Les Iraniens se mobilisent pour la démocratie en Iran

Pour soutenir la cause du changement démocratique en Iran, la diaspora iranienne entend organiser le 25 août prochain une grande mobilisation internationale.

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Les Iraniens se mobilisent pour la démocratie en Iran

Publié le 23 août 2018
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Par Hamid Enayat.

Les manifestations qui se sont répandues en Iran comme une traînée de poudre en janvier 2018 ont fait trembler le régime des mollahs et ont changé la scène politique dans le pays pour toujours. Après la première vague du soulèvement, la question était : est-ce un processus continu qui va perdurer ou un phénomène temporaire et statique ?

Huit mois plus tard, avec la chute vertigineuse de la monnaie nationale qui a perdu plus de la moitié de sa valeur en quelques mois, de larges manifestations sociales ont éclaté de nouveau au mois d’août contre le régime. Le grand mécontentement et l’état explosif de la société iranienne sont avérés, notamment après que la classe moyenne s’est jointe aux manifestations.

Une population moderne et dynamique

La misère économique et la faillite politique d’un système à bout de souffle pèse fort sur une population moderne et dynamique qui aspire à s’émanciper du joug islamiste. Avec un chômage officiel de à 12,5%, (40 % selon les analystes indépendants), une inflation supérieure à 10% et une baisse net du pouvoir d’achat, le mécontentement inquiète sérieusement l’establishment iranien.

La révolte populaire qui a embrasé plus de 140 villes était initialement motivée par la détresse économique d’une population dont 30 % ont moins de 20 ans. Mais elle s’est rapidement transformé en soulèvement contre la nature du régime : une dictature considérée comme la cause de tous les maux qui rongent le pays depuis 39 ans de pouvoir islamiste.

« Lâchez la Syrie occupez-vous de nous », « Notre ennemi est ici, ils mentent en disant que c’est l’Amérique », sont des slogans révélateurs repris dans les manifestations récurrentes de salariés impayés, des paysans excédés par les cours d’eau asséché à cause de l’incurie des autorités, des personnes spoliées par les établissements financiers en banqueroute généralisé, les minorités en colère contre les injustices intolérables.

La résistance en Iran : un mouvement organisé ?

La réussite du mouvement pour le changement en Iran dépend de sa capacité à s’organiser malgré une répression brutale. La question est de savoir s’il bénéficie d’une quelconque organisation ?

Depuis les premiers jours du soulèvement de 2018, les plus hautes autorités du régime, dont le Guide suprême, Ali Khamenei et son président, Hassan Rohani, pointent du doigt et blâment une organisation : l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI). Pourtant, ils ont affirmé pendant des années que cette organisation n’avait aucune influence en Iran.

Ces dernières semaines, de nombreux responsables politiques ou militaires et experts au sein du régime sont montés au créneau pour expliquer plus précisément le rôle et l’influence de l’OMPI dans les soulèvements, tout en mettant en garde contre les effets négatifs, selon eux, de son expansion. Ali Rabii, ministre du Travail – qui vient d’ailleurs d’être révoqué par le majlis – déclarait récemment : « Aujourd’hui, les ennemis, et notamment l’OMPI, ont visé les problèmes sociaux du pays, ce qui saute aux yeux dans le cas des chauffeurs routiers. Ces derniers ont eu raison dans leurs revendications, mais en peu de temps, plusieurs réseaux ont été lancés par l’OMPI afin de transformer leurs demandes en protestation. » (Site web Fasle Tejarat, le 18 juillet 2018).

Iran : une alternative viable ?

Cette focalisation du pouvoir sur une opposition structurée est exactement ce qui fait la distinction entre la situation de l’Iran et celle des autres pays qui ont connu des bouleversements radicaux ces dernières années au Moyen-Orient. En l’absence d’alternative les « printemps arabes » ont souvent été déviés.

Or en Iran, le régime semble inquiet de l’existence d’une opposition qui a montré une résilience, est doté d’un programme et d’un projet d’avenir qui résulte d’une expérience de lutte depuis quatre décennies. Elle est réunie au sein d’une coalition, le Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI), dont l’OMPI est justement la principale composante.

Cette alternative regroupe la diversité des sensibilités politiques et combat pour un système républicain pluraliste en faveur de la séparation de l’État et la religion et de la souveraineté populaire ; ce sont justement des principes qui séduisent la jeunesse iranienne fatiguée d’une théocratie austère.

L’avenir de l’Iran pourrait être tout le contraire de l’Irak. Rejetant toute intervention étrangère, cette opposition iranienne considère que le changement démocratique est l’affaire des Iraniens eux-mêmes.

