Un nouvel âge d’or du vol spatial s’ouvre grâce à la concurrence

Alors que SpaceX fait voler ses fusées Falcon 9 pour 62 millions de dollars, l’US Air Force a budgété 422 millions de dollars pour un vol auprès de l’ULA en 2020.

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Falcon 9 Rocket with dragon spacecraft vertical at launch complex 39A by NASA(CC BY-NC 2.0)

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Un nouvel âge d’or du vol spatial s’ouvre grâce à la concurrence

Publié le 15 août 2018
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Par Jack Hipkins.
Un article de la Foundation for Economic Education

Quand Elon Musk fonda SpaceX en 2002, lui et ses huit salariés fêtèrent l’événement en invitant un groupe de mariachis à jouer dans les locaux vides de la boîte. C’était un début assez modeste pour une entreprise qui visait à faire de l’humanité une « véritable civilisation spatiale ». Malgré toute l’attention qu’a reçue l’entreprise récemment, peu a été dit sur le remarquable élan que la concurrence a donné à la course spatiale au XXIe siècle.

L’impact de la United Launch Alliance

Pendant presque dix ans, Lockheed Martin et Boeing étaient les seuls acteurs majeurs américains du marché des lanceurs spatiaux. Après des années de concurrence acharnée, les deux entreprises ont joint leurs forces et créé la United Launch Alliance (ULA) en 2005. À cette époque l’ULA paraissait inattaquable, Lockheed Martin et Boeing employant près de 300 000 personnes dans le monde et générant à eux deux un chiffre d’affaires de plus de 90 milliards de dollars. D’autant plus que l’ULA détenait alors de facto un monopole sur les lancements militaires américains.

Mais comme souvent dans un environnement non concurrentiel, les prix ont vite explosé. En 2012, le prix par mission pour l’armée avait augmenté de 58% par rapport à 2004 et 2007. Cette hausse soudaine a poussé le gouvernement à produire un rapport sur le programme de l’ULA, lequel a constaté que malgré une baisse des lancements au cours du temps, les coûts de l’ULA continuaient d’augmenter. Le rapport affirmait que « la principale raison est une mauvaise exécution des programmes à cause d’un environnement offrant peu d’incitations à la maîtrise des coûts et peu de menaces de faillite. »

L’introduction de la concurrence dans le marché

Pendant ce temps-là, SpaceX poursuivait son objectif de créer des lanceurs à bas coûts. Malgré de nombreux revers, SpaceX a victorieusement lancé, en septembre 2008, la première fusée au monde financée et développée par le secteur privé. Plusieurs mois plus tard, SpaceX se voyait attribuer un contrat commercial de fret de la NASA pour ravitailler la Station Spatiale Internationale (ISS) dans le cadre des Prestations Commerciales de Ravitaillement (PCR), et sa part dans le marché des lanceurs spatiaux n’a cessé d’augmenter depuis.

Une des clés du succès de SpaceX a été sa capacité à vendre nettement moins cher que ses concurrents. Alors que SpaceX fait voler ses fusées Falcon 9 à partir de 62 M$, l’US Air Force a budgété 422 M$ pour un vol auprès de l’ULA en 2020.

Cette tendance se retrouve également dans le programme de ravitaillement PCR de la NASA. D’après un rapport de la NASA datant d’avril, le coût moyen d’une mission de SpaceX pour ravitailler l’ISS est de 152,1 M$, contre 262,6 M$ en moyenne pour son concurrent Orbital ATK. D’ailleurs, l’audit a aussi relevé que les prix compétitifs de SpaceX « ont contribué a baissé les prix pour les lancements de la NASA » : le coût de la fusée standard Atlas V de l’ULA a diminué d’environ 20 M$ par lancement après que la fusée Falcon 9 de SpaceX soit devenue éligible pour les contrats de lancement.

La forte hausse des prix de SpaceX : une opportunité pour d’autres entreprises

L’émergence fulgurante de SpaceX s’est basée sur des prix comparativement bas, mais les choses pourraient bien être en train de changer. Dans ce même rapport, les auteurs révèlent que SpaceX va augmenter d’environ 50% ses prix auprès de la NASA pour les prochaines missions de ravitaillement de l’ISS. Cette augmentation intervient alors que son principal concurrent pour les ravitaillements, Orbital ATK, a récemment annoncé une baisse de ses coûts de 15%. Ces changements devraient quasiment éliminer l’écart de prix entre Orbital ATK et SpaceX.

