La leçon de liberté de Mister Bean

L’humour britannique est indissociable de la liberté d’expression. Et c’est Mister Bean qui le rappelle.

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Mister Bean stencil by Duncan C (CC BY-NC 2.0)

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La leçon de liberté de Mister Bean

Publié le 14 août 2018
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Par Ludovic Delory.

Rowan Atkinson n’est pas un clown. Son combat pour la liberté d’expression dépasse rarement les frontières d’Albion. Pourtant, à plusieurs reprises, le comédien n’a cessé de défendre le droit pour chacun de s’exprimer librement. Il y a quelques jours, il a ainsi pris la défense de l’ancien Secrétaire aux Affaires Étrangères britannique, vilipendé pour avoir déclaré que « les femmes en burqa ressemblaient à des boîtes aux lettres ».

« En tant que bénéficiaire à vie de la liberté de faire des blagues sur la religion, je pense que la blague de Boris Johnson sur les porteurs de la burqa ressemblant à des boîtes aux lettres est plutôt bonne », a rétorqué Mister Bean dans une lettre au Times. Ajoutant : « Vous ne devriez vraiment vous excuser que pour une mauvaise blague. Sur cette base, aucune excuse n’est requise. »

Adepte du Free Speech

Que la blague soit drôle ou mauvaise, là n’est pas la question. Que Boris Johnson ou n’importe qui d’autre dispose du droit de raconter des idioties ou des méchancetés, là se trouve le combat des défenseurs de la liberté d’expression.

Rowan Atkinson n’en est pas à son coup d’essai. Dans un discours en 2004, devant la Chambre des Communes, le comédien s’indignait d’un projet gouvernemental de lutte contre les discriminations religieuses. Plus près de nous, en 2012, il critiquait la nouvelle loi britannique sur l’ordre public, qui avait amené à des arrestations jugées abusives. La campagne, baptisée « Reform Section 5 » (en référence à l’article de loi) a porté ses fruits.

Pour moi, le meilleur moyen d’améliorer la résistance des sociétés aux discours insultants ou offensants est d’en permettre beaucoup plus. Rowan Atkinson

Faire de l’humour, ce n’est pas faire l’apologie des crimes ou inciter à en commettre. D’innombrables lois existent aujourd’hui pour punir des propos portant atteinte à l’intégrité ou à la propriété d’autrui. Rowan Atkinson ne fait que défendre un droit inaltérable, régulièrement assailli. Boris Johnson, quant à lui, risque d’être puni par le Parti conservateur. La liberté a son corollaire : la responsabilité. Autoriser l’insulte, c’est aussi permettre à l’insulté de se défendre.

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  • peu après les assassinats à charlie hebdo, une foule massive sans doute sincèrement touchées à envahi les rues mais curieusement n’ pas pas crié la liberté d’expression est sacrée et les victimes en sont des martyrs mais  » je suis charlie », et dès lors le mal était fait, je me souviens avoir dit à ce moment que ça finirait forcement dans des lois portant atteintes à la liberté. dans le foulée il y eu des condamnation contre ceux qui osaient dire je ne suis pas charlie.
    on ne peut pas toucher à un acquis social mais les libertés fondamentales visiblement ont peut marcher dessus.

    • Vous faites un sacré raccourci ! Personne n’a été condamné pour avoir repris « je ne suis pas Charlie ».
      Ceux qui l’ont été, condamnés, l’ont été parce qu’ils ont, par ailleurs ou indépendamment, fait l’apologie du terrorisme.

      • Personne n’a été condamné par un tribunal pour avoir dit ça. Par contre, ceux qui disaient publiquement « moi, je ne suis pas Charlie » s’exposaient à une longue séance d’explications devant le « tribunal médiatique »…

      • peut être pas condamné mais jugé par ses pairs et critiqué ….perso je n’y ai vu qu’un slogan à la con pour des exhibitionnistes du sentiment..

  • La Liberté d’expression est tellement mise à mal en France que je ne peux exprimer LIBREMENT mon opinion sans prendre de risques face à l’article qui précède.

    Peut-être ne faut-il pas chercher à subdiviser la Liberté et nous rappeler qu’elle est Une et indivisible par opposition à ce qui suit :

    « Il y a des libertés : la liberté n’a jamais existé »
    mussolini

  • Ceux qui prétendent vivre dans un monde (pays) de liberté ignorent simplement à quel point ils dépendents des lois qui les enserrent.

     » Vous vous croyez libre ? Essayez de bougez, vous sentirez le poids des chaines « 

  • Une liberté d’expression totale ? Laissons donc des partisans de la charia faire l’apologie de la lapidation lors du JT de 20h. Raisonner comme si des personnes dangereuses et des gens manipulables et fragiles n’existent pas, c’est une forme profonde de débilité.

    • Mais ils le font dans certaines mosquées et en privée!

    • Vous avez raison, il vaut mieux qu’ils se cachent pour tenir de tels propos. Il serait tout de même scandaleux que le « bon peuple » sache à quoi s’en tenir par rapport à ces gens (c’est un des résultats quand on laisse les cons s’exprimer : ils le font, et ce faisant ne laissent aucun doute sur leur compte)

  • @ Anagrys

    Parce que vous avez des doutes sur leur compte ? Pour les prêches en privé, on sait ce qu’il en est depuis 10 ans. Et on ne fait rien.

    • Et bien justement si vous relisez Anagrys vous comprendrez qu’il n’y a pas besoin que « on » fasse quelque chose. Si les gens sont laissés libres de s’exprimer, tenir une position inacceptable met son auteur dans une position intenable. « Il n’y a pas meilleur désinfectant que le soleil ».

  • Ce qui est inacceptable pour vous ne les pas forcément pour les autres.

  • « D’innombrables lois existent aujourd’hui pour punir des propos portant atteinte à l’intégrité ou à la propriété d’autrui. »


    Peut-on vraiment dire que des propos « portent atteinte… » ?
    Certes, des propos peuvent signaler une intention de « porter atteinte…». Cependant, le fait, par exemple, de dire d’un ton menaçant « je vais te foutre un coup de poing » est-il vraiment identique au fait de donner un coup de poing ?

    • Si vous me dites cela avec un ton convaicant, je pense que je frappe le premier, désolé si c’était de l’humour incompris.

  • Pour faire simple, trouvez vous acceptable qu’au nom d’une liberté d’expression totale, on laisse venir s’exprimer sur des JT ou qu’on publie en une des journaux une tribune faisant l’apologie de la pédophilie et des relations entre adultes et personnes de 8 ans ?

    • Il y a quelques dizaines d’années, des personnes très appréciées par de nombreux Français l’ont fait et elles ne se portent pas plus mal aujourd’hui. Cherchez l’erreur.

    • Si la tribune est signée, c’est très bien. C’est la manière la plus évidente d’obtenir que chacun sache à quoi s’en tenir sur son auteur autrement que par des rumeurs et des racontars.

  • @Michel O

    Publier, c’est cautionner et donner du crédit aux dires de l’auteur de la tribune. Publier c’est rendre acceptable ce qui est écrit au sein de la tribune. Publier c’est légitimer ce qui est écrit au sein de la tribune. En espérant que vos proches ne seront pas victimes d’un lecteur qui tirera de ces écrits, une certaine légitimité pour commettre des actes qui sont inacceptables.

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