Affaire Benalla : une saga et que des perdants

Le casting probable d’un second tour Mélenchon – Macron s’installe tranquillement dans le paysage politique français si nous n’y prenons pas garde… Une tribune libre pour comprendre cet aspect essentiel de l’affaire Benalla.

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Affaire Benalla : une saga et que des perdants

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 août 2018
- A +

Par Bruno Pineau-Valencienne.

Enfin les vacances, et l’occasion de tirer un premier bilan de ce mauvais polar qui aura défrayé la chronique pendant plus d’un mois et durant lequel la classe politique se sera écharpée sur les péripéties de ce Monsieur Benalla dont nous n’entendrons plus parler dans 6 mois. Celui-ci, inconnu du grand public, du haut de ses 26 ans, a sans conteste outrepassé ses droits mais n’a tué personne… Certes une faute grave a été commise, essentiellement due à une certaine inexpérience de la part de ce subordonné dynamique et actif, pas porté à une très grande compassion, il faut bien le dire, pour ces activistes de la gauche radicale qui n’ont pas hésité eux-mêmes à enfreindre la loi en jetant furieusement des bouteilles de verre sur les forces de l’ordre.

Dans tout le brouhaha de ces dernières semaines rappelons, avec le recul nécessaire, certains faits qu’il conviendrait de replacer dans leur contexte.

Si une affaire Benalla similaire avait été révélée sous la présidence d’un Hollande ou d’un Sarkozy elle n’aurait probablement pas eu le même retentissement. En effet, durant sa campagne Emmanuel Macron a commis l’erreur d’avoir mis la barre beaucoup trop haut en nous promettant une République exemplaire, suscitant de facto des attentes immenses. Cette bourrasque allait donc en toute logique provoquer l’ire des électeurs et des observateurs politiques qui lui ont reproché de ne pas avoir mis fin à plus de 40 ans de pratiques politiques officieuses et de clientélisme.

Des vieux briscards de la politique

Comment pouvait-il en être autrement puisque fondamentalement, le chef de l’État a dû s’entourer de vieux briscards de la politique avec leurs travers, us et coutumes, pour pouvoir s’imposer. Sans les Collomb, Ferrand ou même Bayrou, Emmanuel Macron n’aurait pas franchi les grilles de l’Élysée. Le nouveau monde tant espéré par les Marcheurs apparaît donc en plein jour comme une illusion…

Nul besoin de rappeler qu’en matière d’officines, les prédécesseurs d’Emmanuel Macron en connaissent un rayon : La Mission C sous de Gaulle, pilotée par le sulfureux Foccart contre l’OAS, l’affaire Boulin, les disparitions mystérieuses de Grossouvre ou Bérégovoy, sans oublier les coups tordus des anciens du SAC sous la bienveillance d’un Charles Pasqua ou d’un Pierre Debizet ont été autrement plus meurtriers que ce vulgaire Benallagate.

Emmanuel Macron perpétue en quelque sorte la tradition, toute proportion gardée, mais à la différence que cette saga estivale relève d’avantage du fait divers que d’une affaire d’État.

Par ailleurs, soulignons que par son statut, le président de la République demeure responsable ès qualités, c’est-à-dire non pas pour ce qu’il a fait, ou non, en tant que personne physique, mais pour ce qui lui incombe en tant que dirigeant au même titre qu’un administrateur d’entreprise. En conséquence, sa stratégie de communication qui a consisté à garder le silence le plus longtemps possible nous a semblé parfaitement cohérente, et en adéquation avec les prérogatives de sa fonction, quoiqu’en disent les médias. Attendons-nous vraiment d’un président de la République qu’il intervienne personnellement pour endosser les habits d’un DRH ?