La forte hausse des prix de SpaceX pourrait être une opportunité pour d’autres entreprises. En plus de Orbital ATK et SpaceX, Sierra Nevada Corporation s’est vu attribué un contrat de ravitaillement de l’ISS dans le cadre des PCR. Bien que relativement nouveau dans le domaine des missions de ravitaillement, Sierra Nevada est considéré comme un concurrent sérieux et de qualité.

Il se pourrait même que de nouveaux acteurs se jettent dans la mêlée. Les contrats que signent la NASA incluent une clause qui permet à des entreprises hors contrat de participer aux appels d’offres pour les futures missions de fret. Avec des entreprises de l’aérospatial comme celle de Jeff Bezos, Blue Origin, redoublant d’investissements dans le secteur des vols spatiaux commerciaux, le marché semble mûr pour la concurrence.

Au vu du regain d’intérêt pour le voyage spatial et des investissements croissants dans les entreprises de l’aérospatial, nous entrons clairement dans un nouvel âge d’or du vol spatial. Alors que le gouvernement américain s’emploie à augmenter les dépenses de la NASA, il ferait bien de se rappeler que c’est la concurrence qui nous rapprochera des étoiles. Le gouvernement ne devrait pas favoriser une quelconque entreprise, mais plutôt encourager les appels d’offres dans un milieu concurrentiel pour accélérer l’avenir de l’humanité.


Traduction par Contrepoints de « Competition Is Launching a New Golden Age of Space Travel ».

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  • Quand un acteur se permet d’augmenter ses tarifs de 50% pour égaler ceux de son seul concurrent, pour moi, on n’est pas dans un système concurrentiel. De plus, vu les sommes en jeu et les subventions consommées pour en arriver là, il faut être bien naïvement optimiste pour imaginer l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché….

  • Un point souvent oublié est que les lancements spatiaux sont un petit marché, quelque dizaines de vols par an pour les lancements ouverts à la concurrence. Autre point problématique, les clients veulent toujours s’assurer qu’il y ait au moins 2 lanceurs différents pouvant répondre à leur besoins. Ainsi le prix du marché va plutôt être fixé par le 2 ième moins cher. Cela donne la dynamique suivante: si vous êtes petit vous êtes cher, et si vous êtes gros (et donc faites des économies d’échelle) c’est que vous possédez plus de 50% du marché mondial, ce qui vous pousse à faire monter les prix. Le marché ne peut devenir concurrentiel que si le nombre de lancements mondiaux (non gouvernementaux) augmente sensiblement. A MichelO: c’est un progrès, avant les prix des contrats étaient secrets…

  • « pour accélérer l’avenir de l’humanité »
    Déjà que l’humanité est en péril sur terre d’après les écolos, alors sur d’autres planètes dépourvues de toutes conditions et ressources nécessaires à la vie la plus basique… Autant dire qu’il est urgent de se rendre en enfer..

    • Ce sont justement les ressources sur les autres planètes qui nous intéressent. Ex : l’hélium 3 sur la Lune (qui n’est pas une planète).

  • L’article est intéressant mais se limite à une vision US et institutionnelle. Dans ce cadre il y a eu un monopole qui s’est transformé en duopole.
    Maintenant si on regarde au niveau mondial et sans se limiter aux lancements institutionnels il y a au moins Arianespace qui a été longtemps le leader du marché privés.
    ULA a longtemps grassement vécu sur le marché militaire et de la NASA sans chercher a bousculer Arianespace. Aujourd’hui il en va autrement Space X est à la fois sur le marché privé et sur les contrats institutionnels US.
    Les russes ne sont pas très présent sur le marché concurrentiel, en 2017 Ariaespace avait lancé 2 soyouz.
    Quand au chinois on se demande si un jour ils ne vont pas se placer sur le marché des lancements libres et faire très mal…

    Aujourd’hui si vous êtes une entreprise ou un petit pays et que vous avez des satellites à lancer le choix est essentiellement entre Arianespace et SpaceX. Un autre duopole donc…

    Pour en revenir à SpaceX qui est une extraordinaire entreprise il faut tout de même noter qu’elle profite de la largeur du marché institutionnel US. Ce n’est pas la même chose de développer une entreprise spatial aux US et en Suisse.

    • Les lanceurs chinois sont essentiellement impossible à utiliser à cause de ITAR (une loi américaine interdisant aux chinois d’envoyer un satellite de contenant ne serait qu’un composant américain). Le marché des lanceurs spatiaux est extrêmement contrôle par les états qui considèrent que c’est un domaine stratégique, et donc pas du tout concurrentiel.

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