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Pendant que la France s’endette, l’Allemagne se désendette

Publié le 19 octobre 2018
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Par Laurent Pahpy.
Un article de l’Iref-Europe

Depuis 43 ans, pas une seule année les administrations ne sont parvenues à équilibrer leurs comptes. Plus personne ne conçoit d’ailleurs que cela puisse arriver un jour. Désormais, l’objectif politique affiché est de limiter le déficit au sacro-saint 3 % du PIB.

D’après Eurostat, la dette publique atteignait 2 255 milliards d’euros à la fin du premier trimestre 2018, soit 97,7 % du PIB. Pour être rigoureux, il faudrait ajouter les droits acquis des retraités français qui sont aussi des engagements que l’État devra assumer, ce qui fait grimper la dette entre 400 et 550 % du PIB.

Alors que la dette publique augmente de 2090 € par seconde (moyenne 2017), elle baisse outre-Rhin d’un montant comparable, 1675 € par seconde.

Les États allemand et néerlandais accumulent des excédents qui permettent de diminuer le volume de leurs dettes depuis 2015. La France, l’Espagne et l’Italie, quant à elles, font figure de mauvais élèves malgré une situation économique conjoncturelle favorable.

Figure 1 : transition du déficit/surplus à la variation de la dette en pourcentage du PIB

(données Eurostat)

La dette est une faute, mais pas une fatalité

En allemand, « dette » et « faute » se traduisent en un seul mot, schuld. Un budget déséquilibré pénalise doublement les générations futures de contribuables, pauvres comme riches : elles devront rembourser l’argent qu’elles n’ont pas dépensé tout en payant les intérêts des obligations. À l’heure actuelle, chaque nouveau Français naît avec une dette de plus de 33 000 € à rembourser.

Mais la dette opère aussi une redistribution inversée des pauvres vers les riches, appelée « Robin des bois à l’envers ». L’État emprunte de l’argent à ceux qui en ont, c’est-à-dire aux plus fortunés. Les emprunts publics sont donc une rente que les plus pauvres sont forcés de payer à ceux qui ont les moyens d’investir dans des obligations.

Parmi les cinq premières économies de la zone euro, seule la dette française augmente au prorata du PIB. Depuis 2012 en Allemagne et depuis 2014 aux Pays-Bas, la dette baisse significativement en volume. Ces pays montrent qu’il est tout à fait possible d’inverser la tendance.

Figure 2 : évolution de la dette publique brute en pourcentage du PIB

(données Eurostat)

Réformer, c’est faire mieux avec moins

Face à sa dette colossale, le gouvernement canadien a engagé des réformes considérables dans les années 1990. L’État fédéral a dégagé des budgets excédentaires grâce à des réductions drastiques des dépenses publiques. Il a massivement baissé les impôts pour libérer la création de richesses. Le taux d’imposition des entreprises a été divisé par deux pour atteindre 15 % en 2013, soit le taux le plus bas des pays du G7.

À l’image de l’État providence français actuel, la Suède était soumise à une politique dirigiste et particulièrement spoliatrice dans les années 1980. L’État scandinave confisquait alors plus de la moitié des richesses produites et accumulait pourtant une dette considérable. L’éducation et la santé ont été partiellement privatisées et le statut des fonctionnaires a été supprimé. En Suède, il n’y a plus de régime spécial de retraites ni d’emploi garanti à vie pour les fonctionnaires.

Les exemples du Canada et de la Suède montrent qu’il est possible de réformer en profondeur les administrations et le périmètre de l’État pour libérer la création de richesse, améliorer les services publics en les ouvrant à la concurrence et réduire massivement la dette publique. Au Canada, d’après l’OCDE, cette dernière est passée de 130 % du PIB dans les années 1990 à moins de 90 % avant la crise de 2007-2009. Sur la même période, l’État suédois s’est désendetté de près du tiers de la charge pesant sur les générations futures, en passant de 80 % à 50 % d’endettement.

Il n’y a rien de plus antisocial qu’une dette publique, mais il est possible de mettre fin à la spirale du « Robin des bois à l’envers » relativement vite. Pour réformer ses administrations, Emmanuel Macron ne doit pas chercher à « faire des économies » qui ne feront que dégrader la qualité des services sous les monopoles d’État. Son étatisme doit être remis en question pour engager une refonte structurelle entre ce qui relève des missions régaliennes et ce qui doit être libéré par le marché et la concurrence. Le dernier projet de loi de finances n’en prend malheureusement pas le chemin.

