Dix-sept ans, d’Éric Fottorino

Le dernier roman d’Éric Fottorino, co-fondateur du 1, nous parle de l’histoire d’un autre Éric qui, à la suite d’une révélation familiale, se replonge dans son passé.

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Eric Fottorino

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Dix-sept ans, d’Éric Fottorino

Publié le 29 août 2018
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Par Francis Richard.

Le narrateur se prénomme Éric, comme l’auteur. Mais c’est un roman, alors, pour les besoins de l’histoire, il s’en distingue : Éric Signorelli n’est pas Éric Fottorino, même si toute ressemblance entre eux deux ne saurait être fortuite.

Dans le roman, en tout cas, le catalyseur du récit est une réunion de famille que Lina, la mère d’Éric, a organisée chez elle, un dimanche de décembre. À cette réunion assistent Éric et ses deux jeunes frères, François et Jean.

Une révélation sidérante

Ce que Lina, née en 1943, a à dire à ses trois fils, à l’issue du repas familial pris avec femmes et enfants, qui, pendant cette révélation, partent faire une balade, est sidérant :

Le 10 janvier 1963, j’ai mis au monde une petite fille. On me l’a enlevée aussitôt. Je n’ai pas pu la serrer contre moi. Je ne me souviens même pas de l’avoir vue…

Lina avait déjà un enfant, Éric (ça n’allait pas recommencer…) : A l’époque un enfant sans mari était une maladie infamante. Il ne fallait pas que ça se sache. Il fallait cacher la grossesse et la naissance, avec la complicité des bons pères…

Mamie, la mère de Lina, est catholique, plus soucieuse de le paraître que de l’être, avec de terribles préjugés, notamment à l’égard du père naturel d’Éric, Moshé, parce qu’il est juif et qu’il faut se méfier de ces gens qui ont tué Jésus…

Michel Signorelli, originaire de Tunisie (Moshé l’est du Maroc) n’est devenu le père d’Éric qu’après son mariage avec Lina… Éric avait alors dix ans… Maintenant Michel et Moshé sont tous deux morts. Il ne lui reste plus que Lina.

Le roman commence

Éric est prof à la fac de droit de Bordeaux. Il est marié avec Sylvie et a deux enfants, Théo et Apolline. C’est la fin de l’année. Il décide de se rendre seul à Nice où il est né le 26 août 1960 et où il n’a passé que trois jours et trois nuits…

Le roman commence vraiment. Parce que là-bas il imagine, au moment de sa naissance, sa mère, que, depuis toujours, il n’appelle pas autrement que par son prénom. Il reconstitue une Lina qui est encore une enfant, qui a Dix-sept ans.

Il imagine aussi sa mère plus tard, quand elle se sépare de Michel et qu’elle vient vivre toute seule à Nice. En remettant ses pas dans les siens, il la connaît enfin. Car, si à Lina on a volé sa fille, à lui on a volé sa mère. On, c’est Mamie…

Ce retour aux sources à Nice, où réel et imaginaire se mêlent, préfigure une renaissance, celle qu’il devra faire avec Lina, pour comprendre que, s’il a eu deux pères, il a surtout une mère, à qui il ressemble, et ne doit plus s’interdire de parler.

Éric Fottorino, Dix-sept ans, Gallimard, 272 pages.

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  • Eric Fottorino, un homme profondément humain et attachant dont j’apprécie les analyses fines. J’avoue n’avoir lu aucun de ses romans alors je pense que je vais enfin commence par « Dix-sept ans ».

  • Les commentaires sont fermés.

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