L’erreur humaine, ou le destin de Marlène Schiappa

À en croire Marlène Schiappa, l’important pour elle n’est pas de penser, mais de commettre des erreurs.

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L’erreur humaine, ou le destin de Marlène Schiappa

Publié le 31 août 2018
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Par Louise Alméras.

Si souvent éloignée de vous paraît enfin. Les filles de Marlène Schiappa ont de quoi comprendre la raison pour laquelle leur mère a mieux à faire que de s’occuper d’elles. Des lettres annoncées, le livre ressemble plus à un journal intime pseudo-politique qu’à autre chose. Mais ce n’est pas pour cette raison qu’Anticor avait saisi la Cnil ce 27 mai mais pour un autre problème déontologique : l’utilisation des moyens de l’État pour la promotion de son livre (délit passible de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 €).

Ni une ni deux, interrogée, Marlène Schiappa déclare que l’envoi des mails « résultait d’une erreur humaine, trouvant son origine dans la croyance de son expéditeur que cette dédicace était liée à ses fonctions ». Quand on lit au fil des pages des choses aussi passionnantes que : « Quand le shampoing coule sur mes épaules, mon ventre, mes jambes, j’en ai partout, je me lave les mains avec ce liquide blanc » ou encore « on m’a gentiment déposé un kit de survie : un code pour l’alarme, une télécommande, un drap blanc propre, et des sucres en morceaux. Un assortiment de sucres roux, sucres blancs, sucrettes, emballés superposés. Qu’étais-je censée sucrer ? Habituellement, j’aurais soufflé sur un thé en travaillant mais je n’avais ni thé ni Internet, et rien à sucrer », on peut s’étonner d’une telle croyance.

Avez-vous lu la page Wikipédia de Marlène Schiappa ?

Un jour, quelqu’un, elle-même peut-être, décida de rédiger une page Wikipédia en l’honneur de la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes : Marlène Schiappa. L’on y apprend des tas de choses croustillantes sur son parcours pour le coup hors-norme pour une femme qui décida un jour de se lancer en politique.

Ici, pas d’engagement juvénile et ardent dans une association étudiante politisée, ni de parcours, même court, au sein d’une faculté de droit. Pas non plus d’engagement bénévole auprès d’une instance à valeur idéologique, ni d’entreprise personnelle visant à faire changer le monde, sauf si son blog « Maman travaille’, qui se transforma en association un peu par hasard et à son insu, comme de nombreux faits dans sa vie, avait valeur de combat.

Justement, arrêtons-nous sur ces événements marquants de son parcours, dénués de raison logique sur leur avènement, sur lesquels elle ne semble visiblement pas avoir eu de prise. Un peu comme pour sa fonction actuelle. Car l’erreur est humaine, surtout chez Marlène Schiappa. Cela pourra sans doute nous rassurer quant à l’avenir de son action au sein du secrétariat dont elle a charge d’âmes, d’hommes, de femmes et de tout ce qu’elle veut.

Un beau jour, elle s’inscrit en Sorbonne afin de suivre des études de géographie, mais « est finalement diplômée en communication et nouveaux médias via une validation des acquis de l’expérience passée à l’Université de Grenoble pendant un congé maternité ». En fait de géographie, elle aura simplement changé de ville. Il est bon d’être une vraie femme parfois, n’est-ce pas ? Cela peut permettre d’avoir des congés diplômants.

Juste après, nous apprenons qu’elle « envisageait de préparer un doctorat en lettre modernes sur Gustave Flaubert », (serait-elle parvenue à se hisser jusqu’à un niveau bac +5 dans le temps record d’un congrès maternité ?) mais se décida finalement à « se lancer dans la campagne présidentielle de 2017 ». Beaucoup de bruit pour rien. Madame Bovary aurait sans doute su lui susurrer nombre de mots habiles et intelligibles (ou même intelligents), et une imagination plus digne de littérature que l’écriture de ses propres romans.