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  • Nous sommes dans un pays socialiste.. longtemps la suède a été citée comme la reference en matière de justice sociale.. curieusement nos lites ne reg

    • désolé impossible de modifier le commentaire precedent

      Nous sommes dans un pays socialiste.. longtemps la suède a été citée comme la reference en matière de justice sociale.. curieusement nos élites ne regardent plus de ce coté..
      Pourtant la solution est sous leurs yeux.. i va donc falloir quitter ce socialisme ou assister au naufrage de ce pays

      • La solution pour les français est en effet simple : le socialisme n’a pas fonctionné, il faut donc plus de socialisme pour corriger les problèmes!

        Résumé de la politique francaise depuis 40 ans

  • La dette des uns est la rente des autres…….

  • bah il suffira d’émigrer en Allemagne..et pouf plus de dette..

    • la dette de la France…

      • égoïste !
        Afin que nous en profitions tous, invitons Merkel à siéger à Matignon et Son Finanzminister Olaf Schulz à Bercy….

         » Dank gute Konjonctur, vermeldet Olaf Scholz für den ersten Semester 2018 Rekordüberschuss von 10,3 Milliarden Euro … »

        (Grâce à une bonne conjoncture, le budget du premier semestre 2018 est excédentaire de 10,3 milliards d’euros…)

        Bon d’accord, j’en vois qui redémarreront les tractions et ressortiront les brassards des vieilles malles.

    • A continuer ainsi, nous deviendrons bien l’Allemagne du sud, non pas par les chars cette fois, mais simplement par l’effondrement financier de notre Etat…

  • voilà les faits : lors de la primaire de la droite . L’excellent bruno le maire dit : il faut arrêter , d’augmenter les impôts et les taxes qui sont destructeur de l’économie Francaise … Il retourne sa veste devient ministre des finances , que fait -il ?
    le contraire ;impots , taxes tout le contraire cité ci-dessus … le parasite dans toute sa splendeur a géométrie variable !!! ce Pays a de l’avenir avec ces élites là !!! Instruit mais ;
    idiot …

  • Ce qui n’empêche pas Jupiter de prétendre donner des leçons et régenter l’Europe . Mais aussi quel silence de l’ensemble de la classe politique sur le sujet . Tant il est vrai que le seul souci de tous ces trop nombreux politiciens est d’être élu pour bénéficier d’une rente de situation sans risque .

    • droite /gauche : tous coupables

    • @ Adio
      Non, je ne crois plus qu’E.Macron puisse régenter l’Union Européenne. Personne d’intéressé ne peut ignorer votre situation actuelle! Le président a fait le tour des popotes européennes pour quémander quelqu’argent, sans grand succès, semble-t-il!

  • remboursement de la dette française par les générations futures…..vous y croyez vous ? encore faudrait il que cette génération là reste en France , trouve du travail , est un salaire décent , et ça c’est pas gagné ;

    • Il faut arrêter avec cet épouvantail de gens qui quittent la France…
      Bien sur il y aura des mouvements, mais cela ne changera rien au problème intérieur.. la très grande majorité ne bouge pas.. la population Française continue de croitre, et de produire de moins en moins… tout ce qu’on fera, c’est se tiers-mondiser un peu plus… avec tout ce qui va avec…

      • « la très grande majorité ne bouge pas.. »
        Exact.
        Mais ce sont les plus dynamiques et les plus capables qui s’en vont. Et la plupart ne reviendra pas…

        • Vous parlez des premiers de cordées ? 😉

        • il suffit alors de faire payer ceux qui quittent le pays et plus généralement toute personne créative dans l’univers qui est redevable à la France et son génie.

          • Oh, il y a encore mieux : la taxe sur le départ virtuel :mrgreen:
            Vous pourriez partir, parce que bien formé ❓ PAF, une exit taxe 🙂
            Et si vous partez, rebelote 🙂 Elle est pas belle la vie pour les ponctionnaires ❓
            Voilà de quoi remplir les caisses percées de l’état français, non ❓

          • @ jacques lemiere
            « faire payer … toute personne créative dans l’univers qui est redevable à la France et son génie ».
            Avec de pareilles idées, vous n’êtes pas près de vous en sortir!

            On vous a dit et répété « les critères de convergence » dits de Maastricht, mais non: la France n’a pas suivi etc’est la cata!

            Et les pays qui ont pris les mesures ad hoc vont mieux: ce n’est pas plus compliqué que ça!

  • Ils sont dingues ces allemands…!

