L’Afrique du Sud sur les traces du Zimbabwe ?

Le Congrès national africain (ANC) vient de modifier la Constitution, permettant à l’État de saisir des terres sans indemnisation. Comme au Zimbabwe.

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One hundred billion dollars in Zimbabwe-100 000 000 000 by Teseum(CC BY-NC 2.0)

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L’Afrique du Sud sur les traces du Zimbabwe ?

Publié le 23 septembre 2018
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Par Jon Meltimore, rédacteur en chef de Fee.org.

Le gouvernement d’Afrique du Sud a annoncé, le 4 septembre dernier, que le produit intérieur brut du pays avait chuté de 0,7%, alors qu’il devait augmenter de 0,6%. Selon le magazine « Business Insider », la baisse enregistrée au deuxième trimestre fait suite à une contraction de 2,6% de l’économie. C’est officiel : l’Afrique du Sud est en récession, la première depuis une décennie.

Coïncidence ou évidence ?

La nouvelle vient peu après la décision controversée du Congrès national africain (ANC) de mettre en œuvre des modifications constitutionnelles permettant à l’État de saisir des terres sans indemnisation (Selon Newsweek, le groupe de défense des droits civils AfriForum affirme que les attaques contre les fermiers blancs se sont multipliées.) L’attaque de l’ANC contre les droits de propriété est-elle à l’origine des problèmes économiques récents du pays? Il est probablement trop tôt pour le dire.

L’article Business Insider ne fait aucune mention des saisies de terres. Il cite une sécheresse dans le Western Cape qui a entravé la performance agricole de la région, ainsi que des baisses d’activité inattendues dans les secteurs du commerce et des transports en Afrique du Sud, en tant que facteurs principaux.

Cependant, il convient de souligner que plusieurs observateurs, du Wall Street Journal aux agriculteurs sud-africains eux-mêmes et l’économiste Walter Williams, avaient prédit que la décision de l’Afrique du Sud aurait des conséquences désastreuses.

Le désastre du Zimbabwe

Comme l’ont fait remarquer les analystes de politiques publiques, nous avons déjà vu cela durant le règne désastreux de Robert Mugabe au Zimbabwe. A vrai dire, il y a eu peu de choses à louer dans le règne de près de quatre décennies de Mugabe, surtout sa décision de saisir les terres des propriétaires qui a plongé le Zimbabwe dans la ruine.

Le magazine « The Economist », dans un article publié en 2017 peu après sa surprenante éviction, a expliqué que Mugabe avait pris la décision par frustration après que les législateurs eurent rejeté sa proposition de modifier la constitution pour lui donner plus de pouvoir. Après que sa proposition de modification constitutionnelle eut été rejetée, avec 55% de voix contre 45%, il a perdu son sang-froid, déclenchant une campagne inconsidérée d’accaparement des terres. En très peu de temps, l’une des économies les plus avancées d’Afrique s’est effondrée.

Lorsque les recettes fiscales ont chuté en raison de l’absence de cultures d’exportation, M. Mugabe a ordonné au gouverneur de la Banque de réserve du Zimbabwe d’imprimer plus d’argent. Mugabe avait déclaré à l’époque que « L’économie traditionnelle ne s’applique pas pleinement dans ce pays » et d’ajouter : « Je vais imprimer et imprimer, et signer la monnaie… parce que nous avons besoin d’argent ». L’ignorance de Mugabe en matière d’économie de base, appelée « Mugabenomics », a entrainé l’économie du pays dans une forte chute.

Mais ce ne sont que des chiffres. Bob Herbert, dans un article de 2009, intitulé « Le Zimbabwe en train de mourir », décrit de manière frappante les coûts humains.

« Si vous voulez voir l’enfer sur terre, allez au Zimbabwe où le fou Robert Mugabe a plongé le pays dans un tel état de ruine que les soins médicaux pour la plupart des habitants ont pratiquement cessé d’exister. L’espérance de vie est maintenant la plus basse du monde: 37 ans pour les hommes et 34 ans pour les femmes. Une épidémie de choléra fait rage. Les gens sont devenus malades avec l’anthrax après avoir mangé la chair en décomposition des animaux morts de la maladie ».

Lorsque l’ANC a annoncé sa politique foncière en mars, le Wall Street Journal a prédit que l’idée était susceptible de reproduire l’expérience du Zimbabwe.