Mais parfois mieux vaut incarner un personnage que de réfléchir sur l’un d’eux, fût-il soi-même. Car Marlène n’est-elle pas un peu cette femme souffrant de bovarysme, de n’être qu’une simple femme enfermée dans son ennui et son imaginaire ? Ou du moins est-ce le message qu’elle porte au nom de toutes les autres femmes, auxquelles on « n’apprend pas à innover », « à entreprendre », les laissant dans les cours d’école à des espaces aussi réduits que peuvent leur laisser « les jeux à l’élastique ». Et de nous pondre des romans aux accents érotiques et vulgaires pour les éduquer mieux que personne à leur rôle de femmes capables et respectables.

L’erreur est humaine, vous comprenez ?

Encore une fois sans vraiment le faire exprès, elle s’est elle-même posée en personnification d’une manière d’être femme, pour mieux récolter, à l’en croire, des amendes pour « regards appuyés » et autres audaces de la gente masculine. Notons les titres très éloquents de ses livres pour s’en rendre compte : Osez l’amour des rondes, Les filles bien n’avalent pas, Sexe, mensonges et banlieues chaudes, Osez la première fois, ou encore Osez les sexfriends en 2016No comment.

Les titres parlent d’eux-mêmes et n’appellent de toute façon pas vraiment à la réflexion. Elle qui, il y a peu de temps encore, s’insurgeait de pouvoir être reconnue comme femme dans la rue et d’être ramenée à cette condition sans vergogne. Mais on peut la comprendre, étant donné l’image qu’elle a contribué à lui donner. « Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis », et mon père de me souffler si je connais la signification réelle de ce mot, lui qui déteste les gros mots mais qui ne perd pas une occasion de m’instruire.

Justement, pour une fois je l’utilise sans grossièreté aucune mais au sens le plus littéral du terme. Car Marlène Schiappa ne change jamais d’avis, ce qu’elle dit a sans doute été mûrement réfléchi pour ne pas mériter le sort d’une remise en question, elle qui écrit plus vite que son ombre et qui ne dort que quatre heures par nuit (comme l’indique un autre de ses titres d’ouvrages). Espérons donc qu’elle devienne moins conne, moins femme donc, comme elle semble le souhaiter quand elle sort dans la rue, afin qu’elle change peut-être d’avis.

On imagine que pour ses filles, l’idée l’aurait effleurée de prendre une journée avec elles pour leur parler. Mais finalement, elles aussi ont eu droit à ce revirement brusque du bon sens. Elle s’est dit que ce serait mieux de n’en rien faire pour leur dédier à la place un ouvrage, qu’à leur âge elles ne liront certainement pas (elles ont respectivement six et onze ans).

De toute façon, avec les lectures du soir qu’elle leur inflige, ces petites auront certainement le cerveau endommagé en parvenant à l’âge de pouvoir lire seules. Oui, Marlène Schiappa a définitivement laissé Flaubert et comparses aux oubliettes et préfère lire à ses filles une histoire d’enfant transgenre qui a voulu changer de sexe, à six ans, et n’inviter presque exclusivement chez eux que des couples homosexuels, confie-t-elle à Thierry Ardisson pour la promotion de son livre.

À l’en croire, l’important pour elle n’est pas de penser, mais de commettre des erreurs. Sinon elle n’aurait pas osé écrire dans un livre adressé à ses filles : « Si mon bébé meurt dans la nuit, je ne m’en apercevrai pas, et je n’ai même pas le permis de conduire, donc le temps qu’un taxi arrive, je serai trop tard aux urgences, vous comprenez ? ». Que l’erreur est humaine, oui, sans doute, qu’elle est écrite et revendiquée sans vergogne, là, peut-être moins.

Mais Marlène aime quand même réfléchir et se cultiver. Bien que l’une des rares fois où elle se risque à citer un intellectuel nous dit Wikipédia, à savoir Karl Marx, son père trotskiste ne manque pas de la reprendre (on aurait aimé qu’il le fasse plus souvent).