  • Mouef, l’argent c’est un moyen pas une fin en soit… c’est bien beau de se désendetté mais si c’est pour avoir peu ou pas de politique familiale et recours à l’immigration de masse ou encore faire la morale à nous autres les couillons du sud sur les engagements sur le déficit et finalement être loin de 2% de PIB de dépense militaire comme le prévoit l’Otan et même avoir 4 avions en ordre de combat comme le soulignait un rapport au printemps… bof bof

    Alors nous qui nous endettons pour faire tourner notre pays au jour le jour et qui cumulons un paquet d’autres soucis on est clairement dans une situation merdique, mais l’Allemagne n’est pas un super modèle et pour ma part je compte pas me palucher sur un compteur de dette.

    • @ Pouf
      Non, ça ne marche pas comme ça! On peut s’endetter, comme la Grèce, mais si les créanciers trouvent que c’est risqué, les taux d’intérêts augmentent, c’est tout. Mais les intérêts ce sont les Français qui les paient. Et si c’est avec de la dette, alors ça aggrave encore l’état du grand malade!
      Vaut mieux vendre Versailles! On ne sait jamais!

  • On ne demande pas à l’Etat de faire mieux avec moins, on lui demande de faire moins avec moins, et même beaucoup moins. C’est un problème de quantité, pas de qualité. Il y a longtemps que la France a perdu ses illusions et a renoncé à la qualité avec les services publiques.

    Au grand dépit des Français qui n’en peuvent plus et dont la majorité exige la baisse des dépenses publiques, le message n’a visiblement pas été entendu.

    En deux ans, Macron a augmenté les dépenses publiques plus rapidement qu’Hollande avant lui.

    • faire moins avec moins est un des objectifs du gouvernement, seulement voila…ça demande du travail et donc de lever des impots nouveaux..
      la taxe de contribution à l’effort de réduction de l’impôt.

  • Quand au niveau de la dette, je crois que le niveau de 100% est plus réaliste que celui que vous annoncez, suite à la reprise de la dette de la SNCF. Le cap est probablement dépassé ce jour, et si ce n’est pas le cas, d’ici la fin de l’année.

    CocoricoN ❗

  • Virez les économistes à papa du gouvernement et engagez des traders.

    • Huummm, voilà une remarque constructive 🙂

      • Même les gars qui vendent de la bidoche ils ont compris les rouages pour aller chercher l’argent qui est dispo en quasi illimité (cf le scandale de la viande de cheval, si il faut faire simple). Mais les gouvernement démocratiques, .. non, ils restent archaïquement dans la spirale de « je crée une loi en urgence et je prends l’argent là où il manquera le plus », il est certain que pour continuer comme ça il n’y a aucun besoin de faire appel à des professionnels qui eux font vivre toutes les grandes banques, .. les pieds nickelés c’est déjà trop qualifié.

        • On s’entend, .. l’économie « gouvernementale » en reste à la préhistoire non pas par ignorance ou incompétence mais par calcul et affinités …

    • Pourquoi, ça n’est pas la famille Kerviel qui nous gère ? Il me semble que si c’était des Warren Buffet, des Soros, des Taleb, des NIederhoffer même, ça irait, mais nous préférons les patronymes bien français…

      • Ça irait tellement tip-top qu’il faut choisir des cadors une classe en-dessous 🙂 les first class ça part toujours – à raison – en free lance .. 🙂

  • D’accord en gros mais faut pas trop simplifier.

    « la dette enrichit les riches » : les obligations c’est pas l’épargne des riches d’une part, et d’autre part quand l’OAT rapporte 1% et que l’inflation est à 2% on s’enrichit pas des masses…

    « il faut se désendetter » : oui mais c’est marginal i.e. il faut créer de la croissance pour faire baisser le ratio. Comment ? Bah en travaillant plus !

    « l’Allemagne gère bien » : nein ! Merkel ne paye pas la Bundeswehr par contre elle augmente les trucs sociaux avec les abrutis du SPD. En fait elle surfe sur les réformes des précédents (Kohl & Schroder) et elle capte les déficits des autres états européens, tout en « bénéficiant » d’un € sous évalué..

    etc.

  • pour foutre le bordel , pas tres compliqué…
    A) vous retirer toutes vos économie de votre livret A……B) vous retirer un maximum d’argent sur votre compte courrant ….
    et vous aurez la réalité des finances réelle de la France ….en moins de 6hoo , ils vous fermeront les guichets et distributeurs ….

    • La réalité des finances ? .. c’est que personne ne peut suivre un plan anti-système pareil puisque la majorité de la population s’est endettée pour se loger (avec chauffage non-réchauffiste of course), se mouvoir, et se distraire …

  • mais nous avons les meilleurs services publics du mondantié.

  • Les commentaires sont fermés.

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