L’économie de l’enseignement et les bienfaits de la concurrence

L’Education nationale étatiste et centralisée donne de mauvais résultats avec un coût exorbitant. De meilleurs systèmes existent hors du monopole de la caste enseignante…

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L’économie de l’enseignement et les bienfaits de la concurrence

Publié le 27 août 2018
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Par Damien Theillier.

Depuis 30 ans l’Éducation nationale, avec son système hypercentralisé, n’a cessé d’augmenter son budget. La loi de finances 2018 a prévu une augmentation de 1,3 milliard d’euros par rapport à 2017 – passant de 50 milliards à 51,3 milliards (+ 2,6 %). C’est le sixième plus grand employeur au monde.

Pour quel résultat ? Les résultats du classement PISA1 2015 ont été publiés le 6 décembre 2017. La France arrive 26ème sur 70 pays. Un classement pour lequel elle avait terminé 25ème en 2012.

Tandis que le chômage des jeunes augmente, les gouvernements successifs multiplient les réformes scolaires sans jamais remettre en cause le dogme du monopole scolaire.

Pourtant, dans de nombreux pays, la décentralisation, la concurrence et l’innovation sont en train de révolutionner l’éducation. Il est possible d’imaginer effectivement que l’État délègue l’éducation tout en le finançant de façon à assurer un enseignement libre, financé par l’impôt de tous et évalué par des examens nationaux.

L’exemple britannique : financement public mais gestion indépendante

Les Britanniques – dont il ne vous aura pas échappé qu’ils sont mieux classés que nous par l’évaluation PISA – ont créé le système des Academies et des Free schools. Ces écoles peuvent recevoir de l’argent public mais sont complètement autonomes et en concurrence entre elles. La création des Free schools a été l’une des principales réformes de l’éducation introduites par le gouvernement de David Cameron.

Les Academies sont des écoles publiques converties en écoles d’excellence, qui reçoivent de l’argent directement du gouvernement et non des autorités locales (commune ou région). Les Academies ne sont pas tenues de suivre le programme national et peuvent faire leurs propres choix. En revanche, elles doivent toujours suivre les mêmes règles d’admission et d’exclusion que les autres écoles publiques.

Les Free schools sont des écoles financées par les fonds publics mais qui ne sont pas gérées par le gouvernement. En ce sens elles sont libres ou indépendantes. Elles ont plus de contrôle sur la façon dont elles enseignent et pratiquent le processus de sélection. Ce sont des écoles nouvelles, ouvertes à la demande des parents mais aussi des enseignants qui quittent les écoles publiques.

Les 23 premières Free schools ont ouvert leurs portes en septembre 2011 et ce nombre est passé à 425 en septembre 2016. Des centaines de nouvelles Free schools voient leurs demandes approuvées chaque année. Elles peuvent :

  • fixer le salaire et les conditions de travail du personnel
  • fixer la durée des cours et les horaires de la journée d’école

Une responsabilisation payante

Ces écoles sont administrées sans but lucratif et peuvent être sponsorisées par des groupes tels que des associations caritatives indépendantes, des groupes confessionnels, des bénévoles, des parents (24 % sont confessionnelles). Les sponsors sont responsables de l’amélioration de la performance de leurs écoles. Il n’est pas rare que les employeurs locaux aident à concevoir les programmes pour donner aux élèves ou aux étudiants les compétences et les qualifications dont ils ont besoin.

Ces écoles sont implantées dans les quartiers les plus pauvres des grandes villes, là où le chômage est le plus élevé, où les écoles publiques sont surchargées et sont incapables de contenir la drogue, la violence et l’absentéisme.

Résultat : une augmentation du niveau et une baisse des inégalités. Les dépenses sont réduites de moitié et la qualité augmente. Sans surprise, 80 % des écoles gratuites sont jugées « bonnes » ou « exceptionnelles » par les parents.

