Bolsonaro, l’inconnue brésilienne

Avec 46 % des voix au premier tour de la présidentielle au Brésil, Jair Bolsonaro est présenté comme une figure populiste d’extrême droite. Qu’en pense-t-on au Brésil ?

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Brasília - O deputado Jair Bolsonaro durante promulgação da Emenda Constitucional 77, que permite médicos militares trabalharem no SUS (Antonio Cruz/Agência Brasil)

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Bolsonaro, l’inconnue brésilienne

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 octobre 2018
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Par Hugh, depuis le Brésil.

Qui est Jair Bolsonaro ?

Une partie de la presse le définit comme ultralibéral. Pour l’autre partie, il représente la fin de la démocratie au Brésil, le précurseur d’une dictature sanguinaire.

En fait, il est difficile de prévoir ce qu’il fera en cas de victoire à la présidence. Historiquement, il a voté avec les partis de gauche, contre les privatisations, les réformes des retraites et quelque chose qui pourrait rappeler — même de manière distante — le libéralisme.

L’unique étendard de liberté qu’il a défendu est peut-être le port d’armes. Récemment, et sans doute en raison de la croissance des idées libérales ou libertariennes au Brésil, il s’est montré plus ouvert à ces idées. Mais avec de nombreuses réserves.

Au début de 2018, il s’est dit en faveur des privatisations, à l’exception des banques, des réseaux hydro-électriques, du sous-sol pétrolier et des secteurs stratégiques, au sens très large du terme. Néanmoins, Jair Bolsonaro a rappelé le compromis entre étatisme et privatisation.

Il s’est engagé à d’autres réformes : retraites, système fiscal, sécurité, travail, mais sans affiner ses points de vue.

Il dit toujours que son ministre des Finances sera Paulo Guedes, un Chicago Boy, mais un ministre peut être démis n’importe quand. Que pense-t-il de la Banque Centrale ? On ne sait pas. De l’or ? On ne sait pas. Sur le commerce international, il se dit favorable aux échanges, mais on manque d’informations.

Dans son récent discours partisan du libre marché, il semble adhérer aux idées libérales, comme une frange de la population. Personnellement, même s’il a livré des propos contradictoires à ce sujet, la grande question consiste à savoir s’il compte appliquer des mesures libérales s’il accède à la présidence. Cette question reste sans réponse.

 

Un méli-mélo d’idées

En revanche, ses positions sociales et individuelles sont plus claires.

Il est favorable à la fermeture des frontières. Un détail inconnu en dehors de l’Amérique Latine : ces dernières années, l’Europe a reçu 1,8 million de réfugiés tandis que 2,3 millions de personnes ont fui le socialisme vénézuélien. Électoralement, cette position garantit au candidat-président davantage de soutiens de la part de ceux, au Brésil, qui habitent les zones frontalières.

Bolsonaro est favorable à l’augmentation du pouvoir de la police et de l’armée, la liberté du port d’armes, le contrôle des frontières, des sanctions plus dures pour les infractions, la diminution de l’âge légal en matière pénale, et contre la fin de la conscription militaire, obligatoire pour les hommes de 18 ans.

Au Brésil, personne ne sait ce qui peut se produire. S’il est élu Président à la place des corrompus Rousseff et Lula, le Bolsonaro tel qu’on le connaît aujourd’hui ne sera pas un dictateur. Il ne sera pas non plus un libéral convaincu. En fin de compte, quoi qu’en dise une certaine presse vindicative, seule la réalité comptera.

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  • Les Brésiliens ont en assez de deux choses : la corruption mais surtout l’insécurité (50000 homicides par an). Pour donner une idée, ce pays est l’un des rares où la nuit l’automobiliste est autorisé à ne pas s’arrêter aux feux rouges. Il faut voir aussi dans les métropoles la taille des grilles qui protègent les entrées des immeubles.
    N’importe quel âne qui, comme un vulgaire Fillon, se présenterait comme le chevalier blanc de la politique, et jouerait, comme un quelconque Le Pen, d’un air martial, aurait toutes ses chances aux élections.

  • la liberté du port d’armes…..au moins il donne la possibilité aux citoyens de se défendre contre la racaille ……

  • Son élection est tout à fait logique ; laisser les finances déraper, la corruption exister à tous les étages . . . et l’insécurité ! ce ne sont que les « mamelles » de ce que les bien-pensants appellent le « populisme » !
    En France, c’est en train de prendre forme , il ne manque qu’un leader charismatique pour que ça s’installe !

