L’énergie de la houle ? Une vague idée qui prend l’eau…

Extraire l’énergie de la houle est une vague idée séduisante qui, hélas, a pris l’eau probablement pour toujours.

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L’énergie de la houle ? Une vague idée qui prend l’eau…

Publié le 13 octobre 2018
- A +

Par Michel Gay.

Récupérer l’énergie des vagues (ou de la houle1) pour la transformer en électricité est une idée qui paraît séduisante.

Mais elle se révèle farfelue après étude (sauf pour quelques cas marginaux comme pour l’alimentation de balises en mer par exemple) car l’océan n’est pas si fréquemment « mauvais », même dans les régions redoutées de l’Atlantique et du Pacifique.

De l’énergie à revendre ?

Qui ne s’est pas extasié devant la puissance majestueuse de la mer en furie ? Chacun a pu contempler la débauche d’énergie des vagues déferlant sur nos côtes, notamment lors des tempêtes hivernales. Vouloir en récupérer une partie est un rêve apparu pour la première fois dans une revue scientifique en 1882.

Des actions isolées ont eu lieu dès 1973 et le programme anglais sur l’énergie des vagues a été officiellement lancé en 1976.

Quelques projets variés ont fleuri à coups de généreuses subventions qui ont englouti quelques dizaines de millions d’euros. Ils ont généralement coulé en silence.

Sur la mer calmée…

Les grandes « machines » houlomotrices de puissance supérieure à 100 kilowatts (kW) nécessitent une houle de 1,5 à 2 mètres de « hauteur » pour commencer à produire de l’électricité (plus d’une centaine de types ont été imaginés).

Produire au-delà des trois-quarts de leur pleine puissance nécessite des vagues de plus de 4 mètres de hauteur et jusqu’à plus de 6 mètres.

C’était le cas du « Pélamis » (750 kW de puissance), une sorte de serpent de mer qui a coûté 8,5 millions d’euros pour une puissance théorique de 750 kilowatts (kW). C’était à l’époque le projet le plus mature. En 2008, trois « Pélamis » avaient été mis en service au large du Portugal. Prévus pour durer 15 ans, ils ont duré 5 mois… avant de rentrer définitivement au port.

Les promoteurs des démonstrateurs sont généralement discrets sur les résultats obtenus. Les communiqués de presse et les articles sont dithyrambiques et triomphants lors des inaugurations en grande pompe, mais ils sont généralement… vagues et avares de chiffres significatifs concernant la production annuelle et le coût global de l’électricité produite.

Deux surprises !

Il y a une bonne raison à cette « discrétion » sur la production réelle, et elle est surprenante.

Première surprise  : il y rarement une houle « suffisante » sur notre côte atlantique ! Même en Bretagne, la mer est relativement calme une bonne partie de l’année !

Le relevé de l’état de la mer effectué par Météo France à l’île d’Yeu (Vendée) sur toute l’année 1999 peut être étendu à toute notre façade atlantique. La hauteur des vagues est inférieure à 1,5 mètre durant un tiers de l’année, et à moins de 2 mètres pendant la moitié du temps ! Elles sont donc trop petites pour les grandes machines houlomotrices et elles ne produisent rien, ou presque rien, la moitié de l’année…

Deuxième surprise : la mer est « suffisamment houleuse » (très forte à grosse sur l’échelle de Beaufort avec des vagues de plus de 4 mètres de haut) moins de 20 % du temps pour permettre l’utilisation d’au moins les trois-quarts de la puissance installée des grandes machines houlomotrices.

Production et coûts

Ainsi, le facteur de charge (l’équivalent du temps de production à pleine puissance sur une année) d’une machine houlomotrice est seulement d’environ 20 % sur la côte atlantique française, et de 25 % en Écosse. À comparer avec un facteur de charge d’environ 80 % pour les énergies conventionnelle et nucléaire.

De plus, tous les systèmes imaginés doivent être capables de résister aux plus fortes tempêtes (et parfois aussi aux grandes marées) ce qui les rend coûteux et impossibles à rentabiliser.

Par ailleurs, il faut aussi prendre en compte le coût total d’une production fatale et intermittente. Ce fonctionnement erratique exige l’ajout en complément d’autres moyens de productions souples (gaz et nucléaire ?) qui travailleront par « à-coups » (donc qui produiront plus cher) et/ ou de dispendieux stockages massifs d’électricité… encore inexistants.

Extraire l’énergie de la houle est une vague idée séduisante qui, hélas, a pris l’eau probablement pour toujours.