Briser le monopole de la caste enseignante

En 1955, dans un article intitulé « The Role of Government in Education »2, le prix Nobel d’économie Milton Friedman proposait une distinction fondamentale : que l’État paie pour un service ne signifie nullement qu’il doive le fournir.

Or, disait-il, la bureaucratie du système éducatif a depuis trop longtemps pris la place des parents pour décider du contenu et des méthodes de l’enseignement nécessaire aux enfants. La nationalisation de l’éducation a rendu les élèves et leurs parents otages d’un système uniforme. Dans le même temps, le montant total des dépenses par élève de l’enseignement public aux États-Unis avait été multiplié par cinq depuis les années 1960.

Dès lors que l’on admet qu’il revient aux parents et non aux bureaucrates de choisir l’école de leurs enfants, expliquait Milton Friedman, c’est à eux de déterminer quelles écoles doivent obtenir plus de financements et quelles autres doivent en obtenir moins. Les pouvoirs publics pourraient exiger une scolarité minimale qui serait financée par la collectivité sous la forme de « chèques éducation » (vouchers) que l’État fournirait aux familles pauvres. Ces chèques seraient ensuite utilisés par ces familles pour inscrire leurs enfants dans l’école de leur choix.

Les professeurs et les administrateurs auraient alors toutes les raisons de satisfaire leurs véritables clients : les élèves. En effet, le système actuel de financement de l’éducation subventionne l’établissement et ses employés indépendamment de la qualité de son éducation et de l’adaptation aux attentes des parents et des élèves. Ce système déresponsabilise donc tous les acteurs de l’éducation.

L’hypercentralisation des décisions pédagogiques construit un moule unique alors que les enfants sont tous différents.

En restaurant la liberté de choix des élèves et des parents et en rendant autonome et responsable chaque établissement scolaire, nous aurons un système éducatif plus juste, plus efficace, plus adapté aux aspirations et aux spécificités de chacun et plus économique.

A lire aussi : comment réformer l’enseignement de l’économie en France ?

Pour plus d’informations, c’est ici.

  1. Program for International Student Assessment, soit « Programme international pour le suivi des acquis des élèves ». Un ensemble d’études réalisées par l’OCDE tous les trois ans.
  2. Article repris par Milton Friedman, Capitalisme et liberté, Le rôle du pouvoir politique dans l’éducation, p. 151, LEDUC.S Editions, 2010.
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  • Les USA sont confrontés aux mêmes problèmes que la France.
    Les propositions de la ministre de l’éducation Américaine pour dé-communister, libéraliser et adapter au monde moderne l’éducation sont très novatrices..
    -Fin des congés de 2 mois ersatz du 18eme siècle pour libérer les gamins pour aider aux travaux saisonniers des champs.
    -Fin du classement par age mais travail par groupe de niveaux.
    Education dans le marché libre.
    -Généralisation des Mook (cours interactifs par vidéo).
    Profs payés à leur engagement et performances et capacité à instruire sans limites. Copie de la Corée ou des profs sont même payés comme des stars de foot. (Un prof star en Corée a 100 000 à 150 000 étudiants qui suivent ses cours). Etc etc

  • oui mais Milton Friedman va être caricaturé comme un affreux anti syndicaliste libéral alors qu’il ne fait qu’exprimer un peu de bon sens et d’individualisme ! Tous les parents lucides ne peuvent que le soutenir.

  • En effet, c’est ce que Bastiat a écrit « Tout monopole est un système communiste, et le pire des monopoles est celui de l’instruction publique, car quand on instille une erreur dans le système, c’est toute la société qui en subit les conséquences ».
    Pas une ride depuis, car ce monopole persiste et signe ! car dirigé par les syndicats…socialo-communistes. Qui ont la charge de fabriquer de bons petits soldats socialistes. Et bientôt à partir de la maternelle !
    Lire son pamphlet « baccalauréat et socialisme » : http://bastiat.org/fr/baccalaureat_et_socialisme.html

  • Les libéraux sont comme les communiste qu’ils critiquent… Ils leurs faut un libéralisme pur.

  • Les commentaires sont fermés.

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