    • Ce sont les caractéristiques de tous les régimes socialistes, confirmé de manière éclatante par le Venezuela de Maduro, un vrai scandale, dont rêve Mélenchon qui estime ne pas être encore assez riche!

  • A remarquer que le Figaro, jadis journal de droite mais plutôt objectif, qualifie Bolsonaro comme étant d’extrême droite. Ce journal a rejoint la cohorte des media de gauche désinformant les français au profit de l’idéologie politiquement correct de gauche pour qui tout ce qui ne suis pas la doxa socialiste est un extrémiste populiste d’extrême droite!

    • Il ne fait aucun doute que Bolsonaro est un apprenti dictateur (« oui, je suis favorable à la dictature »).
      Dictature de droite ou de gauche, alors ?
      Au vu de son programme, de ses soutiens (conservateurs), et de son assaillant à l’arme blanche (de gauche), il ne fait aucun doute qu’il est très très à droite.
      Même Valeurs actuelles le qualifie d’extrême droite. Et là vous aurez du mal à me démontrer la gauchisation de ce journal.

      • il est d’extrême droite comme marine lepen avec sont programme qui ressemble trait pour trait à celui de mélanchon? ou il est libéral comme Macron? l’avenir nous en dira plus (si il est élu) mais un libéral au pouvoir dans un grand pays? je le croirais quand je le verrais.

        • Plus qu’à celui de Mélenchon, son programme ressemble d’abord et surtout à ceux de tous les leaders populistes d’extrême-droite, qui placent les questions d’immigration et de sécurité et l’ultra-conservatisme au dessus de tout.
          Le Canard de cette semaine fait un descriptif assez pertinent du bonhomme, qui traduit assez bien ce à quoi il faut s’attendre s’il parvient au pouvoir : « il est misogyne, macho, raciste, homophobe, violemment anticommuniste, bref, d’extrême-droite ».

          • En fait, je crois bien que mon chat aussi est d’extrême-droite ! Cela devient inquiétant. Vigilance s’impose…

          • Bolsonaro a une épouse métisse, son beau-père est un Noir, sa fille a du sang noir. Les candidats les mieux élus du parti de Bolsonaro (PSL) sont une femme, un noir et un asiatique.
            A Rio de Janerio, la moitié des habitants des favelas ont voté pour Bolsonaro au 1 tour. https://pbs.twimg.com/media/DpCJGSGXgAAZzUe.jpg
            (favelas dont la plupart des habitants ne sont pas des blancs; Vous croyez réellement que s’il avait été raciste il aurait obtenu ces votes ?)
            De nombreux footballeurs noirs ou métisses se sont pronocés en faveur de Bolsonaro (par exemple Ronaldinho, Lucas Moura, Felipe Melo, Cafu, Rivaldo, Gabriel Jesus,…)
            Il faut bien comprendre que le Brésil est une société multiculturelle depuis toujours. Donc, la notion d’extrême droite au Brésil cela n’a rien à voir avec la notion d’extrême droite en Europe.
            Il ne s’agit pas du tout d’un refus du multiculturalisme ou de racisme.

  • Le seul moyen de savoir si Bolsonaro est sincère lorsqu’il défend des idées libérales sur certains sujets ou si c’est un opportuniste qui profite de « la croissance des idées libérales au Brésil », c’est de chercher à voir s’il reconnait qu’il s’est trompé lorsque jadis il défendait, sur ces mêmes sujets, des positions antilibérales.

    Quoi qu’il en soit, on peut être sûr que les groupies de Trump voient déjà en ce Bolsonaro leur nouveau champion : même posture d’homme viril, même croyance débile que la source de tous les problèmes d’une société c’est le manque de sévérité et non pas le manque de justice.
    Mais Trump lui au moins a le mérite d’avoir derrière lui une longue carrière de businessman, ce qui n’est pas le cas de Bolsonaro.

    • Bof il y a 99% de chance que ce soit un opportuniste quand au libéralisme n’en parlons même pas, les chances sont infimes.