Il aurait en effet pu lui apprendre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, cela aurait peut-être évité qu’elle commette autant d’erreurs humaines, ses livres, pour se préparer à endosser sa fonction gouvernementale. Ou peut-être n’étions-nous pas prêts pour ses idées, comme tant de penseurs en leur temps. Mais son prochain livre s’intitulera peut-être Je suis née trop tôt dans un siècle trop vieux.

Marlène Schiappa, Si souvent éloignée de vous, Stock, 2018, 340 pages.

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  • le temps qui décide, de l’importance de choix de Société,,MADAME SIMONE WEIL est l’exemplarité, après avoir été humilié, traiter de tous les noms ..cette GRANDE DAME est entrée dans l’histoire de la Nation…
    Ce sont les femmes qui, ouvertement ou secrètement qui change le monde …
    leur force c’est de donner la vie..

  • L’esbroufe est un fonds de commerce…
    Surtout dans la république des causeux …

  • Après avoir prié lénine toute la nuit pour son livre, Dom Philippe lui a absous ses égarements.

  • merci maman d’avoir été pour moi une vrai maman ; si j’avais eu une mère comme la schiappa , j’aurais quitté la maison bien avant d’avoir atteint la majorité …..

  • Schiappa ou le comble de l’imbécillité érigée en vertu!!!
    On a pu s’en rendre commptre avec son argumentaire contre la doctrine sociale de l’Eglise qu’elle n’avait s^purement pas lu compte tenu des propos complètement « à côté de la plaqu »! Et je pense qu’il est de même pour tout! Cette femme est un imposteur qui veut nous faire croire à ses mérites quand elle n’est que bêtise, paresse, enfumeuse. Heureusement qu’elle est Franc maçon sinon elle devrait être inscrite à Pôle emploi à moins que l’écriture des romans pornos paie suffisamment!

    • Vous croyez qu’un seul socialiste sait de quoi il parle? Ils sont islamophiles et défendent cette religion sans avoir lu le Coran qui prêche explicitement le meurtre des infidèles. En plus pour des gens anti-religieux qui affirmaient il y a peu que la religion est l’opium du peuple?

  • * Sa dernière proposition de loi a fait l’unanimité contre elle. Sa nomination à ce poste n’est-elle pas la plus grosse erreur de casting du Pdt Macron ?

    • Effectivement une grosse erreur de casting ! et le mouvement féministe qui refait surface avec ses combats sans lendemain ; on s’en prend aux « petits » employés de bureaux qui draguent lourdement mais sont sans danger , alors que les « adeptes du Coran » se comptent par millions eux – en France – et considèrent la femme comme un objet mais là , rien, jamais un mot qui l’évoque dans les discours à deux balles des ces excitées !

    • Il me semble que c’est au contraire le meilleur choix, nulle autre n’aurait aussi bien montré la vanité et l’inanité de voir l’état et le gouvernement se charger de ce type de sujet.

    • Quand on est un gros nul et qu’on ne veut pas que ça se voit, on s’entoure de collaborateurs encore plus nuls.

    • Ce n’est en rien une erreur de casting! C’est l’habitude socialiste consistant à ce que chaque courant soit représenté pour ratisser large lors des élections. Il fallait une blogueuse puisque nous sommes à l’époque d’internet. cela fait jeune et moderne. Hollande avait bien racolé de la même manière avec Belkacem et Taubira, deux cruches vindicatives et malveillantes.

  • Le prochain livre de cette non diplômée, érudite de sexe, mensonges et « branlieues » chaudes : « Comment Macron m’a pénétré, par ses idées ». . .

  • Il est vraiment temps de renouveler le gouvernement.

  • Définition du Larousse italien/français:
    schiappa ; sostantivo femminile

    essere una schiappa (in qualcosa)
    – être nul (f nulle) (en quelque chose)

    https://www.larousse.fr/dictionnaires/italien-francais/schiappa/56326

  • Bah ,elle un job qui lui convient parfaitement , son parrain ou son oncle ou son coiffeur doivent être fiers, elle aurait pu mal tourner.