Le cœur de toute économie est le droit de propriété

C’est une formule simple, ont expliqué les rédacteurs. Les confiscations de terres déstabilisent les investisseurs. Le secteur agricole ralentit puis s’effondre. Le gouvernement, ayant besoin d’argent, imprime plus d’argent. L’inflation suit, puis arrive l’hyperinflation. Bientôt, une nation jadis prospère tombe dans la pauvreté, ou « l’enfer sur terre », pour reprendre l’expression de Herbert.

Nous ne savons pas encore si la récession en Afrique du Sud est le résultat d’une sécheresse ou de ses saisies de terres mais cela n’a pas d’importance. Nous savons comment l’histoire se termine. Les droits de propriété sont l’un des piliers de la prospérité et d’une économie saine. L’Institut Fraser, qui mesure annuellement le niveau de liberté économique des nations, considère c’est que le coeur de la liberté économique.

« La protection des personnes et de leurs biens acquis de manière légitime est un élément central de la liberté économique et de la société civile. En effet, c’est la fonction la plus importante du gouvernement »,

ont écrit les auteurs dans leur rapport de 2017.

L’Afrique du Sud peut-elle encore changer de cap ?

Heureusement, il est encore temps pour l’Afrique du Sud de changer de cap, et les preuves suggèrent que le président Cyril Ramaphosa n’est peut-être pas aussi enthousiaste qu’il pourrait paraître à propos de cette politique. Ben Cousins, titulaire de la chaire de recherche sur la pauvreté, les études foncières et agraires à l’Université du Cap occidental, a récemment déclaré à Newsweek :

« Il est clair que Ramaphosa est sous la pression de son propre parti, en particulier des factions alignées sur l’ancien président, Jacob Zuma, ou d’autres factions, et qu’il n’a en fait pas eu beaucoup de choix. Il a été soumis à de fortes pressions. »

La récession inattendue de l’Afrique du Sud sera peut-être l’avertissement dont le pays a besoin. Il est encore temps de rejeter le « Mugabenomics » et d’éviter de subir le même sort que le Zimbabwe.

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  • Ils découvrent maintenant leur vraie indépendance, indépendance du pouvoir blanc, et feront comme au Congo belge en 1960 la chasse aux blancs et le pillage.

  • « La protection des personnes et de leurs biens acquis de manière légitime est un élément central »…

    Toute la question est là. L4ANC considère que les terres des Blancs ont été acquises illégalement par la colonisation.

    • « L’ANC considère que les terres des Blancs ont été acquises illégalement par la colonisation. »


      Je suis toujours le premier à m’opposer aux colonisations illégitimes, mais dans le cas précis de l’Afrique du Sud, une grande partie de la colonisation européenne qui a eue lieu était parfaitement légitime, étant donné que l’Afrique du Sud était en grande partie un territoire vierge/inhabité/désertique.
      ( Wikipédia : « Dès la fin du 17e siècle, pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, des esclaves avaient été importés de Guinée, de Madagascar, d’Angola et de Java […] En effet, à cette époque, les premières tribus africaines ne résident pas à moins de 1 000 km à l’est [de la ville du Cap], au-delà de la rivière Kei. Cette absence de Noirs au Cap, ainsi que dans certaines régions de l’intérieur, déclenchera bien plus tard la polémique entre Afrikaners et Noirs quant à l’antériorité de leur présence en Afrique du Sud. » )

  • Je n’ai retrouvé aucune trace de la modification effective de la modification de la constitution. Par contre, le président a nommé un conseil consultatif pour explorer les possibilités de réforme agraire. https://www.iol.co.za/news/politics/ramaphosa-appoints-land-reform-advisory-panel-17186431 . Il semble bien que le président est parfaitement conscient du risque zimbabwesque et ne souhaite pas suivre la bse de l’ANC sur ce point. Il a également annoncé des supports financiers pour les petits fermiers noirs. https://www.netwerk24.com/landbou/Nuus/grond-hier-is-ramaphosa-se-raadgewende-paneel-20180921 ( en Afrikaans )

  • Nombre de Blancs ont quitté les pays Africains après leur indépendance ……et déconseillent d’aller s’y établir . Travailler , oui , mais ne pas investir !

