Le Prince d’Aquitaine, de Christopher Gérard

Un roman sur l’enfance gâchée par un père menteur, dépensier et irresponsable.

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Le Prince d’Aquitaine, de Christopher Gérard

Publié le 1 septembre 2018
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Par Francis Richard.

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

Le Prince d’Aquitaine à la Tour Abolie ;

(Gérard de Nerval, El Desdichado)

Mettre une telle épigraphe à la tête de son livre n’est pas fortuit pour Christopher Gérard. Non seulement il en tire le titre, mais des axes de développement de son récit. Car la suite du poème d’où elle est extraite lui indique la sortie…

Le narrateur est desdichado, ce qui signifie, en espagnol, malheureux, misérable, infortuné, déshérité… Et c’est peut-être dans ce dernier sens qu’il faut considérer Le Prince d’Aquitaine, imaginé de manière prégnante par l’auteur.

En effet le narrateur s’adresse à son père disparu, dont il n’a rien hérité, hormis des dettes et quelques photos craquelées à force d’avoir été utilisées comme marque-page ou comme papier à lettres… Il aura été déshérité jusqu’à l’os.

Un père fasciné par le néant

Tout au long de sa vie, le narrateur a sous les yeux un père fasciné par le néant et qui engloutit tout avec une joie mauvaise, celle du gamin qui, à coups de pelle, détruit le château fort bâti par un autre… Avec lui tout est destiné à sombrer.

Ce père qui dégringole dépense sans compter et brade tout ce qu’il peut : les médailles qu’il a héritées de son héros de père, les maisons qui viennent de sa femme, les napoléons que son fils reçoit un Noël de la part de sa tante Laure etc.

Ce père est en somme un fichu modèle : il est fumeur, alcoolique, coureur, amateur de bolides, homme de plaisirs obsédé par l’argent : Argent grappillé, sollicité, au besoin volé, toujours dilapidé, fondu comme neige au soleil, évaporé…

Entraîné dans la chute de son père

Ce père cherche toujours à dévaloriser son fils quelque effort qu’il fasse, le dissuade de faire des études, le laisse seul face à ses créanciers : patrons de restaurant, fournisseurs et autres garagistes, et aux patients de son cabinet de kiné…

Le fils n’est peut-être pas entraîné dans la chute de son père grâce à son habitude, contractée jeune, de flâner seul chez les antiquaires, les bouquinistes, de s’attarder dans la boutique d’un numismate ou devant des tableaux de peintres flamands…

Paradoxalement, la lecture de Pierre Drieu la Rochelle s’avère roborative pour lui. Car il ne lit pas seulement Le feu follet, mais Rêveuse bourgeoisie et Gilles… Et puis, il y a l’Aimée, l’âme sœur, exilée comme lui, à qui il dédie ce drôle de voyage…

À son père il peut dire in fine : Depuis mes débuts, vacciné par le spectacle de tes multiples dépendances, j’ai recherché l’autonomie et la liberté intérieure. En dépit de mon aveuglement, je suis parvenu à une relative claire conscience des enjeux…

Christopher Gérard, Le Prince d’Aquitaine, Pierre-Guillaume de Roux 168 pages(sortie le 30 août 2018).

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