  • Ce portrait réaliste et objectif est un bonheur de lecture. ça m’a mis en forme pour la journée.

  • Hors son pis de Holstein de concours cette bonne femme ne présente aucun intérêt.

  • Les fraises, Marlène, tu sucres les fraises, ou plutôt les neurones…

  • A se demander qui a eu l’idée saugrenue de la nommer au poste quelle occupe! Ses livres, je ne les ai jamais lus, je ne savais même pas qu’ils existaient et je ne suis pas prête de lire le prochain!

  • Marlène, c’est l’haie lit hé… Elle a du lire « Madame de Beauf varie »…

    Pauvres enfants 🙁

  • Ayant lu des articles sur les livres de Marlène ,je pensais qu’elle était là pour s’occuper de la sexualité du couple présidentiel, tout comme Bellama était chargé de leur sécurité. Mais il se pourrait bien que les rôles aient été inversés , et qu’elle quitte elle aussi le gvt..

  • « Elle qui, il y a peu de temps encore, s’insurgeait de pouvoir être reconnue comme femme dans la rue et d’être ramenée à cette condition sans vergogne. Mais on peut la comprendre, étant donné l’image qu’elle a contribué à lui donner »
    C’était chez Ruquier, qui avait comme invité Jean-Claude Van Damme. Le sifflement « appuyé » au moment où elle prononce ces mots est juste énorme. Christine Angot est outrée et lance des regards appuyés pleins de mépris. M. Schiappa est stoppée net dans son délire. Du coup, elle lui sort l’argument ultime, l’arme fatale, pour le faire taire : « le mansplaining ». (définition, donnée par Marlène a JCVD : « c’est quand un homme interrompt une femme pour lui expliquer qu’il sait mieux qu’elle des choses sur son propre domaine d’expertise. » Mot que je ne connaissais pas. Merci à JCVD.) Le public applaudit, Angot et Schiappa se lancent des regards approbateurs tout autant qu’incrédules.

    « Si mon bébé meurt dans la nuit, je ne m’en apercevrai pas, et je n’ai même pas le permis de conduire, donc le temps qu’un taxi arrive, je serai trop tard aux urgences, vous comprenez ? ». »
    Si le bébé de Marlène meurt dans la nuit, il sera inutile de l’amener aux urgences, surtout si elle s’en rend compte le matin.
    Si elle se rend comptre d’une urgence pour son bébé, sans permis, c’est les pompiers qu’il lui faudra appeler pas un taxi. A croire qu’elle n’a pas reçu le mémo qui dit que quoi qu’il arrive, il faut demander de l’aide à l’Etat. Bon, je ne suis pas sûr qu’Edouard Philippe ou Emmanuel Macron soient les meilleures options pour secourir un bébé.
    Elle est complètement à l’ouest, c’est ce que je comprends.

    • Elle a dit ailleurs qu’elle voulait offrir un monde meilleur à ses filles.

      Cette femme est non seulement stupide mais d’une prétention inouïe.

      • C’est l’antienne de toute la gauche et des verts-rouges, ils luttent pour offrir un monde meilleur à leurs enfants. Pauvres gosses!

        • @Virgile
          Le monde meilleur pour les gosses, il est déjà bien mal entamé.
          Pour l’Etat, c’est à lui que revient d’inculquer ce que sera ce monde meilleur. Les parents ne servant à rien dans leur éducation, se voient privés de répondre aux questions de leurs bambins, l’Etat via l’EdNat donnera des réponses sans en attendre les questions.

        • Ils luttent surtout pour pouvoir offrir leurs enfants au meilleur des mondes.

    • si son gosse meurt , pourquoi l’amener au urgence ? la morgue serait plutôt indiquée, non ? Et il me semble que cette cruche est mariée , donc avant que son gosse meure, le « Schiappo », il n’a pas son permis lui pour amener son mouflet aux urgences ?
      Drôle de famille ces nullos !

  • Schiappa en italien signifie: Cancre!

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Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l'auteur de la première note en France sur l'idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

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