 

  1. Les termes « houle » et « vague » sont assimilés dans cet article pour plus de clarté, bien qu’ayant une signification différente. Pour les hydrodynamiciens, la houle désigne un mouvement de fluide possédant certaines propriétés. C’est une onde progressive périodique dans le temps et dans l’espace. Pour les marins, ce mot par opposition à la « mer du vent » désigne les états de mer présentant des vagues de grandes longueurs d’onde, qui se sont propagées sur une grande distance.
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  • il y a aussi un truc assez rigolo avec toutes ces idées pour récupérer de l’énergie effectivement présente partout ..

    récupérer l’énergie du vent c’est aussi modifier le micro climat local ..
    récupérer l’énergie de la houle c’est modifier l’environnement local..
    un barrage voire une turbine au cours dl’eau..idem

    donc voyez certain que vous aurez un plus vert que vous ou un faux cul dans mon genre qui vous le fera remarquer..tous ces projets sont nuisibles à l’environnement.qu moins localement..
    en plus d’être économiquement et/ou énergétiquement parfois ineptes.

    comme le dit l’adage » la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas »… à méditer..du moins pas trop longtemps.

  • Houlà, si la houle apporte se genre de minette, je suis pour la houle.

    • comment peut on faire des commentaires sexistes pareils! j’espère que vous passerez ce stade évolutif et atteindrez l’homo erectus. en outre qui vous dit que cette personne accepte d’etre genrée en femme?

      • Votre humour ne semble pasbien passer.
        L’homo erectus. c’est pas l’homme en érection ❓

      • ainsi, nous n’avons même plus la liberté de faire des commentaires sexistes ?
        il faudra bientôt établir la liste des prises de paroles permises. on a encore le droit de dire bonjour à quelqu’un, ou il faut déjà marcher sur le trottoir en regardant ses pieds ?

        • Moi je regarde mes chaussures mais je passe rarement du temps a la plage pour me rincer l’oeil ….d’un aussi beau paysage, la mer dernière.chose que l’homme n’a pas encore domestiquée avec les volcans et les tremblements de terre…et surment pas grâce a des hydroliennne,je reste sur le sujet.

        • @ jabo
          Bien sûr que si! Un homme n’est pas une femme, par définition et par ADN, ce que toute considération en termes se terminant par sexiste, oublie trop facilement! Un homme a des chromosomes XY et une femme XX, toute variante n’est pas maladie! Faire en sorte que 2 femmes ou 2 hommes se « marient » ne dit pas qu’elles, qu’ils pourront procréer! C’est injuste, peut-être! Mais c’est un fait avec lequel, il est vrai, il y a moyen actuellement de « tricher », comme on fait du vin sans alcool!
          Donc non! Vous restez seul garant, mieux que quiconque, de votre liberté d’expression, dans les limites de la loi nationale!

      • -2 ! quand est-ce que vous allez comprendre que Jacques fait du second degré ?

        • En plus, l’œil du chasseur est directement relié au cerveau reptilien, alors on aura beau le recouvrir par des couches et des couches de bien-pensance politique ou religieuse, il est là, tapis dans les méandres du paleocortex, avec pour seule limite ces lèvres (ou ce clavier) qu’aujourd’hui il n’a plus le droit de franchir…

        • comment ça? jamais de la vie.

  • Toutes ces idées farfelues trouvent malgré tout des financiers gogos..ou pas. Nos politiques n’ont pas de soucis avec l’argent du contribuable , la reine des neiges , Ségolène la royale, est un exemple parfait de politocarde.

  • Excellent article.
    Inutile de dire que les journalistes confondent toujours kW et kWh.

  • J’ai un beau-frère qui a fait sa carrière à l’Ifremer. Ils ont essayé plein de choses: l’exploitation des nodules polymétalliques, l’exploitation de la différence de température entre la surface et les fonds marins, la houle marine, et sans doute encore d’autres choses.
    Résultat: nada, que dalle.
    Maintenant il est pour l’hydrolien (manque de bol, ça tombe à l’eau aussi), et l’éolien en mer. Le seul truc qui marche à peu près, mais qui va nous coûter très cher. sans nous garantir une production calée sur nos besoins.

    • à leur crédit ils font de la recherche..
      et le résultat n’est pas nada pour tout le monde, il a un boulot , un salaire à la fin du mois…

  • La technique de Michel Gay est maintenant bien connue. Démarrer un article avec un fait chiffré complètement discutable et ensuite étayer dessus.
    Qui a dit qu’il était nécessaire d’avoir des « grandes » installations houlomotrices pour qu’elles soient efficaces ?
    Comme vous le dites fort justement, de très nombreux types d’installations houlomotrices sont en cours de développement, toutes seraient donc liées à cette limite des hauteurs de vagues ? Ce serait bien étonnant.
    Les statistiques présentées sur les hauteurs de vagues sont par ailleurs bien imprécises. A quelles distances des côtes sont-elles évaluées ?

    Par ailleurs, à propos de la réaction d’Homo Orcus, sexiste, je ne sais pas. En revanche la jeune fille doit avoir 14 ans, c’est donc le côté « pédophile » de cette réaction qui me choque plutôt.

  • Les commentaires sont fermés.

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