Grèce : pourquoi le droit du travail freine la reprise

La Grèce est confrontée à un grave problème de compétitivité des entreprises, de chômage (environ 20%) et d’un marché du travail au noir. Une grande partie de la responsabilité de cette situation doit être attribuée à l’impact négatif du droit du travail.

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Grèce : pourquoi le droit du travail freine la reprise

Publié le 30 août 2018
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Par Ioannis Lixouriotis.

Pour que les entreprises puissent se développer sans entraves et tirer parti des progrès technologiques, elles doivent disposer d’une flexibilité organisationnelle et productive, ce qui nécessite des règles de droit actualisées et flexibles.

Au contraire, l’adhésion de la loi à des choix obsolètes et la rigidité des dispositions pertinentes entravent l’adaptation de l’emploi et des entreprises aux changements incessants de la vie économique et sociale résultant de l’évolution des technologies de l’information et de la communication.

 

Le droit du travail protégerait les employés

En Grèce, bien que des changements positifs aient eu lieu pendant la crise, la législation du travail continue de se caractériser par un gigantisme, une rigidité, une complexité et un interventionnisme étatiques intenses. Cette situation ne permet pas l’adaptation des conditions de travail aux besoins productifs et opérationnels spécifiques et empêche le consensus nécessaire à la relation de travail. Ainsi, tandis que les partisans du maintien de la situation existante mettent en avant la prétendue fonction de protection du droit du travail, la compétitivité des entreprises grecques est empêchée.

Cette construction théorique

  • considère que la notion de protection inclut indifféremment toute revendication des syndicats ;
  • ne tient pas compte des différences entre travailleurs ;
  • ne concerne que ceux qui ont déjà un emploi actif.

 

Dans ce contexte, les gouvernants oublient que la législation du travail devrait fixer des conditions de travail minimales et ne pas se substituer au fonctionnement et à la dynamique de la liberté contractuelle. Ce n’est pas la législation du travail qui créera les conditions du bien-être des travailleurs mais la haute compétitivité des entreprises et le progrès économique global de notre pays.

Se bercent d’illusions ou se moquent des autres ceux qui prétendent que l’expansionnisme continu de la législation du travail peut se substituer au besoin de la croissance économique, et que le bien-être des travailleurs est créé avec la baguette du magique du législateur.

Les relations de travail doivent reposer sur un équilibre entre la réglementation de l’État et la liberté contractuelle. Cela signifie que la loi doit établir les seuils de protection minimum nécessaires ; et que le développement et l’adaptation des modalités d’emploi aux besoins concrets et spécifiques des entreprises et des travailleurs devraient leur être dévolus.

 

Existe-t-il vraiment un droit à un emploi rémunéré ?

En outre, ce concept pseudo-protectionniste qui dénature le sens de certaines dispositions de la Constitution grecque, invente un supposé « droit à un emploi rémunéré » sur la base duquel les dispositions du droit du travail devraient viser l’amélioration interminable et indéfectible des conditions de travail et la rétention indéfectible des travailleurs déjà en poste, sans tenir compte de la masse des chômeurs.

Cette construction idéologique du droit à un emploi signifie qu’une fois engagé, un salarié acquiert des droits exclusifs pour le même poste de travail tout au long de sa vie professionnelle ; mais elle ne prend pas en compte que chaque poste de travail créé, chaque recrutement d’employé sont la prérogative de la direction, laquelle constitue à son tour une expression de la liberté d’entreprise.

C’est-à-dire que les besoins de l’entreprise ayant influencé la décision de l’employeur de créer un emploi devraient également être une cause valable pour la suppression de ce même poste de travail. Néanmoins, la question de la résiliation d’un contrat de travail, qui est l’un des agents pathogènes chroniques de la législation grecque du travail, crée une sérieuse sclérose sur la gestion du travail et produit des coûts insupportables aux entreprises grecques et en fin de compte cause un chômage important.

 

Le fonctionnement adaptatif de la convention collective

Un autre faux concept du droit du travail grec concerne les conventions collectives, considérées comme un outil supplémentaire visant à renforcer davantage la protection des travailleurs. Nous ne nous opposons pas à cet objectif mais il est impossible que la loi soit indifférente à une autre mission valable de la négociation collective.

Il s’agit de la  » fonction adaptative  » de la convention collective qui, en plus d’être un outil d’amélioration des conditions de travail, devrait contribuer au fonctionnement efficace des entreprises en adaptant les conditions de travail statutaires aux besoins productifs, financiers et organisationnels spécifiques de chaque secteur d’activité et, plus spécialement, de chaque entreprise.

En d’autres termes, la valeur de la convention collective de travail ne se trouve pas seulement dans sa capacité à améliorer les conditions générales et abstraites de travail imposées par la règlementation étatique, mais à sa capacité importante à prendre en compte des données et des besoins spécifiques des entreprises et d’ajuster les conditions et la rémunération du travail à leur potentiel économique, productif et organisationnel réel.

La convention collective a le potentiel de définir des conditions de travail pour des travailleurs spécifiques, pour une durée limitée et pour une entreprise particulière et pour un lieu de travail déterminé. C’est exactement là où réside l’importance protectrice de la convention collective et non à l’accumulation aveugle des avantages.

 

Le salaire minimum général n’est pas un outil de redistribution des revenus

Le salaire minimum généralisé considéré comme moyen de redistribuer les revenus entre les entreprises et leur personnel non qualifié constitue une autre distorsion et actuellement une promesse clé pré-électorale du gouvernement grec.

De toute évidence, les gouvernants ne veulent pas comprendre que ce qui semble être une redistribution des revenus entre employeurs et travailleurs non qualifiés constitue essentiellement une redistribution des revenus entre travailleurs qualifiés et non qualifiés. De plus, le gouvernement ne se rend pas compte que la surévaluation de la main-d’œuvre peu qualifiée conduira les entreprises à automatiser encore plus rapidement la production ou les services fournis, avec le résultat évident de réduire les emplois non qualifiés. Il est raisonnable qu’un employé qui ne produit pas la valeur de sa rémunération soit rarement recruté ou licencié tôt ou tard.

 

Un syndicalisme non fiable et agressif

En concluant cet exposé fragmentaire de certains agents pathogènes du droit du travail grec actuel, il est nécessaire de se référer également au problème d’une présence et d’une action syndicale agressive et anachronique, qui trouvent un soutien total à la législation grecque. Malheureusement, depuis plusieurs décennies, la loi a soutenu un syndicalisme avec un grave déficit de représentation, un radicalisme extrême et un manque de culture consensuelle, totalement incontrôlable financièrement, avec une camaraderie indescriptible et une forte interférence entre ceci et les partis politiques.

Il existe actuellement des groupes de syndicalistes qui n’offrent pratiquement rien aux travailleurs dont ils sont supposés représenter les intérêts. En fait, ils se battent pour maintenir et améliorer exclusivement leurs privilèges (protection contre le licenciement, droit de s’absenter du travail, etc.).

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