Quant à l’opposition, elle n’a pas su nous démontrer, une fois de plus, qu’elle était capable d’incarner une alternative crédible. L’avons-nous entendu avancer des propositions constructives en matière de gouvernance ? La droite jacobine, anti- libérale n’a nullement profité des déboires d’Emmanuel Macron, soulevant ainsi de sérieuses interrogations sur sa capacité à créer les conditions gagnantes pour entraîner ses troupes vers la victoire le moment venu.

Débattre des vrais défis

Au lieu de participer à cette curée médiatique, nous aurions aimé l’entendre interpeller le gouvernement et débattre des vrais défis qui se posent aux Français comme la situation préoccupante de nos finances publiques, la nécessaire réingénierie de l’État, l’inquiétante dette abyssale qui continue de se creuser, hypothéquant lourdement l’avenir des générations futures. Cette même opposition continue également à se montrer timorée voire aphone sur des enjeux cruciaux liés, entre autres, à la pression phénoménale des flux migratoires, à l’explosion démographique de l’Afrique qui comptera dans un avenir proche près du quart de l’Humanité, à la concurrence mondiale, celle de la Chine et des pays émergents lesquels risquent de précipiter le déclin économique de la France si nous n’améliorons pas rapidement la compétitivité de nos entreprises.

Le cas de Monsieur Benalla nous parait vraiment secondaire ou dérisoire et les responsables politiques de l’opposition ont manqué cruellement de hauteur en éludant les débats de fond ! Le silence coupable sur les vrais sujets semble pour certains confortable mais le péril l’interdit…

En conséquence se profile un scénario cauchemardesque dont personne n’a vraiment pris conscience aujourd’hui. Le casting probable d’un second tour Mélenchon– Macron s’installe tranquillement dans le paysage politique français si nous n’y prenons pas garde puisque cette opposition de bric et de broc qui vocifère d’une même voix fait en réalité le lit des Insoumis, la droite française restant quant à elle confrontée à deux écueils majeurs : un manque patent d’imagination et un sérieux problème de leadership.

Le sursaut de la France lucide se fait attendre, avec au premier rang des personnalités de la société civile, des acteurs du privé, des associatifs, et des élus locaux, à l’instar de Ciudadanos, porteurs d’un vrai discours disruptif et libéral.

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  • Second tour Macron-Mélenchon ? J’y crois pas une seconde. Le Pen sera (de nouveau) au second tour..

    Pour le reste, on verra.

    • Ou La Peine contre la Méluche…

    • Se déterminer aujourd’hui en fonction du second tour de dans 4 ans ! Il est difficile d’être plus déconnecté des réalités…

    • @ Guido Brasletti
      C’est vraiment la faiblesse de la constitution de la V ième, écrite par Ch.DeGaulle pour Ch.De Gaulle, pas pour les suivants! Mais on ne crache pas sur autant de pouvoirs tant qu’on ne vit que pour ça!

    • Qui voudrait voter pour quelqu’un qui a été en dessous de tout au débat du second tour ?

  • Il ne faut pas se tromper d’affaire : Benalla n’est que le révélateur d’une véritable affaire d’État concernant un Président qui outrepasse ses pouvoirs en mettant en place sa police parallèle à la Police officielle et en lui conférant les insignes de la fonction, ce qui est pénalement répréhensible pour un citoyen ordinaire. Nous assistons à la montée en puissance d’un autocrate souriant, mais dangereux, car ivre du pouvoir absolu et maîtrisant la machine publique. A l’heure ou le parlement devient un théâtre d’ombres, nous ne sommes décidément plus en démocratie.

    • @ Roven
      Attendez le procès et le jugement avant de vous prononcer! En attendant, votre président n’est pas responsable à la place de A.Benalla!

      • Il n’y a pas besoin de procès pour se prononcer, les vidéos montrent clairement Benalla en flagrant délit. Et le président EST responsable car il est le chef, et celui qui a doté Benalla d’usurpation et d’abus de pouvoir!

    • Il y a longtemps que la France ne l’est plus. Dans une démocratie les 3 pouvoirs sont séparés et la presse est le 4e qui les surveille.