Mobilisation de la diaspora iranienne

Pour soutenir la cause du changement démocratique en Iran, la diaspora iranienne entend organiser le 25 août prochain une grande mobilisation internationale avec des points de ralliement dans plus de 30 villes à travers le monde. Une méga conférence en multiplex à l’occasion du 30ième anniversaire du massacre des prisonniers politiques par le régime.

Une tragédie qui ne s’est pas effacée de la mémoire collective et dont les auteurs sont toujours au pouvoir. Un événement qui ne manquera pas d’attirer les Iraniens sur les réseaux sociaux malgré la censure.

Le changement vers la démocratie en Iran semble être en marche. Il serait dans l’intérêt de son peuple et de la stabilité dans cette région tourmentée du Moyen-Orient, mais aussi pour la paix internationale et le développement des échanges fructueux entre les pays.

 

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  • Peut-être, Mr Enayat, devriez vous demander à vos voisins irakiens ou lybiens quels sont les avantages de la démocratie. Le fait que des vautours tels que vous se réveillent lorsque les américains renforcent leurs sanctions n’est pas un hasard.
    Pourquoi ne pas aller faire la révolution de l’intérieur? C’est moins confortable?

  • Je suis assez choqué face à la démagogie absolument effarante de cet article…
    Je tiens à rappeler qu’aux dernières élections en Iran en 2017, pour un taux de participation supérieur à 70%, 38% des votes sont allés aux CONSERVATEURS (donc plus d’un tiers des votes), et 57% des votes au parti de Rohani donc des REFORMATEURS (donc trèèèès loin de l’idéologie du CNRI)…
    Le fantasme d’une population iranienne occidentalisée ne tient évident qu’à sa diaspora aux USA et en Europe qui sont en majorité des partisans du Shah ayant été chassés lors de la Révolution Islamique (et qui sont financés entre autre par des les Etats anti-Iran type Américain, Saoudien ainsi qu’Israélien) …
    Cela est et restera toujours un fantasme de personnes n’ayant plus jamais remis les pieds en Iran, et qui ne comprennent rien à sa société iranienne actuelle…

    Assez choqué de voir ce type de propagande sur Contrepoints, vous baissez dans mon estime

  • Le Shah d’Iran, considéré comme un tyran, était l’ennemi à abattre. Il avait pourtant commencé à émanciper (libéraliser) peu à peu le pays, quand cette calamité de Khomeini a tout détruit, instaurant une dictature pour le bien-être de la population (toujours ce slogan éculé) menant l’Iran à la ruine totale. Toute dictature, qu’elle soit de droite, de gauche ou religieuse, mène au désastre socio-économique d’un pays.
    Il est affligeant de constater que ces régimes totalitaires arrivent toujours au pouvoir, alors que l’Histoire démontre, sans ambiguïté, leurs exécrables résultats : fiasco économique et sociale, paupérisation galopante et massacre de la population. Un vrai gâchis et non respect d’autrui !
    Il serait à espérer que ces politiques néfastes soient enfin en régression voire éradiquées. Utopie ?…

    • « Il est affligeant de constater que ces régimes totalitaires arrivent toujours au pouvoir, alors que l’Histoire démontre, sans ambiguïté, leurs exécrables résultats » Sauf au Chili

      • Je ne pense pas que le régime de Pinochet puisse être qualifié de « totalitaire », ce dernier était simplement un dictateur.

        • Pinochet a sauvé le Chili d’une dictature communiste. C’est dommage qu’il n’y a pas eu un Pinochet en Russie en 1920!

  • Je vous prie d’arrêter votre apologie et votre propagande pour le groupe terroriste que sont les Moujaheddines! Nous, le peuple iranien, nous ne tolérerons pas d’être dirigé par des bandes de criminels qui n’ont pas hésitez à tuer nos frères et nos soeurs… Qui ont passer un pacte avec l’ennemi (Sadam Hussein) pour exterminer un demi million d’iraniens. Cette organisation est financée par les israeliens, les saoudiens et ne constitue pas une alternative valable actuelle au régime. En plus de celà, il suffit de se renseigner plus profondement sur les origines de cette organisation et sur leur histoire pour savoir que ceux-ci n’ont aucun projet démocratique. D’ailleurs faut pas oublier qu’ils se sont associé aux mollahs pour faire tomber le Shah. Alors ces traites, non!
    L’article ne reflête clairement pas la réalité et actuellement le problème dont on fait face c’est qu’on a justement pas cette mobilisation et un parti qui a un vrai projet pour les iraniens.

  • Merci pour l’éclairage. C’est réconfortant de savoir qu’il y a une alternative et une résistance organisée face aux islamistes qui ont mené l’Iran au bord du gouffre. Bravo au peuple iranien dans son combat pour la démocratie. Le régime est voué à ne pas durer pour voir la 40 e année de son règne funeste. C’est le vœu de tous les démocrates du monde.

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