    • Pour moi, c’est pas tant de l’opportunisme que le fait qu’il ne connait rien à l’économie. Il a lui même dit qu’il ne connaissait rien à l’économie. Et cela se voit. Clairement, il ne sait pas quelles réformes il faut faire pour redresser le pays.
      C’est la presse francaise qui dit de lui qu’il est ultralibéral mais c’est faux. Il suffit de voir ces récents propos sur les privatisations de certaines sociétés publiques, il est clair qu’il n’est pas libéral.
      C’est pour cela que je pense que s’il est élu, les réformes qu’il va faire (et si elles sont libérales ou non) va dépendre de son entourage. Le fait que Paulo Guedes en fasse parti est une bonne nouvelle.
      Bolsonaro ne détaille pas vraiment le contenu des réformes qu’il propose. Donc difficile de savoir exactement.
      Par exemple, il dit qu’il veut réduire la bureaucratie. Sans préciser ce qu’il va faire concrètement. Le Brésil est un enfer bureaucratique (c’est bien pire que la France). Alors pas besoin d’être libéral pour vouloir réduire la bureaucratie

  • « il représente la fin de la démocratie au Brésil, le précurseur d’une dictature sanguinaire » Et le PT on en parle ? Quand ce parti fait l’éloge de dictatures à Cuba ou au Venezuela il y a personne pour s’indigner.
    Lula depuis ses démêlés avec la justice et ses fans tiennent des propos très inquiétants sur la démocratie. Lula a clairement pris un tournant autoritaire. Le PT ne supporte plus l’indépendance de la justice et l’indépendance des médias.
    En gros, si on les écoute, les juges et les médias devraient être à leurs ordres.
    Pour rappel, à l’heure actuelle, les instances suprêmes de la justice brésilienne sont composés en immense majorité de juges nommés par Lula ou Rousseff. Donc le parti pris des juges cela tient pas la route.
    Le PT en terme de mauvaise foi ils atteignent des sommets. Ils arrivent à critiquer les juges nommés par Lula ou Rousseff.
    Tout comme ils critique la loi ficha limpa faite sous la présidence de Lula (à l’époque le PT avait soutenu et vanté la loi).
    Les électeurs du PT c’est les ignorants sans éducation. Désolé mais il faut quand même être très con pour voter pour un tel parti.
    Pas étonnant qu’il y ait une telle haine vis à vis de ce parti. Ils prennent les gens pour des cons. Il faut écouter leurs discours. Comment peuvent t ils raconter autant d’âneries ? Ces gens sont insupportables: ils sont arrogants, se font passer pour le Camp du bien alors qu’ils sont juste profondément corrompu. Et après, ils osent encore se victimiser concernant leur corruption.

    Je n’aimes pas du tout Bolsonaro qui tient parfois des propos abjects. Et surtout, je pense que c’est un incompétent. Je doute de sa capacité à réformer le Brésil. Pour moi, c’est plus un tribun qu’un homme d’état. Mais franchement, si j’étais brésilien je voterais mille fois pour lui au second tour.
    Car élire Haddad c’est sûr que cela sera une mauvaise chose pour le Brésil. C’est faire le choix du connu. Haddad est corrompu et on peut pas dire qu’il ait brillé par son mandat de maire à Sao Paolo. Haddad président ne fera jamais les réformes qu’il faut. On connaît le PT, ils ont dirigé le pays pendant suffisamment longtemps pour voir qu’il n’y avait rien à espérer de ce parti. Ce parti est strictement incapable de faire les réformes qu’il faut pour que l’économie du pays ne dépende plus des ressources naturelles. Elire Haddad c’est élire la mauvaise gestion qui ne fera rien pour réformer le pays et qui causera plus de problèmes dans le pays.
    Alors, que Bolsonaro même si je l’aimes pas, pourrait faire certaines bonnes réformes (même si je suis sceptique, on peut toujours espéré). Mieux vaut faire le choix de l’inconnu (même si je reste très sceptique) qui pourrait finalement apporter de bonnes choses que le choix du prévisible qui n’apportera que de mauvaises choses.
    Il ne faut pas oublier que le président a un pouvoir limité. Il sera obligé de passer par le Congrès pour agir. Or, celui ci est fragmenté. Il n’y a aucun risque que des réformes extrémistes passent. Bolsonaro même s’il voulait menacer la démocratie ne pourrait pas. Les institutions démocratiques brésiliennes sont solides.

  • Cet article analyse l’action de Bolsonaro en tant que député et c’est pas très brillant: https://jornalggn.com.br/noticia/em-7-mandatos-bolsonaro-nao-foi-um-deputado-liberal-nem-totalmente-anti-pt

  • Ni Haddad ni Bolsonaro n’ont ce qu’il faut pour éviter une crise au Brésil:
    https://www.nytimes.com/es/2018/10/09/opinion-elecciones-brasil-bolsonaro/?smid=tw-share-es

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Auteur : Catherine de Vries, Professor of Political Science, Fellow and member of the Management Council of the Institute for European Policymaking, Bocconi University

 

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