      • @Virgile
        Exactement. Or la presse est arrosée, muselée et mise au diapason de l’Exécutif. Le 4ème pouvoir est le pouvoir Administratif, qui concentre à lui tout seul les 3 pouvoirs.

  • « l’affaire  » Benalla est le retour de baton de la politique « exemplaire » annoncée par un certain Macron.
    un peu comme son prédécesseur , il a tout promis et rien tenu !
    loin de là.
    maintenant sa vrai personnalité, son clientélisme, ses défauts, ses faiblesses, son arrogance ,ses mensonges s’étalent au grand jour!
    « les promesses n’engagent que ceux qui y croient »
    et combien y ont cru ! maintenant on y est ; la suite risque de ne pas être triste.
    tous les ingredients sont presents .

  • vous vous attendiez à quoi de ce personnage
    entouré de collabos pour quelques miettes de pouvoir ….arrêter,de rêver !!! c’est le bal des menteurs et opportunistes….

  • La France endettée comme jamais, les Français encore solvables écrasés d’impôts, taxes contributions , réglementations ineptes ( 80 kms/h) et pas un élus digne de ce non ne voit qu’un fait divers et refuse de réformer cette bureaucratie ruineuse de tous ( réduction des élus , associations inutiles , ONG )
    désolant

  • quand Jupiter son slogan :la politique autrement :: réduire de 50% des élus des 2 assemblée député et sénateurs..ensuite inscrire dans la constitution que tout élus condamnés par la justice est inéligible à vie et déchu de ses droit administratif ….et de responsabilité dans une entreprise …faire un referundum national …mais ça aucun homme politique responsable ne le fera …

    • Ca n’a pas de sens d’inscrire des clauses d’inéligibilité dans la Constitution : ce serait juger les électeurs incapables de prendre leurs responsabilités et de ne pas voter pour les personnes concernées, donc alors ils seraient irresponsables et incapables de voter tout court.

  • Qui vous dit que Macron et Mélenchon seront en lice dans quatre ans? Je ne lis pas dans le marc de café et je ne sais vraiment pas qui cherchera à décrocher le pompon!

  • Avez-vous oublié que Hollande avait aussi promis une République exemplaire? (« Moi président… »).
    Dans cett affaire Benalla, ou plutôt Macron-Benalla, ce sont les agissements du président qui ont mis en cause dabantage que ceux de M. Benalla qui n’ont servi que de révélateur. Et ce n’est pas parce qu’il y a eu autrefois des barbouzes à l’Elysée qu’il faudrait continuer aujourd’hui à se complaire dans cett situation.

  • oui, vous avez raison des vieux brisards qui rendent la France fragile..

  • Melenchon et un autre candidat comme Macron au second tour , j »y crois. et si Melenchon devient le favori, comme cela fut le cas avec Mme Lepen, M. Bayrou nous dira de voter pour le sosie de Macron. …

  • N’importe quoi. L’affaire Benalla est le reflet que tous nos présidents de la Vème république ont monté des plans tordus pour s’affranchir des règles qu’ils sont censés défendre. Ce qu’a fait Macron et qu’aurait fait Mélenchon, en digne rejeton du PS où il a fait quand même 30 ans de présence sans trop se plaindre des diverses entorses aux règles. Mais penser que dans 4 ans, ce seront ces deux-là qui se tireront la bourre dans la dernière ligne droite, c’est très utopique. D’abord, 4 ans c’est loin et vu le bordel ambiant en nos contrées, rien ne dit que tout se fera à cette époque comme on l’a vécu récemment. Ensuite, vu le bordel extérieur à notre pays, rien ne dit que notre pays, au sens des frontières historiques françaises et de notre nation, sera encore en capacité d’organiser des élections. Enfin, vu la manière dont les élections se passent par chez nous et si tant est qu’elles aient encore lieu, rien ne dit que ne sortira pas du chapeau un gugusse nouveau, comme nous l’avons vécu avec Macron.
    Les hommes politiques et les couches doivent être changées souvent… et pour les mêmes raisons. (Georges Bernard SHAW)

  • Et non, l’affaire Benalla, c’est peut être le premier indice que Macron ne sera pas au second tour dans 4 ans.