  • L’article original ne dit pas que la réforme constitutionnelle a eu lieu – ce que je n’ai d’ailleurs pas retrouvé dans la presse Sud-Africaine – https://fee.org/articles/south-africa-staggers-into-recession-are-zimbabwe-style-land-seizures-to-blame/ Par contre, le président a annoncé, le 19 septembre, la création d’ un conseil consultatif ( comportant trois blancs sur onze membres ) pour donner un avis sur la réforme de l’agriculture . Le président a également annoncé le déblocage de subsides pour les petits fermiers noirs. Pour ceux qui lisent le Néerlandais ou plutôt l’Afrikaans ) : https://www.netwerk24.com/landbou/Nuus/grond-hier-is-ramaphosa-se-raadgewende-paneel-20180921

  • L’Afrique du Sud est condamnée. Elle ne se relèvera JAMAIS. La fuite en avant va continuer et la catastrophe économique perdurer tout autant que les massacres et la perte de niveau de vie. La raison est simple: Pas de sentiment de responsabilité. Quand quelque chose va mal en AFS c’est de la faute de l’Apartheid. C’est de la faute des blancs c’est de la faute du racisme. Le racisme ani blanc est une donné de base de toute personne noire ou presque, et faire une entourloupe à un blanc c’est jouer un joli tour à l’oppresseur ou ses enfants.
    Le clientélisme politique se régale de cette bêtise et les impôts augmentent pour suivre la bureaucratie d’emplois fictifs corrompus etc… Ce pays est plus que foutu. Il est condamné.

    • J’en profite pour poster un ancien message que j’avais écrit à ce sujet : Généralement, les gens qui comprennent que l’Apartheid était horrible refusent d’admettre que l’Afrique du Sud post-Apartheid est un échec. Inversement, les gens qui constatent que c’est un échec tombent dans le piège de croire que l’Apartheid c’était génial. La vérité c’est que, premièrement : l’Afrique du Sud a été prospère malgré l’Apartheid, ce qui signifie que ce pays aurait été encore plus prospère s’il n’y avait pas eu l’Apartheid. Deuxièmement : l’Afrique du Sud post-Apartheid est un echec (pauvreté, violence, corruption, racisme anti-blanc) à cause de ces dirigeants politiques, non pas parce qu’ils sont noirs mais parce qu’ils sont socialistes.

      • « l’Afrique du Sud a été prospère malgré l’Apartheid, »
        A votre avis, elle aurait eu les mêmes performances économiques avec des Noirs au pouvoir? La preuve que non…

        • J’espère que tout le monde lira attentivement la réponse de RX33 à mon ancien message. Cette réponse illustre à merveille le problème que j’ai soulevé. RX33 pense que l’Apartheid, c’est-à-dire la ségrégation forcée, c’est-à-dire l’absence de liberté (l’étatisme), fut la raison des réussites de l’Afrique du Sud. RX33 est par conséquent incapable de comprendre que la raison de l’échec de l’Afrique du Sud post-Apartheid c’est l’absence de liberté (l’étatisme) causée par ses actuels dirigeants politiques. Pour les gens comme RX33, si l’Afrique du Sud décline, c’est uniquement à cause de la couleur de peau de ses actuels dirigeants.

      • C’est assez bien résumé, meme si comme tout résumé (dont le mien) ça comporte des lacunes.

  • Le Ramaphosanomic sera aussi la cimetière économique de l’Afrique du Sud. On n’échappe pas à la « Richesse des Nations et et surtout à ses lois ,

  • Ce qui voudrait dire que l’agriculteur noir serait moins performant que le blanc?Difficile à croire….

  • D’une manière générale, on assiste à une attaque généralisée contre la propriété aussi bien en Afrique du Sud qu’en Europe et plus particulièrement en France.
    Récemment, la Mairie de PARIS a exercé un droit de préemption sur la vente d’un bien immobilier en proposant une indemnisation égale à la moitié de la valeur de la transaction, ce qui a été validé par les juges constitutionnels pour ne pas aggraver le déficit public.
    Les indépendantistes Corses et certains Maires du littoral Français et en Catalogne ont le même raisonnement en demandant de n’autoriser l’achat d’un bien immobilier qu »aux seuls résidents.
    La proposition d’imposer les propriétaires sur le revenu fictif que pourrait leur rapporter la location de leur bien en est un autre exemple, de même que le transfert probable de la taxe d’habitation sur l’impôt foncier sans parler de l’IFI qui de façon discriminatoire ne cible que l’immobilier.

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