  • Ducontribuable est le grand perdant de toutes ces conneries. Mais quand il est retraité et qu’il a voté pour Ca, c’est bien fait pour sa tronche.

  • Michel0,c’est la seule solution pour éliminer les col Blanc au-dessus des loi !!!
    alors ces élus ont raison !!!! le débat est clos nous sommes en train de créer notre propre dictature…ils ont tous les droits ..nous, aucun.supprimons le vote puisqu’ils ont tous les droits…

    • J’espère bien que la révision constitutionnelle ne soit pas la seule solution pour écarter ceux qui sont au-dessus des lois, parce que des décennies d’expérience montrent que c’est une « solution » qui ne marche pas. Mais oui, nous sommes en train de créer notre propre asservissement, et si, on peut lutter contre, en éduquant les gens à prendre conscience de ce qu’il font. En cela, l’affaire Benalla est révélatrice, elle montre combien l’exemple d’un fautif néanmoins soutenu et presque innocenté par l’amitié du pouvoir peut faire d’émules plutôt que de susciter des haut-le-coeur,

      • (désolé, parti avant la fin)
        … comme cela devrait chez tout individu normalement éduqué. Quant à ceux qui nous répètent les éléments de langage officiels de leur parti, comme quoi il ne s’agirait pas d’une affaire d’état — comme si la qualification était d’une importance primordiale –, leur envie de ressemble au sieur Benalla et de jouir de l’amitié des puissants qui transparaît dans leur reprise de la « pravda » officielle doit être dénoncée sans hésitation.

  • Sa stratégie de communication : vous voulez dire qu’il y avait panique à bord, d’ailleurs les députés s’en sont plaint !
    Contrairement à ce que vous affirmez l’opposition les Républicains à démontré sa capacité à réagir en obtenant une commission d’enquête pour arracher la vérité sur l’affaire Benalla.
    La présidente de la commission d’enquête, la députée LaREM Yaël Braun-Pivet, et de tous les députés de La République en Marche qui n’ont eu cesse, depuis le début de cette affaire extraordinairement grave, de torpiller la commission d’enquête. Refusant l’audition du Secrétaire général de l’Élysée, Alexis Köhler, pourtant auditionné par la commission d’enquête du Sénat. Mais également de Bruno Roger-Petit, le porte-parole de l’Élysée ainsi qu’une nouvelle audition de Patrick Strzoda, le directeur de cabinet de l’Élysée qui ont tous deux menti.
    E.Ciotti à dénoncé « la dérive grave d’un pouvoir de plus en plus personnel.
    Guillaume Larrivé : les députés représentant notre famille politique « n’accepteront jamais que le président de la République se comporte comme s’il était propriétaire de l’État. Qu’il confonde son parti et les institutions de notre République. Que la liberté de la presse soit, un peu plus chaque jour, menacée par les tenants de la vérité officielle. Qu’un système de pouvoir personnel dévoie la Vème République et la transforme en principat ».
    « Nous n’accepterons jamais de nous soumettre au bon vouloir d’un homme qui outrepasse ses missions constitutionnelles » conclut Guillaume Larrivé précisant au Premier ministre que le « combat ne fait que commencer ».

  • La droite à des réserves n’en doutez pas. Aujourd’hui elle remplit son rôle et le fait bien. Trois ans et demi c’est long… Ne vous inquiétez pas pour le leader il se révélera en temps et en heure ! La droite est à l’œuvre, mais vous ne voudriez pas qu’elle fournisse un programme abouti à Macron pour la suite de son mandat ? Les traitres qui l’ont rejoint ne sont pas partis les mains vides…

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